"Nous, nous sommes une colonie de la France,
donc la France doit nous aider », "La France doit remplir son devoir et
tuer les terroristes pour nous puisque c'est elle qui nous a
colonisés", "C'est très bien que la France
intervienne", "La France doit intervenir pour nettoyer le
terrain", "L'intégrité du Mali est plus importante que toute
idéologie, donc la France doit faire la guerre pour nous débarrasser du cancer
islamiste ", "Quoi!? Vous voulez que la France laisse les terroristes
coupés les mains aux Maliens?", "La France doit nous débarrasser de
ces voyous"..., voilà quelques-unes des phrases qui résonnent dans
certains milieux. Le
04 juillet 2012 déjà, Sadou Diallo, maire de la « ville » de Gao
disait ceci sur RTL,: "La France est intervenue en Libye qui
est une colonie de l'Italie. Nous, nous sommes une colonie de la France, donc
la France a un devoir moral d'intervenir militairement
au Mali pour nous aider. Si j'étais un intellectuel, j'allais porter contre eux,
contre l'ONU...pour non-assistance à personne en danger". Il
faut dire que ça vole bien bas: l'homme noir qui réinvente le "rôle
positif de la colonisation?". Après la Côte d'Ivoire, la Libye, la
Centrafrique où la France a guerroyé et guerroie, voici sonnée l'heure où le
colonisateur prétendu chassé d'Afrique depuis les années 60, est prié de revenir.
Les troupes militaires qu’il base dans les territoires indépendants dépendants
dans l’indifférence quasi-absolue des africains sont priées de descendre dans
l’arène pour nous. Qu'aurions-nous donc fait si nous n'étions pas un
peuple-enfant dont le bon développement et la sécurité eussent été confiés aux
colons, bons « Pères Blancs »? L'homme noir qui fête depuis 50 ans
ses indépendances a trouvé une échappatoire: à chaque difficulté, il demande
aux colons de qui il prétend avoir ravi les indépendances de le secourir, au
nom même de leurs devoirs de tutelle et au nom du fardeau de l’homme blanc. En
agissant ainsi, l'homme noir a perdu un des attributs les plus essentiels de la
vie: la capacité de se défendre dont est doté tout être aussi bien végétal
qu'animal. Dans les 1990, un groupe de Zouglou du territoire de Côte d'Ivoire
chantait "venez nous sauvez ooohhh, galère va nous tuer oooh". Ces
paroles traduisent dans une terrible exactitude l'un des traits philosophiques
africains à savoir que "nous ne pouvons pas grand chose nous-mêmes contre
nos démons". Cette logique démissionnaire ne se limite pas uniquement à
l'absence de moyens. Elle est aussi la traduction de l'image que l'Africain se
fait de lui-même, c'est-à-dire, un Etre dont la vie est plus que sacrée.
Laquelle vie ne mérite en aucune circonstance être sacrifiée pour une cause qui
serait hautement plus noble. L’homme noir ne dit-il d’ailleurs pas qu’une vie
misérable vaut mieux que la mort ? Cette image se double de ce que l'homme
noir se pense et se déclare Pharaon, un pharaon qui ne peut pas ou ne doit pas
mouiller sa chemise ni pour sa terre, ni pour l'avenir de ses enfants, car ce
pharaon est si beau, si fort, inventeur de toute chose quoique nu et n'ayant
qu'un vague souvenir de son passé. Un tel Pharaon, peut-il se convaincre que la
liberté a un prix qu’il est obligé de payer lui-même ? Ainsi donc à la
pauvreté de nos moyens s'ajoute l'arrogance de la Race des Seigneurs qui n’a
pour devoir que de charger ses esclaves des tâches desquelles ses traits
pharaoniques la dérogent. Qui sont ces esclaves? Occidentaux et Chinois.
