Qui peut avoir de la considération pour des pharaons déchus, des
rois et des princes déchus et des "inventeurs" déchus qui veulent
faire l'histoire non pas pour éclairer le présent et pour tracer les sillons d'un
nouvel avenir, mais pour le passé et pour se satisfaire de ce passé? Des
pharaons vaincus, dominés, ridiculisés et qui trimbalent les maux les plus
éculés ont-ils de quoi sauter en l'air pour ce qu'ils ont été? La découverte de
ce passé glorieux pharaonique devrait susciter, après l'identification des
causes de la décadence, larmes, colère, hargne, décision de retrouver la
dignité perdue et mise sur pied de structures efficaces de lutte. Nous voici
plutôt comblés de découvrir après lecture de quelques livres et visionnage de quelques
documentaires, dans notre nudité, dans notre impuissance d'aujourd'hui, de la
grandeur du passé. Or, 1ers producteurs de cacao, 1ers producteurs de cacao! On
s'en vante, comme si rester métayers pour les autres et leur fournir des
matières premières pour le chocolat, pour leur café moulu et pour leurs
réussites industrielles servait à quelque chose.
Ainsi donc, il y a toujours des descendants de pharaons qui
déclarent que leurs territoires est 1er producteur mondial de cacao, de café,
de banane et quoi encore? Et qui sont fiers de l'être. Ils entendent même
combattre farouchement tout autre pays souhaitant compétir sur leur domaine
réservé de production de banane, de café-cacao…de matières premières. Avec une
économie cacaoyère, caféière, alimentée par la force musculaire revigorée au
paracétamol frelaté qui peut nous respecter? Etre là, à cultiver avec ardeur
des produits coloniaux d'exportation (avec l'aide du FMI et de la BM), au
détriment des produits vivriers de moindre qualité importés, qui peut nous
respecter?
Quel respect pour un peuple dont les enfants errent en quête de
miettes alors qu'il a les terres les plus fertiles au monde, du soleil, des
cours d'eaux intarissables et qui a une économie qui fonctionne au lampion et
au générateur électrogène importé d'ailleurs? Quel respect pour un peuple qui a
abandonné sa culture pour un mimétisme bovin et illusoire des autres? Un peuple
soumis par la France notamment, un pays pourtant battu si souvent par les
autres nations européennes dans leurs différentes guerres fratricides?
Qui peut avoir du respect pour les enfants d'un peuple qui a
abandonné son territoire entre les mains de la racaille africaine constituée de
dirigeants assassins et kleptocrates élévés par des parrains "blancs"
génocidaires? Quel respect peut-on avoir pour un peuple qui a perdu le contrôle
de son espace depuis bientôt 3000 ans et qui n’a relevé aucun des défis
auxquels il fait face depuis lors? Quel respect pour un peuple qui est là, en
haillons mais cultivant du coton pour habiller ses maîtres? Cultiver du cacao
pour du chocolat, du café, de la banane, des fleurs, du thé pour le bonheur de
ses maîtres? Quel respect pour un peuple dont de nombreux enfants dansent et
chantent pour leurs maîtres?
Ces pharaons, mieux, ces descendants de pharaons ne peuvent
qu'être ridiculisés dans leur satisfaction passéiste, car ils baignent dans
l'illusion d’une grandeur qui est perdue. Ils ont été passés dans les fers
esclavagistes et aujourd'hui, ils nagent dans un bas-fond colonial qu'ils
comprennent à peine. Beaucoup n'envisageant pas retourner sur la terre de leurs
ancêtres, veulent qu'on leur reconnaisse leur "pharaonité" dans le
système oppresseur qui a ruiné la civilisation pharaonique. Ils quémandent de
la reconnaissance pour leur contribution, la « contribution de l’Afrique »
à la réussite des autres. Autrement dit, en étant rien sur nos terres
originelles, en laissant les dirigeants kleptocrates imposés, les Occidentaux
et leurs multinationales, les Chinois, les Indiens, les Libanais, les Syriens,
les Turcs, le Saoudiens, les Brésiliens, les Coréens...tenir les rênes
politico-économiques de l’Afrique, nous exigeons de la considération et du
respect sur les terres des autres. Quel culot ! Et, lorsqu'en maîtres assurés, les dominateurs nous refusent un tel "honneur", une telle reconnaissance, les pharaons se plaignent de racisme, de méchanceté, d'inhumanisme. Certains tellement, tellement versés dans la chose religieuse, disent même qu'ils sont Apophis et qu'ils auraient donc besoin de notre enseignement, besoin d'acquérir la sagesse Mâatique ou Kamitique pour redevenir des humains capables de reconnaissance.
Nous redeviendrons des pharaons, donc fiers, si nous allons à la
reconquête de notre espace sur lequel nous bâtissons notre renaissance pleine
et entière. Pas la peine de prétendre la Renaissance sur la terre des autres.
C'est la géographie qui fait l'histoire et non le contraire.
14 juin 2011, mis à jour le 30 mai 2012
Par Komla KPOGLI
S.G du MOLTRA
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