samedi 26 décembre 2020

Centrafrique: La France est en train de punir Touadera dans l’indifférence et surtout l’ignorance des Africains


La France et ses amis de l'Union européenne appuyés par leur grand frère, les Etats Unis d'Amérique sont en train de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour torpiller la réélection de Faustin Touadéra, l'actuel président de la Centrafrique. Arrivé en 2016 à la tête de ce pays sans cesse pillé et plongé dans l'abîme par la France et ses multinationales (Total, Aréva...) sous la régence d'une mafia politique locale dont la tradition de soumission à la France remonte à la création de toutes pièces de cet enclos colonial, Touadera a vite compris qu'il fallait baisser l'influence française dans le pays pour que les populations puissent respirer un peu. 

Touadera a donc entamé des discussions avec les différents groupes de voyous armés dans le pays. Ces discussions ont abouti à un accord de paix signé le 6 février 2019 à Khartoum. Le gouvernement Touadéra a pris 21 engagements contre 10 pour les "rebelles" c'est-à-dire des bandits armés par qui on sait. 

Ensuite, Touadera et ses amis se sont tournés vers la Russie et la Chine, deux pays qui ne cessent de consolider leur présence en Afrique, ce continent considéré depuis les années 1850 par les Européens colonisateurs comme leur "avenir" après l’avoir razzié durant 400 ans au cours desquels 200 millions d’africains furent emportés par l’esclavage, transports, jetés en mer, captifs et massacrés collatéraux réunis. La Russie de Poutine a sauté sur l'occasion et donne des armes ainsi que la formation à l'armée nationale en reconstruction par Touadéra. Contre cette prestation, la Russie reçoit des concessions minières et agricoles. La France et ses amis ayant décrété un embargo sur les armes en direction de l'armée nationale pour la garder faible face aux bandits armés, de sorte que leur présence militaire (Sangaris, Minusca et autres mafias) soit toujours maintenue en Centrafrique se fâchent gravement contre Touadera. Pour la France, faire entrer la Russie en Centrafrique, c'est violer son espace, c'est faire entrer chez elle, dans son jardin, un intrus. Une telle désobéissance, plutôt cette trahison doit être châtiée.

En guise de riposte contre cette insolence de Touadéra, la France renforce et prolonge l'embargo alors qu'elle livre des armes aux groupes de bandits armés et les protège via les fameuses troupes de l'ONU en Centrafrique qui ne sont que des troupes françaises déguisées. De plus, Jean-Yves Le Drian et Macron ont demandé à Idriss Deby(L) et à Sassou Nguesso, deux des plus vieux préfets français dans la région de parler à leur jeune frère Touadera pour qu'il cesse ses liens avec la Russie. 

Touadéra n'ayant pas obtempéré, la France demande aux Opposants professionnels centrafricains et à leurs ailes marchantes appelées abusivement des Associations de la Société civile de se réunir pour former une coalition. Le 29 mai 2019, ces associations accompagnées par Jean-Serge Bokassa fils de l'Empéreur-paillasson, l’ancien Premier ministre Anicet-Georges Dologuélé et Karim Meckassoua, ex-président de l’Assemblée nationale coachés par Jean-Yves Le Drian et ses conseillers avaient créé ce qu'ils ont dénommé "la plateforme É Zingo Biani (Front uni pour la défense de la nation) en vue d'obtenir la destitution Touadera accusé d'avoir signé en solo l'accord de Khartoum avec les groupes armés. Cette coalition volera en éclat moins d'un an plus tard, le 25 avril 2020. 

Ensuite, Macron convoque Touadéra à l'Elysée en septembre 2019 pour lui demander de faire sortir la Russie du jardin français centrafricain. Têtu (rire), Touadéra, à peine sorti de l'Elysée, déclarera dans un entretien au journal français, Le Monde du 7 septembre 2019: "La coopération avec la Russie ne date pas d’aujourd’hui, elle existe depuis les années 1960. Aujourd’hui, la Russie fournit à la Centrafrique des moyens létaux pour nos forces de défense et il n’y a pas de raison qu’il y ait des affrontements avec la France. Ce n’est pas notre ambition. Aujourd’hui, la Centrafrique a de nombreux défis et tous les pays amis qui veulent apporter leur soutien pour ramener la paix et la stabilité sont les bienvenus. Les conflits qu’on évoque entre la France et la Russie n’ont pas lieu d’être. Les deux pays doivent travailler en Centrafrique en toute synergie pour que la paix revienne. La presse en a fait beaucoup et a donné l’impression qu’il y avait des conflits entre ces deux pays, mais les autorités centrafricaines font en sorte qu’il y ait la transparence. La France, qui est le partenaire historique de la Centrafrique, a sa place. La Russie, qui apporte quelques éléments de soutien dans la fourniture d’armes, a également sa place pour nous aider à obtenir la paix et la stabilité." 
En résumé, Touadera répond à Macron et aux entreprises françaises que la Russie restera en Centrafrique et que la France doit accepter cette cohabitation car il y a de la place pour chacun de deux intérêts.

Toujours en 2019, le "grand frère" américain, Donald Trump, prenant le relais, avait demandé à Poutine et à Touadéra de s'expliquer sur la présence de la Russie en Centrafrique avec qui elle est liée par un accord militaire. Les services de Donald Trump solliciteront ensuite Felix Tshisekedi du Congo pour raisonner Touadéra et pour le prévenir que sa "russophilie" risque de le perdre. Par ailleurs, au sein du Conseil de sécurité, la Russie aggrave son cas et celui de Touadera en plaidant pour que l'embargo contre l'armée nationale imposée par la France soit levée. Cela énerve cette dernière qui ne supporte pas tout ceci. Macron et ses services finiront par entonner sur tous les toits que la Russie enseigne la francophobie aux africains. Le point culminant de cette nervosité a été atteint le 20 novembre 2020 lorsqu'Emmanuel Macron a dénoncé, dans un entretien à Jeune Afrique, la "stratégie menée par la Russie... pour alimenter un sentiment antifrançais en Afrique en jouant sur le ressentiment post-colonial...Il y a une stratégie à l'oeuvre, menée parfois par des dirigeants africains, mais surtout par des puissances étrangères, comme la Russie..., qui jouent sur le ressentiment post-colonial. Il ne faut pas être naïf: beaucoup de ceux qui donnent de la voix, qui font des vidéos, qui sont présents dans les médias francophones sont stipendiés par la Russie ou la Turquie." Mais, ce cri de colère ou de détresse ne changera rien. 

