dimanche 24 mai 2009

L’Afrique peut-elle un jour avoir un hôpital pouvant soigner "ses" gouvernants ?



Omar Bongo : 41 ans de règne, pas d’hôpital au Gabon !

24 mai 2009
Rodrigue KPOGLI
Site : http://lajuda.blogspot.com/

La communication officielle le disait affecté par la mort de sa dulcinée Edith, décédée à Rabat (Maroc) en mars dernier. On le disait en retrait pour pouvoir faire le deuil. Cette version des évènements a été vite rattrapée par les faits qu’on ne saurait cacher pendant longtemps. Omar Bongo est malade !

Le ministre des affaires étrangères espagnol Miguel Angel Moratinos a, le jeudi 21 mai 2009, personnellement porté l’information à la connaissance du monde : Bongo est bel et bien souffrant d’un cancer intestinal et est hospitalisé dans une clinique privée à Barcelone.

Voilà un soi-disant chef d’Etat malade qui pourtant ne dit rien à son peuple. Ses services non plus, n’ont daigné l’informer. Car, selon ces gens là, on ne déclare pas la maladie du chef. Le chef ne doit souffrir qu’en catimini. Mieux, il doit mourir « subitement » comme ce fut le cas pour nombre de ces guignols dont Eyadema Gnassingbè. Ils doivent mourir ainsi pour surprendre leurs peuple et adversaires

L’objectif de cette cachotterie imbécile ne s’inscrit en rien dans la tradition africaine comme veulent le faire croire ses auteurs. Bien au contraire, elle est la manifestation d’une conception du pouvoir qui fait de ces mythomanes téléguidés et cleptomanes patentés, des « hommes forts ». Des hommes quasi-robotisés rompus à diriger leur pays de manière brute voire barbare. Lorsqu’on se proclame gaillardement homme fort de son pays, on doit dissimuler en conséquence ses faiblesses qui en réalité, ne sont rien que des faiblesses humaines. Or, ces pantins se donnent une image surhumaine d’eux-mêmes en vantant une santé à toute épreuve.

Cette attitude maladive de se présenter en êtres infaillibles est non seulement le signe d’un mépris absolu à l’égard du peuple, mais aussi celui de la coupure totale de ces soi-disant gouvernants des populations et la peur constante que les premiers ont au ventre en sachant que les secondes peuvent exploiter leur moment de faiblesses pour se soulever.

Mais le plus révoltant dans cette lente agonie de Bongo est ailleurs.

Ce bout d’homme moustachu régente le Gabon depuis 41 ans. Ainsi, se fait-il appeler cyniquement « doyen d’Afrique ». Aujourd’hui le doyen est malade. Curieusement, celui que Madilu chantait récemment en serinant « Bongo, le bâtisseur du Gabon et dont le projet, c’est des actes » se retrouve aujourd’hui non pas dans l’un des hôpitaux qu’il a bâti au Gabon mais en Espagne dans une clinique privée. Il n’y a donc aucune infrastructure sanitaire équipée pour s’occuper du cancer du « Bâtisseur ». Pourtant, Bernard Kouchner, l’expert en santé publique et spécialiste aussi des opérations humanitaires sous le feu des projecteurs, célèbre par son sac de riz sur les épaules, vient d’empocher les derniers 817.000 euros- le rapport Kouchner aurait coûté au total 2,6 millions d’euros- pour avoir apporté son expertise pour l’amélioration du secteur de la santé dans ce pays béni des dieux et pourvu de fabuleuses richesses dont le pétrole et n’abritant qu’environ 1,5 millions d’âmes. Les infrastructures de base y manquent cruellement et la majorité de la population vit dans la pauvreté la plus honteuse.

Ami de tous les gouvernements français depuis De Gaulle, Albert-Bernard Bongo devenu El Hadj Omar Bongo puis Ondimba, n’a jamais cessé d’être l’Agent des Services secrets français qu’il était à sa prise du pouvoir. Fort de sa longévité et de la fortune qu’il a amassé au sommet du Gabon, Le Hadj s’octroie le luxe de financer des campagnes électorales françaises notamment celle de François Mitterrand comme l’a écrit Pierre Péan dans « Affaires africaines ». Le candidat Sarkozy a, lors de la campagne présidentielle, eu lui aussi en 2007 sa part de « conseils et d’avis » du doyen. Lors du congrès d’investiture de l’UMP en janvier 2007, porte de Versailles, la fille Bongo, Pascaline, et son époux, le ministre gabonais des Finances, Paul Toungui étaient aux premiers rangs des soutiens de Sarkozy qui une fois élu, n’a pas tardé à recevoir son bienfaiteur Bongo fin mai 2008 à l’Elysée.
Voilà, une bonne manière de doter le Gabon d’hôpitaux en finançant les partis politiques en France. Une autre bonne manière d’équiper son pays, c’est de s’acheter de luxueuses voitures et d’avoir de gigantesques hôtels personnels ou encore de disposer des comptes bancaires en France, en Suisse ou ailleurs. Aujourd’hui, le doyen Bongo se fait administrer des soins en Espagne. C’est un terrible aveu : le Gabon n’a aucun hôpital digne de ce nom. Au lieu d’une ambulance qui le dépose dans un centre de soin bien équipé du pays, Bongo saute dans un avion pour l’étranger. Les pauvres populations, elles doivent mourir tranquillement.

Bongo n’est pas le seul à agir de cette façon. Eyadema Gnassingbe, Bokassa, Mobutu, Conte…l’ont fait jusqu’à leur mort. Nguesso, Compaore, Biya et autres continuent de sauter dans un avion pour se faire soigner à l’étranger aux moindres maux de gorge attestant ainsi en mondovision qu’ils ne bâtissent rien dans leur pays respectif.

Dans cette situation, la mort - aujourd’hui ou demain - de Bongo n’apportera rien de salutaire au peuple gabonais, car les héritiers Ali et Pascaline Bongo sont déjà positionnés pour capter le pouvoir, comme ce fut le cas du Togo où les fils du défunt Gnassingbe ont été portés au pouvoir sous le double poids du viol et des violences. Pour sortir du suicide collectif qui se profile à l’horizon sous des pouvoirs africains actuels, la seule solution qui reste au peuple d’Afrique et à la jeunesse africaine est de prendre la mesure du mal que font ces guignols de gouvernants afin d’agir efficacement pour les mettre hors d’état de nuire et couper, in fine, l’herbe sous les pieds de leurs mentors nichés à l’ombre et vidant l’Afrique de ses richesses en toute quiétude. Rien n’arrêtera cette caste de rapaces sauf à lui opposer une résistance farouche menée par une solide organisation de la jeunesse éclairée par notre histoire. Laquelle organisation puise sa force dans les valeurs endogènes de nos sociétés et menée par des femmes et des hommes foncièrement animés par l’esprit du bien commun, de patriotisme et de courage sans aucune trace de compromission.