jeudi 11 décembre 2008

Droits de l’Homme : l’aveu français.



10 décembre 2008
Rodrigue KPOGLI
http://lajuda.blogspot.com/

Les Africains sont un des peuples ayant toujours dénoncé la duplicité occidentale et française en particulier. Eux qui subissent sans solution de discontinuité, les affres de la politique française, ont enfin un soutien de taille. Bernard Kouchner, ministre français des affaires étrangères avoue ce que les Africains savent depuis la pénétration des Européens de l’Afrique.

Dans une interview interview au Parisien, publiée le mercredi 10 décembre 2008, Bernard Kouchner fait la confession « je pense que j’ai eu tort de demander un secrétariat d’Etat aux droits de l’homme. C’est une erreur. Car il y a contradiction permanente entre les droits de l’homme et la politique étrangère d’un Etat, même en France ».

Cet aveu vaut son pesant d’or, fondamentalement pour deux raison. D’abord, parce que Bernard Kouchner n’a pas choisi n’importe quel jour de l’année pour dire cette vérité que les peuples opprimés connaissent depuis longtemps. Il a choisi le 10 décembre 2008, jour du 60ème anniversaire de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme adoptée en 1948 par 48 Etats membres de l’ONU contre 8 abstentions. Faire cet aveu en cette journée très symbolique pour les associations de défense des droits de l’Homme qui dans les pays africains, n’ont pas encore compris qu’il y a droits de l’Homme et droits de l’Homme, est plus que marquant.

Ensuite, Bernard Kouchner n’est pas ignorant ou un simple d’esprit. Cofondateur de Médecins sans frontières et de Médecins du monde, ancien haut fonctionnaire de l'ONU, Kouchner est l’une des voix les plus affirmées à défendre le « droit d’ingérence » humanitaire, ce concept ambigu qui voudrait que certaines raisons morales justifient la violation de la souveraineté nationale d’un Etat. Bref, Kouchner est l’un des plus fervents défenseurs de la civilisation occidentale droitdelhommiste qui pourtant n’a accordé aucun droit à l’Homme qu’elle a rencontré sur son passage. Pour un homme qui a tant « aimé » les droits de l’homme au point de le montrer devant les caméras avec le port des sacs de riz au Nigeria lors de la guerre du Biafra suscitée et soutenue par la France pour faire main basse sur le pétrole, le revirement est extraordinaire. Mais, mieux vaut confesser tard ses mensonges que de les porter dans l’au-delà.

Ceux qui croient que les Occidentaux défendent les droits de l’homme et corollairement la démocratie dans le monde ont tout faux. D’ailleurs tout au long de l’histoire, les Occidentaux ont toujours utilisé la notion des droits de l’Homme quand cela les arrange et les méprisent quand il y a nécessité. C’est ainsi que dans beaucoup de pays africains et ailleurs, ils soutiennent des tyrans qui leur offrent gracieusement leur pays et renversent tous ceux qui tentent de s’opposer à leurs intérêts. Comme quoi, les droits de l’Homme sont à géométrie variable. Dans la réalité, il existe des droits de l’homme qui ne s’appliquent pas aux Africains et aux indigènes, car ces Peuples sont à cheval entre l’Homme (le Blanc) et le Singe. Et c’est justement parce qu’ils ne sont pas des Hommes qu’ils ont eu à supporter la plus grande déportation de l’humanité qu’ont été les razzias esclavagistes et les pires formes d’humiliations à travers la colonisation, l’apartheid et le néocolonialisme aujourd’hui. Certainement, c’est aussi au nom des droits de l’Homme que les descendants d’Esclavagistes, les fils de colons et les néocolonialistes s’arrogent le droit de définir ce qui a été ou non positif dans cette série de crimes en lieu et place des victimes.

Bernard Kouchner avoue aussi « on ne peut pas diriger la politique extérieure d’un pays uniquement en fonction des droits de l’homme. » Et d’assumer finalement « Diriger un pays éloigne évidemment d’un certain angélisme. » Quelle franchise !