Face à cet entêtement et pour préparer la suite, la France et ses amis font revenir le 16 décembre 2019 en Centrafrique François Bozizé, leur ancienne marionnette renversée en 2013. Agé de 74 ans, Bozizé déposera sa candidature à la présidentielle du 27 décembre 2020. Sa candidature sera invalidée le 3 décembre dernier. Il s'allie donc à Dologuélé, la marionnette en vogue de la France. 

À 6 jours de cette élection qui devrait offrir un nouveau mandat à Touadéra, la France tente de tout pourrir par l'intermédiaire de ses lieutenants Bozizé et des groupes armés qui sèment la guerre dans le pays actuellement. 

La Russie a envoyé 300 "instructeurs" militaires en Centrafrique pour aider l'armée nationale aux côtés de Touadera. Les USA de Donald Trump haussent une fois encore le ton et demandent à la Russie de s'expliquer et de préciser, dans un exercice de "transparence", ce que les 300 hommes sont partis faire sur le sol centrafricain. Plutôt sur le sol français de Centrafrique. 

L'enjeu géopolitique qui cache la vraie guerre économique que se livrent ces pays en terre africaine, notamment en Centrafrique saute aux yeux. Les populations africaines, encore largement endormies, souffrent et souffriront encore, puisque cette guerre économique va s'intensifier surtout dans cette période de crise sanitaire de coronavirus qui aggrave la crise économique que le capitalisme néolibéral génère. 
Les peuples qui habitent des territoires immensément riches mais totalement désorganisés et plongés dans la misère paieront un lourd tribut aux puissances mondiales qui se disputent et se disputeront encore plus violemment l'accès des matières premières stratégiques. 

En 2011, lorsque Laurent Gbagbo a été capturé par l'armée française sous la présidence de Sarkozy appuyé par Barack Obama, nous disions: "Tant que la France sera en Afrique, il n'y aura ni paix ni développement". La preuve est une nouvelle faite en Centrafrique où Touadera qui n'est pas un révolutionnaire gauchiste mais un réformiste libéral, c'est-à-dire quelqu'un qui tente juste de résoudre quelques problèmes basiques du pays se trouve violemment attaqué par la France et ses réseaux. 
Nous avons un grand travail à accomplir en tant que peuple pour arriver à libérer et reconstruire notre terre. Rien ne nous sera donné. Nous ne cessons de le clamer. 

Un pays dominé et qui ne s'est pas encore libéré ne peut considérer la Russie, une puissance qui joue sur la scène internationale un rôle stratégique, comme un partenaire. La présence d'un tel acteur sur un territoire dominé signifie que ce territoire se dote d'un nouveau maître. Les enclos coloniaux africains n'ont pas besoin de nouveaux maîtres quelles que soient les bonnes intentions et la bienveillance affichées de ceux-ci. Ni la Russie, ni la Chine ne sont en Afrique pour sauver les africains de leur misère. Ces pays défendent leurs intérêts économiques et politiques à l'instar des colonisateurs classiques. Cependant, à l'étape actuelle en Centrafrique, tout en étant lucide, le Mouvement pour la Libération Totale et la Reconstruction de l’Afrique (MOLTRA) soutient Touadera. Le MOLTRA soutient surtout le peuple africain de Centrafrique qu'il encourage à se mobiliser et à s'organiser pour vaincre toutes les forces impérialistes qui veulent une fois encore l'immobiliser pendant qu'il commence à sortir le nez de la boue françafricaine. 

Komla KPOGLI, S.G du MOLTRA, 25 décembre 2020 
Mouvement pour la Libération Totale et la Reconstruction de l’Afrique. 
Site officiel: www.moltra.org
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lundi 21 décembre 2020

2020: aucune victoire

Une année de plus est en train de finir sans que notre lutte ait remporté de victoire. Nous avons beaucoup bavardé, glosé, gueulé et théâtralisé sur Facebook, sur Whatsapp, sur Twitter et autres. Une nouvelle génération d’agitateurs coiffés de béret et de treillis de combat ou encore d’habits traditionnels africains s’est illustrée par du spectaculaire et du symbolique ici ou là, ravissant ainsi quelques applaudissements qui cachent mal notre état de faiblesse énorme face à la machine de guerre qui écrase notre peuple depuis si longtemps.

Concrètement, la vérité c’est que nous n'avons pas réussi à nous organiser, à nous structurer plus que par le passé pour lancer le grand mouvement populaire dont l'Afrique a besoin pour se relancer après cette longue nuit d'immobilisme ou plutôt de régression terrible. Sur le terrain, en matière opérationnelle, la peur collective est ce qui domine. De peuple premier, nous sommes sommes devenus le paillasson de l'humanité, humiliés, dévalisés et moqués par tous. 

En cette année 2020 finissant, les petits vassaux placés à la tête des enclos coloniaux africains abusivement appelés Etats africains se sont renforcés et ont renforcé le carcan contre nous un peu partout en volant encore plus les fameuses élections et en tripatouillant les fameuses constitutions pour s'éterniser sur leurs trônes coloniaux avec la complicité des Opposants accompagnateurs ou sans imagination. La misère s'est alourdie, des milliers de compatriotes ont fini encore noyés dans la Méditerranée, des guerres de pillage comme au Kongo, au Mali, en Libye sont toujours actives, de nouvelles guerres appelées "lutte contre le terrorisme islamiste", ce qui en réalité constitue la guerre économique, sont allumées et vont s'aggraver dans le futur, le chaos généralisé s'est approfondi, les cimetières ont été élargis, quelques constructions chinoises cachent la réalité de l'absence d'infrastructures adaptées sur nos terres, l'école coloniale africaine a produit encore plus d'aliénés, les outils de pillage comme Franc CFA, les accords commerciaux sont perfectionnés, l'Afrique s'enfonce davantage dans le néolibéralisme répressif qui se manifeste sur nos terres par une misère honteuse qui s’aggravera avec la ZLECA ( Zone de Libre Échange continentale africaine), nous ne sommes que l’ombre de nous-mêmes dans un monde impitoyable et qui dessine les traits d’un futur encore plus difficile pour les peuples désorganisés et affaiblis....Face à tout ceci, notre réaction est inexistante même s'il y a eu beaucoup d'agitations ici ou là. Et le coronavirus n’a fait qu’aggraver notre désorganisation, notre dispersion, notre apathie et notre indifférence.

Nous espérons que 2021 va nous pousser à nous organiser, nous organiser et nous organiser encore et toujours. Nous avons besoin absolument de forger les outils et les moyens de la grande bataille populaire qui nous attend pour libérer et reconstruire notre Afrique. Sans ce travail de base, rien ne se fera et nous risquons de passer 2021 comme nous sommes en train de finir 2020. 

