jeudi 26 février 2015

Les togolais, et plus largement les africains méritent-ils ce qui leur arrive?



Notre réponse doublement oui. Nous méritons ce qui nous arrive et nous le mériterons encore. Car, nous fermons volontairement nos yeux, nos oreilles et nos cerveaux à toutes les idées qui peuvent nous éclairer et nous aider à nous orienter dans un monde où les pièges les plus mortels sont couverts des plus belles fleurs.
Oui, nous méritons ce qui nous arrive parce que beaucoup, vraiment beaucoup trop de togolais (d'africains) pensent vivre dans des Etats et réduisent ainsi ce qu'il reste à faire à une simple recherche de l'Homme providentiel à mettre au pouvoir. Cette personne, selon toutes les imaginations abâtardies, viendrait des plus hautes écoles coloniales locales ou surtout occidentales. Ceci est la plus grande faute de lecture et de compréhension de soi et de ses propres problèmes qu'un groupe humain aussi large ait pu commettre dans l'histoire humaine. Il n'y a pas d'Etats, pas encore d’Etats, en Afrique. Nous l'avons suffisamment expliqué. 

Oui, nous méritons ce qui nous arrive, car nous avons refusé et refusons de construire des alternatives portées par un leadership crédible, lucide et muni d'un tableau de bord confectionné à partir de notre histoire globale et de notre vision du monde face, à la fois aux régimes en place en Afrique et à leurs fameuses Oppositions qui ne sont que leurs clones.

Oui, nous méritons d'être méprisés et torturés par des gens comme Faure Gnassingbé et autres génies obscurs du genre, car nous détestons ceux qui consacrent leur vie à vouloir porter la responsabilité historique de conduire la lutte pour la libération. Nous les isolons, nous les méprisons, nous les soutenons à peine, si nous ne les rejetons pas avec une violence ou avec une indifférence à ravir les pires tyrans. Chacun crée son petit château de cartes, chacun est Le leader, chacun détient SA réponse face au défi global. "Qui est celui-là ou celle-là pour que je le rejoigne ou pour que je m'aligne derrière lui ou elle?" Telle est la question qu'on entend souvent. Parfois c'est dans le silence et l'indifférence face aux sollicitations et appels qu'on entend cette question. En agissant ainsi, les togolais (les africains) créent le vide et donnent l'impression que personne parmi eux ne donne des idées et ne fournit aucun effort.

Oui, nous méritons davantage ce qui nous arrive, car nous avons abandonné l'idée de Peuple, pour un "Chacun pour soi" suicidaire où le ventre, les petites idées de prestige et de réussite personnels dans un océan de Néant collectif l'ont emporté.

Oui, nous méritons d'être sous la férule des gens comme Gnassingbé 2 qui vont continuer leur brillante entreprise de conservation et surtout de promotion de nos enclos coloniaux joyeusement appelés "nos Etats", parce que nous avons abandonné l'autonomie de la réflexion pour embrasser, sans fioritures, des concepts tronqués de Démocratie à l'occidentale qui n'est que spectacle et ploutocratie doublée de Réseaucratie mafieuse, avec leur pauvre théâtre de Pouvoir-Opposition qui, du fait de l'uniformisme de la pensée économique, est un couple inséparable.

Enfin, oui nous méritons tout ça, parce que nous avons choisi la voie destructrice de l'intelligence collective qui est de vouloir Avoir avant d'Etre, en lieu et place d'Etre avant d'Avoir. Ce qui fait que chacun court dans tous les sens pour lui-même, pour ses enfants, sa famille, et éventuellement son clan. Oubliant pour le plus grand plaisir de nos adversaires et ennemis que l'addition des individualités ne fait pas un peuple.

Le mal et le vice prospèrent là où l'on détruit, isole, méprise, injurie et déconsidère les alternatives réelles qui, loin de la démagogie, montrent l’immensité de la tâche et comment l’accomplir. La méchanceté rejoint la méchanceté là où les méchants, par haine gratuite ou par indifférence calculée, détruisent tout ce qui essaie de ne pas faire la promotion des obscurités et des sophismes.