Et pourtant dans sa politique africaine, la France ne cesse de se vanter de mettre les droits de l’Homme au centre des préoccupations. A chaque fois qu’elle est montrée du doigt dans le soutien total qu’elle apporte aux tyrans locaux, la France hausse le ton traite tous ces contradicteurs de menteurs, d’imbéciles, de mauvaise foi, de haineux et d’ingrats. C’est ainsi que par exemple sur le Togo, Michel Barnier a récusé toute implication française dans la succession sanglante de Faure Gnassingbe à son feu père, grand « ami de la France » et « ami personnel » de Chirac. Au Rwanda, la France nie toute implication dans le génocide alors que des organisations comme Survie, à travers une enquête citoyenne, ont démontré son rôle incontestable. La France adopte la même attitude lorsqu’une commission d’enquête Rwandaise décrit sa responsabilité. En Côte d’Ivoire en 2004, la France n’a jamais tiré sur la foule de manifestants aux mains nues. Au Tchad, la France n’a jamais maintenu Idriss Deby, malgré l’incessant secours porté à ce tyran qui ne réalise de progrès dans ce pays qu’en rajoutant Itno à son nom à l’instar de Bongo qui aussi trouve que ce dont les Gabonais ont besoin c’est de rajouter Ondimba à son nom. Promis juré, la France est le seul pays au monde à mettre les droits de l’Homme au centre de sa diplomatie ! Elle n’a pas assassiné Sylvanus Olympio au Togo. Thomas Sankara était mort naturellement. Félix Moumié assassiné et dont la tombe a été profanée et dont le corps a disparu en Guinée depuis 2004, la France et Messmer n’y sont pas impliqués. Les tripatouillages constitutionnels pour permettre aux pions africains de s’éterniser au pouvoir et de se faire remplacer par leurs progénitures sous la houlette de Constitutionnalistes et autres Juristes tels Charles Debbasch, Robert Bourgi, c’est la mise en œuvre des droits de l’Homme.

Aujourd’hui, Kouchner dit enfin la vérité et ne semble plus être dans cette posture d’une France toujours immaculée, angélique et de loin en avance sur les autres. Combien de fois n’a-t-on pas entendu des Français clamer être les meilleurs au monde dans tel ou tel domaine ? Enfin, peut-être faut-il le reconnaître. La France est le meilleur de tous les pays du monde en toute chose y compris dans le mensonge et la duplicité. Dire une chose et faire exactement son contraire ou faire une chose et s’attribuer exactement le contraire, telle est sa spécialité en Afrique.

Finalement Kouchner s’inscrit dans une parfaite cohérence car, n’a-t-il déjà pas eu à montrer que les droits de l’Homme sont incompatibles avec les affaires ? La compagnie pétrolière Total, accusé de toute part et notamment par Aung Sun Suu Kyi, Prix Nobel de la Paix 1991, de soutenir la junte militaire en Birmanie et de faire recours au travail forcé et à la séquestration, a fait recours à Kouchner pour tenter de se blanchir. Début 2003, l'un des avocats de Total, Jean Veil sollicite amicalement la Société BK Conseil, un cabinet de consultant international créé par Bernard Kouchner, aux fins de rédiger un rapport sur le rôle du groupe pétrolier dans ce pays. Après un séjour du 25 au 29 mars 2003, un document de dix neuf pages a été pondu par BK Conseil qui blanchit Total contre 25.000 € d'honoraires hors frais. Horrifiés, les opposants crient au scandale, et dénoncent la légèreté du travail pour n’avoir pas été interrogé par BK Conseil. Kouchner persiste : « Je suis sûr à 95 % que les gens de Total ne sont pas capables de faire ça, ce ne sont pas des esclavagistes. » Quelques mois plus tard, en novembre 2005, le travail du Grand défenseur des droits de l’Homme a été vidé de sa substance : Total décide d'indemniser les esclaves que « BK Conseil » affirmait n’avoir pas vu.