Les défaites de 2020 doivent absolument nous pousser à plus d’intelligence, à plus de détermination pour acquérir plus de connaissances sur les lois qui régissent l’Histoire et les actions qui ont toujours fait passer des peuples dominés et écrasés de leur état de servitude à l’état de renaissance sous un leadership radicalement patriote.

 Komla KPOGLI, S.G du MOLTRA, 20 décembre 2020

samedi 3 octobre 2020

Non à l’instrumentalisation des revendications des LGBT

Depuis les « Lumières », pas mal de questions sociales et économiques se sont posées à l’Europe, notamment celle portant sur l’égalité entre les hommes et les femmes. Cette question n’est pas totalement résolue même si des évolutions importantes ont été accomplies dans de nombreux domaines, notamment celui des droits des LGBT.

Sur le continent africain, ce chantier de l’égalité est, parmi tant d’autres, l’un des chantiers les plus importants. L’Afrique dont le passé est meurtri par les razzias négrières et le colonialisme, la question existentielle reste prioritaire. Ce qui ne veut pas dire que ces mêmes questions d’Egalité à tous les niveaux ne se posent pas. Mais, elles ne se posent pas de la même manière qu’en Europe, une terre industrialisée, indépendante qui a résolu pas mal de ses problèmes par son propre génie mais aussi  en pillant les terres du Sud. C’est là même une des manifestations de son génie. 

 

Le passé colonial de l’Afrique et la mainmise du continent européen et de l’impérialisme américain sur les richesses africaines, y créant, par conséquent, une dépendance économique, politique, sociale et culturelle sont des obstacles à toutes les revendications égalitaires y compris celle des LGBT. Toutes ces revendications sont réprimées par des régimes mis en place et nourris par l’Occident. Ces dernières années, de nouveaux acteurs viennent s’ajouter au vieil impérialisme occidental pour renforcer cette confiscation démocratique violente et enfermer les populations africaines dans une situation d’immobilisme, mieux de régression sur beaucoup de plans.

C’est dans ce contexte que se pose donc la question des droits de la communauté LGBT qui, vu les évolutions, a toute sa place en Afrique. Mais, en aucun cas, on ne peut traiter cette question en dehors de la complexité culturelle de la société africaine. Fort heureusement, l’homosexualité et les droits des LGBT, aujourd’hui en Afrique, fait l’objet de discussion naturelle à l’intérieur des groupes organisés, des associations et des partis politiques ou autres. Ces discussions qui font leur chemin, commencent à avoir un écho sur le terrain de sorte que les mentalités évoluent . Elles n’ont pas besoin d’être bousculées de sorte que des étapes soient brûlées. Tout changement social qui se fait aux forceps génère des drames. L’Afrique n’en a plus besoin. 

 

Voilà pourquoi, nous, associations, partis, organisations...devons aider notre société à multiplier les espaces de discussion sur ce sujet de société, de manière sereine, ouverte, tolérante et démocratique, car celle-ci fait partie intégrante de la grande question de l’émancipation de la société africaine dans sa globalité. Nous ne cesserons de le clamer, c’est aux africains et à eux seuls qu’il revient de résoudre ce sujet.

 

Toutefois, dans un monde aussi globalisé où des interconnexions de tous genres ne cessent de se tisser, il est illusoire de penser que des influences extérieures ne vont pas s’exercer sur les africains comme c’est le cas dans bien d’autres domaines. Aussi bien des individus que des associations externes affichent et afficheront leur solidarité avec cette communauté. Mais cette solidarité doit s’exprimer dans le respect des spécificités de chaque société. Ce que l’Afrique rejette, vu son passé et sa dépendance actuelle, c’est toute ingérence, à coups de chantages et d’injonctions d’ordre colonial, dans ses affaires internes à tous les niveaux. 

 

On a vu dans beaucoup de pays africains y compris même en Europe que les revendications légitimes des LGBT sont instrumentalisées à des fins politiciennes par la bourgeoisie et ses divers agents. C’est le cas par exemple de David Cameron, en 2011, qui imposait la légalisation de l’homosexualité comme condition à « l’aide au développement ». Depuis lors, d’autres dirigeants occidentaux lui ont emboité le pas sur un ton encore plus infantilisant envers l’Afrique et ses peuples. Ce type d’injonctions n’est pas bénéfique pour la communauté LGBT en Afrique, car elle est perçue comme une pression extérieure sur une question sociale qui appelle, il faut le redire, la participation de la société elle-même et dans son ensemble pour une approche plus juste et égalitaire entre toutes ses composantes. 

 

L’émancipation des LGBT est une question intrinsèquement liée à la lutte des peuples africains pour leur émancipation; une lutte sans cesse pour la démocratie et l’indépendance de l’Afrique envers toutes les forces colonialo-impérialistes ...

 

En tant que syndicaliste, nous rejetons catégoriquement toutes les sortes d’instrumentalisation de la juste cause des LGBT. Nous ne sommes pas dupes : nous voyons très bien comment quelques personnes, refusant le débat démocratique dans des organisations censées être démocratiques, manipulent et instrumentalisent sans scrupules une cause comme celle-ci, et bien d’autres encore.

 

Si des organisations syndicales, politiques ou de la société civile, en Europe et en Occident d’une manière générale veulent aider d’autres sociétés, notamment les africains sur la cause des LGBT, elles devraient s’inscrire, aux côtés des panafricanistes authentiques, dans le combat d’émancipation qu’ils sont en train de mener à tous les niveaux pour la libération et la reconstruction de l'Afrique où les libertés et l’Egalité sont respectées, en mettant la pression sur leurs propres gouvernements qui n’arrêtent pas de soutenir et d’imposer des régimes dictatoriaux, défenseurs sanguinaires des intérêts de la bourgeoisie contre les peuples opprimés. C’est en faisant cela que ces organisations gagneraient de la crédibilité. Pas en procédant par instrumentalisation et par manipulation d'une cause juste dans le but de refuser l’examen de leurs propres faiblesses et contradictions lors d'un débat démocratique sain et revitalisant que certains de leurs dirigeants rejettent par un autoritarisme qui, juste avant d'être confronté à l'appel concret au débat, s'attribuait le qualificatif d'une démocratie.

 

Komla Kpogli, syndicaliste, Unia

mardi 11 août 2020

La lutte doit être totale.

 La dette encore et toujours. Il faudra tenir une chronique. Nous l'écrivions le mois dernier: il ne se passe un mois sans que le système Franco-Gnassingbé ne tende ses mains ensanglantées vers l'extérieur pour quémander quelques milliards de Francs des Colonies françaises en Afrique, rebaptisés malicieusement Francs de la Communauté financière africaine. 