Alors, ouiiiiii, nous méritons ce qui nous arrive.

KPOGLI Komla

lundi 23 février 2015

NIGERIA: La "terre promise" du général Bonne Chance n'est plus très loin.

Le Nigeria, béni par Dame Nature et qui de ce fait, devrait être plus puissant que bon nombre de pays sur cette terre, est entré ce 14 janvier 2015 en campagne pour l'élection présidentielle. Eh oui! On aime tellement ces histoires d'élection trompe-l'oeil sous nos tropiques. 


Pour la première fois depuis 2 ans, Ebélé Jonathan qui est aussi Goodluck (Bonne chance, en français) s'est immédiatement rendu, dès l'ouverture de ladite campagne, au Nord du territoire. Arrivé à Maiduguri, capitale de l'Etat de Borno et "fief historique" de Boko Haram, accompagné notamment par le chef d'Etat major des armées, Alex Badeh, et escorté par environ 200 soldats, Monsieur Bonne Chance lance aux déplacés de Baga rasé il y a une dizaine de jours par Boko Haram: "Bientôt vous rentrerez chez vous!". Belle promesse électorale dont on aurait ri à gorge déployée s'il n'y avait pas ici tant de vies humaines en souffrance. 

Boko Haram qui, le 7 janvier dernier, ravagea le coin a détruit littéralement plus de 3 750 bâtiments, 650 à Baga et 3 100 à Doron Baga. Doron Gowo où loge la base de la fameuse Force multinationale (MNJTF comprenant des soldats tchadiens, nigériens et nigérians) est la plus touchée. 57 % de son territoire étant détruit. 

2000 personnes seraient tuées par Boko Haram. Avec un courage retentissant, l’armée nigériane conteste ce chiffre qu’elle qualifie de « sensationnel » et déclare qu’il n’y avait que 150 morts. 16 localités ont été brûlées et 20 000 personnes ont dû fuir la région. C'est devant ces sinistrés que notre Général Bonne Chance s'est rendu pour leur dire que bientôt ils retourneront chez eux. Pour un territoire qui se bombe le torse en se flattant d'être une "puissance", (car, il faut savoir ce qu'est vraiment une puissance pour que celle-ci en soit une!), on peut se dire qu'au moins la nuit le Nigeria brille, qu'il y a de grandes avenues là-bas, de grands immeubles...et que, c'est par envie et jalousie, les Occidentaux et leurs suppôts africains "aliénés" refusent de montrer ces belles images de "notre" puissance, 1ère économie d'Afrique, où il ne manque que peu de choses pour que certains "fiers africains de nos réussites jalousées" disent que Tout va très bien Madame La Marquise.

Si les enclos coloniaux que beaucoup affublent, par mimétisme de vocabulaire, du titre d'Etats en Afrique l'étaient réellement, alors on ne se contenterait pas de poser des questions comme qui a créé Boko Haram, qui les arme, ni de tenir une comptabilité macabre au jour le jour en guise d'argument pour fonder une plate concurrence victimaire. Mais on demanderait aux dirigeants en place comment il se fait que des groupes comme Boko Haram puissent naître dans un territoire qu'ils prétendent diriger et surtout comment est-ce possible que le fameux État qu'ils prétendent incarner n'arrive pas à protéger la vie et les biens des populations livrées à la merci des groupes du genre. Et là on aurait établi la responsabilité, disons plutôt l'irresponsabilité, de ces États et obtenir au minimum la démission des gouvernements ou tout au moins celle de ceux qui sont en charge de la Sécurité et de la Défense nationales. Puisque l'un des attributs fondamentaux de l'Etat est la protection de la vie de ses populations où qu'elles soient. Comme on n'a pas là des États, de telles questions rarement posées.

