vendredi 31 juillet 2009

SEMAINE DES PATRIOTES A LOME

Compte rendu de la deuxième édition

Du 22 au 29 avril 2009, la salle de CESAL de Tokoin Séminaire à Lomé a abrité la semaine des patriotes, une initiative de la jeunesse Unie pour la Démocratie en Afrique (J.U.D.A) en mémoire des martyrs de la démocratie au Togo. En effet, à travers cette semaine des patriotes la J.U.D.A. a décidé de la commémoration régulière en mémoire des patriotes disparus tragiquement avec l’intervention brutale de l’armée lors des échéances électorales du 24 avril 2005. Une tragédie et une boucherie humaine inacceptable dans un Etat de droit moderne où l’existence de l’être humain est au centre de toutes les préoccupations.

Des conférences-débats ont sanctionné cette semaine d’actions. Les thèmes inscrits à l’ordre du jour s’articulaient de la façon suivante :

L’impunité au Togo. Où en est le Togo ?
La dette du Togo.

Le problème de l’alternance démocratique.

L’insécurité et la criminalité au Togo.

Les participants ont également dialogué sur certaines questions épineuses et préoccupantes à savoir : Comment sortir le Togo de la misère et la pauvreté. A cela il faut ajouter l’itinéraire de la conquête de l’indépendance du Togo.

1- L’ouverture

Le Président de la J.U.D.A. Benjamin NALIALI dans son discours d’ouverture a d’abord souhaité la bienvenue aux uns et aux autres. Il a pris soin utile de remercier vivement tous ceux qui de près ou de loin ont apporté leurs contributions pour la concrétisation de cette deuxième édition de la Semaine des Patriotes.
Dans son développement, M. Naliali a déclaré : « pour éviter la monarchisation du pays et la perpétuation de la dictature, les différentes couches sociales doivent militer davantage. Ceci, pour rendre la lutte plus efficace et plus accrue en faveur d’une alternance démocratique réelle au Togo. »
Abordant les thèmes, le Président de la J.U.D.A a dit que tant que la question de l’impunité n’est pas réglée au Togo, la réconciliation nationale est un leurre. Il s’est beaucoup appesanti sur l’alternance démocratique au regard de l’actualité brûlante du pays. Pour le problème de Comment sortir de la misère, il a précisé qu’il est possible de réduire la pauvreté si les ressources humaines sont revalorisées avec un fonctionnement normal des institutions étatiques.

2- Le développement des thèmes

2.1- Lutte contre l’impunité : où en est le Togo ?

Traitant la question de l’impunité Monsieur VE-HETOWOSSI, membre d’Amnesty International Togo a fait une autopsie complète de la violation massive et régulière des droits humains au Togo. Il a cité l’exemple du camp d’extermination de Kazaboua à l’époque d’Eyadema où des exécutions sommaires se déroulaient. En fait, il a rappelé les crimes crapuleux commis au Togo depuis des décennies. M. Hotowossi a insisté que l’impunité soit enrayée pour que le Togo retrouve le chemin de la démocratie et de la paix véritable.

2.2- Comment sortir le Togo de la misère et de l’appauvrissement?

M. Guy SIEKRO, ex-président d’Amnesty International – Togo, a développé le sujet : comment sortir le Togo de la misère et de la pauvreté ? Avec clairvoyance le conférencier, après avoir précisé la notion de la misère et de la pauvreté, a clairement laissé entendre à l’auditoire qu’il n’est pas impossible de régler ces problèmes. Car selon lui les ressources humaines sont inexploitées et mal valorisée. Pire, les institutions étatiques sont inadaptées aux réalités sociopolitiques. De plus, les autorités togolaises ont placé le pays en dessous du seuil de l’évolution technologique. L’économie togolaise est extravertie et mal adaptée à la conjoncture internationale portant ainsi atteinte à la souveraineté des Togolais. Pour le conférencier, il faut revoir la formation des ressources humaines en misant sur une adéquation entre la formation et l’emploi. Il faut également revoir comment faire afin que les institutions étatiques puissent jouer leurs rôles au service du développement durable pour le progrès et le bonheur partagé des togolais mais aussi des frères et sœurs de la sous-région ouest africaine. « L’économique tient nécessairement le politique en état », a dit le conférencier pour qui une société paisible passe obligatoirement par une embellie économique.

2.3- La dette du Togo : naissance, estimation, gestion et conséquences.

Quant au Ministre ALIPUI du GRAD (Groupe de Réflexion d’Action pour le Développement) après avoir rappelé l’origine de la dette du Togo axée sur la mauvaise gouvernance et l’imprévoyance des autorités successives du Togo depuis le régime impopulaire d’EYADEMA jusqu’à ce jour. L’éminent conférencier a insisté sur les conséquences désastreuses de cette dette. Il considère la dette comme un lourd tribut pour les générations à venir notamment la jeunesse. « Le Togo s’est embourbé dans sous une tutelle avec une économie éternellement sous perfusion occidentale » a-t-il déclaré. Selon le Ministre ALIPUI, l’aide financière octroyée au Togo est un soutien financier empoisonné et incompatible avec l’émancipation économique du Togo. « Le Togo est cycliquement endetté » a-t-il martelé à l’endroit de l’auditoire. Il faut non seulement prendre des mesures curatives mais aussi préventives en vue de sevrer le Togo de l’aide extérieure et l’insérée sur la liste des nations débout. Dès lors, il faudra développer les micro-finances, diminuer le taux d’intérêt afin qu’il soit un instrument au service du développement durable du Togo. « Pour sauvegarder sa souveraineté l’Afrique et notamment le Togo doit se mettre à l’abri de l’aide extérieure », a-t-il conclu.

2.4- Election présidentielle de 2010 : l’alternance aura-t-elle lieu et quel rôle de la jeunesse ?

M. Emmanuel ATCHADE, observateur avisé de la scène politique togolaise a proposé des pistes de réflexion à propos de l’alternance démocratique lors des prochaines échéances électorales de 2010. Partant des échecs lors des élections précédentes, le conférencier a fustigé non seulement les partis politiques mais aussi la société civile y compris les forces de l’ordre. S’adressant aux partis politiques, M. Emmanuel ATCHADE a relevé l’immaturité et la passivité totale de la famille politique notamment ceux de l’opposition. « Au moment où le RPT prépare des élections frauduleuses par tous les moyens, l’opposition est passive et contemple l’adversaire ».

Pour M. Emmanuel ETCHADE, la société civile n’est nullement en quête d’une stratégie pouvant apporter les mutations politiques au sommet de l’Etat, dans l’intérêt bien compris de tous. Pour lui, l’armée ne s’est pas encore débarrassée de ces vieilles méthodes. Inféodée au pouvoir et dressée dans une culture de parti unique, l’armée togolaise n’est pas prête à accompagner le Togo, vers des élections libres et transparentes. En clair, pour espérer un changement en 2010, il faut revoir les stratégies de lutte. Pour lui en ce qui concerne la gestion des verdicts des urnes, la cour constitutionnelle doit constituer un comité d’observateurs au même titre que les observateurs internationaux. Cette obligation pèse également sur les membres de la CENI. Les résultats de ces deux organes recueillis différemment doivent être dépouillés de façon publique en présence de tous les partis en compétition.

3- Projections de films

Le 22 avril, il y a projection d’un reportage de 15 minutes sur la présidentielle de 2005 au Togo suivie de discussions. Puis le samedi 25 avril, le film « LA MASCARADE » a été projeté. Ce film qui trace la tragédie humaine qui a accompagné la présidentielle de 2005. Dans une vive émotion, l’auditoire s’était interrogé si avec un tel fonctionnement des armées africaines notamment celle du Togo, l’Afrique peut-elle un jour marcher avec les valeurs républicaines et démocratiques ? Les images des massacres ont été tellement choquées que l’auditoire et les responsables de la Jeunesse Unie pour la Démocratie en Afrique (J.U.D.A) après un débat démocratique, ont fait des recommandations.

La J.U.D.A a cet effet recommandé :

- Pour une libre compétition électorale sur toute l’étendue du territoire en 2010, la présence d’une armée internationale notamment les casques bleus de l’ONU. Cette présence permettra de cantonner les FAT. L’ONU ne doit pas seulement être dynamique et compétente dans le dénombrement des cadavres à chaque échéance électorale en Afrique. Mais plutôt dans le sauvetage des urnes.
- A propos de l’armée togolaise et ses milices, la J.U.D.A recommande qu’elles abandonnent ces vieilles méthodes. L’armée doit apporter sa contribution à l’unité nationale et non à la multiplication des problèmes du peuple togolais.
- Quant à la société civile elle doit se mobiliser régulièrement, s’organiser mieux et réclamer ses droits comme le 24 avril 2005.
La J.U.D.A recommande que les criminels, auteurs de la tragédie humaine du 24 avril 2005 soient punis conformément à la loi. Ces sanctions soigneront les plaies d’un passé cruel et constitueront un boulevard menant tout droit à la réconciliation nationale.

4- Observations sur la présidentielle de 2010.

Pour les futures échéances électorales le Président de la J.U.D.A se dit pessimiste car non seulement l’armée est anti-républicaine et inféodée au pouvoir mais et surtout l’opposition est en panne de stratégies pour la conquête du pouvoir d’Etat. Il n’y a pas d’opposition organisée au Togo. Les partis politiques donnent le sentiment qu’ils sont fabriqués pour la conquête du fauteuil du Premier Ministre. Autant d’erreurs politiques qui ont conduit le président de la J.U.D.A à déclarer que l’alternance démocratique n’est pas pour demain. Toutefois, a-t-il conclu si des mesures sont prises d’urgence en tirant les leçons du passé, l’espoir est alors permis.

5- Conclusions

A l’issue de ces débats qui ont duré près d’une semaine la J.U.D.A se dit satisfait car, elle a offert la possibilité aux citoyens de prendre la parole. La question de l’impunité a été l’épicentre de toutes les préoccupations. Tous les participants ont indiqué que la réconciliation nationale n’est possible que si cette équation est résolue.