Tellement ce territoire est asséché, car pillé, dévalisé et vidé de ses biens depuis 1963, année où la France et ses amis ont fermé la petite parenthèse de 3 ans ouverte par des patriotes africains du Togo qui voulaient son "indépendance". Le 13 janvier 1963, la France fit assassiner par le mercenaire Georges Maitrier du SDECE (Service de documentation extérieure et de contre-espionnage), Sylvanus Olympio, leader de ce mouvement patriotique. Depuis lors, le saignement n'a été aussi abondant sous la vassalité d'un groupuscule de criminels se reproduisant de père en fils formés à l'école du crime colonial. Des milliers de milliards sont volés chaque année par cette racaille interne et externe qui, tel un épervier volant un poussin qu'il va dévorer loin des lieux du crime, emporte son butin dans les paradis fiscaux occidentaux.
Aujourd'hui, ce territoire est complètement anémié. Voilà pourquoi, le régime tend continuellement la main mendiante. Et à chaque fois, les services de propagande de ce régime présente cette récurrente mendicité augmentant la dette du pays comme un "succès foudroyant", "un sans faute", "une énorme réussite" d’une opération qu'il nomme joliment "mobilisation de l'épargne des personnes physiques et morales en vue d'assurer la couverture des besoins de financement du budget de l’Etat." De quel Etat parle-t-on? La carcasse d'appareil colonial qui immobilise les masses populaires et le territoire depuis 57 ans: voilà l'Etat africain.
La situation est tellement catastrophique pour des populations affamées, assoiffés et privées de tous les soins primaires dans ce territoire où les cimetières ne font que s'étendre. Les banques commerciales, constatant l'absence de l'épargne des africains du Togo totalement appauvris, ne prêtent actuellement qu'à des conditions très dures notamment à des taux usuriers entre 10 et 15% au minimum et sur présentation d'une garantie financière allant d'un dépôt d'une somme importante au dépôt d'un titre foncier.

Face à une telle situation, les africains du Togo ne peuvent plus, ne doivent plus continuer à attendre un sauveur. Ils doivent s'organiser, se dresser pour asséner le coup de poing proportionné à ce système qui continuera à les appauvrir et à assassiner toute personne qui oserait émettre la moindre critique sur cette mafia locale mise en place par une pègre internationale. Si les africains du Togo attendent la réforme de ce système par ses animateurs ou bien à la suite de l'accession au pouvoir colonial par des opposants institutionnels qui ne sont que de pâles copies des premiers, eh bien, les africains de ce territoire finiront par tomber raide morts après avoir, sans cesse, été tournés en rond le ventre vide.

L'histoire des peuples dominés, notamment celle de beaucoup de pays asiatiques hier sauvagement maltraités et allègrement pillés par la "civilisation" est là pour nous renseigner sur ce qu'est un processus de libération et de reconstruction. Il est fait de travail acharné de mobilisation, d'organisation, de structuration et conduite des masses populaires conscientes et formées par un leadership radicalement patriote qui a compris qu'on ne combat pas le système colonial à moitié et que des victoires d'étape n'existent pas face au colonialisme. Soit le colonialisme est là et le peuple n'existe, soit le colonialisme est détruit et le peuple revit et existe. Moitié esclave moitié libre, ça n’existe pas.

Ceux qui pensent et véhiculent l'idée qu'on peut faire cohabiter les intérêts et les personnes qui travaillent pour le système colonial sur nos terres et les intérêts et donc, la satisfaction des besoins de notre peuple, dans une sorte de "coexistence pacifique d'intérêts contraires des faibles et des forts" encadrée par des « normes démocratiques » ne doivent pas savoir de quoi ils parlent. Ils doivent absolument se renseigner auprès de l'Osagyefo, Kwame Nkrumah, un des panafricanistes les plus lucides et les plus dévoués depuis sa jeunesse, qui, malgré toute sa lucidité, a fini par être emporté, sous les ovations d'un peuple perdu et automutilé par la propagande systémique faisant de tout patriote un dictateur, par un coup d'état piloté par les services britanniques et Etats-Uniens le 24 février 1966 à force de jouer finement. 

La lutte doit être totale. Sinon, c'est perdue d'avance. Le MOLTRA (Mouvement pour la Libération Totale et la Reconstruction de l'Afrique) est fait pour cela. Il vous appelle au rassemblement agissant.

Komla Kpogli, S.G du MOLTRA

jeudi 6 août 2020

Togo: Ils ont trahi qui au juste?

Les opposants togolais n’ont trahi personne. Ils ont été cohérents jusqu’au bout. Ce sont des togolais politiquement incultes qui se sont eux-mêmes mis dans la tête qu’ils avaient en face d’eux des libérateurs là où ils devraient voir des réformistes opportunistes, querelleurs et sans aucun plan pour arriver à leur fameuse idée de « réforme, changement, alternance ou de transition» en face d'une tyrannie héréditaire de type colonial qui ne gouverne depuis 1963 que par la violence et la corruption et leurs variantes. Ce sont des togolais eux-mêmes qui, à la recherche d'une solution abrégée, limitant les dégâts se sont enfermés dans le culte des partis politiques et de leurs soi-disant leaders alors qu'ils devraient s'élever au patriotisme organisé et agissant. On a fait du "partisme" là où tout nous indiquait la voie du patriotisme. Il est temps de le dire aussi clairement que possible.

A force de fermer les oreilles sur les idées les plus adaptées émises par des enfants les plus lucides de ce pays pour ne suivre que les tapageurs et les m’as-tu-vu gueulards armés de sophismes politiques, on aboutit au chaos que nous avons en face de nous aujourd'hui. Chaque choix produit un résultat logique. Chaque chemin mène à un pays donné. Emprunter la voie du faux ne peut conduire au pays du vrai. Voilà pourquoi chacun doit maintenant se poser les bonnes questions: est-ce que j’ai bien écouté et compris vraiment ces gens? Est-ce que j’ai pu attentivement lire, écouter et approcher d’autres idées? A présent, est-ce que je suis prêt à ouvrir mes oreilles, mes yeux et mon cerveau pour écouter et apprendre ou bien je vais rester là à pleurnicher sur le passé en maudissant les soi-disant leaders qui nous auraient trahis?
De toutes les façons, croiser les bras et pleurnicher tout le temps ne fera qu’ouvrir davantage la voie de la continuité à ce régime qui n’a rien à foutre des larmes étant donné qu’il fait couler depuis 57 ans le sang. Ce régime qui jusque-là marchait sur un boulevard est en train d’emprunter une voie royale, tellement il ne trouve plus aucune menace concrète devant lui. Pourtant, c’est là une faute de jugement de la part de ses animateurs. Les patriotes vont émerger sur le cadavre en décomposition de l’électoralisme, du dialoguisme et du réformisme aigus dont les togolais, dans leur immense majorité, ont souffert jusqu’ici. Il sera alors question de construire, nous disons bien C-O-N-S-T-R-U-I-R-E un véritable mouvement de libération de libération nationale fondé sur deux axes: un plan de lutte et un plan de reconstruction du pays après sa libération.