15 janvier 2015


Komla KPOGLI

LA JEUNESSE DU TOGO FACE A SES RESPONSABILITES HISTORIQUES


Cela fait froid dans le dos de voir combien certains jeunes du Togo, en tous cas sur Facebook, jouent avec l'avenir collectif. Bassement intéressés ou totalement inconscients, ils portent au nu une des tyrannies les plus obscures du moment. 
Pour celles et ceux qui veulent nous convaincre que Faure Gnassingbé est "une chance pour le Togo": un bref aperçu de ce sur quoi est assis GNASSINGBE 2 au Togo.
Nous avons des milliers d'autres photos dans nos archives.

Comment, peut-on, si l'on examine un tout petit peu, le monde dans lequel nous vivons, estimer que Gnassingbé 2 et sa cour représentent le salut du territoire du Togo? Que ce qui s'autoproclame "L'Opposition" soit une caricature d'elle-même, prise dans des contradictions énormes car n'analysant pas la situation africaine et togolaise à sa juste mesure, c'est une chose. On doit le constater, le dénoncer s'il le faut et surtout essayer de porter un leadership alternatif devant montrer et incarner la voie adéquate de la Renaissance. Ca n'est pas parce que "L'Opposition" n'est pas à la hauteur des enjeux qu'il faille porter le régime cinquantenaire du RPT au rang qu'il n'a jamais eu et lui attribuer les vertus qu'il n'aura jamais, car il est fondé sur le "contrat colonial" formé sur le sang des africains du territoire du Togo depuis 1963.















Si, en plus de la démission quasi-collective, de la désorganisation globale et du refus absolu de constituer un leadership alternatif d'opposition, une partie de la jeunesse est gagnée par le Syndrome de Stockholm, ce processus psychologique par lequel les victimes finissent par admirer leurs bourreaux, alors, l'on peut se dire que cette génération, la nôtre, au lieu de l'assumer, a trahi sa mission.

Ce qu'on attend des jeunes d'un pays soumis et dominé, c'est le sens de la gravité et de la responsabilité. Plus que tout, les jeunes doivent faire preuve de lucidité et d'une vision plus éclairée de l'avenir. Les jeunes doivent pouvoir se projeter et projeter le futur de leur pays. Ce n'est que comme cela qu'ils peuvent dépasser les contingences actuelles, les choix périlleux d'aujourd'hui et les facilités du ventre qui les poussent à rêver des choses qui préparent immanquablement leur cauchemar de demain.

Quand les jeunes sabotent le présent, quand, l'air amusé, insouciant, collé aux miettes d'aujourd'hui, ils soutiennent ou font la propagande des gens qui obstruent l'avenir d'un pays, ils préparent là la catastrophe de leur vieillesse et sacrifient fatalement leurs enfants. Ceux qui jouent, soit pour des petits intérêts personnels et claniques d'aujourd'hui, soit par naïveté, soit par haine, soit encore par étroitesse d'esprit, à trouver dans le régime franco-gnazingbè qui régit le territoire du Togo depuis bientôt 55 ans, la voie de l'avenir, doivent faire un peu plus d'efforts de réflexion. Pour une bouchée de pain, pour une poignée de Francs CFA, pour une moto Sanili, Sanya ou Haojue, pour des sachets de riz, pour un poste dans "l'administration", pour des liens de cousinage ou ethnique, les jeunes ne doivent pas marquer contre eux-mêmes.

KPOGLI Komla

samedi 21 février 2015

Afropéanisme ou le printemps des européens noirs.


Quand on ne veut plus être soi-même, probablement perdu, on cherche à devenir un autre. Mais vu l'impossibilité de cette entreprise, on se forge une personnalité hybride, greffée, à mi-chemin entre l'Etre à perdre définitivement et l'Etre qu'on ne va jamais devenir. En attendant les Sinopéens, les Cubanopéens, les Mexicopéens, les Indopéens, les Timorpéens et les Afghanpéens, certains africains qui n'entendent pas ou plus  "être réduits qu'à ça" se glissent progressivement dans la peau d'un nouvel être qu'ils ont inventé de toutes pièces: L'Afropéen. Une nouvelle espèce à cheval entre l'africain (qu'on ne veut plus ou ne peut plus être totalement) et l'européen (qu'on imite mais à qui on ne peut devenir complètement). 

