jeudi 31 janvier 2008

Compte rendu de la recontre du MDTE




Réfléchir sur la situation du Togo après les législatives d’octobre 2007. C’était le sujet autour duquel, le MDTE (Mouvement citoyen de la Diaspora Togolaise en Europe) a réuni des Togolais et amis du Togo à Paris le 29 décembre 2007 à 15 heures 30 minutes dans la salle des conférences de la Maison de la Mixité. Il était question d’échanger concrètement sur deux thèmes à savoir :

· Analyses et enseignements des élections législatives du 14 octobre 2007.

· Quel fil rouge maintenant après les élections législatives ?

Après l’hymne national, l’Administrateur délégué du MDTE, M. Martin AMOUZOU a pris la parole pour souhaiter la bienvenue à toute l’assistance. Il s’est félicité de la tenue de la rencontre malgré les circonstances difficiles dans lesquelles, elle est organisée. M. AMOUZOU a rappelé que c’est depuis l’année 2006, lors d’une rencontre organisée par le MDTE pour discuter des législatives annoncées au Togo que la question a été posée à savoir : les législatives, un challenge démocratique ou une désillusion de plus ? « A l’époque, on avait opté pour un challenge démocratique tout en étant conscient des risques, en particulier de fraudes et en appelant à la vigilance » a-t-il souligné. Selon ses termes, aujourd’hui, il apparaît clair que les législatives d’octobre 2007 sont une désillusion de plus pour le peuple togolais assoiffé de démocratie et de changement.

Revenant sur le sujet du jour, M. AMOUZOU énonce qu’il s’inscrit dans la continuité puisqu’il faut tirer les enseignements des législatives et tracer la voie à suivre à présent.

Avant d’entrer dans le vif du sujet, les participants ont été conviés à l’écoute d’une adresse de soutien de Pyramid of Yewe signé par M. Kofi FOLIKPO. Monsieur AMOUZOU a rendu hommage à Pyramid of Yewe pour ce soutien patriotique. Le premier sujet « analyses et enseignements des élections législatives de 14 octobre 2007 » devait être développé par M. OURO DJIKPA qui n’ayant malheureusement pu effectuer le déplacement à Paris, a envoyé sa communication écrite qui a été lue à l’assistance.

Le second sujet « Quel fil rouge maintenant après les élections législatives » a été développé par M. Rodrigue KPOGLI qui, dans une analyse claire, est revenu sur les conséquences des législatives et a évoqué le fil rouge qu’il convient, selon lui, de suivre.

Après les deux présentations, M. Didier AGBODJAN, modérateur de la conférence, a fait une récapitulation des points de vue et a lancé le débat. M. KPOGLI a répondu aux questions qui portaient sur la communication et sur d’autres sujets relatifs à la démocratie et aux droits humains au Togo.

Les échanges ont été vifs et les intervenants se sont tous félicités de l’organisation de cette journée. Les travaux ont pris fin aux environs de 19 heures.

Annexes



1- Discours d’ouverture de M. Martin AMOUZOU, Administrateur délégué du MDTE.

2- Message de soutien de Pyramid of Yewe.

3- Communication de M. Ouro DJIKPA.
4- Communication de M. Rodrigue KPOGLI.

Discours d’ouverture de M. Martin AMOUZOU, Administrateur délégué du MDTE.


Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,Chers Compatriotes, chers Amis du Peuple Togolais,
Un grand merci à vous tous ici présents et à nos invités.

C’est la deuxième fois que notre mouvement organise ces rencontres. Le MDTE veut ainsi donner à la diaspora togolaise et africaine un espace d’échanges, de débats autour de la situation du TOGO. Et si vous le souhaitez, cette rencontre peut être pérennisée en ces lieux. Même si nous ne pouvons pas toujours vous garantir la présence d’invités de marque, votre participation toujours nombreuse sera le gage de l’intérêt que vous portez à notre démarche.
Aujourd’hui, nous avons l’honneur d’accueillir notre compatriote KPOGLI de la JUDA et pour la deuxième fois, le professeur Didier AGBODJAN. En votre nom à tous je les remercie.

Une petite introduction pour situer la démarche du MDTE qui organise le débat de cet près-midi. Le « grand événement » des ces derniers temps au Togo concerne les élections de 14 octobre 2007. Ces élections qui sont elles mêmes, l’aboutissement d’un processus issu de l’APG, plongent le peuple togolais encore un peu plus dans l’incertitude de sa sortie d’une crise qui date de plus de quarante ans.

A quand l’alternance politique démocratique au TOGO pour le mieux être du peuple tout entier ? Les résultats annoncés de ces élections sont ils conformes aux choix exprimés par la majorité du peuple togolais ? Dans la négative, pourquoi en est-on arrivé là ? Autant de questions que tout togolais ou observateur averti est en droit de se poser à l’annonce des résultats des élections du 14 octobre au TOGO.


Au niveau du MDTE, nous voulons loin de la phase émotionnelle réactionnelle de ces événements donner à tous ceux qui le veulent l’occasion d’une analyse lucide sans complaisance sur ces événements afin de tirer pour l’avenir des enseignements nécessaires pour faire émerger aussi au TOGO les aspirations du peuple à plus de dignité, de justice, de liberté et de bonheur.
En première partie sera traité :

· Analyses et enseignements des élections législatives du 14 octobre 2007 avec la contribution du camarade Ouro DJIKPA. En deuxième partie notre ami Rodrigue KPOGLI nous introduira la thématique : · quel fil rouge maintenant après les élections législatives ?


Le Togo comme tous les pays dominés, avait depuis la période de la dictature et depuis le 5 février 2005, le choix entre plusieurs voies pour se libérer, notamment aussi celui d’espérer par la voie des urnes conquérir sa liberté.

Le douzième protocole d’accord entre le RPT et certains partis de l’opposition sous le nom de l’APG offrant cette voie des urnes, un certain espoir a pu être entretenu dans une frange du peuple togolais usé par tant d’années d’efforts de résistances sans résultats probants.

Cet accord sans être un consensus national a pu au cours de sa mise en application captiver l’intérêt du peuple togolais qui avait fini par croire en sa capacité de transformation pour peu que ces élections du 14 octobre 2007 promises se déroulent dans la transparence et la non violence.
En effet le peuple togolais s’est massivement rendu aux urnes ce 14 octobre 2007. Et nous tenons ici à le saluer pour cet acte de grand civisme. On a estimé entre 85 et 95% la participation du peuple à ces élections.

Que signifie cette participation massive du peuple togolais à ces élections ?

· Certainement pas la volonté de reconduire au pouvoir ceux là même par qui viennent ses malheurs depuis plus de 40 ans.


· Elle veut plus sûrement exprimer son grand désir à participer à un changement de gouvernance, pour une alternance politique démocratique au Togo.

Pour le peuple, c’est malheureusement encore une fois mal connaître le cynisme des partisans du statut quo et leurs complices qui ont en main les rênes du pouvoir au TOGO.

Que dire des résultats annoncés, pourquoi en est on arrivé-là, et quel fil rouge suivre désormais ?


Je vous invite alors à écouter l’introduction de ces différents thèmes par nos invités que je remercie encore.


Message de soutien de Pyramid of Yewe au MDTE

Excellences Mesdames et Messieurs les Délégués des Mouvements et Associations de Base du MDTE,Honorables Journalistes,Honorables Invités,Mesdames et Messieurs,

C’est pour Notre Organisation PYRAMID of YEƲE une immense Joie de remarquer que de Bonnes Volontés Patriotiques Togolaises n’ayant aucune ambition politique, politicienne, matérialiste ou carriériste existent toujours parmi les Togolaises et les Togolais de la Diaspora pour rappeler aux uns et aux autres d’OÙ nous venons, ce que nous voulons pour le Peuple Togolais Souverain et QUELLES sont nos VRAIES VALEURS qui font de nous dans la Diaspora les Dignes Représentants du Très Ancien Peuple Togolais Multiethnique EXEMPLAIRE aux Racines Très Profondes.


Nous tenons à rendre un vibrant Hommage aux Organisateurs de cette Rencontre et plus particulièrement à l’Administrateur Délégué du MDTE, Docteur AMOUZOU, pour la Sagesse, la Perspicacité d’Esprit et surtout pour la grande Abnégation à se mettre bénévolement au service du Peuple Togolais Souverain tout en étant loin de son Terroir Natal. Cette Rencontre Citoyenne Togolaise (à l’instar d’autres précédentes rencontres) et les ACTIONS qui peuvent en sortir sont à Nos yeux le seul Espoir que le Peuple Togolais Souverain attend impatiemment depuis 17 ans de Lutte Patriotique sans obtenir le Changement souhaité.Nous souhaitons Plein Succès aux assises de cette Rencontre à Paris et souhaitons vivement que les décisions qui sortiront des assises montrent aux Togolaises et aux Togolais les solutions idoines à une crise togolaise multiforme qui n’a que trop duré.

Nous saisissons l’occasion pour présenter Nos Vœux de Bonheur, de Progrès et de Prospérité à toutes les Togolaises et à tous les Togolais. Bonne et Heureuse Année 2008.

Pour PYRAMID of YEWE


Komdedzi Kofi FOLIKPO,(M.A., Dipl. Inform. UNI)

Coordinateur Général et Porte Parole




Communication de M. OURO DJIKPA Ma contribution à la rencontre du MDTE du 29 décembre 2007 à Paris


Il m’a été proposé d’analyser et de tirer des enseignements sur les élections législatives qui ont eu lieu pas plus tard que le 14 octobre 2007 au Togo et ce, dans le cadre de la rencontre du Mouvement citoyen de la Diaspora Togolaise en Europe (MDTE) à Paris en France. Rencontre pour laquelle je ne pourrais malheureusement pas faire le déplacement, raison pour laquelle j’ai choisi de matérialiser ma vision à travers cette modeste contribution que je voudrais bien partager avec les uns et les autres.

Avant tout, je voudrais tout simplement rappeler qu’il y a de cela un an environ, nous nous sommes retrouvés à Paris et à la même adresse pour réfléchir sur le rôle de la jeunesse dans la refondation démocratique et surtout de savoir si les législatives de 2007 annoncées au Togo portaient en elles, un challenge démocratique ou une désillusion de plus.


Finalement nous avions opté pour le choix du challenge, une manière de soutenir le processus de démocratisation pacifique de notre cher pays qui nous a vus tous naître. C’en était un choix de circonstance ou un choix à défaut. Mieux, j’avais moi-même déclaré solennellement quelques mois auparavant à la dernière rencontre du MDTE à Bruxelles, mon engagement de participer à ces élections en tant que candidat, une chose qui a été bien accueillie par les uns et les autres avec des encouragements à l’appui. Sauf qu’en dernier ressort je me suis désisté pour des raisons personnelles.

Tout compte fait, les législatives dites de la dernière chance ont été organisées contre vents et marrées et se sont déroulées le 14 octobre 2007 et ont vu une forte participation des électeurs, le tout sous l’observation des organisations nationales et internationales.

Le scrutin s’est déroulé dans une certaine quiétude certes, mais le régime en place n’a point hésité pour la énième fois à mettre leur machine à fraudes en marche de telle sorte que les résultats assortis des laboratoires du parti RPT n’avaient rien à voir avec l’expression du choix opéré par le peuple en quête de démocratie et des libertés.



Sur les 81 sièges que comporte l’hémicycle du parlement togolais, cette manière pour le RPT de se tailler la part du lion (50 sièges), accorder 27 à l’UFC, 4 au CAR et 0 siège au reste des partis de l’opposition et à l’ensemble des candidats indépendants n’est rien d’autre qu’une insulte à la conscience et à la dignité du peuple togolais.