Pour la J.U.D.A
Le président, Benjamin NALIALI

lundi 27 juillet 2009

Des solutions à l’éducation au sens large. CDMT- Bonn 25 et 26 août 2009.

Communication de Rodrigue KPOGLI

Congrès Mondial de la Diaspora Togolaise

Sujet : Des solutions à l’éducation au sens large.

Définition

Education : C’est toutes les formes d’enseignement, de formation et de transmission des connaissances dans un cadre scolaire ou non.

Elle doit être le processus par lequel un Etat, une organisation privée/publique ou une famille arme ou outille intellectuellement, moralement ou même physiquement ses citoyens et membres à pouvoir affronter leur vie individuelle et sociale avec une personnalité suffisamment épanouie.

Elle doit être la formation qu’on administre aux individus pour favoriser la prise de conscience individuelle et collective, leur vie commune avec la capacité de résoudre les problèmes qui se posent à eux, de connaître le monde, d’affronter le monde, de connaître leur parcours historique et d’envisager leur futur commun en ayant la maîtrise du présent (technique et technologie d’aujourd’hui).

L’éducation doit viser la libération de notre peuple et la construction d’une nation harmonieuse répondant impérieusement aux besoins de la société (habiller, nourrir, soigner, loger, éduquer, puis défendre notre peuple).

L’éducation est donc une question éminemment politique.

Les outils pour sa réalisation

1- cadre familiale

Ce cadre est primordial et ici, il est question de développer la personnalité individuelle de chacun des membres de la société. Il faut donc mentionner avec insistance :

- rôle fondamental des parents dans l’éducation : c’est d’abord à la maison qu’on forme l’individu. C’est vital.
- valeurs morales à cultiver
- édification par l’exemplarité
- entraide, solidarité
- respect de la société et dignité en toute chose

2- Ecole :

Lieu de formation, l’école doit développer les capacités intellectuelles et la personnalité publique chez chaque individu. L’école est et doit être obligatoire. A cet effet, il faut :

- définition des programmes en fonction des problèmes qui se posent et des besoins à satisfaire.
- Formation du personnel
- Construction des infrastructures
- Évaluation constante des outils
- Financement endogène (étant un outil politique, le financement de l’école ne doit pas être le fait de l’extérieur ou des institutions internationales telles FMI, BM, francophonie….)
- Vision de la citoyenneté (valeurs morales à enseigner).
- L’école doit viser la libération de notre peuple.


3- cadre politique et associatif.

Les partis politiques et les organisations associatives doivent développer et compléter la personnalité publique formée dans le cadre scolaire. Même si l’adhésion à l’une ou l’autre n’est pas obligatoire, fréquenter ces cadres est nécessaire dans l’édification d’une personnalité complète de l’individu et de tous.

Dans ces structures, il doit être question :

- formation à la prise de conscience
- formation citoyenne et orientation au sens civique
- Formation à la prise de responsabilité dans l’intérêt de la société
- formation pour développer le volontariat et les idées au service de la société
- apprentissage du sens et de la culture de l’organisation
- formation pour des luttes et revendications sociales, syndicales et politiques
- développement des capacités à débattre, à affronter des opinions diverses voire contraires sans perte de contrôle de soi, ni compromission, ni faiblesses.
- apprentissage et développement des capacités à faire la synthèse
- préparation à la résistance à la corruption sous toutes ses formes (notamment la transhumance politique : à rejeter absolument).

Remarques fondamentales :

L’Ecole africaine, est une école coloniale. C'est la plus grande machine de déshumanisation, de déprogrammation et de formatage que l’humanité ait jamais connu. Au lieu d’édifier des acteurs de leur destin, l’école dresse des esprits spectateurs outillés à mieux s’aliéner, à dépendre, à s’attacher à son maître. Elle confine notre peuple dans le piège de la gestion de son propre esclavage et de sa propre domination. L’école africaine coupe la jeunesse africaine de ses racines et éloigne notre peuple de son histoire en prétendant que tout ce qui endogène, ancestral est rétrograde et synonyme de non-progrès. Elle coupe les générations présentes de tout ce qui est du terroir, donc il y a perte de mémoire historique.

L’école africaine est un lieu d’abrutissement, de dressage à jouer au perroquet et pour réciter tout ce qui est ingurgité mot pour mot. Machine d’aliénation, cette école ne nous forme ni pour nous libérer ni libérer l’Afrique encore moins pour répondre aux problèmes qui sont les nôtres. Elle est extravertie. Se limitant essentiellement aux théories, elle ne postule pas l’application des connaissances. Elle pousse l’individu à penser d’abord à lui-même. D’où cette quête permanente et acharnée de la réussite personnelle y compris par les voies peu vertueuses de la corruption et du clientélisme. L’école africaine ostracise la majorité de notre peuple par le biais des critères d’une sélection utilitariste calquée sur le monde occidental. Enfin, l’école dans sa forme actuelle sème la confusion et le doute dans les esprits. Or, ce n’est ni avec le doute, ni la confusion, ni les hésitations qu’une société s’affranchit et se construit.

Les partis politiques : En plus d’être dans le musellement et dans le dénuement, il n’y a pas de projet politique fiable et viable pouvant faire l’objet de discussion entre les responsables et les membres. Donc, il y a déficit voire absence de formation civique et citoyenne des membres.

La compétition politique devenant une course aux élections (démocratie-procédure) au détriment d’une démocratie-culture, les militants sont, en toute logique, transformés en bétail électoral sans esprit d’analyse et capacité de défendre les idées du parti sans céder à toutes les formes d’intimidation notamment à la violence verbale ou même physique.

La famille et société : dissolution des mœurs, démolition de l’autorité parentale, problème d’alimentation diminuant l’intelligence des enfants. La famille africaine est désintégrée et l’occidentalisation a pris le pas sur toutes les valeurs ancestrales qui ont fait le charme de l’Afrique pré-esclavagiste.

Les organisations associatives : la recherche d’argent et de gains à tout vent poussent ces organisations à s’assigner la mission de propager de fausses idées à l’instar du féminisme africain et de la démocratie importée et procédurale.

Fort de ces remarques, l’éducation au sens large doit permettre à l’individu et au collectif :

- Libération de notre peuple et la solution à ses difficultés.
- Formation de la pensée critique.
- Stimulation de l’esprit de la révolte, d’insoumission aux politiques du FMI, BM, OMC…, de revendication de leurs droits face aux pouvoirs corrompus d’ailleurs et qui s’enrichissent au nez et à la barbe de tous dans un mépris total, refus des bases militaires étrangères.
- Développement de la culture du prévisionnisme, de projection, d’anticipation, d’imagination, d’évaluation et du bilan.
- Elargissement des capacités de résolution pacifique des conflits en complément à l’arbre à palabre et d’innovation sur tous les plans.
- Capacité de refus d’imitation et du mimétisme.
- Capacité de lire le monde, de maîtriser son espace pour éviter des intrusions.
- Capacité et volonté de défendre le bien commun, de refuser la confiscation des économies africaines par le franc CFA.
- redécouverte et revalorisation des valeurs africaines : intégrité, estime de soi, confiance en soi et culture de solidarité.

Actions possibles de la diaspora.

Possibilité d’agir dans 04 directions :

1- Jeunesse
2- Autorités traditionnelles
3- Femme : remise en question du féminisme qui monte la femme contre l’homme. Il déstabilise les familles et déstructure par conséquent toute l’édifice de la société africaine. La femme ayant toujours joué un rôle fondamental dans la société africaine.
4- Institutions : armée, pouvoir politique, partis politiques, religions. Pressions pour l’augmentation du budget de l’éducation globalement inférieur à celui par exemple de l’armée.


Leviers

- Appel immédiat à la remise sur pied de la famille africaine (avec un regard critique sur certains aspects à améliorer dans les valeurs ancestrales).
- Convocation périodique de séminaires pour outiller les autorités traditionnelles sur les problèmes du monde actuel et les nouvelles formes de médiation communautaire.
- Appel immédiat à la refondation scolaire, en appelant par exemple à des états généraux de l’école africaine avec la proposition d’un document de travail.
- Conscientiser les masses en les préparant à se rendre compte des réalités et des dangers qui guettent notre peuple.
- Investissement dans les assemblées populaires, modernisation de l’arbre à palabre en l’équipant de matériel.
- Création ou investissement dans les media avec le double souci de véhiculer une pensée alternative et de dialoguer avec le peuple.
- Alphabétisation et création des centres de formation professionnelle notamment agricole avec l’apprentissage des techniques d’irrigation, culturales et d’élevage.
- Investissement financier, matériel, intellectuel et moral dans des mouvements de jeunesse et organisations associatives crédibles en vue de les renforcer.
- Investissement dans le bien-être global car une population dont l’état sanitaire est déplorable, dont la sous-nutrition est grande et dont l’habitat est délabré ne peut pas produire des résultats satisfaisants.
- Elaboration des outils et documents de sensibilisation et de formation sur les droits et devoir au lieu de se contenter d’envoyer toujours de l’argent, ce qui renforce la dépendance.
- Création de centres et instituts de formation et de discussion sur l’histoire africaine dans le but d’outiller la population en générale et les jeunes en particulier à connaître l’Afrique et à se réapproprier leur histoire
- Création de centres de documentation et de lecture sur l’histoire de l’Afrique
- Urgence de formation des tribuns capables de mobiliser la masse

Quid de la langue

Toutes les langues africaines viennent de l’égyptien ancien : les hiéroglyphes que nombre d’Africains lisent de nos jours. Pour éviter tout conflit lié aux rivalités ethniques quant à la langue à utiliser pour enseigner en Afrique, il faut choisir les hiéroglyphes. Nous devons apprendre à ne pas tomber dans les facilités en marchant sur les sentiers battus du swahili ou du bambara…

Conclusion

Globalement, l’éducation doit viser la libération de notre peuple et lui donner les outils pour la construction, à partir des forces endogènes, d’une nation harmonieuse qui répond aux besoins de la société. Elle doit permettre le mieux-vivre ensemble, répondre aux problèmes de la société, fournir la capacité aux gens de lire le monde et percevoir les différents courants qui le dominent, donner à tous la faculté de saisir notre histoire commune. Tout en nous fournissant la capacité de travailler en équipe pour le sauvetage de notre Afrique, l’éducation doit nous outiller pour ne pas dire du mal sur autrui gratuitement, un mal qui mine les relations interpersonnelles et qui fait tant de dégâts au détriment de notre peuple. Elle doit aider chacun à mettre toujours au centre de ses faits, gestes et pensées, la satisfaction des intérêts de notre peuple, préparer chacun à assumer ses responsabilités, former chacun à accepter les sacrifices et tâches confiées à lui en faveur de notre peuple avec gravité.

dimanche 19 juillet 2009

Le discours de Barack Obama à Accra face aux réalités.