Il semble que ce sont d’abord les noirs britanniques qui ont commencé à se déterminer comme afropéens. Au début des années 2000, deux chanteuses franco-camerounaises de Bordeaux, Les Nubians, ont introduit cette nouvelle personnalité en France. C’est finalement l’écrivain Léonora Miano qui popularise l’expression dans ses ouvrages.
Dans une interview accordée à Camille Thomine du Magazine Littéraire (ML) en 2010, l’égérie de "L'Afropéanisme", Léonora Miano indique: "Il faut formuler le concept d'afropéanisme". Et d'éclairer: "Le terme « afropéen » cherche à décrire ces personnes d’ascendance subsaharienne ou caribéenne et de culture européenne : des individus qui mangent certes des plantains frits mais dont les particularismes ne sont pas tellement différents de ceux qu’on peut trouver dans les régions de France. Il faut formuler le concept d’afropéanisme pour qu’il existe, que l’on comprenne que les Noirs que l’on croise dans la rue ne sont pas forcément des immigrés. Que certains se fichent de l’Afrique, et c’est d’ailleurs leur droit. Je suis moi-même la mère d’une jeune Afropéenne de quinze ans : elle adore la cuisine camerounaise, mais pour le reste…"

Et Mme Miano de conclure: "j’estime que les Afropéens devraient se reconnaître comme tels, arrêter de refuser leur ancrage dans l’Europe. Je ne comprends pas que certains français d’origine africaine se définissent encore comme Algériens ou Sénégalais. Je trouve cela absurde, un peu puéril et contreproductif. Accepter son appartenance à la France est considéré par certains comme une trahison, or c’est une condition nécessaire pour parvenir à se réaliser."

Nous savons donc ce qui nous reste à faire. Oublions Thomas Sankara qui "délirait" lorsqu'il disait: "la seule manière de vivre libre, c'est d'être africain". Vive  l'Afropéanisme!!!

KPOGLI Komla

jeudi 19 février 2015

Cyril Ramaphosa ou quand un leader anti-Apartheid devient Capitaliste.


La commission Farlam, du nom de son président, chargée de faire la lumière sur le massacre de 34 mineurs de Marikana (Afrique du Sud) le 16 août 2012 va rendre prochainement ses conclusions. Après 300 jours d’audience, le rapport final sera remis au Président Zuma en Mars 2015. 


Les mineurs qui gagnaient 450 euros par mois, demandaient 900 euros, soit le doublement de leurs salaires. L'entreprise Lonmin, juste avant le massacre, avait 46 millions de dollars de dividendes. De 2007 à 2012, 621 millions de dollars de dividendes ont été réparties par la Compagnie de Cyril Ramaphosa. 

Les mineurs, eux, n'ont que dalle. Pourtant Lonmin s’était engagé en 2006, en renouvelant sa licence d’exploitation, à construire 5500 maisons pour les mineurs de Marikana. Au moment du drame en 2012, Lonmin avait construit …trois maisons qui servaient de vitrine à la générosité patronale. Un responsable de Lonmin a reconnu devant la Commission qui les mineurs « vivaient dans des conditions effroyables ».

Lonmin dont les capitaux sont placés dans des paradis fiscaux notamment aux Bermudes, ayant promis, après le massacre, de payer les frais d’éducation des orphelins, a fait un tri entre les mineurs tués. Les familles des mineurs qui étaient intérimaires sont exclues de la "générosité" de Lonmin.

Comme quoi, "un bourgeois de Gauche (fut-il africain) cela n'existe pas". 

Tout ce qu'on peut espérer c'est que la Commission établisse clairement les responsabilités devant être sanctionnées. Et ça, c'est pas gagné.

mardi 17 février 2015

MUGABE TRANSFORMERA T-IL LES OEUFS POURRIS EN POUSSINS EN LES COUVANT PENDANT 1 AN?