Pendant que les premiers doivent faire des guerres
gratuitement pour les africains, au nom d'un humanitarisme assassin, les
seconds doivent leur fournir des routes, des hôpitaux, de l’eau potable...Aux
Occidentaux, en tant que "nos colonisateurs" soumis à la toute
puissance des colonisés, de veiller à notre sécurité, et aux pays émergents notamment
les chinois de "développer" l'Afrique pour nous. Dans ce jeu de rôles
distribués par le Pharaon, l'Occident qui est, depuis les razzias négrières
transatlantiques, chargé du développement continental, aurait échoué si
lamentablement que la tâche revient naturellement aux nouveaux venus, les
chinois et autres pays émergents drapés dans la vertu "d'un partenariat
Gagnant-Gagnant". Comme si en termes de slogans, la colonisation
occidentale n'est pas elle, fondée sur le "gagnant-gagnant", l’idée
du « win-win » des nouveaux venus est adorée aujourd'hui sous les
tropiques car portée, nous dit-on, par de nobles pays qui seraient l'exact
opposé des pays occidentaux. Ainsi donc, sous la coupe d'un groupe armé de 3 à
4.000 hommes au Mali, tout s'est effondré. Le soldat, ce fameux militaire
africain qui inspire tant la crainte aux civils, chargé de défendre le pays
s'est fondu dans la masse en enlevant son treillis qu'il a enfouit dans le sol
ou qu'il a brûlé au préalable. Est-ce étonnant? Tout le peuple Noir n'est-il
pas pris en otage et immobilisé par des groupuscules violentes pilotées par des
individus sans foi, ni loi, dénommés "chefs d'Etat" ou "Chefs de
la Rébellion"?
Il est grand temps de commencer par réfléchir sur
ce que nous sommes devenus en tant que peuple au fil de l’histoire. L’homme
noir, arrogant dans l’ignorance, dans la méchanceté, dans le cynisme et
surtout dans l’indifférence se contente trop souvent d’être dans la négation et
dans le refus de se voir tel qu’il est dans ses immenses faiblesses. L’homme
noir nie qu’il soit resté esclave, il nie qu’il soit resté colonisé, il nie
qu’il soit faible, il se limite, au mieux des cas, à s’indigner dans la
dispersion contre toute attaque verbale voire physique conduite par ses adversaires
qui aurait dû le conduire à se souder à ses congénères et à agir de concert
avec eux.
En aout 2012, nous écrivions ceci: "La
condition nécessaire pour la vie est la capacité de se défendre. Quiconque perd
son aptitude à se défendre n'a aucune chance dans un monde où seules dans les
séries de dessins animés le Lion est ami avec la gazelle et où seuls dans les
livres des témoins de Jéhovah on présente un paradis où tous les êtres y
accédant sont amis. Les sociétés désarmées et dispersées n'ont qu'une fin:
l'extinction ou la servitude. Avant même de penser à progresser, les peuples
doivent éviter d'être asservis, et lorsqu'ils sont déjà asservis, leur priorité
doit être de briser leurs chaînes, de libérer les énergies ainsi confisquées
afin de les réorienter vers la satisfaction des besoins locaux." Que dire
de plus à l’heure actuelle?
Nicolas Sarkozy à qui beaucoup d’africains
reprochaient son « l’homme africain n’est pas assez entré dans
l’histoire », répondait, par la voix de Henri Guaino, qu’il n’avait fait
que dire la vérité et qu’il attend quelques années encore pour que ce célèbre
discours de Dakar rentre définitivement dans l’histoire. Aussi, Sarkozy
invitait-il l’homme africain « immobile » dans son environnement à
confier son destin, dans un pacte de servitude volontaire, à l’homme moderne
angoissé, c’est-à-dire l’homme blanc qui n’avait pas attendu son consentement
pour s’engager dans son œuvre de civilisation coloniale après celle accomplie
au travers des chaînes de l’esclavage. Le président retraité a-t-il besoin de
ce temps supplémentaire lorsqu’on voit qu’acculé, « l’homme
africain » revendique son statut de colonisé qui impose à la France et à
l’Occident alias la Communauté internationale l’obligation de le débarrasser
des coupeurs de bras et de pieds, des destructeurs de mausolées et des porteurs
de la Charia préalablement aidés par les mêmes de ses terres ?