19 juillet 2009
Rodrigue KPOGLI
Web. http://lajuda.blogspot.com/


Le 11 juillet dernier, le président américain était à Accra. Le choix du Ghana par Barack Obama pour s’adresser à l’Afrique noire est significatif et encourageant pour toutes les forces qui œuvrent afin que les peuples aient le droit de se doter des dirigeants à leur convenance. Symboliquement, ce choix est un réconfort pour des raisons historiques et actuelles.

Ghana, fort symbole historique et actuel.
A l’heure actuelle, en Afrique, le Ghana fait partie de ces rarissimes endroits où les règles démocratiques ont un sens. Ce pays, après de forts moments de turbulence, a fini par intégrer la culture de l’alternance démocratique dans ses mœurs sous la clairvoyance de John Jerry Rawlings. Depuis le départ de celui-ci d’Osu Castel, ex-présidence du Ghana, le pays a connu deux alternances et des élections législatives et locales paisibles. Le Ghana, c’est aussi une société civile organisée, extrêmement bien renseignée et qui utilise à merveille les médias pour sensibiliser les populations sur différents sujets. La liberté d’expression est un outil essentiel dont les Ghanéens se servent pour donner leur opinion, critiquer et formuler des requêtes en direction des élus du sommet à la base. S’il est vrai que la pauvreté est encore immense au Ghana surtout dans les milieux ruraux où les conditions de vie sont particulièrement drastiques, il est tout de même évident que des efforts sont faits pour que le plus petits des villages dispose des infrastructures de base à savoir : des toilettes publiques, l’électricité, des écoles et de l’eau potable, toute chose inconnue particulièrement dans la quasi-totalité des pays dits francophones où les tyrans cleptomanes sévissent avec la bénédiction française. Aucune de ces batailles n’est totalement gagnée – le délestage et les coupures d’eau sont fréquents au Ghana - mais par une forte participation citoyenne doublée d’une vigilance redoutable, la construction de l’Etat-nation répondant aux besoins de ses citoyens est en cours au Ghana. Se servir de ce pays comme estrade pour parler aux Africains ne peut qu’encourager les Ghanéens et tous ceux qui ailleurs en Afrique se battent pour que le minimum démocratique soit une réalité continentale.

Barack Obama a sans doute touché la sensibilité historique de nombre d’Africains en allant au Ghana, ex-Goald Coast, premier pays d’Afrique noire à obtenir son « indépendance » après d’épiques luttes face à l’Angleterre impitoyable. La répression anglaise a été terrible mais le 06 mars 1957, le Ghana nouveau naquit. Ce territoire est celui de Kwame Nkrumah, un des plus grands penseurs politiques africains de tous les temps. Nkrumah, panafricaniste bon teint, futurologue à la limite avait compris très tôt que l’Afrique est condamnée au « servage » si elle reste cloitrée dans les frontières érigées par l’impérialisme en 1885 à Berlin. Pour cette raison, Nkrumah qui a connu les Dubois, Padmore, Peter Abrahams, goûté aux affres de la sous-humanisation des Noirs en vendant du poisson à Harlem alors qu’il était un érudit et sorti Lumumba de son isolement, n’a ménagé aucun effort pour prêcher la renaissance de l’Afrique en allant au plus vite vers la constitution d’un gouvernement continental. Nkrumah n’a pas été seulement un théoricien politique. Il a agit quand il le fallait : en 1953 et 1958 Nkrumah organise les 6e et 7e conférences panafricaines respectivement à Kumasi et à Accra. Cette dernière fut également la première conférence des États Indépendants d'Afrique. Il est le premier à soutenir en 1958 la Guinée indépendante d'Ahmed Sékou Touré avec un prêt de dix millions de livres sterling. En mars 1963, il participe activement à la rédaction de la charte de l’Organisation de l’unité africaine. Son idée de la création d’un gouvernement africain fut rejetée par ses pairs corédacteurs de la charte. Aujourd’hui, pourtant, cette idée est d’une brûlante actualité.

En plus de tout ceci le Ghana conserve un lieu de douleur particulier pour Michelle Obama, descendante d’esclaves : le fort de Cape Coast. Portant les marques indélébiles des horreurs de la plus grande déportation de l’humanité, ce lieu est le transit de millions d'Africains capturés sur la côte ouest africaine et en Afrique centrale, enchaînés, frappés et convoyés dans les cales de navires pour les Amériques. Ce fort garde toujours intact les cachots où étaient détenus les esclaves et la "porte du non retour", que traversaient ceux-ci avant de monter dans les bateaux en attente. Parler à l’Afrique noire à partir de ce pays a donc une signification historique et symbolique forte.

Un déplacement qui n’ignore pas l’économie et la diplomatie.
On ne peut pas limiter le voyage du président américain à ces seules considérations. Des aspects économiques et diplomatiques doivent être pris en compte. En 2008 les échanges commerciaux des USA avec l’Afrique ont atteint 140 milliards de dollars. La même année, les USA ont tiré un excédent de 600 millions de dollars de leur interactivité avec le Ghana. 15% des importations pétrolières américaines provenant de l’Afrique de l’ouest, on peut comprendre la démarche de Barack Obama surtout que le Ghana, important producteur de l’or et de cacao rentre dans le rang des exportateurs de pétrole en 2010. Quand on sait la rudesse du combat entre la Chine et les USA pour l’accès aux sources énergétiques dont le pétrole, on peut en déduire qu’Obama n’a pas manqué de discuter de cette question avec son homologue ghanéen.

Quant aux entreprises américaines, elles sont actives au Ghana. Pour preuve, Microsoft a conclu mi-juillet 2009 avec le ministère de l’éducation un partenariat pour « développer un logiciel pour soutenir l'enseignement et l'apprentissage dans toutes les écoles dans le pays ».

Diplomatiquement, Obama, depuis son élection, a entrepris un travail de déminage et d’embellissement de l’image des Etats-Unis particulièrement détestés sous George Bush pour sa violence. L’accomplissement de cette œuvre passe aussi par le choix des pays visités et le contenu des discours tenus ici et là.

Le fond du discours.
Quant au fond du discours d’Accra, s’il y a des choses positives à retenir, à fructifier et même à implémenter sur le terrain, il y a des omissions, des contre-vérités et même des certitudes à rappeler ou à dénoncer.

Lorsque le président américain parle de santé à développer, du lien intrinsèque entre démocratie, respect des droits de l’homme et développement, des opportunités à saisir, de la nécessité d’une Afrique en paix, on doit le féliciter. Lorsqu’il dénonce les satrapes truqueurs d’élections qui triturent ensuite les constitutions pour mourir au pouvoir et passer le relai à leurs progénitures, lorsqu’il tambourine sur l’enrichissement personnel des dirigeants publics et privés, tous ceux qui dénoncent ces pratiques souvent dans un anonymat médiatique se sentent réconforter. Ou quand il appelle la jeunesse africaine à l’action, quand il loue les progrès démocratiques au Ghana et lorsqu’il pourfend une société où la règle de droit est étouffée au profit de la loi du plus fort, il y a de quoi se sentir encourager. Mais le discours d’Obama doit être critiqué sur d’autres points.

Il revient aux Africains de décider de l’avenir de l’Afrique.

Qui peut contester une pareille déclaration ? Personne. C’est une évidence et aucun Etat, aucun continent voire aucune structure familiale ne peut progresser s’il reste sous tutelle ou si « ses » choix et décisions sont le fait des autres, des étrangers. Mais la réalité de l’Afrique n’est pas celle-là. Et Obama le sait certainement. D’ailleurs, il a lui-même reconnu qu’il s’agit là d’un « principe », c’est-à-dire d’une théorie, d’un axiome. Cette règle est fausse - en tout cas pour le moment - et n’est donc pas valable pour l’Afrique et toute démonstration qui se fait à partir d’elle passe nécessairement à côté des réalités concrètes. Car, depuis les sanglantes invasions islamiques du VIIè siècle en passant par les assauts meurtriers européens à partir du XVè siècle suivis de la colonisation et de la décolonisation, le peuple noir n’a jamais eu la possibilité de décider des orientations politiques, économiques, religieuses et sociales qui lui conviennent. Cela fait au minimum 14 siècles que l’Afrique n’a jamais été le fait des Africains.

En partant de ce principe erroné, c’est donc en toute logique que le président étatsunien imputera la responsabilité de la stagnation africaine aux forces endogènes. Obama, même s’il se dit conscient du passé tragique de l’Afrique ne semble pas prendre la mesure des blessures assumées du bout des lèvres voire pas du tout assumées et jamais soignées de l’Afrique. Plus grave, Obama parle au passé comme si de nos jours toutes les agressions, les pillages et les spoliations avaient cessé sur le sol africain. Il affirmera même que l’Occident à la recherche de matières premières aborde l’Afrique avec « condescendance ». Cette affirmation est tout au moins faible si elle n’est tout simplement fausse. Ce n’est pas de la condescendance qui constitue le problème même si celle-ci fait partie des traitements infligés au peuple noir. Le véritable outil utilisé pour arracher les biens du sol africain c’est le crime accompagné de violences, du viol et du mépris. Comme quoi, il n’y a pas que la gouvernance qui ruine l’Afrique. Le fond de l’affaire est que les dirigeants légitimes et en adéquation avec leur peuple sont rares. La quasi-totalité de ceux qui régentent actuellement l’Afrique sont des agents de l’étranger s’opposant de facto au peuple qu’ils répriment avec les soins des forces militaires stationnées sur le continent.