Forts des résultats fantaisistes et révoltants issus des législatives du 14 octobre 2007, quels analyses et enseignements pourrions nous tirer d’un tel simulacre électoral ?

Les analyses et enseignements qui peuvent en découler sont divers et variables selon qu’il s’agisse de tel ou tel acteur de la vie socio-politique pris dans la réflexion à savoir :

1- S’agissant du régime en place et par rapport à ce qui s’est passé autour de la date du 14 octobre 2007, je peux aisément dire qu’au Togo même les plus incrédules sont désormais convaincus d’une seule chose, il n y aura plus jamais de compromis en terme de dialogue, d’accord ou quelque chose de semblable entre les tenants du pouvoir rétrograde et l’opposition pour espérer sortir pacifiquement le Togo de sa longue et grave crise qui hypothèque l’avenir de tout un peuple.

2- Concernant les responsables de partis de l’opposition nés dès la révolution du 5 octobre 1990 et au lendemain de la conférence nationale souveraine, je peux dire sans pour autant me tromper qu’à l’exception du leader de l’UFC, la messe de requiem de ceux des autres partis est désormais dite.

3- L’expérience ayant prouvé qu’aucun parti de l’opposition traditionnelle ne saura à lui seul équilibrer un quelconque rapport de force vis-à-vis du régime de la dictature, il sera donc illusoire de croire que l’UFC et son leader pourront à cours ou à moyen terme sauver la terre de nos aïeux du joug d’un régime prêt à se maintenir indéfiniment au pouvoir et ce, au détriment de tout un peuple. En tout état de cause, nous pouvons déjà observer la fin d’une certaine époque de la lutte et d’un certain leadership au Togo.

4- Parlant de l’élite togolaise à l’intérieur du pays comme au sein de la diaspora, celle qui devrait aujourd’hui assumer la relève, incarner l’aspiration de tout un peuple et le conduire vers la terre promise, elle a durant tout le temps péché.

Elle a péché pour n’avoir pas pu en lieu et place des querelles de chapelle, prendre la mesure de la situation en s’organisant comme il le fallait, se fixant les objectifs clairs et nets, se donnant les moyens de sa lutte afin d’équilibrer les rapports de forces capables d’abolir l’ordre ancien de gré ou de force. Aujourd’hui le constat pour cette élite ne peut qu’être amer et désolant :

Non seulement que l’énigme que constitue la crise socio- politique n’a toujours pas trouvé de solutions et qui s’aggrave de jour en jour, mais c’est qu’à côté de cela s’ajoute une nouvelle impasse que sont la résignation et la démobilisation des différentes forces de la société civile que nous sommes.

Je voudrais pour conclure attirer l’attention de tous sur le fait que contrairement à ce que nous avions pu penser il y a de cela un an, les législatives du 14 octobre 2007 sont sorties du cadre d’un challenge démocratique et n’ont été qu’une désillusion de plus, mais la dernière. Comment sommes nous arrivés là ? Comment pourrions nous sortir de cette grande impasse de démobilisation pour enfin retrouver la terre ferme de la lutte, tirer les leçons du passé et engager le mouvement sur de nouvelles bases ? Telles sons les réflexions auxquelles je nous convie, si nous voulons apprendre de nos échecs et par conséquent grandir et renouer un de ces jours avec la victoire.

Tchatikpi Ouro-Djikpa



Communication de Rodrigue KPOGLI, Secrétaire Général de la J.U.D.A lors de la rencontre du MDTE à Paris le 29 Décembre 2007.


Quel fil rouge après les législatives du 14 Octobre 2007 ?

Merci aux organisateurs de cette rencontre.

Merci à Martin AMOUZOU, administrateur délégué du MDTE pour la disponibilité et le courage avec lesquels il dirige le Mouvement.

Merci à toute l’équipe qui travaille au sein de ce mouvement.

Merci à vous tous ici, présents.

Chers compatriotes, nous sommes convoqués à cette conférence pour discuter d’un sujet très important. Il s’agit de notre pays, le Togo. Plus précisément : « quel fil rouge après les législatives du 14 octobre 2007 ? ». En effet, ces législatives sont « anticipées » et viennent de l’APG (Accord politique global) signé en août 2006 entre le pouvoir et l’opposition, les deux parties accompagnées de deux structures associatives. Mais cet accord n’a pas résolu les problèmes suivants :

► les fraudes électorales précédentes, particulièrement celles liées à la présidentielle d’avril 2005.

► la nature du régime ; étant donné que plusieurs modifications constitutionnelles ont entraîné un changement de régime au Togo, y instaurant une sorte de présidentialisme héréditaire.

► la question de l’impunité ; étant donné que le régime togolais est fondé sur la règle de l’impunité. Du père Eyadéma Gnassingbé au fils Faure Gnassingbé, les crimes de sang, les crimes économiques et toutes les violations des droits humains n’ont jamais été sanctionnés. Au contraire, le fils a hérité de feu son père, cette méthode qui permet d’ailleurs au régime de survivre.

► la question de l’armée tant dans sa composition que dans son rôle. La question de son droit de vote n’a pas non plus été discutée ni résolue. Nous pensons et nous avons toujours dit que l’armée togolaise ne doit plus voter.

► la question des fêtes négatives du 13 janvier, du 23 septembre et autres dates dont la célébration est imposée par le RPT. Il est inconcevable qu’après le dialogue, ces dates soient toujours célébrées, sur le dos du contribuable en plus. Les démocrates auraient pu au moins exiger leur suppression pure et simple.

► la question de l’implication de la société civile, de la jeunesse y compris de la diaspora dans la recherche de solutions à la crise togolaise.

► la question de la Constitution et des institutions démocratiques à savoir la mise sur pied de la Cour des comptes et du Conseil économique et social responsables et non inféodés au pouvoir RPT.

► la question des fonds détournés par le régime et ses clans.

Un des problèmes que le camp dit démocrate n’a pas pu résoudre avant, pendant, voire après l’APG est la question de son unité autour d’une plateforme claire et lisible portée par des hommes et des femmes convaincus et représentatifs. Au lieu de cela, le peuple togolais a été convié à un spectacle de division conduisant chacun des partis dits démocratiques à s’engager dans une opération de séduction de Faure Gnassingbé dans le but ultime d’obtenir la primature et des postes ministériels. Comme si l’équation togolaise se posait en ces termes. Dans ces conditions, l’APG était plutôt un accord électoraliste qui n’avait pas réglé les questions de fond. Au contraire, les choses se sont aggravées et au lieu d’affaiblir le pouvoir RPT et d’équilibrer le jeu politique, l’APG l’a requinqué. Ainsi les législatives ont conduit :

1- au renforcement du RPT qui, grâce à des brèches et à la fraude, s’est octroyé 50 sièges sur 81. Ainsi, Faure Gnassingbé peut même se permettre, malgré son illégitimité et ses crimes, de tenir en haleine tout le peuple togolais durant des semaines et de faire le tri au sein de l’opposition pour nommer un premier ministre à sa convenance et pour ses besoins.

2- à la confirmation du morcellement de l’opposition avec le débauchage de certaines de ses personnalités.

3- à l’illusion démocratique au Togo. A vue d’oeil, on a quelques institutions symbolisant un Etat démocratique et on organise souvent des élections. Cependant, le Togo, au fond n’a rien de démocratique. C’est une dictature avec des pratiques mafieuses et clientélistes.

4- à la déception et à la peur au sein du peuple togolais.

5- à l’élimination des partis politiques démocratiques. En attribuant zéro (0) siège à certains partis puis en nommant leurs dirigeants ou membres au gouvernement dit d’ouverture, Faure Gnassingbé semble disposé à travailler avec les responsables de partis d’opposition sans la présence de leurs partis sur le terrain politique.

6- au désarmement et la domestication plus que jamais de la presse togolaise. Ne voulant plus être plus royaliste que le roi, beaucoup de journalistes togolais ont baissé les gants.

7- à la question sur la présidentielle de 2010 qui se pose avec acuité alors que malheureusement le terrain semble aujourd’hui vide.

8- à la faiblesse de la société civile.

9- à la déliquescence du mouvement démocratique qui dans son ensemble ne sait plus quel « fil rouge » suivre.

10- à la confusion quant à la méthode d’accéder à la démocratie au Togo. Sur ce sujet, nous sommes appelés à choisir une voie parmi les trois possibilités : la voie électorale, la voie révolutionnaire et la voie militaire.

11- à la partition de fait du Togo et à la problématique de la conquête du Nord. En effet, si nous suivons bien la méthode du RPT, on s’aperçoit que ce parti s’octroie le Nord du pays et le prend en otage. Dans la réflexion, nous devons intégrer cette question pour définir ce qu’il convient de faire.

Mesdames, Messieurs, la situation de notre pays n’ayant pas évolué positivement après ces législatives, nous sommes donc appelés à continuer la lutte. Il nous faut donc remobiliser le peuple et nous remobiliser nous-mêmes. Cela suppose :

1- la reconstruction du mouvement démocratique, aujourd’hui en panne et ayant même connu trahisons, défections et pertes de toute sorte.

2- qu’on ait un discours clair et lisible suivant une idéologie précise. Ce discours doit être porté par des hommes et des femmes dont l’engagement et la constance ne doivent souffrir d’aucun doute.

3- qu’on ait des instruments de communication avec le peuple. Ces outils doivent non seulement nous servir à véhiculer le discours pour le changement mais aussi à permettre au peuple de dire ses attentes. C’est-à-dire que ces instruments doivent fonctionner suivant un mouvement aller-retour.

4- qu’on ait des militants engagés sur le terrain. Ces personnes doivent être formées et donc capables de défendre la cause commune quelques soient les difficultés auxquelles, elles font face.

5- qu’on ait réglé la question des moyens financiers qui nous manquent tant.

6- que nous disposions des stratèges et des concepteurs de plans non seulement pour la lutte mais aussi et surtout pour la reconstruction de notre pays.

7- la remobilisation de la jeunesse togolaise à travers la mise sur pied des Agora ou des Universités de jeunesse qui serviront de lieu de discussions sur les questions locales, nationales et internationales.

8- qu’on ait revu le rôle des autorités traditionnelles. La chefferie traditionnelle dans notre pays est malade. Elle est même inféodée au pouvoir. Le moment est arrivé de la déconnecter du pouvoir pour lui confier un rôle dans la promotion de la démocratie.

9- qu’on ait une diaspora organisée, engagée et qui fait du lobbying et fournit dans la mesure du possible de la logistique aux personnes et structures sur le terrain. Merci à ceux qui d’ici s’engagent pour le développement du Togo mais nous souhaitons souligner avec force qu’envoyer ou rentrer au pays avec des livres des Occidentaux ne contribue en rien à l’éclosion mentale de la jeunesse. Au contraire, on l’abrutit. Il vaut mille fois mieux envoyer au Togo un seul livre de Cheikh Anta Diop que d’y déverser des tonnes de livres qui nous enseignent à longueur de journée « Abalo et Afi vont à l’école ».

10- qu’on ait fait des étudiants une cible majeure dans la réorganisation du mouvement démocratique.

Mesdames et Messieurs, la question de la présidentielle de 2010 nous est posée. Nous devons y réfléchir puisque 2010, c’est aujourd’hui. Que devons nous faire au moment même où tout semble indiquer que l’opposition togolaise n’arrive pas à établir un bilan clair des ses responsabilités et qu’elle n’ait tiré aucune leçon des expériences précédentes ? Devons-nous, nous engager dans ce schéma de 2010 ou définir nous-mêmes notre propre schéma ?

Voilà quelques uns des points de vue que nous avons voulu partager avec vous. Le débat nous permettra d’approfondir certains points.

Je vous remercie.



Communiqué final du MDTE


MESSAGE AU PEUPLE TOGOLAIS A L’ISSUE DE LA RENCONTRE CITOYENNE DU 29 DECEMBRE 2007 A PARIS.