Nous faisons partie de ceux qui ont analysé de longue date la guerre psychologique que ce régime et le système qui l’impose nous livrent. Nous avons, dans l’indifférence totale, dans le mépris et dans la mise à l’écart savammment orchestrée, prescrit pas mal de solutions qui sont plus que jamais valables. Pendant que le Moltra parlait de lutte de libération, tous les vendeurs d’illusion parlaient de « changement », « d’alternance », de « transition»...Aujourd’hui, ils ont presque tous adopté l'expression « Lutte de libération », oubliant que les mots ont un sens et un contenu. Lorsque vous posez la question de savoir quels sont les éléments constitutifs et les conditions à remplir pour mener une telle lutte à la victoire, ils sont incapables de donner le moindre élément ou bien ils se perdent dans des explications amphigouriques démontrant ainsi qu’ils ont copié le vocabulaire sans en connaître le sens. Tout est donc question de copie, de superficialité et de bluff ici. 

Le régime RPT et le système colonial qui le porte n'ont jamais eu autant d'opposants, de combattants qu'actuellement. Mais, la réalité c'est que tout ceci n'est que de l'opposition folklorique et de combats proclamatoires. Aucune des conditions conceptuelles, organisationnelles, structurelles, stratégiques et tactiques du combat véritable n'est mise en place. Le terrain échappe totalement à cette lutte qui lutte pour lutter et dont la caractéristique principale c'est de mettre à l'écart toutes les personnes susceptibles d'aider à traiter ses faiblesses innommables et multisectorielles. Même quand ces personnes, dans un élan patriote, se mettent à disposition ou vont jusqu'à prendre contact avec les fameux lutteurs et combattants, ils refusent de les écouter et les ignorent royalement.

C'est dans ces circonstances que l'on entend que les togolais ne répondent pas aux appels à manifester. Il ne s'agit pas de lancer des appels...aux togolais à manifester. Les "manifestations" ne sont pas adaptées à un régime héréditaire de type colonial dont l'existence même est la négation du peuple. Il s'agit, par conséquent, de CONSTRUIRE un mouvement de libération sous la forme d'un Tsunami populaire menant les masses populaires actuellement, au sol, écrasées et apeurées au sommet de la puissance retrouvée. Former, Organiser, Structurer et Conduire l'action planifiée, voilà ce dont il est question. Ce travail là n'est pas un jeu de loto. C'est une science. A ce titre, il n'est pas à la portée de n'importe qui. Renseignons-nous un peu auprès de l'Histoire. Elle qui n'est jamais avare de leçons nous apprendra véritablement ce que les peuples dominés et écrasés ont toujours fait avant de se redresser à la suite d'efforts titanesques de reconstruction. Nous verrons alors que nous n'avons rempli, pour le moment, aucune des conditions de succès face à ce système et le régime qu'il nous impose. Les agitations, l'espérance en un miracle un jour, les actions improvisées, s’inventer des Sauveurs chaque année ou chaque 5 ans à la veille de parodies d’élections, attribuer le qualificatif de leader à chaque crieur sur WhatsApp ou sur Facebook.....comme pour échapper à la rigueur du travail méthodique et discipliné... ne peuvent pas remplacer l'obligation incontournable d'une Organisation douloureuse et patiemment bâtie pour asséner le coup de poing fatal au RPT et ses alliés locaux et internationaux. Sans préparation, sans entrainement appliqué, sans travail fondé sur un plan de jeu où chacun joue à sa place, même la plus grande des équipes perd un match. 

Le togolais doit fondamentalement se remettre en question, doit devenir plus dense, plus sérieux, plus discipliné et plus préoccupé de profondeur que de l’apparence, plus attaché à demain qu’à aujourd’hui. Ce n’est qu’à la suite de cela qu’il pourra apprendre et réunir les conditions pour une lutte victorieuse face à ce système. Sans cela, c’est Fayikoooooooo. 

Komla Kpogli, S.G du Moltra

vendredi 3 avril 2020

Coronavirus: Une formidable occasion de faire bouger les choses

A ceux qui doutaient, le Coronavirus démontre clairement qu’il n’y a pas d’Etat en Afrique. Ce constat est ce qui fonde le MOLTRA (Mouvement pour le Libération Totale et la Reconstruction de l’Afrique). Cela fait 20 ans que nous disons que nous n’avons pas (encore) d’Etat en Afrique et que ce que les métayers abusivement appelés dirigeants mais aussi des populations égarées dénomment Etats ne sont rien que des enclos coloniaux qui doivent être démolis avant toute autre chose. 
Tant que ces enclos coloniaux, avec à leur tête des voyous qui s’attribuent des qualificatifs creux de chefs d’Etat, Excellences ou Présidents de la République, restent et resteront, nous Africains sommes voués à toutes sortes de danger. La plus minime des risques représente et continuera de représenter pour nous africains des catastrophes tant que le décor africain restera fleuri de ces anomalies géographiques, institutionnels, juridiques, politiques et économiques. 

Le Covid 19 déshabille ces enclos, dénude l’élite coloniale qui prétend les diriger depuis les légendaires indépendances africaines et nous offre ainsi, à nous peuple d’Afrique, une formidable occasion de nous organiser enfin pour mettre fin à cette situation qui n’a que trop duré. Ce n'est pas une question du Franc CFA. Ce n'est pas une question de religions. Ce n'est pas une question de luttes internes soi-disant intertehniques. Ce n'est pas une question de l'école africaine. Ce n'est pas une question d'élections avec son incantation appelée Alternance ou Changement. Toutes ces questions que nous avons méthodiquement étudiées au MOLTRA depuis des années et des années, ne sont que des conséquences de la perte de la maîtrise physique de notre espace. L'histoire des peuples dépend de l'influence qu'ils ont sur leur géographie. 

Notre continent est le cœur géographique et géoéconomique du monde. Il est pourvu de tout ce qu’il faut pour être une puissance incontestée et incontestable dans ce monde. Mais, il en est exclu et il est couvert de honte à cause des plaies millénaristes qui lui sont infligées et qui n’ont jamais été soignées par ses enfants les plus lucides, les visionnaires et les plus patriotes. 