Les Etats-Unis eux-mêmes restent un acteur important de la démolition de l’Afrique. Obama semble ignorer ce truisme. Il semble même effacer tous les crimes commis par les USA qui ont piloté des coalitions du crime via la CIA pour exécuter tous les dignes fils africains qui avaient voulu émanciper leur continent. Personnellement Obama n’est responsable en rien mais le principe de la continuité de l’Etat en démocratie – et les USA sont considérés comme une démocratie - impose que les actions des prédécesseurs soient assumées par les dirigeants successeurs. C’est au demeurant au nom de ce principe que des pays Occidentaux se font le devoir d’assumer certains crimes commis par leurs ancêtres à l’égard de certains peuples. Apparemment, cela ne compte pas pour le peuple noir à qui on peut pourtant au nom de ce même principe refiler en douce les dettes odieuses contractées par les administrations coloniales et les tyrans imposés. Les assassinats des patriotes africains dont les plus emblématiques Lumumba, Olympio, Um Nyobè, Moumié, Sankara, Biko et de bien d’autres encore, les renversements de régimes et l’érection d’autres, l’appui apporté au gouvernement raciste sud-africain dans sa tentative d’éradiquer les autochtones, le soutien apporté à Eyadema Gnassingbe, Mobutu, Bongo, Deby, Sassou, les généraux au Nigeria, Amin Dada, Bokassa, Biya…..par le biais de la DGSE française et de l’Intelligence Service britannique sous la houlette de la CIA, hier sous le fallacieux prétexte de « la guerre froide » et aujourd’hui sous le concept brumeux et cynique de la « défense de nos intérêts » ne seront pas assumés. Le peuple noir doit juste se contenter de la parole d’honneur selon laquelle les Etats Unis soutiendront désormais les gouvernements démocratiques et ensuite circuler puisqu’il n’y a rien à voir.

Compte tenu de tout ceci, le principe selon lequel les Africains qui décident de l’avenir de l’Afrique est actuellement un leurre. C’est virtuel. C’est un mensonge d’Etat. A la limite, Obama pouvait, à la suite d’un diagnostic qui pointe à la fois les responsabilités étrangères et les complicités locales, dire qu’à partir de maintenant, l’Occident doit laisser les Africains décider de l’avenir de leur continent. Comme il n’a pas du mal à faire l’économie de cette démarche de vérité, il faut le dire à sa place.

L’économie zimbabwéenne plombée par le seul fait des Zimbabwéens voire de Mugabe.
Clamer avec une telle tranquillité que « l’Occident n’est pas responsable de la destruction de l’économie Zimbabwéenne au cours des dix dernières années », c’est faire preuve de simplisme ou de mauvaise foi. Même si la responsabilité de Mugabe et de son gouvernement est établie, il faut néanmoins réintroduire une notion de complexité dans la situation récente du Zimbabwe. L’économie zimbabwéenne a commencé par dégringoler à partir de la réforme agraire unilatérale entreprise par Mugabe suite au non respect des accords de Lancaster House. Sinon avant cet acte « abominable » Mugabe était un ami et un démocrate. Les violations des droits de l’homme au Zimbabwe étaient tues et l’opposition ne bénéficiait pas du tintamarre médiatique international. C’est une constance dans les relations internationales qu’on ne s’en prend pas aux pays amis fussent-ils dirigés par des tyrans. Ce qui est important, c’est que ceux-ci garantissent les intérêts de ses soutiens. Les tyrans dociles sont donc protégés contre leur peuple. C’est ainsi que d’autres pions africains coulant en toute quiétude l’économie de leur pays ne seront jamais matraqués ni médiatiquement ni politiquement par les puissances néo-impérialistes dont les Etats-Unis. Au mieux, ils seront soutenus sur tous les plans, au pire ils bénéficieront d’un silence complice.

La Corée du Sud avance, l’Afrique décline.

L’Afrique est riche en matières premières. Ce « malheur » conduit des pays occidentaux à se faire des guerres pour avoir la possession exclusive de ses terres. Cette concurrence s’est accrue avec l’entrée en scène des pays émergents notamment la Chine et l’Inde. La Corée du sud, elle n’a pas la chance d’avoir « le malheur africain ». Ce qui lui a relativement épargné des ennuis.

En réalité, la Corée a réalisé son succès économique en bénéficiant des dons d’une valeur de 3,1 milliards de dollars des USA pour lesquels ce pays est militairement stratégique face au bloc communiste. Pendant plus d’une quinzaine d’années, la Corée du Sud a échappé au traquenard de l’endettement sur la période de 1945-1961. De plus, lorsqu’à partir des années 70 la Corée a commencé par admettre des investissements directs étrangers, elle l’a fait avec précaution et restrictions énormes. Ce pays n’a pas collaboré avec le secteur privé étranger à n’importe quel prix. Il a conditionné fortement les investissements au transfert de technologie tout en passant au crible le matériel transféré pour vérifier s’il n’était pas obsolète ou si les redevances facturées n’étaient pas excessives. La Corée n’a pas sabordé les bases de son développement en laissant sous l’étouffoir des entreprises étrangères son industrie locale. Elle n’a donc pas agi sous la contrainte des institutions de Bretton Woods qui ont systématiquement imposé, en revanche, l’ouverture complète des marchés africains sous la supervision des pays du G8 chapeauté par les USA. Aucun Etat n’a pu se développer en démantelant ses propres bases. Or c’est ce que les « bailleurs de fonds » imposent à l’Afrique. Les USA, les Etats européens et les dragons asiatiques ont tout réglementé, contrôlé, protégé durant toute la phase préliminaire de leur développement, et continuent de recourir aux mêmes pratiques autant que nécessaire. Or, c’est ce que les « bailleurs de fonds » imposent à l’Afrique. La réponse africaine à ces injonctions aurait été un refus clair et net. Mais qui pour le faire ? Les valets et autres pions ? Peine perdue : cela ne fait pas partie de leur ordre de mission. En forçant l’Afrique à agir à contre-courant, le FMI, l’OMC et la Banque Mondiale ainsi que leurs marionnettistes, l’inscrivent dans une logique de tutelle permanente et donc la condamne à une régression économique sans bornes que seul le peuple noir doit arrêter.

Bonne gouvernance comme conditionnalité de l’aide.

Le discours de Barack Obama postule aussi pour la conditionnalité de l’aide. Pour lui, celle-ci doit est subordonnée à la bonne gouvernance : une sorte de répétition du discours de la Baule. Certes Obama n’est pas Mitterrand et on peut, peut-être, attendre encore un peu pour juger de la crédibilité de cette « promesse ». Rappelons utilement que l’aide dans sa forme actuelle est une mascarade et une stratégie pour mieux appauvrir l’Afrique pour ainsi asservir davantage ses populations. Cette aide dont une bonne partie finance le salaire des coopérants, des humanitaires et autres assistants locaux, cette aide qui sert à l’achat d’armes pour tuer les Africains, cette aide détournée vers des comptes secrets dans les paradis fiscaux par les préfets locaux qui saupoudrent au passage les innombrables intermédiaires ou négociants, cette aide liée, cette aide qui se transforme en dette perpétuelle remboursable par les populations n’est pas une aide. Cette aide là, le peuple noir n’en veut pas et n’en veut plus. Surtout pas sous la régence des tyrans pions. Quant à la bonne gouvernance, cette notion n’a plus de sens. Elle a été dévoyée par les institutions internationales notamment le FMI, la banque mondiale et l’OMC pour qui la bonne gouvernance c’est multiplier les coups de ciseaux sur les dépenses sociales pour rembourser les services de la dette, ouvrir les marchés, se lancer dans la compétition d’une fiscalité nulle voire négative et garantir un environnement socio-juridique sans entraves à la réalisation maximale du profit par l’investissement étranger. A moins qu’Obama réinvente la bonne gouvernance et l’impose aux mercenaires des institutions en question.

Aucune entreprise ne veut investir dans un pays ou le gouvernement et les autorités sont corrompus.
En affirmant péremptoirement qu’aucune entreprise ne veut investir dans un pays où le gouvernement se taille au départ une part de 20 %, ou dans lequel le chef de l'autorité portuaire est corrompu, Obama semble ignorer le fonctionnement de l’économie néolibérale dans laquelle les pays africains sont plongés. En effet, depuis les années 80, c’est le libéralisme sans foi ni loi ne prospérant que dans des cadres anomiques qui guide les économies africaines. Et pour capter les Investissements directs étrangers (IDE), l’Etat ne doit exister que pour établir des lois éliminant les impôts, pour manœuvrer l’appareil répressif en direction des syndicats et les gouvernants quant eux, ils doivent être des coursiers des investisseurs répondant avec célérité voire zèle à toutes leurs injonctions au risque de voir les capitaux vider les lieux. Barack Obama se trompe peut-être de système à Accra. Oublie-t-il aussi que ce système avec ses pratiques entre autres opaques et de corruption a conduit le monde entier dans une crise aux conséquences dramatiques ? Contrairement à ce qu’il énonce, les entreprises investisseurs aiment bel et bien les gouvernements corrompus et facilement corruptibles qui peuvent livrer des marchés sans passer par des voies légales d’appels d’offres et de contrôle parlementaire. Ce n’est pour rein d’ailleurs que les investissements qui rapportent le plus aux économies occidentales soient ceux qui opèrent le plus à l’étranger. Que dire des bénéfices des compagnies pétrolières, minières et de l’industrie d’armements dont les pratiques puant la corruption facilitent les transactions par le truchement des commissions, des retro-commissions occultes et de « graissage du moteur »? Les entreprises dont parle Obama en l’occurrence les transnationales, outres ces pratiques financières, œuvrent inlassablement pour que les gouvernants soient des carriéristes capables de négocier directement avec elles et contourner ainsi toutes les législations sociales, environnementales et fiscales. Dans le cas contraire, ces entreprises n’investissent pas.