Togolaise et Togolais de tout pays !Où que tu te trouves, ne laisse à personne de décider à ta place !Prends l’initiative, travaille sans relâche pour libérer ta patrie !


Il y a un an de cela, lors de la dernière rencontre citoyenne du Mouvement de la Diaspora Togolaise en Europe ayant pour thème « les législatives, un challenge démocratique ou une désillusion de plus », nous avions sonné l’hallali sur les risques encourus.Après les élections législatives du 14 octobre 2007, le Mouvement de la Diaspora Togolaise en Europe, à l’issue de la rencontre citoyenne du 29 décembre à Paris, vient livrer son analyse.

* D’abord, nos sincères félicitations au peuple togolais pour sa foi dans le combat qu’il mène inlassablement pour sa survie et celle de la République Togolaise.

* Ensuite, nos sincères remerciements aux forces de progrès qui ont accompagné le processus démocratique jusqu’à son terme, nonobstant de nombreux obstacles.

* Enfin, une évidence : l’Accord Politique Global (APG) est une régression puisque toute cette théâtralisation ne recherche qu’à légitimer le hold-up présidentiel d’avril 2005. Le parti-Etat RPT est bel et bien de retour. Le Togo continue donc de régresser.

En effet, tout porte à croire que nous sommes dans une gestion cyclique du pouvoir au Togo et que nous semblons revenir à présent dans les années 80.Au Togo, nous avons l’art de semer des « story telling », faire pousser des histoires de crise un peu partout et se les raconter. Après plus d’une douzaine de protocoles d’accords, que de temps perdu pour le Togo et les Togolais ! Cela doit cesser !

Pour ce faire, l’émergence d’une nouvelle classe politique s’impose. Une autre certitude éclatante : le Togo ne se relèvera que par l’action des Togolaises et Togolais eux-mêmes et non par une quelconque aide extérieure !

Venons-en à la participation des Togolaises et Togolais de l’extérieur à la vie de la cité.Le Mouvement de la Diaspora Togolaise en Europe propose aux acteurs locaux de la Société Civile Togolaise, la création d’un cadre permanent de consultation de l’ensemble des Togolaises et Togolais de l’intérieur et de l’extérieur dans le but de coordonner nos actions. Véritable catalyseur, ce cadre dynamisera nos activités et permettra la participation de tous au mouvement de libération et de reconstruction du pays.

Ce pont que nous voulons établir entre les Togolais de l’intérieur et de l’extérieur ne peut être organisé que par les intéressés eux-mêmes. Cet exil massif, volontaire ou forcé des togolais de l’extérieur ne résulte-t-il pas de la situation socio politique et économique découlant de la gestion chaotique des affaires du Togo par les gouvernements successifs depuis plus de quarante années ? Alors conscient du rôle que doit jouer la diaspora, depuis sa création, le MDTE œuvre avec d’autres partenaires pour un grand mouvement unifié de la diaspora togolaise indépendant et autonome.

Toute manoeuvre de récupération d’une telle initiative serait irrecevable au sein notre mouvement et de toutes organisations oeuvrant dans l’intérêt supérieur du peuple togolais. Le MDTE est et reste au service du peuple. Il est ouvert au dialogue avec toute entité pour peu que les conditions minimales de transparence soient remplies vis à vis du peuple.

Sur l’exercice du droit de vote des Togolaises et Togolais de l’extérieur, le Mouvement de la Diaspora Togolaise en Europe (MDTE) entend renouveler cette demande auprès des services concernés ; car accomplir ce devoir citoyen, à quelques encablures de la terre de nos aïeux, est aussi important que servir de soupape économique.

Un des gros maux dont souffre le Togo est le manque de transparence. La transparence est comme la lumière qui partout où elle jaillit, dissipe les ténèbres. Au Togo, elle ne peut exister nulle part. Pas plus dans les comptes de l’Etat qu’ailleurs. Et surtout pas dans les élections !

Si la démocratie est le système de gouvernance auquel les peuples aspirent de plus en plus, c’est la transparence qui en est le moteur.C’est pourquoi, le point de départ à nos yeux, pour penser le pardon et la réconciliation au Togo, est de rendre purement et simplement au peuple, sans condition aucune, ce qui lui a été confisqué : la Constitution qu’elle s’est librement donnée en 1992. Nous ne le dirons jamais assez.

Les combines, les envolées lyriques et autres décrets sur des commissions rogatoires à former ici et là pour panser des gangrènes ne relèvent que de la prestidigitation et n’y feront rien !

Pendant que des peuples aux alentours du Togo prennent leur envol du développement avec tous les enjeux que cela suppose, dans un monde de plus en plus globalisé, que nous sert-on si ce n’est un jeu de chaises musicales et du neuf fait à partir du vieux. Dans combien de pays au monde a-t-on vu instaurer à l’Assemblée Nationale que tout se décide par un mode de scrutin à main levée ? Comme si on demandait que les députés dans leurs circonscriptions soient élus à main levée.

Terminons notre propos sur une note d’espoir. La participation massive aux dernières élections prouve à profusion combien le peuple togolais reste déterminé pour le changement.
Compter sur nos propres forces, n’est donc nullement une illusion !

Alors, peuple de la terre de nos aïeux, permettez-nous de vous adresser nos fraternels vœux de Bonne et Heureuse Année 2008, dans la vigueur de la santé, dans la persévérance du combat commun et dans la réussite du dessein collectif.

Fait à Paris, le 29 décembre 2007

Pour le MDTE
Dr Martin AMOUZOU

Administrateur Délégué.

mercredi 30 janvier 2008

Radji Yekini de Gazette du Golfe s'entretient avec Komla KPOGLI


Après les élections législatives avec une majorité conséquente du RPT, la reprise de la coopération et la formation d’un nouveau gouvernement qui suscitent toujours des réactions, nous nous sommes entretenus avec le Secrétaire Général de la Jeunesse Unie pour la Démocratie en Afrique, Komla KPOGLI avec qui nous faisons un tour d’horizon sur la situation du Togo.
Propos recueillis et transcrits par Radji Yekini, Journaliste à la Gazette du Golfe. 19.12.07


Radji Yekini : Quelles analyses faites-vous de la situation actuelle du Togo?


Komla KPOGLI : Le parti unique est plus que jamais de retour et nos pères ainsi que nos frères et sœurs martyrs retourneront dans leur tombe en regardant le résultat auquel nous sommes parvenus. Nous étions pourtant parmi les voix les plus affirmées contre cette possible régression qui, aujourd'hui nous envahit. Tout et tout est à reconstruire. Nous n'avons pas le choix.

Pour l'Union Européenne, les législatives sont l'accomplissement des 22 engagements. La conséquence logique est donc la reprise de la coopération suspendue depuis 1993.

Quelle appréciation faites-vous de cette nouvelle donne?

Il faut comprendre cette histoire de reprise de la coopération comme la réalisation de la volonté sans cesse manifestée des institutions en question de reprendre le cycle infernal d'endettement du Togo. Quand ces institutions multinationales et Etats font le compte de ces quinze dernières années, il y a un manque énorme à gagner. Le «déficit démocratique» togolais évoqué s'est transformé en déficit économique pour les prétendus bailleurs de fonds. C'est pour cela qu'ils se précipitent pour recommencer la pratique d'aide et de prêts qui n'est qu'une forme déguisée de placer des fonds dans nos pays africains en ayant à l'idée que cet argent sera détourné et partagé entre eux et les satrapes que nous avons comme dirigeants. Malgré cela, et c'est certain, le peuple doit rembourser. Ne nous leurrons pas. Cela fait au moins quarante années que le Togo est aidé, nous dirons plutôt endetté, le bilan se passe de commentaires. Le peuple Togolais n'est pas bête. Nous avons compris le jeu et nous voulons simplement dire à tous ces prétendus bailleurs de fonds multilatéraux, bilatéraux et concrètement à l'Union Européenne que les prêts et aides qu'ils ont apporté au Père Gnassingbé et qu'ils veulent reprendre voire intensifier avec Faure Gnassingbé, n'engagent pas le peuple Togolais. Ce régime n'est pas l'émanation du peuple togolais. Les souffrances de notre peuple ne viennent pas de la rupture de la coopération avec le régime Togolais. Que cela soit clair, le problème togolais est d'ordre démocratique. A ce jour, ce problème n'est pas réglé. Au contraire, il s'aggrave et la réalisation d'une alternance démocratique au Togo, s'éloigne au jour le jour. Dans ce cas reprendre la coopération répond essentiellement aux intérêts des prêteurs. Et c'est d'ailleurs ce qu'elle a toujours été.

Etes-vous en train de nous dire que la reprise de la coopération tant souhaitée ne va pas servir à résoudre les difficultés du peuple togolais?

Mais! Apparemment vous ne nous avez pas compris. Nous disons que tout ce qui est derrière cette reprise de la coopération avec le Togo, c'est la volonté de prêter de l'argent au Togo pour bénéficier du remboursement du service de la dette de façon éternelle. Il ne faut pas chercher loin. Cela fait une quinzaine d'années que le Togo n'a pas bénéficié de prêts assez lourds. Autrement quinze ans de remboursement conséquent qui manque dans les comptes de l'UE, du FMI, de la Banque Mondiale, des Etats occidentaux et de certaines entreprises. C'est trop de pertes. S'il y a des gens que la suspension de la coopération n'arrangent pas, ce n'est certainement pas le peuple togolais, mais plutôt ces institutions communément appelées bailleurs de fonds qui s'enrichissent par le biais de la coopération et de l'aide. Si ces bailleurs de fonds n'aident pas, s'ils ne prêtent pas, ils ne font pas de bénéfices. Les deux autres grands perdants, ce sont les dirigeants togolais qui ont besoin eux aussi de créditer leurs comptes dans les paradis fiscaux et tous les intermédiaires qui eux aussi, ont besoin d'empocher des commissions pour avoir négocié les prêts et aides.

Le Fonds Monétaire International et la Banque Mondiale ont montré leurs preuves. Il y a beaucoup de dirigeants essentiellement sud américains qui veulent en finir avec ces monstres qui vampirisent les peuples. Lorsque Faure Gnassingbé et ses apôtres courent derrière ces tueurs en série, on se demande s'ils comprennent le monde et s'ils sont à même d'imaginer le développement du Togo. Lorsqu'à la signature d'un accord de quelques millions d'euro, on voit ces ménestrels qui se disent jeunes technocrates et diplomates éclater leurs dents avec un sourire atteignant leurs oreilles, il y a de quoi s'interroger sur l'avenir de notre pays. Ils vendent le pays et ils rient. Ils endettent le pays et soumettent de façon quasi permanente, les populations au remboursement du service de la dette, bref, ils mettent l'ensemble du patrimoine national sous tutelle et ils ont le sourire! La dimension impérialiste de l'enveloppe qu'ils tiennent leur échappe. Avec de telles attitudes, la jeunesse de ces marionnettes ressemble à celle de leurs prédécesseurs. Et c'est vraiment inquiétant.

Dites-nous alors avec quels moyens doit-on aujourd'hui reconstruire le Togo si exsangue financièrement?

Si le pouvoir togolais était légitime, démocratique et soucieux du développement du pays, nous aurions pu, comme beaucoup d'autres Togolais, proposer des solutions autre que le recours à l'aide extérieure qui est un outil essentiel de maintien de nos pays sous la tutelle et pour les appauvrir davantage. Or, il se fait que ceux qui parlent aujourd'hui au nom du peuple togolais n'ont aucune légitimité démocratique. On a tendance à oublier que le régime des Gnassingbé est fondé sur la force brute, le sang, l'impunité totale et le pillage ainsi que le bradage des ressources nationales.