Merci, M. Kouchner de reconnaître en ce jour du 10 décembre 2008, qu’il y a contradiction permanente entre les droits de l’homme et la politique étrangère de la France. C’est ce que les Africains disent depuis environ cinq siècles. A partir de ce moment, la France doit tirer les conclusions qui s’imposent. Ceux qui en Afrique, ignorant les réalités du monde et refusant de lire correctement l’Histoire, croient naïvement ou par petits intérêts égoïstes liés aux miettes de financements qu’ils ne cessent de quémander des ONG et Fondations occidentales en faveur de leur business associatif, que les pays Occidentaux, parce qu’ils « blablatent » sur la morale et sur l’Homme, sont des défenseurs des libertés en Afrique, alors même qu’ils soutiennent les guignols de tyrans, sont à présent sensibilisés.

Sarkozy n’a-t-il pas lui-même précédé Kouchner en disant à Dakar en juillet 2007 que la France ne peut se substituer aux Africains -ce qu’aucun Africain lui demande d’ailleurs- dans leur revendication relative aux libertés et droits. Traduction : la France ne s’occupe pas des droits de l’Homme en Afrique. Ce n’est qu’une confirmation de ce que les peuples d’Afrique ne cessent de dire. Ce message Sarkoziste n’est pas tombé dans les oreilles de sourds. La jeunesse africaine l’a entendu et exige de la France qu’elle n’intervienne pas lorsque les peuples s’opposent aux guignols de dirigeants qui les oppriment.

lundi 8 décembre 2008

Pourquoi est-il si difficile d’avoir un leadership responsable au Togo.

08 décembre 2008
Rodrigue KPOGLI

Les premières années de la lutte du Togo pour la démocratie étaient conduites par quelques figures qui sont apparues comme des leaders pouvant rassembler. Progressivement, elles se sont décrédibilisées, soit par leur incapacité à organiser efficacement la riposte face aux multiples assauts meurtriers du système RPT, soit par leur empressement à jouir des privilèges d’un pouvoir qu’elles n’ont pas encore acquis. Ainsi, de l’inorganisation couplée à l’absence de stratégies, aux retournements de casaque en passant par des indécisions, des hésitations, des incohérences et des querelles interpersonnelles de bas étage, l’embryonnaire leadership togolais s’est considérablement ruiné.

Me Yaovi Agboyibo sachant que le Comité d’Action pour le Renouveau (CAR) n’a pas d’avenir sous sa présidence après qu’il ait servi de premier ministre à Faure Gnassingbe, a réalisé un formidable coup de communication en se faisant remplacer par Me Apevon Dodji. Dans un pays où les partis d’opposition sont souvent accusés à tort de ne pas appliquer l’alternance en leur sein, Me Agboyibo a réussi à convertir ce qui est un échec en une victoire éclatante.

M. Gnininvi, après la signature de l’Accord politique de Ouaga dit Global, fonce la tête baissée. Rien ne semble arrêter la CDPA dans sa logique de gain à tout vent, ignorant que sur « le chemin de la trahison, il n’y a que le fleuve de la honte à traverser ».

M. Olympio, courbant l’échine devant la pression d’une improbable Communauté Internationale, et mordant à l’appât de la primature promise et obtenant un assouplissement sur le verrou de résidence taillée à sa mesure dans les dispositions électorales, a fait apposer la signature de l’UFC au bas de l’Accord de Ouaga.

Quant à Edem Kodjo et Ayeva Zarifou et quelques autres de leur acabit, ils ont convaincu les Togolais sur leur vocation d’éternels prostitués politiques bien avant l’avènement de Faure Gnassingbe au pouvoir, à la place de son père.

Inutile de souligner le caractère éminemment violent consubstantiel au pouvoir RPT qui, à travers sa formidable industrie de l’impunité, crée la peur et l’intimidation. Le débat démocratique faisant l’objet d’une prohibition non-écrite sous ce régime tyrannique héréditaire, la constipation gagne les esprits qui auraient pu briller sous d’autres cieux.

A ces éléments, il faut ajouter que le peuple togolais est caractérisé par une triple contradiction :

1- Lorsqu’un leader est devant lui, le peuple togolais dit qu’il le dépasse.
2- Lorsqu’un leader est à ses côtés, le peuple togolais estime qu’il le pousse.
3- Lorsqu’un leader est derrière lui, le peuple togolais pense que celui-ci le talonne.