Prenant justement le cas du chef de l’autorité portuaire cité par Obama, que dire par exemple des pratiques mafieuses de Bolloré en complicité avec les autorités portuaires et les pouvoirs publics au Togo, au Cameroun et ailleurs en Afrique ?

Il est question du viol permanent de l’Afrique.
Le discours d’Accra est certes salutaire sur beaucoup de points. Mais, il passe la brosse sur d’autres problèmes qui sont directement liés aux relations que l’Occident d’une façon générale, entretient avec l’Afrique. Et ces relations ne se conjuguent pas au passé comme tente à le faire admettre Barack Obama. Il n’est pas seulement question de « la carte coloniale …qui a …contribué à susciter des conflits », même pas « du passé tragique qui hante parfois cette partie du monde » ou encore moins de « condescendance de l’Occident en quête de ressources ». Il s’agit de crimes sans auteurs et qui de ce fait, continuent, de viol quotidien du peuple noir, des actes de pillage, d’écrasement total des cultures africaines. Il est aussi question d’une économie extravertie condamnée à fournir aux autres des matières premières et de l’énergie comme aux temps des déportations esclavagistes. Il s’agit de la dette odieuse que le peuple noir est condamné à payer. Il s’agit du maintien contre la volonté du peuple noir des pions et des vassaux abusivement appelés gouvernants qui agissent en réalité pour la perpétuation de l’entreprise coloniale.

Que les cultures africaines, comme d’autres d’ailleurs, comportent des zones d’ombres, c’est une vérité. Et merci à tous ceux qui peuvent nous les rappeler car par les temps qui courent, des rappels amicaux ne sont pas inutiles. Mais, les « amis » doivent assumer eux-aussi leur part de responsabilité. Et comme le peuple noir ne peut attendre ces reconnaissances avant de résoudre ses problèmes, il ne lui reste qu’à continuer le combat qu’il mène depuis la nuit des temps pour l’édification des Etats réels, viables, soustraits des griffes du franc CFA, de la dette odieuse et de l’aide et capables de répondre à ses besoins tout en le protégeant durablement.

Peut-être faut-il faut revenir aux propos de Barack Obama pour conclure ce texte : « Mais ces choses ne pourront se faire que si vous saisissez la responsabilité de votre avenir. Ce ne sera pas facile. Cela exigera du temps et des efforts. Il y aura des souffrances et des revers…. Cependant, le progrès ne viendra de nulle part ailleurs, il doit découler des décisions que vous prendrez, des actions que vous engagerez et de l'espoir que vous porterez dans votre cœur. »

samedi 11 juillet 2009

Texte intégral - Le discours du président Obama au Ghana


Transcription - Le discours du président Obama au Ghana
(M. Barack Obama s'adresse au Parlement ghanéen à Accra) (4652)



DISCOURS DU PRÉSIDENT AU PARLEMENT GHANÉEN

Palais international des congrès

Accra (Ghana)


Le président : (Son d'une trompette.) Ça me plaît ! Merci, merci. Je pense que notre Congrès a besoin d'une de ces trompettes. J'aime bien le son, cela me rappelle Louis Armstrong.

Bon après-midi à tous. C'est un grand honneur pour moi d'être à Accra et de parler aux représentants du peuple ghanéen. Je suis très reconnaissant de l'accueil que j'ai reçu, tout comme le sont Michelle, Malia et Sasha Obama. L'histoire ghanéenne est riche, les liens entre nos deux pays sont forts, et je suis fier que ce soit ma première visite en Afrique subsaharienne en qualité de président des États-Unis d'Amérique.

Je voudrais remercier la présidente et tous les membres de la Chambre des représentants de nous accueillir aujourd'hui. Je voudrais remercier le président Mills pour ses qualités extraordinaires de direction. Aux anciens présidents - Jerry Rawlings, l'ancien président Kufuor - au vice-président, au président de la Cour suprême, je vous remercie tous pour votre hospitalité extraordinaire et pour les merveilleuses institutions que vous avez bâties au Ghana.

Je vous parle à la fin d'un long voyage. Je l'ai commencé en Russie par une réunion au sommet entre deux grandes puissances. Je me suis rendu en Italie pour la réunion des grandes puissances économiques du monde. Et me voici, enfin, au Ghana, pour une simple raison : le XXIe siècle sera influencé par ce qui se passera non seulement à Rome ou à Moscou ou à Washington, mais aussi à Accra.

C'est la simple vérité d'une époque où nos connexions font disparaître les frontières entre les peuples. Votre prospérité peut accroître la prospérité des États-Unis. Votre santé et votre sécurité peuvent contribuer à la santé et à la sécurité du monde. Et la force de votre démocratie peut contribuer à la progression des droits de l'homme pour tous les peuples.

Je ne considère donc pas les pays et les peuples d'Afrique comme un monde à part ; je considère l'Afrique comme une partie fondamentale de notre monde interconnecté, comme un partenaire des États-Unis en faveur de l'avenir que nous souhaitons pour tous nos enfants. Ce partenariat doit se fonder sur la responsabilité mutuelle et sur le respect mutuel : c'est ce dont je tiens à vous parler aujourd'hui.

Nous devons partir du principe qu'il revient aux Africains de décider de l'avenir de l'Afrique.

Je dis cela en étant pleinement conscient du passé tragique qui hante parfois cette partie du monde. Après tout, j'ai du sang africain dans les veines, et l'histoire de ma famille englobe aussi bien les tragédies que les triomphes de l'histoire de l'Afrique dans son ensemble.



Certains d'entre vous savent que mon grand-père était cuisinier chez des Britanniques au Kénya, et bien qu'il fût un ancien respecté dans son village, ses employeurs l'ont appelé « boy » pendant la plus grande partie de sa vie. Il était à la périphérie des luttes en faveur de la libération du Kénya, mais il a quand même été incarcéré brièvement pendant la période de répression. Durant sa vie, le colonialisme n'était pas simplement la création de frontières artificielles ou de termes de l'échange inéquitables ; c'était quelque chose que l'on éprouvait dans sa vie personnelle jour après jour, année après année.

Mon père a grandi dans un tout petit village où il gardait des chèvres, à une distance impossible des universités américaines où il irait faire des études. Il est devenu adulte à un moment de promesse extraordinaire pour l'Afrique. Les luttes de la génération de son propre père ont donné naissance à de nouveaux États, en commençant ici au Ghana. Les Africains s'éduquaient et s'affirmaient d'une nouvelle façon. L'histoire était en marche.

Toutefois, malgré les progrès obtenus - et il y a eu des progrès considérables dans certaines parties de l'Afrique - nous savons aussi que cette promesse est encore loin de se réaliser. Des pays tels que le Kénya, dont le revenu par habitant était supérieur à celui de la Corée du Sud lorsque je suis né, ont été fortement distancés. Les maladies et les conflits ont ravagé plusieurs régions du continent africain.

Dans de nombreux pays, l'espoir de la génération de mon père a cédé la place au cynisme, voire au désespoir. Certes, il est facile de pointer du doigt et de rejeter la responsabilité de ces problèmes sur d'autres. Il est vrai qu'une carte coloniale qui n'avait guère de sens a contribué à susciter des conflits, et l'Occident a souvent traité avec l'Afrique avec condescendance, à la quête de ressources plutôt qu'en partenaire. Cependant, l'Occident n'est pas responsable de la destruction de l'économie zimbabwéenne au cours des dix dernières années, ni des guerres où des enfants sont enrôlés comme soldats. Durant la vie de mon père, ce sont en partie le tribalisme et le népotisme dans un Kénya indépendant qui, pendant longtemps, ont fait dérailler sa carrière, et nous savons que cette forme de corruption est toujours un fait quotidien de la vie d'un trop grand nombre de personnes.

Or, nous savons que ce n'est pas là toute l'histoire. Ici au Ghana, vous nous montrez un aspect de l'Afrique qui est trop souvent négligé par un monde qui ne voit que les tragédies ou la nécessité d'une aide charitable. Le peuple ghanéen a travaillé dur pour consolider la démocratie, au moyen de passages pacifiques répétés du pouvoir, même à la suite d'élections très serrées. Et à cet égard, je voudrais dire que la minorité mérite tout autant de louanges que la majorité. Grâce à une meilleure gouvernance et au rôle de la société civile naissante, l'économie ghanéenne a enregistré un taux de croissance impressionnant.

Ce progrès ne possède sans doute pas l'aspect dramatique des luttes de libération du XXe siècle, mais que personne ne s'y trompe : il sera, en fin de compte, plus significatif. Car de même qu'il est important de se soustraire au contrôle d'une autre nation, il est encore plus important de se forger sa propre nation.

C'est pourquoi je suis convaincu que la période actuelle est tout aussi prometteuse pour le Ghana et pour l'Afrique que celle pendant laquelle mon père est devenu adulte et que de nouveaux États sont apparus. C'est une nouvelle période de grande promesse. Seulement cette fois-ci, nous avons appris que ce ne seront pas de grandes personnalités telles que Nkrumah et Kenyatta qui décideront du destin de l'Afrique. Ce sera vous, les hommes et les femmes du Parlement ghanéen et le peuple que vous représentez. Ce seront les jeunes, débordant de talent, d'énergie et d'espoir, qui pourront revendiquer l'avenir que tant de personnes des générations précédentes n'ont jamais réalisé.

Maintenant, pour réaliser cette promesse, nous devons tout d'abord reconnaître une vérité fondamentale à laquelle vous avez donné vie au Ghana, à savoir que le développement dépend de la bonne gouvernance. C'est l'ingrédient qui fait défaut dans beaucoup trop de pays depuis bien trop longtemps. C'est le changement qui peut déverrouiller les potentialités de l'Afrique. Enfin, c'est une responsabilité dont seuls les Africains peuvent s'acquitter.