Compatriotes africaines, africains : l’heure a sonné ! Rejoignez-nous au MOLTRA pour qu’enfin, un véritable tsunami populaire soit levé partout, dans tous les enclos coloniaux abusivement appelés Etats africains dans le but de reconquérir notre terre et d’entamer sa reconstruction sur la base d’une Renaissance planifiée. Ceci est une entreprise difficile qui va nous coûter des larmes et de la sueur mais quel peuple sur cette terre s'est construit sans cela? C'est l'unique chemin que l'Histoire a montré aux peuples dominés: mener la douloureuse lutte de libération de manière organisée et entamer la pénible mais revigorante reconstruction.


Komla KPOGLI, S.G du MOLTRA

samedi 1 février 2020

Komla Kpogli : « Détruire la peur et la méfiance érigées entre Togolais par le régime Franco-Gnassingbé »

Interview de Komla Kpogli au journal L’Alternative N°859 du vendredi 24 janvier 2020
Connu pour sa franchise, le Secrétaire général du Mouvement pour la libération totale et la reconstruction de l’Afrique (MOLTRA), Komla Kpogli dit ici, dans cet entretien, ce quil pense des élections au Togo et spécifiquement de lélection présidentielle du 22 février 2020.
Propos recueillis par la Rédaction.

Bonjour Komla Kpogli, vous êtes SG du Mouvement pour la libération totale et la reconstruction de l’Afrique (MOLTRA). Quelle analyse faites-vous de la situation politique actuelle au Togo ? 


Komla Kpogli (K.K): Rien ne change. Après l’assassinat de Sylvanus Olympio, le 13 janvier 1963, par la France et ses petits couteaux togolais, le Togo est livré à une situation de terreur sans cesse renouvelée. La situation politique du Togo relève donc de la continuité coloniale dans laquelle tout le continent africain se trouve depuis les fausses indépendances octroyées par les colonisateurs qui avaient pris le soin de neutraliser et de liquider très rapidement les véritables leaders pour une véritable indépendance, remplacés par des marionnettes issues des rangs de l’armée coloniale ou des écoles coloniales locales et métropolitaines. Équipées d’une machine de répression et de corruption, ces marionnettes qui se reproduisent depuis lors, ont pris en otage les populations africaines. Le Togo des Gnassingbé et de leurs copains s’inscrit parfaitement dans cette tradition que les colonisateurs français ont appelé « une élite indigène formée dans le but de continuer l’œuvre coloniale entamée par les missionnaires et les administrateurs européens. »
Cette situation politique est méthodiquement ou brutalement construite dans un but économique très clair : garder une mainmise sur les richesses du pays en faveur des multinationales des pays colonisateurs et en faveur de cette minorité locale qui agit comme des métayers prenant leur part de la moisson. Le pays produit d’énormes richesses minières, minéralières, maritimes, agricoles. La dette du Togo est passé de 310 milliards fcfa en 1991 à 2300 milliards fcfa en 2019. Où est passé cet argent quand on voit l’état des routes, des écoles, des hôpitaux, des conditions de vie et de travail des paysans, des infrastructures de nos villages, de nos villes, des universités, et la vie des fonctionnaires ?

Le Togo se prépare à organiser le 22 février prochain l’élection présidentielle. Votre avis sur ce scrutin. 

K.K : Nous avons fait des recherches dans toute l’Histoire de l’humanité depuis la haute Antiquité. Jamais un gouvernement héréditaire de type colonial n’a organisé des élections. Des mascarades électorales violentes par contre, oui. Les togolais auront donc une nouvelle mascarade électorale violente en lieu et place d’une élection.
Le Togo sous le régime Franco-Gnassingbé a organisé depuis 1993 des mascarades électorales sanctionnées par des morts, des blessés, des exilés forcés, des viols, des destructions de toutes sortes pour s’imposer au choix populaire exprimé dans les urnes. Tout le monde a vu ce qui s’est passé au Togo lors des 6 rendez-vous électoraux des présidentielles en 1993, 1998, 2003, 2005, 2010, 2015. Il en est de même pour des législatives. A chacune de ces légendaires élections, le régime RPT qui se fait appeler maintenant UNIR a perdu sèchement dans les urnes. Les togolais ont toujours voté pour une « alternance » en vue d’une reconstruction du pays. Comme une tyrannie héréditaire de type colonial ne se fonde pas sur la volonté populaire qui est son ennemi mortel, les Gnassingbé 1er et 2ème et leurs alliés ont toujours ignoré les urnes et imposé leur volonté propre en activant tout le temps la violence et la corruption. La comédie électoraliste du 22 février 2020 s’inscrit nettement dans cette logique. Il n’y aura pas élection présidentielle mais mascarade présidentielle le 22 février 2020. Le RPT s’en fout de ce que les togolais diront dans les urnes. Il  attend juste l’épreuve de force qui aurait lieu dans les rues pour, une fois encore, forcer le passage. 
En novembre 2019, le RPT et ses petites béquilles réunis dans ce qu’ils appellent l’Assemblée nationale ont voté une loi de finances rectificative portant le budget national voté en décembre 2018 de 1457 milliards fcfa à 1498 milliards fcfa, soit 41 milliards de plus. Tous les budgets relatifs à l’éducation, à l’eau, à la santé, aux transports avaient été baissés. Seul le budget militaire a reçu une augmentation de 38 milliards fcfa sur les 41 milliards. Soit une augmentation d’environ 62% qui le fait passer de 61,945 milliards fcfa à 99,945 milliards. Les électoralistes forcenés doivent se poser la question du pourquoi de cette augmentation du budget militaire à la veille d’une année électorale. Là est la nature véritable du régime.
Voilà pourquoi ceux qui s’activent pour conduire une nouvelle fois le peuple togolais sur cette fausse piste électoraliste devront rendre des comptes à l’Histoire.

  
Faure Gnassingbé, comme il fallait s’y attendre, s’est déclaré candidat à cette élection. Êtes-vous surpris et que pensez-vous de cette candidature ?