La reconstruction de notre pays passe entre autre par le retour des fonds qui ont été volés jusqu'ici par le clan au pouvoir depuis environ un demi siècle. A ce jour, il est difficile de dire avec précision l'argent disposé par chacun des clans qui ont eu à gérer ce pays. N'oublions pas que des sociétés d'Etat ont disparu pour avoir été pillées par leurs dirigeants et que dans notre pays, il n'y a pas longtemps, au moment où certains célébraient à coup de caviar leur nième milliards, d'autres Togolais mouraient d’inanition. N'oublions pas non plus ces milliers de prétendus hommes d'affaires qui avaient pour mission de promettre sur les écrans de la Télévision Togolaise la création des industries au Togo. Ces «hommes d'affaires» là repartaient du Togo avec des kilogrammes de francs CFA.

N'est-il pas temps de tourner la page?

On ne pourra tourner la page qu'après l'avoir lue.

Des appels fusent de partout pour que les Togolais pardonnent. L'église se mêle de cet appel. Qu'en pensez-vous?

La position de l'église est curieuse. Elle appelle le peuple togolais au pardon. Comme si le pardon sans la confession pouvait servir à quelque chose. L'église aurait été utile en appelant clairement les criminels à la confession, à la contrition et à la repentance pour que le pardon puisse leur être accordé. Elle doit même condamner les crimes commis et dire que cela ne doit plus jamais se produire. En agissant comme elle le fait actuellement, l'église qui est une autorité morale incontournable, ne fait pas preuve de courage. A la limite, nous sommes dans une situation où certains lisent la bible de droite à gauche et d'autres lisent le coran de gauche à droite. En définitive, lorsqu'on voit ces directeurs de conscience (prêtres, pasteurs, imams) traiter les questions du crime et de la morale de façon invertébrée, lâche, hésitative, on comprend pourquoi les croyants ont une foi affichée en contradiction avec leur comportement quotidien : Ce sont les mêmes qui tuent, qui volent, qui fraudent pendant 6 jours et qui se présentent en « saint » le 7ème jour ou le vendredi pour la prière et la bénédiction ! Non. Les autorités morales doivent être tranchantes dans le domaine de la morale et ce sera leur contribution à l’émergence des citoyens honnêtes, conscients et responsables dans notre pays. Si l'église avait joué le même rôle en Afrique du Sud, on peut douter que l'apartheid y soit vaincu.

Récemment, Gilchrist Olympio a suscité une vive polémique en déclarant « mes respects, Monsieur le Président » lors d'une rencontre avec Faure Gnassingbé. Il y a quelques années, c'était inimaginable que M. Olympio aille à la présidence. Trouvez-vous cela comme une rupture et un point positif pour le Togo?

Gilchrist Olympio et Faure Gnassingbé se sont rencontrés à plusieurs reprises à l'extérieur du pays. Il faut s'attendre qu'ils le fassent un jour au Togo. C'est donc un non événement. Que Olympio ait déclaré «mes respects Monsieur le président » ou qu'il ait bu du toucoutou avec Gnassingbé, c'est égal. Seuls peuvent être choqués ceux qui n'avaient pas intégré pas dans leur analyse un avant et un après législatives organisées dans des conditions connues de tous.
Nous pensons qu'il faut tirer des enseignements de ce spectacle et dire qu'avec l'opposition togolaise, nous sommes passés des « leaders » aux ambitions présidentielles aux hommes aux ambitions premier ministérielles ou ministérielles. En clair, des hommes ayant révisé leur ambition à la baisse et par ricochet revu à la baisse les revendications démocratiques du peuple. La conséquence c'est que les conditions posées au pouvoir en place sont elles aussi moins contraignantes. Ces hommes vont même jusqu'à faire la cour au pouvoir. Ils se sont lancés dans un concours de docilité. Chacun se présente comme le moins radical, le moins exigeant et donc flexible et disposé à coopérer avec la dictature. Dans ces conditions, il faut percevoir ces démarches comme des appels au secours. Ils n'en peuvent plus car ils ont fait ce qu'ils ont pu. Ils ont atteint le terminus et comme les scientifiques, certains de ces politiques deviennent nuisibles dans la deuxième moitié de leur existence.

Il est grand temps que nous cessions de penser que les personnalités aux devants de la lutte depuis vingt ou trente ans, soient investies d’une mission messianique de sorte qu’elles soient les seules à avoir la solution pour le Togo. Il faut une nouvelle génération ayant la mesure des responsabilités pour réorienter la lutte avec des moyens conséquents.

Que faut-il faire dans ce cas?

Il faut avant toute chose sortir de l'idée que nous emprunterons de raccourcis pour atteindre la démocratie. Tout simplement parce qu'il n’y a pas de raccourcis menant à la liberté et à la justice. Revoyons l'histoire. Au Togo, on a voulu prendre des raccourcis pour simplifier les étapes successives menant à l’établissement de la démocratie en signant des accords avec la tyrannie et en allant cohabiter avec elle dans une série de Gouvernements dits d’union nationale. Une cohabitation qui, en réalité, vient conforter un pouvoir capté dans le sang et massivement vomi, rendant ainsi plus improbable l’alternance démocratique au Togo. En agissant ainsi, nous avons mis fin au processus naturellement douloureux mais incontournable de combats aboutissant à l’éradication de toute dictature ou tyrannie. Aujourd'hui, nous sommes face à un défi majeur de reconstruction du mouvement démocratique en panne pour avoir été à la fois déçu par les leaders d'opposition et réprimé de façon incessante par le pouvoir. Nous devons convoquer des réflexions à ce sujet.

Nous pensons qu'il faut repartir sur de nouvelles bases. Redéfinir un mouvement contenant des idéologues, des financiers, des guerriers et enfin des bâtisseurs. Chacun avec des tâches spécifiques au service de l'ensemble de la chaîne.

Pourquoi, selon vous, malgré tout ce qui est fait ici et là par la société civile, elle n’influence pas de manière décisive la situation ?

Il est vrai que l’Etat togolais n’est pas permissif à l’égard des organisations responsables de la société civile. Mais la société civile togolaise, d’une manière globale, est un marais peuplé d’anacondas et autres piranhas dont l’amour pour ce peuple n’a d’égal que la rente périodiquement captée à travers les filets que sont les projets juteux soigneusement montés. Mis à part quelques rarissimes honnêtes gens et organisations, tout le reste fait litière des souffrances du peuple togolais.

Cette société civile manque de coordination contrairement à celle d’autres pays comme le Niger ou le Burkina Faso ou encore le Mali où la société civile joue véritablement sa partition. Ce manque de coordination n’est pas lié au fait qu’il y ait une pénurie de compétences et de capacités. Au contraire! Le problème c’est que la société civile dans notre pays est minée par des contradictions internes et des querelles intestines. Comment comprendre que dans la situation qui est celle du Togo, la jalousie, la haine gratuite et l’envie caractérisent encore certains des acteurs dits de la société civile qui font des coups bas et des dénigrements leurs activités quotidiennes. Apparemment on échange des sourires avec vous. Mais il vous suffit de tourner le dos pour qu’on vous ridiculise. Certains vont jusqu’à dire à leur auditoire qu’ils ne vous connaissent pas dans le diabolique dessein de jeter le doute sur votre personne et votre organisation. Ce black out cynique se fait souvent lorsqu’on est en face de ceux qu'on appelle les partenaires. Nous pesons bien nos propos. Nous disons ce que nous savons et savons ce que nous disons. C'est pour cela que nous pensons qu’au-delà de militer pour des conditions objectives permettant l’édification de la démocratie au Togo, nous devons travailler celles subjectives notamment, procéder à la cure de nos mentalités vissées au Moi égoïste. La presse togolaise a elle aussi perdu ses repères actuellement. Elle ne fait plus son devoir d’information et de formation. Beaucoup de journalistes mis à part quelques uns ont baissé leur culotte actuellement. Franchement, si le peuple togolais était partisan de la Charia, nous n’aurons pas été surpris qu’il ait voté pour la lapidation des philistins que nous sommes devenus au sein de la société civile.

Que faire donc dans ces conditions?

Il faut changer de méthode si nous voulons remporter des victoires. Plus de solidarité entre les organisations et entre les personnes. Croiser les bras, observer ceux qui prennent des initiatives comme pour dire «on verra jusqu'où ils iront» pour les juger à la fin, ne nous paraît pas une stratégie payante.
Nous n'avons jamais réussi à concevoir la lutte sur le moyen et long terme avec des objectifs clairs ainsi qu'avec des échéances précises. Nous avons toujours attendu les derniers moments pour concevoir à la va vite des schémas inefficaces pour parer au plus urgent alors que le camp adverse planifie et réalise un à un ses projets. Ce n'est pas des projets de formations et d'informations réalisés ici et là à la veille des élections qui vont nous sauver.

Le jour où nous aurons des leaders capables de rentabiliser les frustrations accumulées durant ces quarante années de galère, le jour où nous comprendrons que l’affirmation de notre autorité dépend de notre capacité à résister collectivement aux forces contraires qui opèrent contre nous, le jour où nous n’aurons plus le regard tourné vers la communauté internationale, ce Spiderman conçu rien que pour la consommation des peuples du Tiers Monde, le jour où nous aurons fait le choix de jouer notre propre partition en ayant à l’idée le devenir du Togo, nous aurons enfin compris qu’aucune tyrannie ne peut vaincre un peuple organisé et déterminé.
Nous devons avoir une vision à long terme. Mais le problème c’est qu’on est trop souvent atteint du syndrome de l’impatience dans notre démarche. On est pressé de voir ici et maintenant les retombées de notre combat. C'est ainsi que certains d'entre nous après quelques efforts, sont fatigués et se disent qu'ils en ont fait assez pour avoir le fruit de leur peine. Ils finissent par rejoindre les rangs du pouvoir.
Nous pensons humblement que nous pouvons être des semeurs sans forcément être les moissonneurs de ce que nous avons pris la peine de semer. Seuls les destins exceptionnels recueillent de leur vivant, les fruits de leur engagement en faveur des causes nobles. C’est une chance qui n’est pas donnée à tout le monde. Ce qui compte in fine, c’est que les générations à venir ne connaissent plus jamais ce que nous autres avons vécu et que nous puissions leur tracer les sentiers du bonheur.

Quels commentaires pouvez-vous faire au sujet du nouveau gouvernement d'union nationale constitué par M. Komlan Mally?

Nous n'avons pas de commentaires particuliers sur ce cabinet. C'est un gouvernement qui incarne nullement les intérêts du peuple togolais. D'ailleurs certains qui pensaient pouvoir obtenir quelque chose du RPT en travaillant avec lui, ont apparemment compris la leçon. A la limite, c'est un regroupement des individus qui ont détourné le suffrage et de ceux à qui on a attribué zéro siège lors des dernières législatives. Décidément l'histoire de notre pays est l'œuvre des voleurs et des impertinents. Ceux qui se demandaient pourquoi certains responsables de partis se sont précipités pour féliciter « les vainqueurs des législatives », ont à présent la réponse à travers les ministères des affaires étrangères et de l'enseignement supérieur. Que pouvons-nous reprocher donc à Edem Kodjo? Ces responsables de partis ont fait la différence entre deux opposants dont l'un est ministre et la conclusion à laquelle, ils sont parvenus est claire.

Pour ce qui est du gouvernement d'union nationale, nous nous sommes exprimés à maintes reprises à propos. Il s'agit d'une formule inventée par la Françafrique pour dissoudre les forces démocratiques dans une équipe multicolore. L'objectif est de couler le front de la contestation légitime en mettant ses meneurs au contact des délices et privilèges du pouvoir. Il faut se foutre de ce gouvernement qui n'en est pas un. Regardons ce qui est devant nous pour ne pas nous laisser distraire.

