dimanche 3 janvier 2021

Le système n'a jamais autant été serein et total en Afrique.

 


Le système colonial qui écrase le peuple africain n’a jamais été aussi serein que durant ces 5 dernières années. Et 2020 a été un couronnement de tous les échecs populaires face aux « élites coloniales » qui jouent merveilleusement bien le rôle que les forces extérieures leur ont confié: continuer et peaufiner l’entreprise de démolition coloniale du continent central.

Partout notre peuple broie du noir, nage dans la boue, agrandit les cimetières, voit une partie de ses jeunes tuer sur la Méditerranée. Tout est éteint ou presque en Afrique. Partout, les syndicats d'étudiants, les paysans, les commerçants, les différents segments de la société qui devraient contester, combattre et renverser le système africanophage sont éteints, désorganisés, individualisés, divisés, déviés, immobilisés et coulés. Partout, les oppositions contrôlables et contrôlées ont conduit notre peuple, sans formation politique sur les réels défis qui confrontent l’Afrique, à valider le système avec des élection-folklores. Les tièdes contestations des résultats de ces fausses élections de ces oppositions de façade, en réalité des jumeaux des pouvoirs auxquels ils prétendent s’opposer, ont abouti à des désillusions populaires sans limites, poussant les populations à n’espérer que Dieu et Allah et de leurs fameux prophètes Jesus et Mohamed la solution. Partout les tyrans se sont enracinés durant cette année 2020: certains sont passés de Général à Maréchal, de malades paralysés à président à vie, des 1er et 2eme mandats volés dans le sang à 3ème mandat volé dans le sang; d’autres ont fait des adaptations pour que rien ne change. C’est ainsi qu’on voit certains vieux caïmans faire recours à quelques mots panafricanistes attrape-nigauds pour se donner l’image de militants anticolonialistes chevronnés.

Un cas emblématique reste le Burkina Faso où un ancien élève de l’école de Blaise Compaore, l’assassin de Thomas Sankara sur ordre, est mis sur le trône colonial depuis 2015. Il est réélu en 2020 avec en 2eme position le CDP, parti de Blaise Compaoré. Ce qui consiste un enterrement encore plus profond du Sankarisme alors que l’Afrique en a plus que jamais besoin.
La guerre économique fait rage sur le continent entre les colonialistes traditionnels ( France, Angleterre, Belgique, Allemagne, les USA) et les colonialistes intermédiaires et de la nouvelle génération ( Japon, Canada, Russie, Chine, Inde, Turquie, Brésil, les pays arabes du Golfe...). Sous prétexte de lutter contre un terrorisme fabriqué de toutes pièces, l’occupation militaire de l’Afrique n’a jamais été aussi avancée.
Quant à la fameuse Diaspora africaine, elle est en miettes, totalement divisée et sans organisation véritable. Indifférents et recherchant la "réussite" individuelle dans un système de captivité collective, beaucoup d'africains de la Diaspora n'ont rien à foutre d'un quelconque combat de libération remplacé par la course pour "construire sa villa avec piscine au pays". Les autres de la Diaspora qui se disent avertis, s'illustrent dans les discours confus et dans les incantations devant la caméra de téléphones portables, chacun s’attribue le rôle du libérateur né, dans son coin. Des agitations observées ici et là n’ont même pas atteint les chevilles du système qui est tranquille et déroule. Aucun chantier organisé dans la discipline n'est entrepris. Tout le monde est sourd devant l'appel à s'organiser. Or, là est la première pierre.
De 2015 à 2020, la cause de notre peuple a avancé de 0 millimètre. Les médiocres, les voyous, les criminels et les assassins n’ont jamais autant prospéré sur le sol africain. Le trio magique FMI, la Banque mondiale et l’OMC n’a jamais été aussi puissant sur les terres africaines où la misère croît au fur à mesure que la croissance des enclos coloniaux est vantée, car l’économie africaine conserve et renforce ses attributs coloniaux caractérisés par la production de matières premières de toutes sortes contre l’acquisition des produits finis de qualité moyenne et basse a des prix très élevés. L'accaparement des terres agricoles africaines par des banques, des entreprises et des pays étrangers pour produire des aliments et des non aliments ne cesse de prospérer devant des populations médusées et surprises de l'expulsion violente de la terre de leurs ancêtres. Bref, plus ça va moins ça va.
Partout l’agitation et les gesticulations notoires prennent la place du travail certes difficile mais incontournable d’organisation, de discipline, de structuration et donc de construction des conditions de la victoire qui attend notre peuple s’il a la volonté de se libérer et de se reconstruire. Les plus sérieux, les plus visionnaires des messagers pour une lutte de libération africaine sont ignorés, écartés et rejetés au profit des prophètes crieurs annonçant des miracles. Pendant que des amuseurs publics se définissant eux-mêmes comme des marmailleurs, des apôtres, des évangélistes, des imams....jouent les pitres devant des milliers de spectateurs aimant et partageant massivement dans un rire gras et totalement inconscient ces bouffonneries sur Facebook.
Tout est facile pour toutes ces forces coloniales qui ont théorisé depuis les années 1850, après la razzias négrières durant 400 ans, le projet selon lequel "l'Afrique est notre (leur) avenir" et que pour cela, il fallait, selon le géographe français Onésime Reclus, "lâcher l'Asie pour prendre l'Afrique", le plus facile des continents à coloniser . 

Dans cette situation, la désorganisation de ceux qui prétendent lutter contre ce système africanophage est le plus grand problème à régler en 2021 si nous espérons commencer à mettre les bases de la future confrontation incontournable entre notre peuple et ses dominateurs locaux et extérieurs.

Komla Kpogli, S.G du MOLTRA, 3 janvier 2021

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