K.K : Le RPT n’a pas modifié la Constitution, mis en place une CENI sur mesure, installé une Cour constitutionnelle maison,  quadrillé le pays par un dispositif militaro-policier et piégé son opposition institutionnelle avec des élections locales truquées pour que Faure Gnassingbé ne soit pas candidat. En réalité, par cette candidature, Faure Gnassingbé et ses amis ont adressé officiellement aux togolais un message sans aucune ambiguïté le 7 janvier dernier: ils conservent le pouvoir. En se déclarant candidat ce jour-là, Faure Gnassingbé a dit solennellement qu’il reste au pouvoir. Dans son esprit et celui de ses amis et courtisans réunis dans cette salle, le 22 février 2020 c’est juste une formalité. Ils pensent déjà à 2030 sur comment réécrire la fameuse constitution si d’ici là Faure Gnassingbé est toujours vivant et jouit d’une bonne santé.  Voilà pourquoi, il faut redire qu’un système comme celui des Gnassingbé ne peut organiser des élections. L’Histoire démontre à suffisance que l’élection n’est pas la solution adaptée à un problème colonial. Nous défions quiconque pouvant nous apporter un seul exemple dans l’histoire de l’humanité où un régime tyrannique héréditaire de type colonial a été défait par des élections dont l’organisation relève de sa compétence. C’est une absurdité que des togolais se laissent conduire de manière répétée dans cette voie par une opposition institutionnelle en mal de repères historiques, stratégiques et intellectuelles. La voie adaptée au système Franco-Gnassingbé est donc populaire par la mobilisation, l’organisation, la formation, la structuration des masses populaires autour de la seule et unique idée d’une révolution sous la forme d’un puissant Tsunami populaire contre lequel aucun bastion tyrannique ne peut résister. C’est là la clef contre ce régime. Toute autre considération n’est que fuite en avant et manifestation d’un désir illusoire de trouver un raccourci menant à la liberté. Les togolais n’échapperont pas à cette loi incontournable de l’Histoire qui impose aux peuples dominés l’obligation d’une douloureuse mais salvatrice lutte de libération.

La Cour Constitutionnelle a validé les candidatures. 6 leaders de l’opposition prennent part à ce scrutin. Quelle analyse vous en faites ?

K.K : Il n’y a qu’en Afrique qu’on peut voir des gens considérés comme des leaders d’Opposition vendre et revendre la fausseté selon laquelle un problème de colonisation peut être résolu par des élections. Des élections dont l’organisation est absolument maîtrisée, de bout en bout, par les régimes en place par l’intermédiaire d’un appareil répressif appuyant une gigantesque machine à fraude alimentée par une loi électorale taillée sur mesure, un fichier électoral truqué, une justice constitutionnelle misérablement inféodée, des bureaux de votes fictifs...etc. Ces fausses élections sont organisées au Togo au nez et à la barbe de ces opposants institutionnels qui, depuis 30 ans, s’interposent entre le régime Franco-Gnassingbé et les masses populaires qu’ils font balader d’impasse en impasse allant de fausses élections aux faux dialogues en passant par des contestations-manifestations mal ficelées qu’une répression du régime vient très rapidement neutraliser. Puis, on recommence le même cycle. Les togolais doivent, à présent, se détourner de ce schéma pour prendre leurs propres responsabilités devant l’Histoire. 

Est-il encore utile de prendre part à un scrutin dont toutes les structures d’organisation sont aux mains du régime ?  

K.K : Le régime respecte son agenda. C’est son droit le plus absolu. Encore une fois nous disons que l’élection, plus précisément la mascarade électorale, n’est pas la solution adaptée au régime Franco-Gnassingbé. Ce régime a le secret de fabrication de ses fausses élections. Sinon depuis 1993 déjà, le Togo aurait connu « l’Alternance ». Que des politiciens commerçants veuillent aller à ces fausses élections, libre à eux. Ils ont des raisons propres à eux d’y aller. Mais, les masses populaires, elles, doivent se déconnecter de l’agenda de ce régime et de son opposition institutionnelle qui l’accompagne dans ses manouvres criminelles. Les togolais ne doivent pas se laisser entraîner pour longtemps encore sur ce chemin électoraliste que l’Histoire n’indique absolument pas aux peuples dominés et soumis. Notre peuple doit enfin ouvrir les yeux pour s’inscrire dans la réalité historique de tous les peuples neutralisés et anéantis sur une période plus ou moins longue de leur parcours terrestre par une tyrannie placée à leur tête par des puissances étrangères avec le soutien d’une minorité locale antipeuple. Aucun de ces peuples ne s’en est sorti par des élections, par des dialogues, par l’attente d’une réforme sous la houlette d’organisations sous-régionales ou internationales, par la prière et le jeûne ou le carême, par l’espérance illusoire d’une conversion du tyran en un homme normal ayant des sentiments tels que la pitié et l’amour du peuple. Ces peuples-là n’ont pas confié leur sort et leur destin à des aventuriers de tout acabit. Ils n’ont ni attendu Dieu, ni Allah. Ils n’ont pas passé leur temps à pleurnicher que tel ou tel opposant les a trahis ou à faire de savants calculs à longueur d’années et à attendre un chevalier blanc chargé de les délivrer. Bien au contraire, dans un élan patriote ponctué de grands et héroïques sacrifices, ces peuples ont courageusement pris la décision de sortir de la peur qui les a jusque-là tétanisée ainsi que du mur de la méfiance que les dominateurs ont érigé astucieusement entre les différentes composantes de ces peuples pour affronter victorieusement la tyrannie. Les togolais, les africains n’échapperont pas à cette réalité historique s’ils envisagent de reprendre la maîtrise de leur espace géographique en vue de reconstruire leur histoire pour redevenir un grand peuple. Ils ont intérêt à examiner très lucidement, et le plus tôt c’est le mieux, l’histoire des peuples devenus de grandes puissances (Les colonies américaines libérées des Anglais pour devenir les États-Unis d’Amérique ; la France libérée des rois dictateurs ; l’Allemagne libérée des petits gouverneurs manipulés de l’extérieur ; l’Italie libérée des dictateurs ; la Chine libérée des brigands chefs de guerre dirigés de l’extérieur....) après s’être libérés des tyrans obscurs qui les régentaient pour en tirer des leçons pour eux-mêmes. Autrement, les togolais, les africains resteront ce petit peuple accroché à la remorque des autres qui leur dictent ce qu’ils doivent être et ce qu’ils doivent faire tout en étant dans un état de misère dynamique sur des terres pourtant scandaleusement riches. L’Histoire est impitoyable avec les peuples qui retardent leur libération par leur propre effort. 


Quelle analyse faites-vous de l’opposition togolaise dans son ensemble ? 

