dimanche 3 avril 2005

TOGO : Démocratie ensanglantée

  • Les criminels ne peuvent pas organiser des élections propres

La Jeunesse Unie pour la Démocratie en Afrique- J.U.D.A.- prend acte :

- du rétablissement de la Constitution de 1992 modifiée en 2002 par l’Assemblée Nationale ;

- du retrait de Faure Gnassingbé de la présidence de la République qu’il occupait illégalement et illégitimement avec les soins bienveillants de la caste des officiers supérieurs des FAT appuyée par la France.

Elle salue les Etats, les institutions et ONG nationales et internationales, les partis politiques et toutes les personnes qui, par la pression de façon concrète et permanente, ont contribué à ces décisions.

La J.U.D.A estime cependant que ces décisions aussi importantes soient-elles ne suffisent pas à elles seules pour parler du retour à la légalité constitutionnelle. Le retour à la légalité constitutionnelle signifierait l’application stricto sensu de l’article 65 de la Constitution qui règle clairement et ce depuis 1992, la question de la dévolution du pouvoir présidentiel intérimaire au Togo.

En conséquence, la J.U.D.A marque son plus grand étonnement vis-à-vis de la précipitation avec laquelle la CEDEAO a levé ses sanctions imposées au Togo à la suite de la forfaiture du 5 Février et avalisé la nomination à la présidence intérimaire de Abass Bonfoh, complice et coauteur du coup d’état car c’est lui qui a conduit l’Assemblée Nationale- une chambre d’enregistrement – à légaliser cette délinquance politique.

La J.U.D.A considère donc que jusqu’alors il n’y a pas de retour à l’ordre constitutionnel et le retrait de Faure Gnassingbé n’est qu’une démission de façade.

Dans ce contexte, les populations togolaises étaient fondées à manifester leur désapprobation. Cependant la J.U.D.A note avec une vive préoccupation que toutes les formes d’opposition sont réprimées violemment et systématiquement :
  • Les assassinats ciblés, les arrestations arbitraires, les tortures, les traitements inhumains et dégradants à répétition et dans l’impunité la plus totale.
  • la répression violente et sanglante des événements de la prison civile le 6 Février et des manifestations pacifiques des 12, 14, 27 Février 2005 à Lomé suivie de l’expédition punitive dans le quartier de Bè le lundi 28 occasionnant 5 morts dont 3 repêchés de la lagune et des dizaines de blessés par balles et à coups de matraques cloutées.

    On note au total une vingtaine de morts, au moins 50 blessés et des dizaines de disparus depuis le 05 Février.
  • les entraves au droit à l’information.
  • les menaces et intimidations permanentes sur les défenseurs des droits de l’homme. Cette situation amène les victimes des violations des droits humains et autres blessés à s’enfermer dans un mutisme assassin.


La J.U.D.A s’indigne profondément de ce climat de terreur entretenu au Togo. Elle condamne vivement ces actes qui sont de graves et massives violations des droits de l’homme et déplore très sincèrement que cet aspect des réalités togolaises n’ait pas été pris en compte par la CEDEAO et les autres décideurs dans la quête de solution à la crise.


La J.U.D.A condamne sans aucune réserve le fait que le quartier de Bè soit ciblé et étouffé dans une sorte de frontières où des citoyens togolais sont fusillés comme des lapins et bastonnés dans le silence complice des autorités en charge de la sécurité au Togo.


La J.U.D.A réitère son appel à la communauté internationale pour l’envoi des troupes onusiennes en vue de prévenir un éventuel génocide au Togo.


La J.U.D.A exige donc de l’ONU, de l’UE, de l’UA et de la CEDEAO à procéder à des enquêtes pour identifier les responsables de ces violations des droits de l’homme qui frisent la sauvagerie. Ceci pour que soit endigué l’atavisme des atrocités au Togo.


Elle attire l'attention de tous sur :


1-le fait que les autorités intérimaires au Togo sont responsables de crimes imprescriptibles au regard de l’article 150 de la Constitution du Togo.


2-le caractère partisan et corrompu de la Cour constitutionnelle qui a béni le coup de force du 5 Février.


3-la partialité et le caractère antirépublicain de l’armée togolaise qui a pris fait et cause pour ceux qui ont choisi de monarchiser le Togo.

La décision appelant à la tenue d’élections dans cette atmosphère d’illégalité et de violence absolue témoigne à suffisance que les Togolais et particulièrement la Jeunesse ont le devoir citoyen de faire valoir avant tout leurs propres choix politiques et, in fine, espérer l’appoint de la communauté internationale.


Enfin, la J.U.D.A demande une fois encore au Gouvernement SAMA de prendre des mesures idoines pour que soit mis fin au climat de terreur qui règne au Togo et protéger particulièrement les populations du quartier de Bè et que les droits de tous les Togolais soient garantis selon les normes nationales et internationales reconnues.


Lomé le 3 Mars 2005


Pour le Bureau Exécutif
Le Secrétaire général


Rodrigue KPOGLI

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