Il y a des cris de joie qui traduisent la défaite consommée, la déroute intériorisée et l'incapacité ou le refus de rebondir et d'aller plus loin. Il y a des exultations et des jubilations qui sont la manifestation patente du manque de volonté et de la décision de se contenter du peu qui, en définitive, signifie rien. Tel est le sentiment qu'on peut avoir ces derniers jours lorsqu'on entend des Halleluia entonnés un peu partout quant à la nomination de Mugabe à la tête de l'Union Africaine (UA). Or, ça n'est pas parce qu'on s'appelle Mugabe qu'en couvant, pendant une année, des oeufs pourris, on en fera naître des poussins.

"...il faut redire que le cadre africain est un cadre colonial. Il fonctionne pour satisfaire les besoins de l’extérieur au mépris des préoccupations endogènes. Tant que ce cadre ne sera pas remis en cause, détruit et reconstruit à l’aune des valeurs et des besoins intérieurs, c’est peine perdue qu’on se tue à doter les proto-Etats africains de présidents et des gouvernements. Espérer que l'Afrique sortira des rapports d'exploitation et de soumission qu'elle entretient avec l'extérieur (notamment avec l'Occident) avec des élections à l'issue desquelles on attend des élus des réformes revient à jouer à une poule qui couve des œufs pourris avec l’espérance que les 21 jours de couvaison déboucheront sur l’éclosion de poussins. On ne réforme pas la colonisation, on la détruit. Si tel n'est pas le cas, alors les rapports coloniaux deviennent selon les mots prononcés dans son allocution radiotélévisée du 6 avril 1962 par De Gaulle, des "rapports de coopération" qui en réalité continuent par servir la Métropole. 

Les Africains doivent se rendre à l’évidence que lorsqu’on ne maîtrise pas son espace, on ne peut le transformer.... Ils vivent sur un territoire qu’ils ne maîtrisent pas. D’où l’urgence de ne pas se satisfaire d’un changement qui n’en est pas un. D’où l’urgence de refuser de célébrer le faux et le mirage." 

KPOGLI Komla, 26 mars 2012, In Sénégal: Macky SALL ou le changement dans la continuité coloniale.

dimanche 15 février 2015

VOULOIR C'EST POUVOIR!

On ne peut ridiculiser mieux celui qu'on domine qu'en se transformant en son conseiller. On ne peut mieux identifier la faiblesse de celui qu'on tient qu'en venant jusque dans sa maison, sa cour pour lui dire "est-ce que tu veux vraiment être libre? Alors bats-toi contre moi!".  
Quand l'ennemi ou l'adversaire en vient à constater que celui qu'il domine a l'esprit complètement tourné et surtout qu'il n'entend que trop timidement retrouver ses esprits, cet adversaire peut se permettre de titiller la conscience émoussée du dominé sans aucun risque. C'est ce que Nicolas Sarkozy fit dans son discours du 26 juillet 2007 à Dakar. Depuis la terre africaine même, le président de la France d'alors défia l'africain. Tout propos polémique et toute émotion opposante écartés, Sarkozy défia dans les termes suivants:

"Jeunes d'Afrique,...vous voulez la hausse du niveau de vie.
Mais le voulez-vous vraiment ? Voulez-vous que cessent l'arbitraire, la corruption, la violence ? Voulez-vous que l'argent soit investi au lieu d'être détourné ? Voulez-vous que l'État se remette à faire son métier, qu'il soit allégé des bureaucraties qui l'étouffent, qu'il soit libéré du parasitisme, du clientélisme, que son autorité soit restaurée, qu'il domine les féodalités, qu'il domine les corporatismes ? Voulez-vous que partout règne l'État...qui permet à chacun de savoir raisonnablement ce qu'il peut attendre des autres ?
Sachez que personne ne le voudra à votre place.
Voulez-vous qu'il n'y ait plus de famine sur la terre africaine ? Voulez-vous que, sur la terre africaine, il n'y ait plus jamais un seul enfant qui meure de faim ? Alors cherchez l'autosuffisance alimentaire. Alors développez les cultures vivrières. L'Afrique a d'abord besoin de produire pour se nourrir. Si c'est ce que vous voulez, jeunes d'Afrique, vous tenez entre vos mains l'avenir de l'Afrique...
Vous voulez lutter contre la pollution ? Vous voulez que les générations actuelles ne vivent plus au détriment des générations futures ? Vous voulez que chacun paye le véritable coût de ce qu'il consomme ? Vous voulez développer les technologies propres ? C'est à vous de le décider. 
Vous voulez la paix sur le continent africain ? Vous voulez la sécurité collective ? Vous voulez le règlement pacifique des conflits ? Vous voulez mettre fin au cycle infernal de la vengeance et de la haine ? C'est à vous, mes amis africains, de le décider . Et si vous le décidez, la France sera à vos côtés, mais la France ne peut pas vouloir à la place de la jeunesse d'Afrique.
L'unité de l'Afrique rendra l'Afrique aux Africains. Vous voulez l'unité africaine ? Le voulez-vous vraiment?" Fin de citation.

