Ce qui caractérise les Etats, les vrais, et la Chine en est un, c’est le nationalisme économique au nom duquel leurs élites politico-économiques se donnent les moyens pour aller prendre l’argent et les ressources là où ils se trouvent. A l'examen de l'histoire, la Chine est un pays reconnu pour son nationalisme et le patriotisme de ses citoyens n'est plus à démontrer. Comme tout Etat qui calcule, la Chine n'investit dans un tel ou tel territoires africains que lorsqu'elle a la garantie qu'elle gagnera plus qu'elle ne perdra. Dans sa démarche en Afrique, les investissements chinois se concentrent dans les territoires où des richesses minières et agricoles sont abondantes, faciles d'accès et où elle peut couler ses produits sans trop de difficultés. Le Congo, le Soudan, le Tchad, le Nigéria, le Cameroun, le Kenya, l'Angola, l'Afrique du Sud, l'Egypte, la Côte d'Ivoire, la Guinée Equatoriale, la Zambie et le Gabon voilà des territoires clés où la Chine frappe. China Petroleum et Chinese National Offshore Oil Company investissent les champs gaziers et pétroliers et pariant sur l'avenir étant donné que l'Afrique reste malgré tout sous explorée, ces compagnies financent des recherches ici ou là. En plus des terres agricoles qu'elle acquiert en Afrique afin de produire une partie de ses besoins alimentaires, la Chine est présente dans les secteurs de transports avec ses motos et des textiles. C'est dire qu'une part de la croissance chinoise est portée par l'Afrique dont la part ira en croissant pour un pays qui est en train de prendre la première place dans l'économie mondiale. La stratégie chinoise en Afrique est claire: prendre ce qu'il y a à prendre en claironnant le fameux "partenariat gagnant-gagnant" et le faire clamer par des journalistes et autres diplômés africains formés en Chine ou dans les instituts Confucius locaux. Le concept "gagnant-gagnant" enchante beaucoup d'Africains qui, à l'aune de ce que l'Occident a fait jusqu'ici en Afrique, proclame urbi et orbi que voici venu enfin le sauveur. C'est ainsi qu'on nous dit doter l'Afrique d'une "stratégie de développement" en la livrant à la Chine par le biais de dirigeants africains incultes, rétrogrades, opportunistes, affairistes et premiers opposants des peuples qu'ils régentent. Ces dirigeants à la légitimité douteuse, ces dirigeants pour qui l'intérêt national se résume aux intérêts personnels ou claniques, pour qui le vol est la règle de gouvernance comment peuvent-ils identifier et défendre les intérêts africains face à la puissance chinoise? Qui prend de tels hommes au sérieux pour traiter avec eux sur base des règles classiques que les Etats normaux guidés par des élites intelligentes et responsables devant les peuples qu'ils représentent appliquent dans le commerce international? Tout le monde sait que les dirigeants africains sont des voleurs, des usurpateurs et des laquais n'ayant aucune notion des intérêts nationaux, à la tête de pays qui, au fond, ne sont que des constructions coloniales n'ayant aucun pouvoir.
C'est pour cela que toute intelligence qui ne se préoccupe pas d'organiser ses forces endogènes, de les former, de les doter d'une force de frappe avant de parler d'alliance ou de partenariat est un mauvais stratège. Faire ou prêcher le contraire, c'est faire de ce chimérique partenariat un contrat de soumission et de dépendance volontairement souscrit. Ainsi, avant même de vouloir propulser, par réaction au pillage et au mépris des occidentaux, l'Afrique dans les bras de la Chine ou des nouveaux venus à la recherche de quoi construire des solutions aux problèmes de leurs peuples, il faut veiller à doter l'Afrique d'Etats réels, d'institutions fortes, d'un peuple effectivement maître sur ses terres et de dirigeants dotés de conscience patriotique et contraints de défendre les intérêts africains dont ils sont, par leur charge même, porteurs. C'est-à-dire tout le contraire de la race de rapaces appelées dirigeants africains dont la préoccupation est de se goinfrer, de satisfaire les clans qui les entourent et de tuer toute idée d'intérêts collectifs au sein de notre peuple. De plus, historiquement, aucun peuple ne s'est lancé dans l'aventure extérieure sans avoir réalisé en son sein l'unité nationale et sans un leadership éclairé et foncièrement patriote. Sans ce travail de base, c'est quitter une colonisation pour une autre colonisation. C'est installer la permanence de la dépendance. Car, entre les faibles, mieux, les affaiblis et le fort, l'alliance ou le partenariat n'a que le goût d'une dépendance ou d'un protectorat. C'est précisément ce qu'une Afrique nouvelle ne doit plus avoir.