On a entendu beaucoup de commentaires sur la filiation du nouveau premier ministre. Avez-vous quelque chose à dire à ce sujet?

Qu'est-ce que cela peut bien apporter à la lutte pour la liberté au Togo si M. Mally est ou non le fils de Théophile Mally. C'est un débat d'arrière-garde. A cause de cette histoire de filiation, on s'est injurié pendant des jours et des nuits. C'est vraiment triste. Sans vous mentir, nous nous sentons tristes par cet état de chose. Où allons-nous avec de telles attitudes? Que pouvons-nous construire de sérieux avec un tel niveau de débat et dans une telle atmosphère?
En plus, il est paradoxal de dire que les législatives ont été fraudées et consacrer du temps et de l'intelligence pour débattre du premier ministre issu justement de ces élections. Curieusement ceux qui ont critiqué les législatives, ce se sont les mêmes qui s'entre-déchirent sur la filiation de Mally.
En ce qui nous concerne, c'est un sujet sans importance. Mais nous tenons à dire que si ceux qui prétendent éclairer la masse d'incultes que nous sommes, se livrent à de tels combats, imaginez combien le peuple togolais est déboussolé.

Permettez-nous d'ajouter ceci. L'internet qui a joué et qui joue un rôle moteur dans la mise en place des réseaux pour combattre les dictatures dans d'autres pays notamment en Europe de l'Est, est pour nous autres, un outil de déconstruction. Il suffit de faire un tour sur les sites internet pour s'en apercevoir. Des commentaires totalement déplacés y sont faits. Des injures gratuites y sont déversées. Au lieu de nous saisir de cet outil formidable pour bâtir des réseaux de réflexion et de travail, nous l'avons transformé en matériel de guerre contre des réflexions émanant de nos propres rangs. Nous prétextons la liberté d'expression, une sorte de démocratie virtuelle que nous avons pourtant du mal à transférer sur le terrain, pour nous autodétruire pour le grand bonheur du système en place. Si ce sont rien que des hommes de main du pouvoir qui se livraient à cette activité, on comprendrait. Ce qui est dommage, c'est que le plus souvent, ce sont des individus qui n'ont aucun lien affectif ni matériel avec le pouvoir. Il s'agit simplement d'individus imbus de leur personne et qui jouent au chien du jardinier dans l'incapacité de manger du chou, empêche les autres d'en prendre. Bien évidemment, il n'est pas question de proscrire les critiques et les remarques sur les limites dans les réflexions des uns et des autres. Au contraire, c'est une richesse et c'est dans l'intérêt du combat d'avoir une multitude d'idées et de propositions. Mais la réalité n'est pas celle-là. A ce stade, nous avons du chemin à faire!

M. Mally vient justement de présenter son programme devant le parlement. Quarante deux députés (41 du RPT et 1 du CAR) ont donné quitus au locataire de la primature pour l’application de son projet de société axé sur les points suivants : la consolidation de la Nation togolaise ; la constitution des bases solides de la croissance et du développement ; l'amélioration des conditions d'accès aux services essentiels ; la réaffirmation de la place du Togo dans le concert des nations. L’UFC ne s’est pas prononcée lors du vote. Les trois autres députés du CAR ont voté contre. Que pensez-vous de ce programme ?

Les togolais ont vu défiler devant eux des programmes de gouvernement et non des moindres. Notre problème n’est pas à ce niveau. Circulons, il n’y a rien à observer.

Vous avez qualifié les résultats des législatives d'injure à l'intelligence du peuple togolais. Le RPT, par la voix de M. Voulé Frititi vous a répondu. Dans une interview qu'il a accordé à Togoforum, il a qualifié votre position d'affirmations gratuites et vous demande de prouver qu'il y a eu fraudes. Quelle est votre réaction à ce sujet?

Nous avons lu cette interview de M. Voulé. Nous nous rendons compte que tous les cheveux gris ne sont pas forcément signe de sagesse. Le RPT a bel et bien fraudé les législatives. M. Voulé n'a-t-il pas lu la déclaration de M. Dahuku Péré portant sur les législatives? Il est vrai que l'outil de la fraude a été perfectionné. On n'a plus vu les urnes emportées par les militaires. Mais, il y a des témoignages dignes de foi qui attestent que de l'argent a été distribué aux représentants de partis dans nombre de centres de vote contre signature des procès verbaux contenant de résultats contraires au verdict des urnes. Nous sommes prêts à sortir ces preuves mais nous ne sommes pas idiots pour mettre en danger la vie de leurs détenteurs. M. Voulé sait que si les populations n'ont pas manifesté contre les résultats des législatives, c'est la conséquence des répressions subies et impunies jusqu'ici. Ce silence ne peut être pris pour une adhésion du peuple. Il le sait plus que tous.

M. Voulé va jusqu'à dire que l'achat de conscience est l'équivalent du « projet de société dans les pays hautement policés ». On comprend dès lors pourquoi notre pays est dans un tel état. Ailleurs des hommes comme M. Voulé transmettent des valeurs à la nouvelle génération.

Avez-vous quelques activités en vue pour contribuer à la remobilisation du peuple togolais?


Dans les circonstances actuelles, les mots justes sont des victoires. Il faut être clair. Tant que l’alternance démocratique n’est pas réalisée au Togo avec toutes ses implications, nous resterons habités par la flamme révolutionnaire et citoyenne face aux défaites qu’on tente d’emballer dans l’enveloppe trouée des victoires.
Nous avons décidé de perpétuer la semaine des Patriotes. Nous allons organiser la deuxième édition en avril prochain. L'idée c'est de maintenir la flamme et de ne pas oublier les compatriotes qui dans leur détermination à bâtir un espace de liberté et de justice dans notre pays, ont été simplement tués. Nous devons réclamer justice et perpétuer leur combat. Leur mémoire doit être gardée quoi qu'il en soit.

Avez-vous une adresse particulière à la jeunesse togolaise?

La jeunesse togolaise doit sortir du génie de la débrouillardise et du fatalisme. Il ne peut en être autrement si vraiment nous voulons vivre en démocratie. La jeunesse togolaise est laissé-pour-compte. Dans les campagnes, les champs de manioc et de cacao des vieillards sont pillés la nuit. Les coqs et les poules ne peuvent plus connaître des nuits pacifiques. Les jeunes rivalisent avec les renards. Dans les villes, c'est la promiscuité et les taximotos qui permettent à certains de s'en sortir. Pour d'autres, c'est le vol, la corruption, l'alcoolisme et le sexe. Les enfants, au lieu d'étudier leurs leçons les mercredis après midi et les week-ends, se transforment en ânes pour jouer aux portefaix pour des bonnes femmes du marché. Beaucoup d'autres se transforment en ingénieurs ponts et chaussées, remblayant les nids de poules sur les routes et sollicitant des pièces des chauffeurs qui parfois les envoient au diable. Où allons-nous avec tout ceci. Réveillons-nous et réorganisons-nous. Définissons notre propre cadre de lutte sans forcément faire référence à ce que pensent et disent ceux qui se disent nos leaders. Le salut de notre pays passe inévitablement par un sursaut citoyen de la jeunesse. Nous avons un double combat à mener. Un, contre les mains noires qui nous écrasent et l'autre, contre les cerveaux extérieurs qui les mettent en mouvement. Si notre sommeil se prolonge, le réveil nous sera plus que douloureux.

Nous aurons certainement l'occasion de revenir sur le discours de Nicolas Sarkozy à Dakar en juillet 2007 qui, disiez-vous dans l'une de vos récentes publications, vous a profondément marqué. Mais, pour conclure cet entretien, pouvez-vous nous dire quelques mots sur ce discours?

Nicolas Sarkozy s'est adressé à nous en des termes très injurieux et méprisants. Et bien, nous allons lui répondre en ses propres termes. D'abord, à ce que nous sachions, Nicolas Sarkozy a des racines hongroises. Jusqu'à preuve du contraire, l'Afrique n'a aucune histoire particulière avec la Hongrie. Et ce n'est pas à un Hongrois, fut-il président de la France de nous faire cette histoire que nous connaissons dans ses moindres détails. Les Français savent ce qu'ils doivent à l'Afrique et les Africains savent ce que la France leur doit.
Sur le fond du discours, on peut admettre certaines choses. Lorsque par exemple Sarkozy déclare à l'université Cheik Anta Diop qu'il avait sciemment réduit à l'université de Dakar, que c'est aux Africains de conquérir leur liberté pour aller au développement, il a raison. Mais deux choses fondamentales à retenir de ce discours. D'abord reconnaître que la colonisation était une faute et refuser la repentance, c'est donner du sens au néocolonialisme français réel et subi aujourd'hui par les Africains mais totalement absent du discours de Sarkozy. Ensuite, ce discours est en quelque sorte le bannissement du bon nazi et la promotion du bon colon. Si nous prolongeons le discours de Sarkozy lorsqu'il dit que nul ne peut demander aux fils de se repentir des fautes de leurs pères, nous parvenons à la conclusion qu'en ce qui est par exemple de la dette, nul ne peut nous demander aujourd'hui de rembourser des prêts que nous estimons à juste titre être la faute de nos prédécesseurs.
Nous avons remarqué que la presse togolaise par exemple n'a pas travaillé ce discours. On ne l'a pas suffisamment expliqué. La Jeunesse Unie pour la Démocratie en Afrique va le divulguer. Nos populations doivent connaître ce discours pour que ceux qui continuent par rêver, se réveillent enfin. C'est un engagement que nous allons tenir. Ce discours est riche d'enseignements. Il n'est donc pas négligeable. Si possible, nous procéderons tôt ou tard, comme Sarkozy qui a décidé de faire lire la lettre de Guy Môquet à la jeunesse française.

Enfin, qu'avons-nous à attendre aujourd'hui de la coopération française avec le Togo?

Attendre? Si attente, il doit y en avoir, et bien elle est résumée en ceci. Le 05 décembre 2007, après une séance de travail avec les officiers supérieurs des forces armées togolaises, le général Emmanuel Berte, directeur de la coopération militaire et de défense déclare sur les ondes de radio Lomé «le Togo restera un partenaire majeur de la coopération militaire française pour 2008, notamment en terme budgétaire, en terme de coopérants et de projets. Les perspectives actuelles permettent d'affirmer déjà qu'il n'y aura pas de baisse dans cette coopération avec le Togo. Au contraire, on restera au même niveau voire une légère augmentation. La France quelles que soient les périodes, a toujours été aux côtés du Togo et continuera à toujours l'être. La France va continuer à former, équiper et accompagner l'armée togolaise avec l'intensification de la formation au profit de la gendarmerie, de l'armée de terre et de la marine. » Une fois ces propos tenus, Berte a été élevé au grade de Commandeur de l'ordre du Mono par Kpatcha Gnassingbé au nom de son frère président. En clair, la France de Sarkozy comme celle de Chirac, de Mitterrand, de Giscard, de Pompidou et du général De Gaulle soutient et va continuer par soutenir la dictature au Togo. Et cela va s'accentuer comme le dit clairement Berte. Lorsque nous disons que la France appuie les dictatures et contribue à réprimer les mouvements démocratiques en Afrique, quelques bonnes consciences répondent que c'est faux et que tout ce qui nous arrive, c'est de notre faute. Voilà ce qu'il faut attendre de la France Sarkozyste. Et ce ne sont pas des gens comme louis Michel qui vont faire quoi que ce soit. Sa Belgique natale est en crise depuis six mois. Les Wallons et Flamands sont à couteaux tirés. La Belgique n'a pas de gouvernement depuis six mois. Il est vrai que cela n'a rien à avoir avec nos crises. Cependant, serait-il peut être plus raisonnable pour Michel de commencer par faire ses preuves de négociateur par là.
Revenant sur la question de la France, observons tout de même que son appui ne va pas à la police mais plutôt à la gendarmerie et à l'armée. Cette précision vaut ce qu'elle vaut pour qui connaît le rôle de ces deux corps dans le massacre du peuple togolais.