Nous disions en début de ce texte: On ne peut ridiculiser mieux celui qu'on domine qu'en se transformant en son conseiller. On ne peut mieux identifier la faiblesse de celui qu'on tient qu'en venant jusque dans sa maison, sa cour pour lui dire "est-ce que tu veux vraiment être libre? Alors bats-toi contre moi!". 

Peut-on convaincre un groupe d'hommes à faire le contraire de ce dont ils sont convaincus et fermement liés? Peut-on convaincre une masse d'hommes absolument dispersés et manifestement satisfaits de cette dispersion à aller vers l'unité agissante? Peut-on convaincre une foule à (re)devenir alors que chacun croit tirer ses marrons du feu quand l'individualisme bat son plein? Peut-on convaincre une masse d'hommes à engager la lutte libératrice pour ensuite réorienter l'ensemble de son espace reconquis, alors qu'elle se dit que les choses ne vont pas si mal que ça? Peut-on faire vouloir alors qu'on ne veut pas soi-même?

La question se pose toujours: Voulons-nous vraiment? La tendance générale montre que NON. 

KPOGLI Komla

samedi 7 février 2015

Togo: LES AFRICAINS ET LE CHOIX.


Dans la vie d’un groupe d’hommes, il arrive un moment où il faut décider de relever le défi de la vie ou se laisser entraîner vers la mort. Choisir entre la régénération qui suppose la dure lutte de libération ou les cimes de l’humiliation et le prolongement de la souffrance. Et quand arrive ce moment, il n’y a plus de place ni aux finesses de la haute philosophie, ni aux subtilités du réformisme de la science politique. Ce groupe d’hommes passe à l’Action, l’action libératrice fermentée par les souffrances et autres brimades accumulées par la masse et surtout préparée de longue date par un petit noyau de personnes qui a pris le temps de théoriser sur le système, son fonctionnement, ses outils, son mode opératoire, ses alliances et surtout sur ce qu’il faut mettre en place après le renversement complet du système. Pour que le succès populaire puisse être au rendez-vous, il faut une organisation, une préparation, un travail de fond et de forme. Sans cela, à l’heure de la décision, ce groupe se perd en débats stériles, en faux-fuyants et accuse tous les coups que le système lui impose.

Face aux défis posés et sans cesse remportés par le pouvoir franco-Gnassingbé, nous faisons partie de ceux qui, depuis bientôt 15 ans et à des moments précis, proposent des réorientations tactiques tout en gardant l’objectif stratégique qui, seule, est immuable. Mais, à de nombreuses reprises, l’émotion opposante, la haine gratuite, la surdité dilatoire, la myopie démagogique, et le privilège du rêve qui veut se réaliser immédiatement et sans travail préalable ont vu dans tout ceci un sabotage de « La Lutte », une lutte qu’au fond, personne ne mène réellement. On nous a traités de tous les noms d’oiseaux, de tous les qualificatifs sans prendre la peine d’étudier les forces en présence et les actes de l’un ou l’autre camp. On a refusé l’évaluation, le bilan, l’autocritique et on a fait ce qu’on a toujours fait : le dilatoire, la démagogie, la boursouflure verbale, le Djihad virtuel de l’invective et des injures.
Quoi ??? « Vous voulez qu’on planifie ou qu’on redéfinisse la lutte alors que tout le monde réclame le départ de Faure Gnassingbé ? », « Il faut que Faure Gnassingbé quitte immédiatement le pouvoir », « Vous êtes une taupe du RPT », « Nous allons chercher des armes », « Par vos discours, vous retardez le départ de Faure Gnassingbé »…etc, etc.

