samedi 21 janvier 2012

Les leçons d'Afghanistan aux "combattants" africains..

Ne jamais se réjouir de la mort de quiconque. Même celle de son pire ennemi. Prenons acte de ces mots.

Toutefois, nous, africains qui combattons le colonialisme, devons savoir observer les faits, les actes et les méthodes aussi bien de nos adversaires que ceux d'autres peuples qui ont affaire à eux. Ceci doit être le cas avec la mort de 4 soldats français en Afghanistan. Ces soldats français sont abattus par un soldat de l'armée afghane qui, selon les talibans, serait leur homme infiltré. Quelles leçons tirer de ceci?

1) que la connaissance et la maîtrise de son environnement reste la première arme à utiliser contre les envahisseurs.

2) que lorsqu'on n'a pas les moyens lourds pour équilibrer frontalement les rapports de force avec son adversaire, on utilise au mieux ceux qu'on a à sa disposition.

3) qu'on peut/doit se rapprocher de sa cible en rusant sans toutefois trahir le but qu'on s'est fixé.

4) qu'on peut prendre les moyens de l'adversaire et chez lui pour réaliser ses propres objectifs.

La ruse et la violence étant les outils que le système utilise alternativement contre nous, il serait suicidaire de ne pas tirer les enseignements de ces pratiques. Et les Taliban, en jouant alternativement sur les deux tableaux, montrent qu'ils sont tout aussi intelligents que leurs adversaires qui, dans un premier temps, avaient déversé leur violence en les combattants à l'arme lourde avant de proclamer, et c'est là qu'intervient la ruse, qu'il y aurait de "bons taliban" avec qui négocier. On voit bien là que les objectifs sont les mêmes, mais que les moyens pour les réaliser, fondamentalement souples ou assouplis, varient (en fonction des circonstances). 

Les stratèges les plus avertis savent qu'un système quel qu'il soit, aussi total et apparemment verrouillé soit-il, a toujours des failles. Et ce sont donc ces failles qu'il faut exploiter au mieux. Mais pour y arriver, il faut des ressources humaines bien formées et bien organisées qui, à pas feutrés et en toute froideur, savent calculer et sont aptes à faire le mort quand il le faut et à agir au moment opportun. Malheureusement, beaucoup parmi les africains continuent de présenter le système qu'ils sont appelés à combattre comme un système sans faille contre lequel il n'y a pas d'autre solution en dehors de la confrontation frontale suicidaire dont ils n'ont visiblement pas les moyens ici et maintenant. Sous nos cieux, on veut mener la "lutte jusqu'à la victoire finale" avec des moyens qu'on n'a pas. C'est ainsi que nous nous sommes spécialisés dans l'élaboration des « stratégies » des armes que nous n'avons pas et que nous faisons l'éloge de l'immobilisme le plus plat. Nous installons le doute de nous-mêmes, le doute de notre capacité à utiliser "nos armes" dont l'existence est même niée par certains, et nous surestimons l'adversaire. Nous lui attribuons la couronne de l'invincibilité. Nous imaginons sa demeure, une forteresse impénétrable et nous affirmons que quiconque appelle à s’y rapprocher ne le fait que pour offrir au maître des lieux, de nouveaux alliés préalablement attirés par l’odeur du repas qui s’échappe de sa cuisine. Or, justement, il s'agit ni de le sous-estimer ni de le surestimer, mais le prendre tel qu'il est avec lucidité et froideur, puis combiner les moyens disponibles, leur donner une cohérence absolue en conformité avec notre but. En ne procédant pas ainsi, nous retardons aussi bien la prise de conscience populaire que l'action libératrice qui la suit. 

C’est un truisme que de répéter que nous sommes en guerre. L’enjeu c’est la réappropriation de notre espace, notre terre et la survie de notre peuple qui est en danger de mort. L’instinct de survie commande donc d’identifier et d’utiliser les armes dont dame nature a doté notre peuple. Sans exclure ni négliger le travail qui, à terme, doit réaliser une insurrection générale, les outils les plus anodins et les plus inoffensifs en apparence doivent être reconvertis en armes les plus puissantes. L’eau doit être reconvertie en feu…C’est ainsi que la quiétude qui permet à l’ordre cannibale de tenir à notre grand effarement, trouvera ses bases déstabilisées et son sommeil reposant perturbé.

Bref, il faut répéter ce que nous disons depuis un moment et que certains persistent à voir comme une traitrise ou un appel à rejoindre les dictatures africaines: "lorsqu'un peuple en lutte commence par se servir intelligemment et efficacement des moyens à sa disposition, la victoire n'est plus loin de sa portée."  

Komla KPOGLI
21 janvier 2012

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Très juste!
Je dirais aussi longtemps que les soldats français ou autres , ne craindront pas pour leur vie en Afrique , la colonisation se poursuivra!
J'ai quand même remarqué , que les enjeux pour la France (et même les USA) étant particulièrement importants en Afrique , les médias français , évitent de faire le décompte morbide du nombre de soldats français qui y meurent à l'instar de ce qui se passe en Afghanistan !
Ainsi , la France n'a officiellement pas de morts en Cote d'Ivoire!
Pourtant Fillon en se rendant à Abidjan la dernière fois , a rendu hommage aux 50(a peu près) soldats morts et aux centaines de blessés pendant la crise ivoirienne , sans que personne en France ne s'attardent la dessus?!!??
Combien de morts , les médias et le gouvernement français sont' ils capable de cacher a leur population , pour continuer la colonisation? là est la question