Chassée d’Afghanistan, la France brille en Afrique
où elle est restée, selon les coloniaux, « une puissance africaine ».
Brocardé pour sa nonchalance et pour son impuissance face aux difficultés
multiformes que vivent les français en ces temps de crise économique, François
Hollande retrouve la virilité en Afrique où coup sur coup, il sauve le soldat
Bozizé en Centrafrique et déclare la guerre au Mali, puis frappe en Somalie
après avoir reçu en kyrielle de vassaux africains à l’Elysée. Profondément
divisée et aigrit contre un « gouvernement socialiste mou et
flou" en France, globalement la classe politique française retrouve son
unité voire son unanimité en Afrique. Oui, la France est une puissance
africaine. Il faut être particulièrement aveugle pour ne pas le voir. Avec
cette énième guerre joliment rebaptisée intervention, ce pays confirme cette
puissance et, du fait des propos réjouis des uns et des autres, à commencer par
ce qu’on appelle étrangement « les dirigeants africains », il trouve
un justificatif supplémentaire à sa présence sous les tropiques : « si la France intervient, vous
l’accusez d’intervenir et de colonialisme, si elle n’intervient pas, vous
l’accusez de ne pas intervenir et d’être indifférente. Que voulez-vous au
juste, ingrats africains ? » Voilà la phrase qui va nous revenir
à la figure ces temps-ci. Cette antienne va nous être resservie. Et nous serons
bien obligés de l’encaisser, car nous sommes des lâches, des court-termistes aveugles
et des dominés. Mais ces dominés là se pensent si beaux et si importants que
leur terre ne mérite pas que leur vie lui soit dédiée. Après tout, diront les
plus philosophes parmi nous, « n’est-ce pas un juste retour des choses ? »
Quoi, « un juste retour des choses ? ». Oui, en ce sens que
« les Africains avaient fait des « guerres mondiales » aux côtés
des européens, c’est donc notre tour de les appeler au secours ».
Misère !!!
Dis-donc! Dans les années Gnassingbé 1er au Togo,
ripostant aux africains du Zaïre de Mobutu, père fondateur de
"l'Animation", les africains de ce territoire chantaient "sans
Eyadéma que serait le Togo? Sans Gnassingbé, le Togo serait perdu! Sans Eyadéma
que serait le Togo? Sans Gnassingbé, le Togo serait perdu !".
Aujourd'hui, l'ambiance, d’une manière quasi-générale en Afrique, rappelle ces
moments de délire et de démission collective organisée faisant reposer la vie
et l'avenir de toute la masse sur les frêles épaules d'un homme, le Timonier.
Ce Deus ex machina s'appelle aujourd'hui, selon les cas, la France, la
«communauté internationale", la Chine, Jésus, Allah, la Bible, le
Coran et quoi encore... Et si nous n'étions pas des colonies? Heureusement pour
nous, nous sommes restés des colonies !
13 janvier 2013
Komla KPOGLI
Web. http://lajuda.blogspot.com
3 commentaires:
Komla, C'est dur mais c'est vrai.
La verite merite d'etre dite.continuez-votre travail.Un jour nous vaincrons.
Merci de rappeler cette dure vérité à nos consciences. Mais au delà de ces amers constats, effectués depuis tant d'années et par tant de personnes, je vous exhorte, Cher frère Komlan, à faire de cet espace en plus de l'éveil des consciences, celui de la proposition de solution à certains de nos maux. Je suis disposé à y apporter ma modeste contribution.
Cela fait des années et des années que celles et ceux qui nous lisent, nous écoutent et nous regardent savent que nous ne manquons jamais de formuler des propositions. Il est vrai que nous ne proposons pas ce que certaines personnes voudraient mais, nous dire que nous ne proposons pas des solution c'est une erreur de lecture.
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