Après le quatrième coup d’état de Gnassingbé 2, en 2010, nous avions proposé un changement de braquet, avec une « Opposition » qui, après analyse de ses propres forces et faiblesses, change de tactique en retournant principalement les armes psychologiques contre ceux qui les manient avec brio contre les populations du Togo, et en redéfinissant la lutte populaire. Qu’est-ce qu’on n’a pas entendu à la suite de cet appel ? Traitrise, volonté d’aller à la mangeoire, chute d’un militant, coup de fatigue d’un homme qui a été jusque là lucide…Voilà quelques mots qui nous furent adressés. Nous espérions alors que Gnassingbé 2 n’irait pas jusqu’en 2015, tellement les esprits étaient remontés. Erreur ! L’émotion, c’est attendu, est retombée, les guerriers du "Faure Gnassingbé doit partir ici et maintenant", sans aucun support pour matérialiser ce vœu mis à part la grandiloquence lexicale sur Internet, ont fini par disparaître, tout est redevenu plus ou moins normal et, non seulement Gnassingbé 2 est resté et surtout veut et va, visiblement, en tout cas si rien n’est fait ici et maintenant pour le contrer, rester.

A force de ne rien construire sur la durée, à force de rêver d’un futur sans Gnassingbé 2 et ses amis sans jamais saisir le passé et le présent pour étudier, réparer et préparer, à force d’opposer de l’indifférence et du mépris aux idées rigoureuses et moins démagogiques, à force de minimiser ceux qui pensent froidement et sans faux-fuyants, à force de refuser d’investir dans l’édification d’un leadership nouveau porté par des jeunes lucides et courageux qu’on peut facilement identifier, à force de penser qu’on n’a pas besoin de préparer et d’organiser la riposte et que le pouvoir tombera tout seul par miracle, à force de se dire à chaque fois que peut-être cette fois-ci le pouvoir entendra volontairement raison, 2015 est là et on ne sait manifestement pas dans quelle direction aller.
Pris par l’incapacité de contenir la volonté de Gnassingbé 2 de continuer son entreprise de démolition, ne sachant pas quoi opposer à cette voracité qui exploite la moindre faille laissée par une population qui n’est pas encore un peuple, désorientés par le vide collectivement construit depuis des années sur la base philosophique du « Il faut que mon frère tombe pour que je prenne sa place » ou du « Si ce n’est pas moi, alors c’est personne », les plus actifs des togolais, au pied du mur, tentent d’inventer le fil à couper le beurre. Ils élaborent des pistes, des suggestions, des propositions, qui, toutes, vont dans le sens de Réformes qu’ils n’obtiendront pas.

C’est l’adversaire ou l’ennemi qui détermine les armes avec lesquelles il doit être combattu. Ceux qui étudient ou mènent des luttes le savent. Il est grand temps de le savoir ici également.
On ne demande pas des élections « libres et justes » sous une tyrannie héréditaire dans un cadre étatique colonial. Si la volonté populaire comptait pour quelque chose, il n’y aurait ni tyrannie héréditaire, encore moins d’Etat colonial.

Dans notre situation, les questions suivantes qui sont autant leurs réponses se posent.

Qui a dit aux africains que l'Election est une Loi divinement sacrée et inviolable, de surcroît dans des Territoires sans Etat?

Qui a convaincu les africains de tous les territoires qu'ils doivent se résoudre chaque 5 ans à se demander: limitation de mandats ou pas? Candidature unique de "l'Opposition" face au régime en place ou pas? Election à 2 tours ou pas? Fichier électoral justement révisé ou pas? Le pouvoir va-t-il respecter le vote ou pas?...etc.