Quant aux États-Unis et au reste de l'Occident, notre engagement ne doit pas se mesurer uniquement à l'aune des dollars que nous dépensons. Je me suis engagé à augmenter fortement notre aide à l'étranger, ce qui correspond à l'intérêt de l'Afrique et à celui des États-Unis. Toutefois, le véritable signe de réussite n'est pas de savoir si nous sommes une source d'aide perpétuelle qui aide les gens à survivre tant bien que mal, mais si nous sommes des partenaires dans la création des capacités nécessaires pour un changement transformateur.

Cette responsabilité mutuelle doit être le fondement de notre partenariat. Aujourd'hui, je parlerai tout particulièrement de quatre domaines qui sont essentiels pour l'avenir de l'Afrique et de tous les pays en développement : la démocratie, les possibilités économiques, la santé et le règlement pacifique des conflits.

Premièrement, nous devons soutenir les démocraties puissantes et durables.

Comme je l'ai dit au Caire, chaque nation façonne la démocratie à sa manière, conformément à ses traditions. Mais l'histoire prononce un verdict clair : les gouvernements qui respectent la volonté de leur peuple, qui gouvernent par le consentement et non par la coercition, sont plus prospères, plus stables et plus florissants que ceux qui ne le font pas.

Il ne s'agit pas seulement d'organiser des élections - il faut voir ce qui se passe entre les scrutins. La répression revêt de nombreuses formes et trop de pays, même ceux qui tiennent des élections, sont en proie à des problèmes qui condamnent leur peuple à la pauvreté. Aucun pays ne peut créer de richesse si ses dirigeants exploitent l'économie pour s'enrichir personnellement, ou si des policiers peuvent être achetés par des trafiquants de drogue. Aucune entreprise ne veut investir dans un pays où le gouvernement se taille au départ une part de 20 %, ou dans lequel le chef de l'autorité portuaire est corrompu. Personne ne veut vivre dans une société où la règle de droit cède la place à la loi du plus fort et à la corruption. Ce n'est pas de la démocratie, c'est de la tyrannie, même si de temps en temps on y sème une élection ça et là, et il est temps que ce style de gouvernement disparaisse.

En ce XXIe siècle, des institutions capables, fiables et transparentes sont la clé du succès - des parlements puissants et des forces de police honnêtes ; des juges et des journalistes indépendants ; un secteur privé et une société civile florissants, ainsi qu'une presse indépendante. Tels sont les éléments qui donnent vie à la démocratie, parce que c'est ce qui compte dans la vie quotidienne des gens.

Les Ghanéens ont à maintes reprises préféré le droit constitutionnel à l'autocratie, et ont fait preuve d'un esprit démocratique qui permet à leur énergie de se manifester. Nous le voyons dans les dirigeants qui acceptent la défaite gracieusement - le fait que les concurrents du président Mills se tenaient là à ses côtés lorsque je suis descendu de l'avion en dit long sur le Ghana - et dans les vainqueurs qui résistent aux appels à l'exercice de leur pouvoir contre l'opposition de manière injuste. Nous voyons cet esprit se manifester dans les journalistes courageux comme Anas Aremeyaw Anas, qui a risqué sa vie pour relater la vérité. Nous le voyons dans des policiers comme Patience Quaye, qui a contribué à faire traduire en justice le premier trafiquant d'êtres humains au Ghana. Nous le voyons dans les jeunes qui s'élèvent contre le népotisme et qui participent à la vie politique.

Dans toute l'Afrique, nous avons vu de multiples exemples de gens qui prennent leur destinée en main et qui opèrent des changements à partir de la base. Nous l'avons vu au Kénya, où la société civile et le secteur privé se sont unis pour aider à stopper la violence postélectorale. Nous l'avons vu en Afrique du Sud, où plus des trois quarts des citoyens ont voté dans la dernière élection, la quatrième depuis la fin de l'apartheid. Nous l'avons vu au Zimbabwé, où le Réseau de soutien au vote a bravé la brutale répression pour faire valoir le principe selon lequel le droit de vote d'un citoyen est sacré.

Alors ne vous y trompez pas : l'histoire est du côté de ces courageux Africains, et non dans le camp de ceux qui se servent de coups d'État ou qui modifient les constitutions pour rester au pouvoir. L'Afrique n'a pas besoin d'hommes forts, mais de fortes institutions.

L'Amérique ne cherchera pas à imposer un système quelconque de gouvernement à aucune autre nation. La vérité essentielle de la démocratie est que chaque nation détermine elle-même son destin. Ce que fera l'Amérique, en revanche, ce sera d'accroître son aide aux personnes et aux institutions responsables, en mettant l'accent sur l'appui à la bonne gouvernance : aux parlements, qui maîtrisent les abus de pouvoir et s'assurent que les voix de l'opposition peuvent s'exprimer ; à la règle de droit, qui garantit l'égalité de tous devant la justice ; à la participation civile, afin que les jeunes soient actifs dans la vie politique ; et à des solutions concrètes à la corruption telles que l'expertise comptable, l'automatisation des services, le renforcement des lignes d'appel d'urgence, la protection de ceux qui dénoncent les abus afin de promouvoir la transparence, et la responsabilité.

Et cette aide, nous la fournissons. J'ai demandé à mon gouvernement d'accorder davantage d'attention à la corruption dans notre rapport sur les droits de l'homme. Tous les gens devraient avoir le droit de démarrer une entreprise ou d'obtenir une éducation sans avoir à verser de pots-de-vin. Nous avons le devoir de soutenir ceux qui agissent de façon responsable et d'isoler ceux qui ne le font pas, et c'est exactement ce que fera l'Amérique.

Cela nous conduit directement à notre deuxième domaine de coopération - le soutien à un développement qui offre des débouchés aux gens.

Avec une meilleure gouvernance, je ne doute pas que l'Afrique tiendra sa promesse de créer une plus vaste base pour la prospérité. Témoin en est le succès extraordinaire d'Africains dans mon propre pays d'Amérique. Ils se portent très bien. Ils ont donc le talent et ils possèdent l'esprit d'entreprise - la question est de savoir comment s'assurer qu'ils réussissent ici dans leur pays d'origine. Ce continent est riche en ressources naturelles. Et que ce soient des chefs d'entreprises spécialisées dans la téléphonie portable ou des petits agriculteurs, les Africains ont montré leur capacité et leur volonté de créer leurs propres possibilités. Mais il faut également rompre avec de vieilles habitudes. La dépendance vis-à-vis des matières premières - ou d'un seul produit d'exportation - a tendance à concentrer la richesse au sein d'une minorité, laissant la majorité vulnérable à la récession.

Au Ghana, par exemple, le pétrole crée de magnifiques possibilités, et vous vous êtes préparés à ces nouveaux revenus de façon responsable. Mais comme le savent de nombreux Ghanéens, le pétrole ne peut pas simplement remplacer le cacao. De la Corée du Sud à Singapour, l'histoire montre que les pays réussissent lorsqu'ils investissent dans la société et dans leur infrastructure ; lorsqu'ils multiplient les industries d'exportation, se dotent d'une main-d'œuvre qualifiée et font de la place aux petites et moyennes entreprises créatrices d'emplois.

Alors que les Africains se rapprochent de cette promesse, l'Amérique va leur tendre la main de façon plus responsable. En réduisant les sommes qui vont aux consultants occidentaux et au gouvernement, nous voulons mettre plus de ressources entre les mains de ceux qui en ont besoin, tout en apprenant aux gens à faire plus pour eux-mêmes. C'est pourquoi notre initiative de 3,5 milliards de dollars en faveur de la sécurité alimentaire est axée sur de nouvelles méthodes et technologies agricoles, et non pas sur la simple expédition de biens et services américains vers l'Afrique. L'aide n'est pas une fin en soi. L'objectif de l'aide à l'étranger doit être de créer les conditions dans lesquelles elle ne sera plus nécessaire. Non seulement je veux voir les Ghanéens autosuffisants sur le plan alimentaire, je veux vous voir exporter des produits alimentaires à d'autres pays et gagner de l'argent. Cela, vous le pouvez.

Certes, l'Amérique peut faire plus pour promouvoir le commerce et les investissements. Les pays riches doivent réellement ouvrir leurs portes aux biens et services de l'Afrique d'une manière significative. Ce sera d'ailleurs un des engagements de mon gouvernement. Et là où il y a une bonne gouvernance, nous pouvons étendre la prospérité par le truchement de partenariats entre les secteurs public et privé qui investiront dans l'amélioration des routes et des réseaux électriques ; de programmes de formation qui apprendront aux gens comment développer leur entreprise ; et de services financiers non seulement pour les villes mais pour les régions pauvres et les zones rurales. Cela aussi dans notre propre intérêt - parce que si les gens se sortent de la pauvreté et que de la richesse se crée en Afrique, il s'ensuit que de nouveaux marchés s'ouvriront pour nos propres produits. Tout le monde y gagne.

Un secteur qui représente à la fois un danger indéniable et une promesse extraordinaire est celui de l'énergie. L'Afrique émet moins de gaz à effet de serre que toute autre région du monde, mais elle est la plus menacée par le changement climatique. Une planète qui se réchauffe propagera les maladies, réduira les ressources en eau, épuisera les récoltes, et créera les conditions favorables à plus de famine et plus de conflits. Nous avons tous - en particulier le monde développé - le devoir de ralentir ces tendances, en réduisant les effets du changement climatique et en changeant la façon dont nous utilisons l'énergie. Mais nous pouvons également coopérer avec les Africains pour transformer cette crise en occasion de progrès.

Ensemble, nous pouvons coopérer en faveur de notre planète et de la prospérité, et aider les pays à accroître leur accès à l'énergie tout en sautant, en contournant les phases les plus polluantes du développement. Pensez-y : dans l'ensemble de l'Afrique, il existe de l'énergie éolienne et solaire en abondance, ainsi que de l'énergie géothermique et des biocarburants. De la vallée du Rift aux déserts de l'Afrique du Nord ; de la côte de l'Afrique de l'Ouest aux récoltes de l'Afrique du Sud - les dons inépuisables que procure la nature à l'Afrique peuvent lui permettre de créer sa propre énergie et d'exporter de l'énergie propre et rentable à l'étranger.