Ainsi, au Togo, veut-on un leadership idéal, constitué d’immaculés et de Saints. Cette exigence, cette volonté de ne pas laisser des vendeurs d’illusions berner les masses voire les utiliser pour des intérêts personnels, n’est pas une mauvaise chose en soi. Seulement, à partir de cette conception acquise sans doute par expérience, les Togolais sont parvenus à supporter difficilement tout individu désirant prendre le devant des choses.

Chacun pense donc être le plus apte et s’estimant être le Saint que tout le monde souhaite voir surgir. C’est certainement pour cette raison là que dès que Madame X sort la tête, on lui tape dessus. Dès que Monsieur Y pointe son nez, on le lui casse. Dès que le Citoyen Z ose, on le renvoie dans son nid en lui opposant toute sorte de principes qui parfois, ont du mal à tenir la route. Progressivement, des initiatives ont été incidemment découragées. Et la vacuité finissant par gagner nos rangs, y a établi aujourd’hui le printemps de la non-pensée. Après des années d’incubation sournoise, des acteurs de la casse sortent l’artillerie lourde pour mitrailler toute tentative de réflexion et de rappel aux fondamentaux qui nous ont échappés depuis un bon moment déjà.

Peut-être que l’inconscient collectif marqué par les 40 ans de traversée du désert sous la férule d’Eyadema Gnassingbe, se dit, plus jamais, il n’a besoin de guide ni de leader pour avancer. Personne ne veut suivre l’Autre, ne serait-ce que le temps de surmonter collectivement les obstacles qui jonchent le chemin.

Dans cette panne générale qui assèche la pensée et l’esprit d’initiative, la recherche de la solution individuelle devient la norme. Ce qui écrase l’idée que lorsqu’un problème se pose pour l’ensemble de la collectivité, il ne peut y avoir de solution que celle collective. Les issues individuelles ne peuvent qu’être un pis-aller dans cette situation. Dans le cas togolais, chacun crée son parti politique, chacun crée son association, chacun crée son organisation… Bref, chacun monte sa chapelle en attendant que l’orage vienne emporter toutes ces initiatives qui témoignent de notre incapacité à bâtir un outil collectif de lutte démocratique à la taille de l’enjeu qui est le nôtre.

Sur cette pente savonneuse, nous avons réussi l’exploit d’avoir 83 partis politiques au Togo. Dans ce Capharnaüm politico-affairiste sans cesse croissant, se fréquentent une certaine opposition constituée de 4 à 6 partis de tendance pseudo-socialistes, 8 à 10 partis d’obédience pseudo-libérale, 12 à 15 pseudos partis dits socio-démocrates et tous les autres sans idéologie ni gouvernail qui gravitent autour du pouvoir en attendant que le vent tourne dans l’autre sens pour opérer leur virage. Il en est de même pour des structures associatives. Ces doublons loin d’enrichir l’arène socio-politique togolaise, la grèvent énormément.

Bientôt vingt ans après le début des hostilités entre une tyrannie soutenue de l’extérieur et portée par une milice militaro-policière et le peuple togolais affamé et écrasé mais connaissant parfaitement l’enjeu, les questions que se pose le mouvement démocratique restent les mêmes : Boycotter ou non des élections perdues d’avance ? Bulletin unique ou multiple ? Candidature unique ou multiple ? Liste électorale refaite ou révisée ?

La persistance de ces questions, en réalité, rudimentaires, est la preuve que le mouvement démocratique a du chemin devant lui. C’est aussi la preuve qu’il n’a pas tiré les leçons des fautes et erreurs du passé. Car, si le diagnostic est fait sans complaisance et les enseignements retenus, ces questions ne se poseraient plus. La seule chose qui vaille la peine dans ce cas, serait de travailler vigoureusement pour la mise sur pied d’une véritable stratégie de conquête du pouvoir avec la complicité du peuple togolais si éreinté par le système RPT.

Une autre raison pour laquelle, il est si difficile d’avoir un leadership responsable au Togo, se trouve dans le manque d’écoute entre les différents îlots d’intégrité qui résistent encore. Ce déficit se manifeste en ce que les idées des uns et des autres ne retiennent pratiquement aucune attention. Normalement, c’est à partir d’elles que des alliances de travail doivent se nouer. En somme, c’est le m’as-tu-vu permanent constituant à quelques exceptions, des reprises des idées précédemment mises en évidence qui fleurit. Ces reprises d’idées sans pour autant se rapprocher de leurs auteurs signifient clairement qu’une compétition malsaine de personnes se joue dans nos rangs.