Merci Monsieur KPOGLI.


Interview à lire sur http://www.togocity.com/article.php3?id_article=2482&recalcul=oui

Législatives 2007: le RPT insulte l'intelligence du peuple Togolais

DECLARATION

Le peuple Togolais vient de sortir des législatives en infligeant une nouvelle claque au pouvoir en place depuis un demi siècle. En effet Faure Gnassingbé et sa bande avaient espéré une abstention record et si possible, un boycott inactif de certains partis politiques notamment l'UFC (l'Union des Forces du Changement), accusée souvent à tort de ne viser que la présidentielle. Contre toute attente, ces deux phénomènes ont été déjoués. Ainsi, la dictature récemment rajeunie au Togo était obligée de faire recours aux vieilles méthodes de tripatouillage pour s'autoproclamer vainqueur de ces élections. Les chiffres provisoires qui sont en réalité du presque définitif; communiqués par la Commission Electorale Nationale Indépendante dans la nuit du 17 Octobre 2007 se présentent comme suit en termes de répartition des sièges:

RPT (Rassemblement du Peuple Togolais) = 49 sièges
UFC (Union des Forces du Changement) = 21 sièges
CAR (Comité d'Action pour le Renouveau) = 04 sièges
Sièges restants non attribués pour retard = 7

Ces résultats publiés sont de véritables insultes à l'intelligence, à l'honnêteté ainsi qu'à la maturité du peuple Togolais qui se bat et se débat contre le système criminel, illégitime, brutal, mafieux et incapable qui régente le pays depuis 1963. Il s'agit là d'une nième blasphème démocratique commise sur la Terre Togolaise.

La J.U.D.A (Jeunesse Unie pour la Démocratie en Afrique) s'insurge vivement contre cette habitude de vol caractérisé du suffrage populaire érigé en système d'Etat sur la Terre de nos aïeux.

La J.U.D.A note avec amertume que comme dans un passé plus que récent, le pouvoir compte sur l'armée pour tuer toutes celles et tous ceux qui vont oser choisir la voie pacifique pour se dresser contre l'outrage et le faux substitué vrai. Les chars sont déjà positionnés, les troupes sont mobilisées, les milices sont sur le pied de guerre et les services de renseignements en perpétuelle activité, sont alertés. Le peuple Togolais est donc cerné.

Face à ce déploiement de la force, la J.U.D.A estime opportun de lancer un appel pressant au peuple Togolais dans toutes ses composantes de ne pas céder à la peur et à l'intimidation pour faire preuve de courage, de mobilisation, d'organisation et de détermination pour imposer le verdict des urnes qui est son choix clairement exprimé le 14 octobre 2007. Le sens du devoir patriotique convoque tous les patriotes sur le terrain de l'action pour éviter la perpétuation de l'horreur, du viol, du vol, de la pauvreté, de la crise, du mépris des libertés démocratiques, des violations des droits de l'homme au Togo. Dans ce contexte, la J.U.D.A réitère ce qui est le fondement de son action à savoir que le peuple Togolais doit compter d'abord sur lui-même dans la lutte qui l'oppose au clan au pouvoir qui a le don particulier de se constituer en une partie contre le Tout national au lieu d'être une partie du Tout national.

La Jeunesse Unie appelle l'armée togolaise surtout sa tranche jeune à refuser de suivre le clan au pouvoir dans son entêtement dans la bêtise, dans son refus de se plier aux lois du peuple Togolais pourtant constitutionnellement souverain.

Les FAT (Forces Armées Togolaises), vous avez l'occasion en or de sortir le Togo du cercueil dans lequel il est mis par ceux qui ont choisi de l'enterrer vivant. Votre avenir et celui de vos enfants dépend de votre choix aujourd'hui. Il en est de même pour nous tous. Vous n'avez plus droit à l'erreur. Vous ne pouvez plus vous comportez comme s'il existait une fatale communauté de destin entre ces Togolais qui pensent disposer du droit d'héritage sur le pays et vous qui comme nous en sommes exclus. Votre choix sera déterminant pour l'aboutissement heureux ou la fin chaotique du processus électoral en cours.

Soyez cette fois-ci au rendez-vous du devoir patriotique pour lequel vous vous êtes engagés lors de votre recrutement. Sachez que vous avez le choix entre continuer de gagner 4.800 Fcfa pendant vos dix-huit premiers mois de fonction puis, 32.000 Fcfa comme solde de base, 2.000 Fcfa par enfant comme allocation familiale, de vous faire priver d'une partie (12.000 Fcfa mensuellement) de votre salaire mensuel lorsque vous désirez suivre un stage de 18 mois dont les effets (2.000 Fcfa de plus) ne suivent que deux ans plus tard, de recevoir quelques cahiers et stylos des mains de ceux qui vous infantilisent et qui au moyen d'autres prélèvements vous font payer le prix de ce soi-disant cadeau ou vivre décemment, sécuriser vos vieux jours et garantir l'avenir de vos enfants dans une société démocratique.

Etant une partie du peuple Togolais, la Constitution par son article 150 alinéa 2 vous exhorte comme tout autre citoyen à barrer la voie aux adeptes du coup d'état, de la forfaiture et aux ennemis de la démocratie dans notre pays. Bâtissons ensemble, vous en tenue militaire payée par l'argent du contribuable, nous en tenue civile, un Togo nouveau à partir d'aujourd'hui.

Quant à la communauté internationale, qui dans les faits n'est autre que quelques pays occidentaux notamment les 5 pays du conseil de sécurité de l'ONU et récemment devenue G8, au nom de la jeunesse togolaise toute entière et au nom de la jeunesse africaine ainsi qu'au nom de la jeunesse planétaire éprises des valeurs de paix fondées sur la justice, la liberté et la dignité humaine, la J.U.D.A lance l'appel urgent de prendre toutes les dispositions en vue d'être cohérente avec elle même. Elle qui a investi financièrement et matériellement dans le processus électoral au Togo.

La CEDEAO, l'UA, l'UE, l'ONU, les Etats Unis d'Amérique, l'Allemagne et la France ainsi que tous les peuples et institutions internationales sont ainsi interpellés par la situation du Togo où leurs actions conjuguées et non des discours, constituent le meilleur soutien en ce moment.

Particulièrement à la France si présente au Togo, la Jeunesse Togolaise demande une position claire, ferme et en rupture avec les méthodes habituelles de la Françafrique faites de fourberie, de cynisme, de duplicité, de saturation et de complicité avec les satrapes africains. La Jeunesse Unie prend à témoin le discours de Sarkozy à l'université Cheik Anta Diop au Sénégal le 26 juillet dernier. Une adresse qui, au nom d'une amitié unilatéralement déclarée pour les besoins de la cause, nous a démesurément blessée mais qui mérite d'être citée ici. Sarkozy disait expressément à la jeunesse africaine que si elle choisit la voie de la démocratie, de la liberté, du droit et de la justice, comme si cette volonté n'était pas évidente, la France serait à ses côtés. Aujourd'hui, c'est le peuple Togolais tout entier qui a choisi cette voie. Alors, que la France le rejoigne sans attendre. Elle est la bienvenue.

Fait, le 19 Octobre 2007

Pour la J.U.D.A,
Le Secrétaire Général,



Rodrigue Komla KPOGLI

Tultogo.com échange avec Rodrigue Komla KPOGLI







Au lendemain du scrutin législatif du 14 octobre dernier, Tultogo a initié une série d'interviews pour avoir les impressions de certains acteurs et des organisations de la société civile. Pour cette première partie nous diffusons pour nos lecteurs une première partie d'une interview que vient de nous accorder le Secrétaire Général de la J.U.D.A, une association de la société civile togolaise. Monsieur Rodrigue Komla KPOGLI se prononce sur les élections, les résultats donnés par la CENI après une série de jonglage et la question Nord Sud. Bonne lecture.

Bonjour M. Rodrigue Komla KPOGLI, les résultats définitifs des législatives du 14 octobre viennent de tomber. Le RPT a obtenu 50 sièges, l'UFC et le CAR en ont obtenu respectivement 27 et 4. Quelle est votre réaction?

Ces résultats ne correspondent à aucune donnée réelle. Nous sommes là une fois encore dans une fiction absolue. Décidément le RPT, parti au pouvoir depuis bientôt un demi siècle n'aime pas la démocratie et par conséquent s'est fabriqué un peuple à part entière qui vote toujours pour lui malgré ses pratiques mafieuses et son bilan catastrophique. Ce peuple imaginaire du RPT qui se trouverait au-delà des montagnes d'Alédjo est d'une telle loyauté que rien ne tempère sa propension à voter pour ce parti.

Non, soyons sérieux! Connaissant le désir du peuple togolais dans son ensemble et particulièrement des populations de la partie septentrionale du pays de rompre avec la dictature et d'aller à la démocratie, ces résultats sont de véritables injures à l'intelligence, à la maturité et à la dignité de tous. Ces chiffres donnent l'image d'un peuple togolais qui s'auto-flagelle et qui renonce à toutes les revendications sociales, économiques et politiques exprimées jusqu'ici quotidiennement sans limites géographiques ni ethniques. Rien n'a changé au Togo pour qu'un tel miracle se produise. C'est un second « retour triomphal » dans l'histoire du Togo. Ceux qui jouaient au Saint Thomas en misant sur le volontarisme de Faure Gnassingbé sont à présent servis.

Les dirigeants du RPT disent que le peuple par ce vote, démontre son adhésion à la politique d'ouverture de Faure Gnassingbé
Nous avons nous aussi écouté cette justification qui est donnée par le Secrétaire général du RPT, Solitoki Esso. Nous considérons que cette explication est un mensonge pur et simple. A qui va t-on dire qu'il y a une ouverture au Togo? C'est d'ailleurs drôle que ceux qui avaient accepté l'ouverture aient été remerciés par des zéros pointés. Drôle de manière de remercier les compagnons au moment de la répartition. En somme, on nous dit que le peuple togolais veut par ces résultats, signifier son option à voter en faveur du RPT pour avoir le meilleur de l'opposition.

Admettons que les résultats publiés soient la preuve de l'adhésion du peuple à la fameuse politique d'ouverture. Comment comprendre alors que les partis qui ont accepté dès les premières heures ladite ouverture aient été purement et simplement renvoyés les mains vides à l'exception du CAR qui remporte le prix de la consolation avec 4 sièges alors que l'UFC qui n'a pas été tout à fait perméable à l'ouverture comme l'aurait souhaité le RPT, ait obtenu 23 sièges. Autrement dit, le parti déclaré par le pouvoir comme ayant le moins adhéré à l'ouverture, dépasse les autres partis qui eux, ont totalement accepté le jeu avec le RPT. L'ouverture n'aura profité donc qu'au RPT et non à ses partenaires.

Les thèses de M. Esso ne résistent à aucune analyse sérieuse. Ce sont les tous derniers arguments d'un esprit sans arguments.

Monsieur Esso dit aussi que ce vote ne veut pas dire qu'il existe une fracture politique entre le nord et le sud...
Si nous comprenons bien le nord qui voterait pour le RPT et le sud qui voterait pour l'opposition, pour Esso c'est le signe de l'unité du peuple togolais. Une conclusion inattendue. Alors deux explications possibles s'imposent. Soit le RPT sait bien que cette fracture n'est pas réelle; donc inventée de toutes pièces pour les besoins de la cause et dans ce cas cette déclaration de Solitoki Esso équivaut à l'acceptation implicite de résultats fictifs. Soit, cette division Nord/Sud est réelle et donc il n'y a pas eu d'ouverture et de politique d'apaisement et de réconciliation qui justifieraient un vote massif en faveur du RPT, qui pour conserver le pouvoir en 2005, a tué un millier de personnes. Au contraire, ces derniers temps, le mur de séparation serait épaissi avec Faure Gnassingbé et sa bande à la tête de l'Etat.