Qui a dit aux africains du territoire du Togo qu'on se débarrasse d'une tyrannie obscure installée à la place de l'Administration coloniale directe depuis 50 ans avec une Election?

Qui a dit aux africains du territoire du Togo qu'on met fin à un système colonial par une Election?

Qui a convaincu les africains du territoire du Togo que l'Election est la voie unique, obligatoire, obligée et absolument incontournable par laquelle ils DOIVENT passer pour vaincre la dynastie Gnassingbé?

Qui a dit aux africains du territoire du Togo de se limiter au choix entre Gnassingbé 2 et une Opposition obéissante qui se perd, au moment décisif,  en conjectures, car sans vision stratégique, ni dispositif tactique?

Qui a planté dans la tête des africains du territoire du Togo qu'ils sont contraints de subir les manoeuvres d'un régime dont la stratégie de maintien se fonde sur les tactiques allant de la Ruse à la Violence et leurs diverses déclinaisons ou de supporter une "Opposition" dont la spécialité est de susciter, par un vocabulaire fleuri, des espoirs et des attentes qu'elle déçoit aussitôt par les querelles interpersonnelles de bas niveau, des compétitions pour des trophées inutiles, des incohérences à couper le souffle, des concessions inattendues par la foule...dès que l'appât de l'élection lui est tendu?

Qui a dit aux africains du territoire du Togo qu'il ne leur est pas possible de se doter d'un leadership alternatif capable, à la fois d'analyser radicalement leurs problèmes et d'élaborer des solutions idoines, de porter une réelle Lutte de Libération?

Qui a dit aux africains du territoire du Togo de jouer aux émotifs sourds et aveugles face à d'autres idées et propositions qui ne sont pas nécessairement émises par ceux qu'ils considèrent comme leurs Sauveurs nés?

Qui a borné les africains du territoire du Togo au bon vouloir réformiste ou conservateur de Gnassingbé 2? Pourquoi se soumettre aux caprices d'un prince qui vient de passer 10 ans à la tête du territoire sans aucune onction des "indigènes"?

Qui a dit aux africains du territoire du Togo qu'ils sont condamnés à quémander du régime franco-Gnassingbé l'organisation d'élections "libres, transparentes et équitables" et à attendre des quelques personnes se disant "Leaders de l'Opposition" l'accomplissement d'une oeuvre qui n'a aucunement été préparée collectivement?

Pourquoi les africains du territoire du Togo veulent que le régime franco-Gnassingbé qui a fait ses preuves depuis de si longues années fasse des "réformes" et organisent des "élections" justes?

Les africains du territoire du Togo sont-ils si incapables d'organiser la révolte légitime devant aboutir à la Révolution au point de se résoudre à explorer avec une haute philosophie et un génie propre à eux, les voies les plus fines et les plus astucieuses, sinon les plus farfelues, par lesquelles beaucoup espèrent voir réformer la colonisation, toute chose qui camoufle à peine la peur ou la démission collective, alors que tout confirme la décision de Gnassingbé 2 de tester une fois encore notre capacité collective à passer à l'action?

Après 38 ans du Père et 10 ans du Fils qui veut continuer, les africains du territoire du Togo n'ont-ils pas été suffisamment touchés pour montrer que trop c'est trop? Car, il y a des endurances qui ne sont pas un signe de bravoure, mais de lâcheté collective et du cheminement vers le cimetière.

Quand un peuple veut vraiment se libérer, quand un peuple veut vraiment se réapproprier son espace et son pouvoir de décision confisqués depuis de si longs siècles, il ne demande pas des Elections. Il ne se limite pas à constater l'inflexibilité d'un pouvoir oppresseur ou à regretter l'incapacité d'un groupe d'hommes se disant Opposants. Non! Ce peuple manifeste, avec sa Jeunesse inventive, courageuse et agissante, sa DECISION de s'assumer.

Si tel n'est pas le cas, ce peuple n'a pas encore décidé de se libérer et alors il est l'acteur principal de sa propre servitude.

KPOGLI Komla
06 février 2015