Il ne s'agit pas seulement de chiffres de croissance sur un bilan comptable. Il s'agit de savoir si un jeune doté d'une éducation peut trouver un emploi qui lui permettra de nourrir sa famille ; si un agriculteur peut amener ses produits au marché ; ou si un homme d'affaires armé d'une bonne idée peut démarrer une entreprise. Il s'agit de la dignité du travail. Il s'agit d'une chance que doivent pouvoir saisir les Africains au XXIe siècle.

De même que la gouvernance est une condition essentielle du progrès économique, elle revêt également une importance cruciale dans le troisième domaine que je voudrais à présent aborder, l'amélioration de la santé publique.

Ces dernières années, des progrès énormes ont été accomplis dans certaines parties de l'Afrique. Les gens sont beaucoup plus nombreux à vivre avec le VIH/sida de manière productive et à obtenir les médicaments qu'il leur faut. Je viens de visiter une merveilleuse clinique, un hôpital spécialisé dans la santé maternelle. Mais trop d'Africains périssent toujours de maladies qui ne devraient pas les tuer. Lorsque des enfants meurent d'une piqûre de moustique et que des mères succombent lors d'un accouchement, nous savons qu'il reste des progrès à faire.

Or du fait des incitations, souvent fournies par les pays donateurs, beaucoup de médecins et d'infirmiers africains s'en vont à l'étranger, ou travaillent à des programmes qui luttent contre une maladie unique. Cette situation crée des lacunes en matière de soins primaires et de prévention de base. Par ailleurs, il appartient à tout un chacun de faire sa part. Il faut faire des choix responsables de nature à prévenir la propagation de la maladie et à promouvoir la santé publique dans la collectivité et dans le pays.

Ainsi, d'un bout à l'autre de l'Afrique, nous voyons des exemples de gens qui s'attaquent à ces problèmes. Au Nigéria, des chrétiens et des musulmans ont mis en place un programme interconfessionnel de lutte contre le paludisme qui est un modèle de coopération. Ici au Ghana et dans toute l'Afrique, nous observons des idées novatrices visant à combler les lacunes du système de santé, par exemple des initiatives d'échanges d'informations médicales par Internet qui permettent à des médecins exerçant dans de grandes villes d'aider ceux des petites agglomérations.

Les États-Unis appuieront ces efforts dans le cadre d'une stratégie de santé exhaustive et mondiale. Car au XXIe siècle, nous sommes appelés à agir selon notre conscience mais aussi dans notre intérêt commun. Lorsqu'un enfant meurt à Accra d'une maladie évitable, cela nous diminue partout. Lorsque dans un coin quelconque du monde on néglige de s'attaquer à une maladie, nous savons qu'elle peut se propager à travers les océans et d'un continent à l'autre.


C'est pourquoi mon gouvernement s'est engagé à consacrer 63 milliards de dollars à relever ces défis - 63 milliards de dollars. En nous fondant sur les solides efforts du président Bush, nous poursuivrons la lutte contre le VIH/sida. Nous ne cesserons de chercher à enrayer la mortalité due au paludisme et à la tuberculose et nous travaillerons à éradiquer la polio. Il ne s'agit d'ailleurs pas de s'attaquer aux maladies isolément : nous investirons dans des systèmes de santé publique à même de prévenir la maladie et de promouvoir le bien-être, en mettant l'accent sur la santé maternelle et infantile.

En même temps que nous unissons nos efforts en faveur d'une meilleure santé, nous devons également stopper la destruction causée non pas par la maladie, mais par les êtres humains. C'est pourquoi le dernier domaine que je vais aborder se rapporte aux conflits.

Soyons bien clairs : l'Afrique ne correspond pas à la caricature grossière d'un continent perpétuellement en guerre. Mais si l'on est honnête, pour beaucoup trop d'Africains, le conflit fait partie de la vie ; il est aussi constant que le soleil. On se bat pour des territoires et on se bat pour des ressources. Et il est toujours trop facile à des individus sans conscience d'entraîner des communautés entières dans des guerres entre religions et entre tribus.

Tous ces conflits pèsent sur l'Afrique comme un véritable boulet. Nous sommes tous répartis selon nos identités diverses, de tribu et d'ethnie, de religion et de nationalité. Mais se définir par son opposition à une personne d'une autre tribu, ou qui vénère un prophète différent, cela n'a aucune place au XXIe siècle. La diversité de l'Afrique devrait être source de force et non facteur de division. Nous sommes tous enfants de Dieu. Nous partageons tous des aspirations communes : vivre dans la paix et dans la sécurité ; avoir accès à l'éducation et à la possibilité de réussir ; aimer notre famille, notre communauté et notre foi. Voilà notre humanité commune.

C'est la raison pour laquelle nous devons nous élever contre l'inhumanité parmi nous. Il n'est jamais justifiable - jamais justifiable - de cibler des innocents au nom d'une idéologie. C'est un arrêt de mort, pour toute société, que de forcer des enfants à tuer dans une guerre. C'est une marque suprême de criminalité et de lâcheté que de condamner des femmes à l'ignominie continuelle et systémique du viol. Nous devons rendre témoignage de la valeur de chaque enfant au Darfour et de la dignité de chaque femme au Congo. Aucune religion, aucune culture ne doit excuser les atrocités qui leur sont infligées. Nous devons tous rechercher la paix et la sécurité nécessaires au progrès.

On voit d'ailleurs des Africains se mobiliser pour cet avenir. Ici aussi, au Ghana, nous vous voyons contribuer à montrer la voie. Soyez fiers, Ghanéens, de vos contributions au maintien de la paix au Congo, au Libéria ou encore au Liban, ainsi que de votre résistance au fléau du trafic de stupéfiants. Nous nous félicitons des mesures que prennent des organisations telles que l'Union africaine et la CEDEAO en vue de mieux régler les conflits, de maintenir la paix et de soutenir ceux qui sont dans le besoin. Et nous encourageons la vision d'un cadre sécuritaire régional puissant, capable de mobiliser une force efficace et transnationale lorsque cela s'avère nécessaire.

Il incombe aux États-Unis de travailler avec vous en tant que partenaire à promouvoir cette vision, non seulement par des paroles mais aussi par des appuis qui renforcent les capacités de l'Afrique. Lorsqu'il y a génocide au Darfour ou des terroristes en Somalie, ce ne sont pas simplement des problèmes africains : ce sont des défis mondiaux à la sécurité, exigeant une riposte mondiale.

C'est pourquoi nous sommes prêts à agir en partenariat, tant par la diplomatie que par l'assistance technique et l'appui logistique, et que nous soutiendrons les efforts visant à contraindre les criminels de guerre à rendre des comptes. En outre, je tiens à le dire clairement : notre Commandement pour l'Afrique ne vise pas à prendre pied sur le continent, mais à relever ces défis communs afin de renforcer la sécurité des États-Unis, de l'Afrique et du reste du monde.



À Moscou, j'ai parlé de la nécessité d'un système international où les droits universels des êtres humains soient respectés et où les violations de ces droits soient combattues. Ceci doit inclure un engagement à soutenir ceux qui règlent les conflits pacifiquement, à sanctionner et à arrêter ceux qui ne le font pas, et à aider ceux qui ont souffert. Mais en fin de compte, ce seront des démocraties dynamiques telles que le Botswana et le Ghana qui diminueront les causes de conflit et élargiront les frontières de la paix et de la prospérité.

Comme je l'ai déjà dit, l'avenir de l'Afrique appartient aux Africains. Les peuples d'Afrique sont prêts à revendiquer cet avenir. Dans mon pays, les Afro-Américains - dont un grand nombre d'immigrés récents - réussissent dans tous les secteurs de la société. Cela, nous l'avons accompli en dépit d'un passé difficile et nous avons puisé notre force dans notre héritage africain. Avec de puissantes institutions et une ferme volonté, je sais que les Africains peuvent réaliser leurs rêves à Nairobi et à Lagos, à Kigali et à Kinshasa, à Harare et ici-même à Accra.

Vous savez, il y a cinquante-deux ans, les yeux du monde étaient rivés sur le Ghana. Et un jeune prédicateur du nom de Martin Luther King est venu ici, à Accra, pour voir amener les couleurs de l'Union Jack et hisser le drapeau du Ghana. Cet événement précédait la Marche sur Washington et l'aboutissement du mouvement des droits civiques dans mon pays. On a demandé à Martin Luther King quel sentiment lui avait inspiré la vue de la naissance d'une nation, et il a répondu : « Cela renforce ma conviction que la justice finit toujours par triompher. »

Aujourd'hui, ce triomphe doit être, une fois de plus, renouvelé, et c'est vous qui le devrez le faire. Ici, je m'adresse particulièrement aux jeunes, à travers toute l'Afrique et ici-même au Ghana. Dans des endroits comme le Ghana, vous représentez plus de la moitié de la population.

Et voici ce que vous devez savoir : le monde sera ce que vous en ferez. Vous avez le pouvoir de responsabiliser vos dirigeants et de bâtir des institutions qui servent le peuple. Vous pouvez servir vos communautés et mettre votre énergie et votre savoir à contribution pour créer de nouvelles richesses ainsi que de nouvelles connexions avec le monde. Vous pouvez conquérir la maladie, mettre fin aux conflits et réaliser le changement à partir de la base. Vous pouvez faire tout cela. Oui, vous le pouvez. Car en ce moment précis, l'histoire est en marche.

Mais ces choses ne pourront se faire que si vous saisissez la responsabilité de votre avenir. Ce ne sera pas facile. Cela exigera du temps et des efforts. Il y aura des souffrances et des revers. Mais je puis vous promettre ceci : l'Amérique vous accompagnera tout le long du chemin, en tant que partenaire ; en tant qu'amie. Cependant, le progrès ne viendra de nulle part ailleurs, il doit découler des décisions que vous prendrez, des actions que vous engagerez et de l'espoir que vous porterez dans votre cœur.