Dans les faits, nous sommes de ceux qui croient que le mur de séparation n'existe pas entre le nord et le sud au Togo. Tous les fils de ce pays veulent la liberté et une gestion saine du patrimoine commun. C'est le pouvoir politique qui, pour se donner une certaine légitimité, construit et élève ce mur de séparation en utilisant certains secteurs étatiques à savoir l'armée, les services de sécurité et les administrations. Encore une fois, nous devons proclamer que le Nord n'est pas un bloc monolithique qui serait opposé à la démocratie au Togo. Une telle conception des choses expose le Togo à des lendemains sombres. Il faut stopper net cette façon imbécile de monter les uns contre les autres dans ce pays. Le RPT ne peut indéfiniment se réfugier derrière cette pratique pour s'octroyer des victoires qui sont en réalité de cuisantes défaites.

Ou le RPT et ses alliés laissent les choses se faire comme cela se doit et on reconstruit ensemble le Togo dévasté, dévalisé, sacrifié et bradé de père en fils ou on sera contraint, à l'allure où va ce montage grotesque, d'avoir deux États: celui du Nord et celui du Sud ayant deux régimes politiques diamétralement opposés car, on pourrait finir par avoir un Sud qui n'accepte plus d'être l'otage d'un Nord fictivement attaché au clan Gnassingbé.

Si nous étions le Christ et si les dirigeants du RPT et leurs alliés étaient inconscients de tout le mal qu'ils font au peuple Togolais, nous aurons demandé à Dieu le Père de le leur pardonner. Non seulement, nous ne sommes pas le Christ mais le RPT et ses amis ont parfaitement conscience de qu'ils font. C'est pour cela que nous demandons à Dieu de ne pas leur pardonner car, ils savent ce qu'ils font.

Des analystes parlent du rôle du découpage électoral qui aurait joué un tour à l'opposition qui partait confiante à ces législatives...
Permettez nous de répondre à ces analystes que le Peuple Togolais, quelque soient le découpage électoral, le mode de scrutin et le type de bulletin de vote, ne saurait attribuer au RPT, un tel score sans remettre en cause l'engagement ferme dont il a fait preuve, aux prix de milles sacrifices ces 20 dernières années, pour se débarrasser du joug dictatorial. Évitons de tomber dans le piège du pouvoir en disant que c'est le découpage qui a fait le jeu. Au contraire, si ces analystes croient en la lutte du peuple togolais pour la liberté et à l'autodétermination, puisqu'il s'agit bien d'une lutte pour l'autodétermination, ils n'allaient pas déclarer de pareilles choses. Cependant, il est notoire que le découpage a rendu inégal le suffrage. C'est justement pour cette raison là que les résultats doivent être contestés par tout citoyen togolais en vertu de l'égalité du suffrage garantie par la Constitution. Il n'est pas question de prendre acte du fait accompli comme certains esprits malins le proclament.

Dans ce sens, nous saisirons la cour constitutionnelle en tant qu'organisation citoyenne afin que les élections soient annulées pour inégalité notoire du suffrage universel. Incontestablement, certains Togolais pèsent plus que d'autres à l'Assemblée nationale. La représentativité est très mal assurée et c'est inacceptable. Oui, nous sommes d'avis que la faute est à l'opposition. Encore faut-il qu'en toute humilité, nous puissions établir nos propres responsabilités en tant que citoyens Togolais, pour n'avoir pas posé le problème et insisté là-dessus au moment propice. Et après, on croise les bras? Ce n'est pas une question de partis politiques. C'est plutôt le devoir de tout citoyen digne de ce nom de revendiquer l'égalité de tous aussi bien en devoirs qu'en droits. Si les Togolais doivent être égaux devant la loi, ils doivent l'être davantage devant les urnes.

Autrement dit, allez-vous appuyer les démarches de l'UFC qui aussi déclare vouloir saisir la cour constitutionnelle?

En termes clairs, nous n'appuyons personne. Nous nous battons pour la démocratie. Nous croyons savoir d'ailleurs que l'UFC a saisi la cour constitutionnelle afin que les voix abusivement annulées à son détriment puissent être reconsidérées. Nous autres, notre démarche va dans le sens de l'annulation du vote pour inégalité du suffrage. Certains Togolais, selon le découpage électoral ayant conduit aux législatives, ont moins de valeur que d'autres. A certains endroits, par exemple, 1000 Togolais ont le droit d'élire 1 député alors que dans d'autres c'est 10000 Togolais qui peuvent élire 1 député. C'est injuste et contraire à la constitution togolaise.

N'importe quel candidat battu pouvait intenter un recours devant la Cour constitutionnelle qui aurait été obligée d'affronter une question fondamentale en démocratie. Aucun, à notre connaissance ne l'a fait. Pourquoi? Si ce ne sont pas des imbéciles, ils sont au moins malhonnêtes ou incapables. Si les candidats ne sont pas capables de demander l'application de la loi notamment les articles 5 et 11 de la constitution, méritent-ils la confiance des électeurs?

Croyez-vous que cela valait la peine de saisir la Cour Constitutionnelle quand on sait que cette dernière a toujours validé des élections frauduleuses dans ce pays? Croyez-vous que votre recours va servir à quelque chose?

Ce serait idiot de penser que votre question n'a pas de sens. Mais, permettez nous de ne pas injurier le chef canton avant de porter notre litige devant lui. Il peut rendre une décision injuste en faveur de notre adversaire parce que nous l'avons disqualifié à l'avance. Même si nous connaissons parfaitement le fonctionnement des institutions dans notre pays, nous n'allons pas dire en ce moment précis que la Cour Constitutionnelle est contre la démocratie au Togo. Il y a un temps pour tout.

Cependant beaucoup de nos compatriotes posent les mêmes questions que vous. Ils ou elles ont raison. Mais, il faut leur répondre que cela vaut la peine dans le genre de lutte que nous menons. Notre révolte doit avoir des fondements pour mériter des sympathies. Pour cela, aucune étape ne doit être brûlée. Nous sommes très pressés, raison pour laquelle nous allons doucement.

Propos recueillis par Ferdinand AYITE

29 octobre 2007

vendredi 25 janvier 2008

Présidentielle du 24 avril 2005: Rodrigue Kpogli, SG de la JUDA S'entretient avec le journal Arcanes


Après la publication des résultats officiels de la présidentielle du 24 avril au Togo et tout ce qui s’en est suivi, le Secrétaire Général de la Jeunesse Unie pour la Démocratie en Afrique-J.U.D.A- Rodrigue KPOGLI se prononce sur la situation. La J.U.D.A qui est une association de défense des droits de l’homme et de promotion de la démocratie, œuvre pour l’émergence d’une nouvelle Afrique. Cette association de Jeunes Africains, est membre du Collectif des Associations de la Société Civile et des Organisations syndicales du Togo (CASCOST).

ARCANES : les élections du 24 Avril dernier, selon-vous, sont-elles démocratiques ?

Rodrigue KPOGLI : Absolument pas ! Il ne suffit pas de la présence d’électeurs dans les centres de vote, du déploiement du matériel électoral et des observateurs pour parler d’élection démocratique, mais des élections démocratiques supposent un fichier électoral crédible, le respect des lois électorales du début jusqu’à la fin et surtout le résultat qui doit être conforme au choix du peuple dans les urnes.
Au Togo, c’est plutôt l’antithèse de ces principes rudimentaires qui a été observée. De la distribution sélective des cartes d'électeur à la proclamation de faux résultats en passant par le gonflement évident du fichier électoral, le processus a été vicié et entaché de beaucoup de fraudes.
Donc ce qui s’est passé n’a aucune similitude avec des élections démocratiques. C’est du vol à main armée du suffrage populaire. Et c’est du jamais vu !

ARCANES : Pourquoi parlez-vous de vol à main armée ?

Rodrigue KPOGLI : Ecoutez, nous n’avons pas d’autres mots pour qualifier ce qui s’est passé à la proclamation des prétendus résultats par la CENI. Ces résultats, la main sur le cœur, ne correspondent à aucune donnée réelle. C’est de la fiction absolue. Mais lorsque le peuple togolais, seul et unique détenteur de la souveraineté démocratique voulait s’y opposer, on a tourné le bout du fusil vers lui. C’est dommage et déplorable que certains togolais animés d’un égotisme néfaste, enfoncent leur propre pays dans le gouffre.

La suite, tout le monde le sait, c’est des morts, des blessés, des exilés involontaires et des dégâts matériels très importants. La violence était telle que le peuple togolais a abandonné son droit de contester le faux substitué au vrai, à lui présenté.

ARCANES : Quel constat, la JUDA peut-elle faire de la situation des droits de l’homme en ce moment au Togo ?

Rodrigue KPOGLI : L’hostilité du Togo à l’égard des droits humains est connue depuis des lustres. Mais aujourd’hui, c’est l’automne pour les droits de l’homme au Togo ; en ligne de mire le droit à la vie et à l’intégrité physique, source d’autres privilèges reconnus à l’Homme.
Permettez-nous, avant d’entrer en détail, de nous incliner avec toute la tristesse au cœur et sincèrement, devant la dépouille de ceux qui sont froidement abattus par balle, à coup de gourdins, de machettes, de lances, de haches pour avoir osé contester le faux et l’injustice. Les blessés innombrables qui souffrent aujourd’hui, méritent notre admiration et soutien. Aux familles de ces victimes, nos salutations de compassion et de solidarité.

Les atrocités auxquelles nous avions été témoins ne sont rien d’autre que de la barbarie que nous condamnons avec la dernière rigueur.
Du 24 au 29 Avril ont été des journées de farouche répression. Le sang a coulé à flot. Des maisons ont été visitées et des atrocités indicibles ont été commises.
Sur toute l’étendue du territoire, le cri du sang a été entendu. Le bilan est au-delà de la centaine de morts et des centaines de blessés.

Ce contexte de terreur entretenu par des miliciens appuyés par les éléments des FAT était prévisible. Les multiples appels des organisations de défense des droits de l’Homme pour l’envoi des troupes internationales pour protéger le peuple s’inscrivaient dans cette logique confirmée plus tard par l’ex-ministre de l’Intérieur Akila Esso Boko. L’acte de Mr Boko avait une forte portée citoyenne. C’était un coup de Trafalgar pour ceux qui ont planifié le naufrage du peuple togolais ; on voulait même le lyncher. Mais personne n’a pris en considération ces alarmes.
On note plusieurs disparus et plus de 18.000 togolais réfugiés au Bénin et au Ghana.

Les menaces et intimidations graves sur les défenseurs des droits de l’homme. Le droit à l’information est aboli. La coupure des lignes téléphoniques durant des jours.

Il faut aussi parler de la fermeture et de l’interdiction de diffuser adressée aux médias privés et indépendants à savoir les radios Kanal FM, Maria, Nana FM, Nostalgie ; Lumière à Aneho a été incendiée, son directeur en fuite, est traqué jusque dans son dernier retranchement. Peace FM à Kpalimé a vu son émetteur enlevé et son directeur aussi en fuite. La presse écrite aussi est mise au pas, elle est étranglée pour être domestiquée.

