lundi 14 février 2005

REPRESSION: Silence, on intronise le prince du Togo.

Communiqué

Silence, on intronise le prince !

Le coup de force organisé par le quarteron d’officiers supérieurs des Forces Armées Togolaise(FAT) parmi lesquels des officiers retraités ont rapidement enfilé leur vieux treillis décrochés pour les besoins de la cause, constitue une forfaiture et un gangstérisme militaro-politique unanimement dénoncée par l’opinion mondiale.

En intronisant nuitamment Faure Gnassingbé le 5 février 2005, avec la complicité de la France, ces officiers confirment la suprématie de leur junte sur la Nation Togolaise depuis 1963.

La dénonciation à juste titre et de droit par les Togolais de cette illégalité absolue, n’est pas du goût de ceux qui ont planifié la monarchisation du Togo. Ainsi, ces « autorités »de fait ont déclenché une violente répression contre tous ceux et celles qui prônent le retour à l’ordre constitutionnel à l’intérieur du Togo. La Jeunesse Unie pour la Démocratie en Afrique- J.U.D.A –observe avec tristesse et désolation les violations fragrantes, systématiques et massives des droits humains qu’entraîne cette forfaiture.

1- intimidation et menaces conduisant à la fermeture illégale et irresponsable des médias privés notamment les radios Nostalgie, Kanal FM, Nana FM, Lumière et la Télévision 7 (TV7).

2- intimidations, menaces et arrestations des militants des droits de l’homme. En effet, messieurs TSEVI Kokou et AKPOSSOGNA Kodjovi ont été kidnappés autour de 19heures GMTsur le chemin de la maison après une réunion du Collectif de la Société civile tenue au siège de la LTDH le 11 février2005 ; 72 heures plus tard, ils ont été retrouvés dans les locaux de la Gendarmerie Nationale.

Aujourd’hui 14 février 2005, c’est avec stupéfaction que la J.U.D.A a été informée de l’arrestation de Senna NOMENYO et de Banfiti KOMBIAGOU respectivement Secrétaire Général et Président de l’ONUTA (Observatoire Nationale pour l’Unité Totale de l’Afrique).

3- violente et sanglante répression de la manifestation des forces démocratiques le samedi 12 février.

La J.U.D.A dénombre 5 morts et une vingtaine de blessés parmi lesquels 3 cas graves. En effet, il a été confirmé que les milices du RPT appuyées par des éléments des FAT ont procédé à l’arrestation des manifestants et même des personnes dans des quartiers, loin des lieux de la manifestation. Les personnes arrêtées ont été toutes convoyées comme du bétail au siège de RPT à TOKOIN Wuiti. Au siège du RPT, parti du président Eyadema, les « gorilles » comme ils s’appelaient eux-mêmes ont procédé à la répartition des personnes arbitrairement arrêtées qu’ils nommaient du « gibier » qu’ils ont embarqué « au boulevard de la mort » selon leur propres termes. « Ce boulevard de la mort » se révélait être une forêt située derrière l’Etat Major dans les environs de Kégué où les « gorilles » ont découpé les habits de leurs « gibiers » avec des couteaux puis les ont brûlés avec les pièces d’identité qu’ils contenaient. Enfin, suivront les tortures, les sévices et les bastonnades systématiques : les gifles, les coups de poing et de pieds à la tête, aux fesses, dans le ventre et aux organes génitaux ainsi que des bastonnades à coups de crosses, de matraques, de gourdins, de planches au bout de fer et de pointe rouillée occasionnant des blessures graves sur les personnes arrêtées.

La J.U.D.A constate avec amertume d’une part qu’un blessé avait perdu un œil et deux autres ont eu les bras, la tête et les pieds fracturés gravement et d’autre part que 2 téléphones portables, une voiture 4x4 vidée de ses occupants, convoyés au siège du RPT et une somme de 25 000fcfa ont été emportés par les miliciens.