Les Africains se mentent à eux-mêmes en pensant pouvoir sortir de la merde et devenir ainsi un peuple reconstitué en déléguant leurs responsabilités à d'autres, notamment aux Chinois par qui ils ne jurent que ces derniers temps par esprit de déception envers un Occident pilleur et méprisant. A la vérité les Africains ne seront pas ce seul peuple sur terre qui échapperait aux sentiers rudes et difficiles de l'histoire qu'emprunte tout peuple dominé et colonisé pour se redresser. Il y a un prix à payer pour se libérer et se reconstruire. Si les Africains estiment qu'ils sont trop beaux pour s'engager sur cette voie, trop mignons pour mettre la main dans le cambouis du combat libérateur alors il n'y a rien à faire. Si les Africains estiment que leur terre ne mérite pas qu'ils lui consacrent leur vie, leur misérable vie pour la reconquérir, la reconstruire et la sanctuariser, quoi de plus normal qu'ils appellent à présent la tutelle des Chinois face aux Occidentaux. Disons simplement la bienvenue aux Chinois en terre africaine où ils peuvent puiser les ressources pour compléter et confirmer leur leadership dans le monde contre quelques petits ponts, des routes et autres stades construits par eux-mêmes sans nous donner la technique pour y arriver nous-mêmes. Croire qu'on échappera aux lois de l'histoire en allant se réfugier sous l'aile de la Chine et vivre ainsi par procuration, quel projet!? Croire que la Chine ne serait pas un Etat normal qui travaille pour ses propres intérêts sur nos terres, quelle lucidité!?
Komla KPOGLI
Komla KPOGLI
1 commentaire:
Dans l'immédiat :
Entre la Chine qui achète nos matières premières et l'Europe/Occident qui les pille, la différence n'est pas que de forme ; elle est de nature...
Pressés par des circonstances géopolitiques, sur lesquelles notre anti-élite françafricaniste n'a aucune prise, il faut bien faire un choix : celui des acheteurs à vil prix, plutôt que des pilleurs arrogants et criminels qui n'hésitent pas à vous infliger "la démocratie" sur son tapis de bombes assassines...
Certes, l'échange reste toujours défavorable, "inégal", à l'Afrique : aussi bien l'achat à vil prix, ou bradage de nos matières premières aux Chinois, que le pillage arrogant des Occidentaux...
Mais, refuser de choisir lorsqu'on n'a pas les moyens (militaires et économiques) de ce refus, c'est se vautrer dans l'inaction en se répandant en rhétorique : ne pas confondre panafricanisme de(s) discours, et discours panafricaniste...
A terme :
Il est évident que le mieux pour l'Afrique serait de se recentrer sur elle-même. Au plan économique, cela signifie de réorienter l'extraction et la valorisation de ses ressources naturelles vers la satisfaction de ses propres besoins économiques internes, nationaux aussi bien que panafricains...
Bien entendu, on peut encore moins demander aux larbins françafricanistes, qui nous gouvernent, de suivre cette troisième voie (ni pro-occidentale, ni pro-chinoise, mais entièrement PANAFRICAINE). C'est déjà ça s'ils font construire 2 ou 3 autoroutes aux Chinois en échange de nos ressources naturelles, car les populations en ont le plus urgemment besoin : elles ne sauraient attendre que la galaxie des nano-organisations panafricanistes sans aucune capacité opérationnelle, stratégique, s'unisse enfin pour dégager les "gouverneurs nègres" à nous imposés par Bwana...
Bref, je voulais dire que la position défendue par l'auteur de l'article n'est pas incompatible avec ce qu'il critique : il voit ce qu'une élite panafricaniste pourrait faire, là où il s'agit d'apprécier l'alternative géostratégique qui se pose actuellement à l'anti-élite françafricaniste. Entre son inféodation servile à un Occident désormais en faillite, et l'opportunité de diversification qui lui offre la montée en puissance de la Chine (Iran, Venezuela, Russie, Brésil, Corée du Nord, Indonésie, Inde, etc.)...
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