Cette ambiance déplorable est indigne du 21ème siècle, juste pour des élections. C’est tout comme une guerre ; l’aviation militaire a été mise à contribution pour mâter la contestation. Les cas de torture et de viols collectifs ne sont plus à compter. Ces violations graves et lourdes des libertés et droits des togolais continuent sous d’autre formes à savoir des enlèvements, des sévices corporelles administrées aux personnes arbitrairement détenues et des visites inopinées au domicile des défenseurs des droits de l’homme qui sont toujours menacés avec leur famille. Ainsi la situation politique en ce moment au Togo peut se résumer à la honteuse mais populaire sagesse, largement partagée et représenter par l’image d’un singe trois fois taré : un singe qui, tour à tour, ne voit volontairement rien, ne dit rien volontairement, n’entend volontairement rien. Un singe crétinisé, décérébré.

Il faut condamner toutes ces violences qui n’ont pour but que de faire asseoir une autorité illégitime. Les préposés et les commettants de ces actes inhumains, même si aujourd’hui ne sont pas inquiétés, il faudra un jour qu’ils répondent de leurs crimes devant des tribunaux. Autrement, ils subiront la sanction de la justice divine car il est des abominations que la loi de la nature ne pardonne pas.

ARCANES : Malgré cette description négative, pourquoi alors la communauté internationale a-t-elle reconnu les résultats du vote ?

Rodrigue KPOGLI : Ecoutez, le Togo est victime d’une sorte de conspiration internationale. Reconnaître les résultats de surcroît fictifs issus de ce très heurté processus électoral, relève du blasphème démocratique. C’est une injure grave à l’intelligence du peuple togolais qui n’a connu que des souffrances sous le régime RPT.
Mais la diplomatie étant ce qu’elle est, les Etats ont préféré le cynisme et l’hypocrisie à la justice en se réfugiant derrière la CEDEAO. Il faut le souligner, la J.U.D.A n’a jamais compté sur la communauté internationale, car à voir ce qui s’est passé au Rwanda où 1 Million de personnes ont été massacrés aux yeux de cette communauté, on ne peut que déchanter. Pour cela la J.U.D.A a toujours plaidé pour une solution authentique, si vous voulez , , endogène pour le Togo.

C’est quand même étonnant de voir toute la communauté internationale s’aligner derrière la position de la CEDEAO , ce syndicat des chefs d’Etat majoritairement acquis à la cause française.
Cela semble une attitude des moutons de panurge. C’est un unanimisme assassin.

ARCANES : Comment percevez-vous le rôle de la France dans la situation du Togo ?

Rodrigue KPOGLI : La France a été et est un danger pour les peuples africains. Consciente de ses faiblesses et atteinte d’un complexe d’infériorité face aux USA qu’elle cherche vaille que vaille à concurrencer, la France ruine les Etats africains en les maintenant sous une tutelle plus que destructrice.

La France fait tout pour qu’à la tête de nos pays se trouvent des préfets locaux, des métayers dont la mission est de veiller aux intérêts mafieux et méphistophéliques de ce qu’on nomme la Francafrique. Cette alliance contre-nature qui depuis Foccart, ne cesse d’accoucher que des monstres et des carriéristes en Afrique.

Pour Chirac et ses apôtres, la dictature dans le contexte africain est un mot, non un mal. Et ce qui vient d’être accompli au Togo confirme la réelle intention de Chirac selon qui les peuples d’Afrique ne sont pas mûrs pour la démocratie. De plus pour la France, la démocratie africaine doit être un produit manufacturé importé, à utiliser en référence à la notice prescrite par le laboratoire élyséen. Les peuples africains n’ont rien a y faire..

Ainsi tous les reproches faits à la diplomatie française ne lui ont pas fait changer de tactique. Au mépris de la dignité du peuple togolais, la patrie des droits humains, comme on ose l’appeler, a intronisé le fils de son « ami » et qui est aussi l’« ami personnel » de son président Chirac.
Mais, la France doit savoir que, sur le continent africain émerge une nouvelle génération d’hommes qui ne veut plus être sous cette tutelle dévastatrice.

Voyez, après avoir enfoncé le peuple togolais dans les profondeurs abyssales de l’amertume, cette France accueille l’ex-ministre Boko sous prétexte de le protéger contre les autorités togolaises qui le réclament. Côté humanitaire d’une laide façon de faire ! C’est très facile ! Chirac croit alors s'acheter bonne conscience à vingt cinq francs CFA. Ce geste humanitaire petit format cache en réalité d’autres intentions.

Il faut nécessairement une nouvelle politique africaine de la France. Et pour cela, le peuple français doit dans son ensemble mettre la pression avec des manifestations de protestation à l’image des Américains qui ont publiquement dénoncé et cela massivement la politique étrangère de Bush lorsqu’il décida d’envahir l’Irak.

La Jeunesse africaine demande la solidarité du peuple français dans ce combat contre le néocolonialisme qui ne doit plus être l’affaire de certaines personnalités qui sont victimes d’une censure orchestrée dans la presse française.

Face à l’injustice infligée par la France officielle aux Africains, le silence des Français frise la complicité.

ARCANES : Pourquoi mêlez-vous le peuple Français de cette histoire ?

Rodrigue KPOGLI : Le Peuple Français est détenteur du suffrage. Il peut sanctionner les dirigeants qui n’incarnent pas ses aspirations. Vous comprenez à ce moment là que la mobilisation des Français contre l’inhumaine politique africaine de la France, peut faire évoluer les choses de façon positive. De ce point de vue, les médias ont un rôle prépondérant à jouer.

La dénonciation du néocolonialisme français doit dépasser les frontières des associations telles que Survie, Agir, MEDDA…et autres partis tels les Verts de Mamère, la LCR de Besanscenot, ou de certaines personnalités du monde universitaire qui ne bénéficient que de rares espaces dans la presse française. Il faut qu’elle devienne vraiment populaire, provoquant ainsi un débat national.

ARCANES : Quel regard portez-vous sur l’attitude de la coalition dont font partie les partis radicaux ?

Rodrigue KPOGLI : Nous ne comprenons jamais ce qualificatif « radicaux » collé à des partis qui refusent de cautionner l’absurdité et l’obscurantisme. Y-a-t-il de parti plus radical au Togo que le RPT, parti au pouvoir ? Ce parti a montré qu’il est prêt à exploiter tous les moyens pour parvenir à ses fins.

La démocratie naît d’abord du refus de l’arbitraire. Et si refuser l’arbitraire, c’est être radical alors il y a plus de radicaux dans le monde que de modérés. Ceci étant dit, nous voudrions dire que ce choix du candidat unique a été une bonne chose. Même si cela a été un accouchement à la césarienne, il faut reconnaître que cette option a orienté le peuple dans un sens. Cet accouchement difficile et douloureux a eu néanmoins un vrai soutien populaire.

Mais, à notre sens, la gestion efficiente et efficace de la période post-électorale reste tout de même un défi à relever par l’opposition togolaise qui jusque-là, a toujours bénéficié d’une disponibilité populaire et massive.

Nous croyons que ce peuple et sa jeunesse sont prêts à décoller ou à soulever une montagne à la seule condition qu’ils aient un levier. Il leur faut un vrai leader qui leur montre le chemin. De ce point de vue, il est plus question de stratégies et de moyens appropriés que de discours cyclothymiques.

ARCANES : Faure Gnassingbé. a promis un Gouvernement d’union nationale au cours de la campagne, il le réitère après sa victoire et la communauté internationale demande la même chose. Qu’en pensez-vous ?

Rodrigue KPOGLI : Il revient aux partis politiques de juger de l’opportunité d’une telle proposition. Mais à notre avis, le Gouvernement d’Union Nationale est une fabrication de la françafrique qui vise à légitimer une autorité illégitime voire inexistante au départ. De plus, le principe de gouvernement d’union nationale n’existe pas en droit public et dans aucune faculté de sciences politiques, vous ne verrez de ses traces.

Le parti vainqueur d’une élection forme un gouvernement et les autres sont dans l’opposition.
C’est farfelu qu’après chaque fraude électorale, on nous sorte cette idée de gouvernement d’union nationale ou gouvernement de large ouverture. Et c’est toujours applicable en Afrique où on croit faire de la réconciliation en associant les adversaires politiques autour du mangeoire. Puisque selon les adeptes de cette idéologie, les africains et surtout les politiques ne se battent que pour aller brouter du côté où l’herbe est verte. C’est bien une formule sordide sortie du laboratoire françafricain comme de l’antalgie. Le peuple est aujourd’hui plus qu’hier, divisé et déchiré. On crée un antagonisme Nord-Sud. On montre le Nord comme attaché au système et le Sud comme hostile à lui.

On tente coûte que coûte de substituer à un problème politique, une question ethnique insensée. Les résultats proclamés officiellement ont été même conçus sur cette base. C’est dommage qu’on en arrive là.

Même les violences de l’après élections ont pris ce sens. Ceux qui sont à l’origine de cette conception des choses sont en train d’orienter le Togo dans le suicide.
Le pont Nord-Sud proclamé est plutôt un mur de séparation. C’est un danger insidieux qui guette le Togo. L’union ne pourra avoir pour fondement la force. Nous vous disons que ce qui se passe au Togo est une situation à degré en dessous zéro de la politique.

ARCANES : Donc pour vous, pas de gouvernement d’union nationale ?

Rodrigue KPOGLI : La Françafrique fonctionne en 3 étapes :

1- On organise les élections présidentielles frauduleuses en faveur d’un homme oint à l’Elysée.

2- On réprime la contestation dans le sang puis on appelle à la formation d’un Gouvernement d’Union Nationale.

3- On organise les élections législatives, municipales ou locales pour sauver les meubles et rendez-vous 5 ans après pour la même chose.

La JUDA ne saurait être le tableau d’affichage d’un certain courant de pensée qui voudrait qu’on se contente de la symbolique. Le symbole n’a aucune valeur lorsque la chose réelle peut être obtenue. Donc le Gouvernement d’Union Nationale, symbole de l’unité nationale est une contorsion politicienne qui semble du cautère appliqué sur une jambe de bois.
Le Togo est un pays sur la civière depuis des années, il a besoin d’un gouvernement légitime pour le redresser.

ARCANES : Le collectif de la société civile à laquelle la J.U.D.A appartient a-t-elle une position sur la question du Gouvernement d’Union Nationale ?

Rodrigue KPOGLI : Nous ne savons pas. Le collectif n’a jamais été entendu. Nous avions toujours fait des propositions à la classe politique qui, de part et d’autre nous considère comme des opposants et donc des ennemis à combattre.

ARCANES : La J.U.D.A nourrit-elle de l’espoir pour le peuple togolais ?

Rodrigue KPOGLI : Tant qu’on vit, il y a de l’espoir. Il est vrai que le Togo est très mal en point actuellement. Nous constatons aussi que l’Union Africaine reste une illusion au regard de ce qui se passe au Togo, qui depuis le 26 Avril est devenu officiellement une monarchie héréditaire..
Beaucoup d’Etats emprunteront certainement cette voie puisque c’est tolérer au Togo. Nous ne croyons pas que l’Afrique sortira de si tôt de l’auberge et ira de l’avant si ses Etats rament à contre-courant du renouveau en faveur des monarchies héréditaires. Dès lors, une véritable mobilisation de la Jeunesse Africaine faisant émerger une opinion publique à l’échelle continentale s’impose pour rejeter ces pratiques précambriennes et démystifier ceux qui se croient dépositaires d’un droit divin de gouverner en Afrique. Déjà, nous avons des rois qui modifient les constitutions pour régner ad vitam eternum.

Ces tristes réalités ne nous décourageront pas. Les grandes idées qui ont servi de remèdes aux maux de ce monde sont nées à des moments d’extrêmes difficultés.
Nous croyons que des solutions plus qu’une solution, existent au cas du Togo.

ARCANES : Merci pour votre disponibilité.

Rodrigue KPOGLI : C’est nous qui vous remercions.