C’est grâce aux populations riveraines « du boulevard de la mort »qui ont fourni des vêtements et de l’argent aux victimes ensanglantées qui ont pu rejoindre la ville et le siège de la LTDH.

La J.U.D.A condamne très vivement ces traitements cruels, inhumains et dégradants qui sont contraires à la Convention des Nations Unies dont le Togo est partie.

Elle rappelle aux auteurs de ces actes abominables que les fondements des actions de révolte des Togolais sont constitutionnels et en manifestant leur désobéissance le samedi dernier dans les rues de Lomé, les citoyens n’ont fait qu’exercer les droits à eux reconnus par les articles 45 et 150 alinéa 2 de la Constitution Togolaise. Ainsi, la J.U.D.A estime absurde et antirépublicaine, la sauvagerie des éléments armés qui ont consciemment exercé des violences à l’égard d’honnêtes citoyens. Ces éléments doivent savoir que ce qui leur est demandé dans les circonstances actuelles, ce n’est pas de tuer et de torturer mais plutôt comme tout autre citoyen togolais, de désobéir et de s’organiser en appui aux civils pour renverser l’autorité illégitime. Cela constitue pour eux, comme pour tout autre citoyen togolais, « le plus sacré des droits et le plus impératif des devoirs ».Malheureusement, ce 14 février « décrété » journée morte, a connu les mêmes actes de barbaries. Ainsi, des citoyens togolais ont été abattus froidement dans les rues de Lomé pour avoir tenté de faire respecter le mot d’ordre et même à domicile tout simplement parce qu’ils sont identifiés pour leur engagement au service des droits humains. On note des assassinats dans les quartiers de Wuiti, de Bè et d’Adakpamé. Pour le moment la J.U.D.A a dénombré une vingtaine de morts et une dizaine de blessés. Les assassinats de ce jour opérés par les milices armées à visage découvert, inquiètent car ils conduisent irrésistiblement le Togo vers le chaos total.

Face à cette situation de terreur, la J.U.D.A appelle le gouvernement SAMA à prendre ses responsabilités afin de :

-procéder à une enquête internationale et impartiale pour identifier et punir les commettants et les préposés des actes barbares du Samedi 12 février et des assassinats ciblés du 14février ainsi que ceux qui ont été commis dans les locaux de la prison civile de Lomé le 8 février.

-ordonner sans aucune forme de procédure, la réouverture des médias audiovisuels illégalement fermés. Les motifs fallacieux qui militent en faveur de cette fermeture, sont ridicules et inopérants en ce moment précis.

Pour la J.U.D.A, ce n’est pas en supprimant ou en faisant taire le porteur de la mauvaise nouvelle que celle-ci cesserait de l’être. Les seuls canaux qui font la fierté de ce pays en diffusant les vraies et justes informations, ne peuvent pas souffrir d’une telle décision qui n’est que dilatoire.

La J.U.D.A demande que les dispositions de l’article 26 de la Constitution qui garantit la liberté de presse, soient appliquées immédiatement.

-faire libérer sans aucune condition les deux défenseurs des droits de l’homme à savoir TSEVI Kokou et AKPOSSOGNA Kodjovi, Senna NOMENYO et de Banfiti KOMBIAGOU qui ont été victimes d’un kidnapping dont les auteurs doivent subir les lois pénales applicables en la matière et en même temps leur garantir une réparation adéquate.

- prendre toutes les mesures nécessaires afin de protéger l’intégrité physique et morale de tous les citoyens togolais en général et les défenseurs des droits de l’homme en particulier.

- garantir le respect des droits humains et des libertés fondamentales sur toute t’étendue du territoire national selon les lois nationales et les normes internationales.

Enfin , la J.U.D.A lance un appel républicain à la Jeunesse Togolaise de ne pas fléchir et aux défenseurs des droits de l’homme de rester constamment actifs dans une solidarité agissante pour dénoncer toutes les dérives jusqu’au retour à l’ordre constitutionnel.

Fait à Lomé, le 14 février 2005

Pour la Coordination
Le Secrétaire Général,

Rodrigue KPOGLI

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