Ghana, la liberté est votre héritage. À présent, c'est à vous que revient la responsabilité de bâtir sur cette fondation de liberté. Si vous le faites, nous pourrons, bien des années plus tard, nous remémorer des lieux comme Accra et nous dire que c'est à ce moment-là que la promesse s'est réalisée, que la prospérité s'est forgée, que la douleur a été surmontée et qu'une nouvelle ère de progrès a débuté. Ce moment peut être celui où nous verrons, une fois de plus, triompher la justice. Oui, nous le pouvons. Merci beaucoup. Que Dieu vous bénisse.

Je vous remercie.

La Maison-Blanche
Bureau du secrétaire de presse
Le 11 juillet 2009

mardi 7 juillet 2009

Michael Jackson, une victime de la sous-humanisation des Noirs.




07 juillet 2009
Rodrigue KPOGLI
Web. http://lajuda.blogspot.com


Il est un courant de pensée qui voudrait déconnecter Michael Jackson du peuple noir. En effet, depuis le décès de celui-ci, des commentaires et des articles pointent du doigt sa dépigmentation presque totale. Les auteurs de ces textes expliquent qu’en raison de ceci, s’ils étaient Noirs, ils n’allaient jamais accepté que Jackson leur soit rattaché. C’est tout simplement le mauvais Noir, le Noir qui ne voulait pas l’être, clament-ils.

Cette observation, à première vue, n’a rien d’inacceptable sauf qu’elle est fausse si elle est soumise à une analyse plus minutieuse. Pour des raisons suivantes, la star planétaire ne doit pas être rejetée.

D’abord, Michael Jackson, de son vrai nom Michael Joseph Jackson, décédé le 25 Juin 2009 à Los Angeles, dans l’Etat de Californie à l’âge de 50 ans, est un chanteur qui cumulait également les attributions de danseur, chorégraphe, auteur-compositeur, producteur et même acteur de cinéma. Perfectionniste jusqu’aux ongles, le Roi de la Pop a vendu plus de 750.000.000 disques, un record inégalé jusqu’ici et inégalable à coup sûr. Cette réussite est celle d’un Noir (nègre), descendant d’esclaves. Et ce record éternel, le peuple Noir ne doit pas le jeter car, il est l’œuvre d’un de ses enfants nés en déportation esclavagiste. Au contraire, il doit rentrer dans le patrimoine noir particulièrement et ceci pour rappeler aux détracteurs qu’ils ont beau humilier, maltraiter et rejeter les Noirs, l’histoire humaine - depuis l’apparition de l’Homme sur terre en passant par l’Egypte antique - ne se fait pas en dehors de ces derniers.

Ensuite, derrière l’immensité artistique jacksonienne, se cache un homme au cœur généreux et sans frontières. A la différence de nombre de ses collègues artistes, Michael Jackson a destiné une bonne part de ses gains au soutien des œuvres caritatives. Déjà en 1985, Michael Jackson co-écrit avec Lionel Richie la chanson "We Are The World" pour aider à vaincre la faim en Afrique, plus spécifiquement en Ethiopie. En 1992, Jackson crée la Fondation Heal The World, une organisation caritative pour porter assistance aux enfants et à l'environnement martyrisés par l’avidité humaine. Cette fondation agit avec des organisations locales et nationales pour partager des expertises et des infrastructures existantes pour porter assistance et aides aux enfants désavantagés, lutter contre la faim, la drogue, les abus d'alcool et la maltraitance infantile dans le monde.
En 1995, il sort "History: Past, Present and Future" et consacre le titre "Earth Song" à la défense de l’environnement et de la nature, la perte de la biodiversité, la déforestation des forêts tropicales, la sécheresse, la guerre ou encore la pollution. Il interviendra entre autres aussi en Afrique du sud en finançant la lutte contre le sida.
En 2000, le Guiness des Records le reconnaît comme la star qui soutient financièrement le plus grand nombre d’associations humanitaires. Pour cette générosité, les Noirs doivent avoir de la fierté et rendre hommage à cet homme qui par ses actions, a montré qu’il avait une avance considérable sur la plupart de ses congénères surtout ceux d’Afrique qui bien qu’ayant la peau totalement noire et les cheveux crépus agissent contre leur peuple dans une allégresse doublée d’un égoïsme surdimensionné.

La grandeur de Jackson, s’il faut encore la démontrer à ceux qui font semblant de ne rien voir, c’est ce qui s’est passé lorsque ses funérailles avaient été annoncées. Pour 11.500 places disponibles au Staples Center mues en 11.000 tickets, il y a eu 1,6 million demandeurs. De quoi marquer à nouveau la différence avec tous ceux, artistes talentueux certes, qu’on tente désespérément de rapprocher de lui. Les Noirs auront donc tort de rejeter cet homme qui avec Nelson Mandela, lors de sa libération le 11 février 1990 et son élection à la présidence en 1994, et Barack Obama lors de son élection en novembre 2008, sont les seuls à franchir avec autant de facilité toutes les frontières et fédérer ainsi autant de générations autour de leur personne.

Mais l’artiste, comme tout humain, a d’énormes qualités. Des défauts aussi. Et ceux-ci peuvent être résumés en l’incapacité voulue ou non de Michael Jackson de ne pas lever sans fioriture ni hésitation les suspicions pédophiles qui pesaient sur lui et sa propension quasi pathologique à se blanchir la peau. Sur ce dernier point, ceux qui l’attaquent ont raison car, Jackson était plus beau et mille fois plus attrayant lorsqu’il était Noir. Quant aux tourments sexuels qu’on lui prêtait, il sera blanchi par la justice le 13 juin 2005 puis à sa mort, Jordan Chandler, qui l’a accablé toutes ces années pour le plus grand bonheur des médias, a avoué le 29 juin 2009 avoir menti sous la pression paternelle en ces termes « Je n'ai jamais voulu mentir et faire de mal à Michael Jackson mais mon père m'a ordonné de dire que des mensonges. Maintenant, je ne peux plus dire à Michael Jackson comment je suis désolé et s'il veut me pardonner. Pour la première fois, je ne supporte plus de mentir. Il ne m'a rien fait et c'était uniquement des mensonges pour enrichir mon père. » Aveu tardif ! L’image de Jackson en a souffert. Mais pas seulement, puisqu’il a dû débourser 22 millions de dollars US à la famille du garçon pour pouvoir obtenir l’abandon des poursuites.

Sur ses changements physiques, Michael Jackson peut et doit certainement être condamné. Mais de là, à vouloir lui coller des étiquettes de traitrise et de racisme à l’envers, c’est ignorer que cet homme n’a presque pas connu d’enfance car, trop tôt star. On pourra même affirmer que Jackson n’a pas eu le parcours pouvant lui permettre de se forger une identité à toute épreuve dans un pays où le racisme a été systématisé, il y a encore quelques années. La vérité c’est que Jackson est la nième victime de la pensée occidentale, blanche qui voudrait que le Noir ne soit pas un homme. Cette pensée transformée en science qui fait du Noir, un sous-homme, un esclave naturel, un colonisé, humilié et injurié perpétuellement. Un Etre qui pour avoir le statut d’Homme doit être un assimilé, un Noir « blanchi de la tête jusqu’aux pieds » après avoir eu honte de sa personne et de son histoire écrite par les maîtres. Michael Jackson n’est que le symbole le plus abouti et le plus radical de cet homme noir. On a beau injurier et coller tous les superlatifs à Joe Jackson, le père « tyran » de Michael, c’est d’un cynisme criard et par lâcheté que des observateurs et des commentateurs si avisés de cet évènement, oublient de mentionner la pensée « blanche » qui a catégorisé les Noirs dans la « race » inférieure plus proche des singes que de « l’Homme ». Lesquels Noirs doivent travailler pour « ressembler » aux « Blancs » pour espérer devenir Homme.

Michael Jackson est victime de cette pensée là. Avait-il les ressources de ne pas se comporter en conséquence ? Le doute est permis car, comme écrit plus haut et admis de tous, le petit Michael n’a pas connu une vie ordinaire accompagnée de formation psychologique immunisante. Sans doute l’artiste s’est-il lui-même rendu compte qu’il avait commis une faute lourde en entamant le processus qui doit le conduire au monde blanc. Aussi, a-t-il tenté de se racheter en composant « Black or White » comme pour dire que Noir ou Blanc, c’est égal. Puis, « Remember the time » dans lequel en compagnie d’Eddy Murphy, il confirmait que l’Egypte antique était complètement nègre. Pourquoi donc continuer le « blanchissement » de son corps alors qu’on affirma soi-même qu’être Noir ou Blanc, on est égaux ou que l’Egypte antique l’une des plus brillantes civilisations humaines était l’œuvre de son peuple ? Un jour, peut-être, Michael Jackson lui-même livrera des explications en complément ou en rupture avec le vitiligo dont il se disait victime. Mais en attendant ce jour, le phénomène de blanchissement est aussi le fait d’un grand nombre d’Africaines et d’Africains complexés qui passent leur temps à chercher les produits décapants les plus modernes pour se dépigmenter ou s’attribuer des cheveux à l’Occidentale.

Faut-il sonner le tocsin à ces Noirs pour leur rappeler qu’on ne change pas son ADN ? Et qu’il n’y a aucun mal à être Noir ? Contrairement à l’idée communément acceptée et largement véhiculée par l’école coloniale ainsi que les intellectuels aliénés et organiques à l’œuvre dans les sociétés africaines, l’Afrique noire pré-esclavagiste avait l’une des organisations sociétales les plus abouties. C’est plutôt un retour vers ce passé avec un regard critique pour rebâtir une identité commune, assumée et revendiquée qui fera du Noir, un homme respecté et non la perpétuation des méthodes diverses par lesquelles il veut fuir sa personne pour trouver un refuge plus qu’éphémère et voué à un échec certain dans la peau d’un autre.