K.K : L’opposition institutionnelle au Togo, comme dans tous les autres enclos coloniaux en Afrique abusivement appelés États africains, est née dans les parages des années 1990. Sans rien oublier des difficultés énormes que leur posent les tenants actuels du pouvoir colonial, il faut dire que l’ambition de la plupart des opposants institutionnels c’est de conquérir le pouvoir colonial et de l’exercer dans les limites géographiques fixées à l’Afrique depuis la conférence de partage de Berlin en 1884-1885 et dans  les normes institutionnelles, politiques, économiques, sociétales, culturelles, spirituelles et philosophiques ordonnées aux africains depuis les razzias négrières arabo-musulmanes et surtout transatlantiques, c’est-à-dire depuis la Mondialisation occidentale. Les opposants institutionnels veulent être calife à la place du calife. Seuls quelques rares personnes au sein de ces oppositions institutionnelles africaines ont comme projet la déconstruction du cadre colonial africain en vue de reconstruire un nouvel environnement socio-économique et politique autour des valeurs africaines à redécouvrir depuis l’Égypte antique pharaonique, la plus brillante réussite des Africains.
Les opposants institutionnels africains pensent à la prochaine élection alors qu’il fallait penser la prochaine génération ou même le prochain siècle. Fiers de leurs cursus scolaire colonial, ils sont pressés de jouir du pouvoir colonial. Ils veulent ici et maintenant un retour sur investissement. D’où les faux chemins qu’ils prescrivent aux peuples tout le temps. Devons-nous vraiment porter un jugement sur ces gens ? Pas vraiment, puisque l’histoire les a déjà jugés et condamnés. Leurs résultats parlent pour eux. Beaucoup de ces gens ont agi et agissent comme ils ont pensé et comme ils pensent. Ils continueront dans cette logique. Ils font partie de « l’élite indigène » qui raisonne en termes de changement et d’alternance et non en termes de renaissance et de reconstruction du pays. Le temps d’une alternative radicalement visionnaire et armée des lois de l’Histoire doit sonner en vue d’une réorientation des masses populaires qui n’en peuvent plus d’attendre dans cette opposition où il n’y a rien à attendre, en fait.  


Selon-vous, comment peut-on relancer la lutte contre la dynastie Gnassingbé ?

K.K : Nous avons une large production de vidéos sur Youtube, sur Facebook et un nombre incalculable d’articles sur des sites internet où nous indiquons la voie. Celle que l’Histoire montre aux peuples dominés et soumis qui veulent vraiment renaître. Il n’y pas d’alternative à la voie populaire face au régime Franco-Gnassingbé. Cela veut dire qu’il faut redéfinir la nature de ce régime en la considérant depuis son acte de naissance entachée du sang de Sylvanus Olympio. Ce régime a capturé l’idée de l’indépendance du pays par ce fait criminel fondateur. Cette redéfinition du régime a pour finalité de lui attribuer un nom. Et ce nom c’est une tyrannie héréditaire de type colonial. A partir de ce nom, on parvient à déceler comment fonctionne réellement ce régime dont la stratégie est la conservation du pouvoir colonial par deux instruments incontournables à savoir la Violence militaro-policière et  milicienne d’une part, et l’Argent d’autre part. A partir de la découverte de ces deux moyens fondamentaux qui lui permettent de vivre et de survivre à tous les coups ( la violence et la corruption), il devient évident qu’on ne peut plus considérer ce régime comme un pouvoir classique qui serait en crise ou un partenaire égaré accidentellement avec qui il faut « dialoguer », aller aux « élections », tenter des « réformes institutionnelles et constitutionnelles » en prétendant le ramener à la raison... Ce régime pratique depuis 57 ans la stratégie du fou avec le peuple togolais noyauté par une opposition institutionnelle à qui il fait croire à des moments précis qu’il est prêt à faire des concessions, à lâcher du lest ou à faire des réformes. Il gagne du temps et casse astucieusement les dynamiques populaires en cours par des appels au dialogue ou à des élections avant de relancer la machine à violence. 
On ne réforme pas les fers, on ne dialogue pas avec une tyrannie et on ne défait pas la colonisation par l’élection. Si ces fausses solutions sont découvertes enfin comme inadaptées à notre problème, alors, loin des agitations, dans un calme puissant et résolument déterminé,  chaque togolaise et chaque togolais doit s’engager dans une démarche patriote de construction d’un mouvement de libération du pays et de sa reconstruction. 
C’est un travail de chacun et de tous de mobilisation, d'organisation, de structuration des masses populaires dans les quartiers, les villages, les villes, les préfectures, les régions qui doit absolument démarrer en dehors des partis politiques électoralistes, dialoguistes et inutilement querelleurs. Il n'y a rien à attendre de la fameuse élection présidentielle du 22  février 2020, une nième mascarade du RPT. Candidat unique ou candidats multiples de l'opposition institutionnelle, candidat transfuge du RPT ou pas, Monseigneur Kpodzro ou pas, Faure Gnassingbé et sa cour n'en ont rien à cirer. Ils ont leur CENI, leur fichier électoral, leurs bureaux de vote fictifs, leurs observateurs, leur cour constitutionnelle, leurs résultats déjà fixés. Le tout appuyé par leur armée dans l'armée. C'est ça la réalité.
Par conséquent, chaque patriote du Togo où qu'elle soit, où qu'il soit sur cette terre, doit se mettre au travail et se mettre en lien avec d'autres togolais animés par la douleur de voir le pays dans cet état de destruction et de souffrance depuis 57 ans. Cela demande que nous, togolais brisons absolument le mur de la méfiance et de la peur construit depuis de nombreuses années entre nous pour éviter que nous nous retrouvons et convergeons sur l'idée de PATRIOTISME, condition sine qua non de l’action libératrice disciplinée. Il faut créer un autre état d’esprit populaire dans le pays. Nous insistons là-dessus : détruire la peur et la méfiance entre togolais érigées par le régime Franco-Gnassingbé. L’objectif de ce nouvel élan c’est de construire le Tsunami populaire, seule arme que craint et redoute ce système tyrannique héréditaire de type colonial. Ce régime ne craint rien si ce n’est le peuple organisé et soulevé et qui n’a plus peur de payer définitivement le prix de sa libération. Voilà pourquoi, ce régime fait tout pour maintenir la peur et la méfiance entre togolaises et togolais aussi bien à l’intérieur qu’à l’étranger. Commencer par détruire ces deux murs stratégiques construits par ce régime c’est entamer la bataille finale. Lorsque ce moment sera là, la minorité soldatesque violente sur laquelle s’appuient le RPT et ses alliés sera contrainte, sous peine d’être emportée par le Tsunami populaire, de déposer les armes, de fuir ou de rejoindre le peuple. Nous verrons, à ce moment-là, des patriotes jusqu’ici muselés et émasculés au sein de l’armée s’élever et agir pour le peuple avec qui ils concluront une nouvelle alliance car ils auront retrouvé leurs liens de filiation avec ce peuple dont ils sont issus. Telle est la loi de l’Histoire.
Propos recueillis par la Rédaction
L’Alternative N°859 du vendredi 24 janvier 2020