A l’orée de la présidentielle de 2010, le mouvement démocratique a donc du pain sur la planche। Il doit surmonter en l’espace d’un an toutes les contradictions qui la minent depuis une vingtaine d’années. Ou, il réussit ce pari et alors 2010 sera une année de succès démocratique ou, il échoue dans la reconstruction et alors, le peuple togolais assistera pour une nième fois à une tragi-comédie électorale. Cela n’est pas une mince affaire quand on sait qu’actuellement les cartes sont complètement brouillées et qu’on ne sait avec exactitude l’identité des uns et des autres après l’APG et son corollaire de gouvernement dit d’union nationale. 

Mais à cœur vaillant, point d’œuvre impossible। Il faut partir de ce qui est en alliant les valeurs d’intégrité, de cohérence et de résistance à toute épreuve, aux idées alternatives qui, par un travail de synthèse, pourraient être fédérées pour toute fin utile. A défaut, seule une planification sur un moyen ou long terme avec un agenda bien précis tenu par des citoyens intègres, foncièrement patriotes et soutenus moralement, matériellement et intellectuellement, peut constituer la solution.

mercredi 19 novembre 2008

Sarkozy : quand l’insolence reçoit le prix du courage.

19 septembre 2008
Rodrigue KPOGLI
http://lajuda.blogspot.com/

Le ridicule ne tue pas. Vraiment !

Nicolas Sarkozy de Nagy-Bocsa vient de recevoir le prix du courage politique décerné par la Revue Politique Internationale. Etes-vous jaloux ? En tous les cas, ce qui compte c’est de reconnaître au Roi des Gaulois, gesticulateur à rayonnement international, qui réussit à éteindre le soleil en prononçant des mots, le mérite de ce prix qui a été déjà décerné à Sadate, à De Klerk et à Jean Paul II. Vraiment Sarkozy le mérite. Au centuple même !

Sarkozy n’a-t-il pas eu le courage de traiter les jeunes des banlieues, de racaille qu’il faut nettoyer au karcher pour ramener la paix menacée en France ? N’a-t-il pas promis aux Français qu’il ira chercher la croissance avec les dents pour leur offrir ainsi plus de pouvoir d’achat ? Ne s’est-il pas attaqué violemment aux héritages de mai 68 ?

En ce qui concerne l’Afrique, et c’est ce qui nous intéresse beaucoup plus, Sarkozy, lors de la campagne présidentielle de 2007, a déclaré que la France n’a pas besoin de l’Afrique pour sa croissance. N’a-t-il pas clamé qu’il mettra fin tout de suite aux réseaux françafricains obscurs ? Le glorieux bateleur en chef n’a-t-il pas eu le courage de parler de la diplomatie des droits de l’Homme ?

Mais, il devient encore plus courageux lorsque les 52% de géniaux Français lui accordent le pouvoir. Tout de suite, Sarkozy forme une équipe gouvernementale marquée par le ministère de l’immigration et de l’identité nationale. Déclarer la guerre aux immigrés et aux sans papiers - des Hommes après tout - pour ne cesser de se proclamer président des droits de l’homme dans un pays qui se dit « Patrie des droits de l’Homme ». Quel formidable courage !

Rejetant lors de la campagne déjà, les héritages de mai 68, Sarkozy n’hésite pourtant un seul instant à monter dans le yacht de Bolloré pour des moments merveilleux à Malte. Lui qui a toujours vomi les excès issus de mai 68, se montre extrêmement friand de luxe avec les rolex et autres bling bling.

Le handsome boy Sarkozy a divorcé quand il le fallait et s’est remarié de suite. En compagnie de sa nouvelle compagne, le brillantissime Sarkozy est allé à Disneyland puis en Egypte avec le fils de sa sainteté Carla sur l’épaule. N’est-ce pas du courage ?

Un autre acte de courage du Roi Soleil, c’est de réussir à tisser une amitié avec les patrons de la presse et à mettre les journalistes dans un tracteur, comme des moutons, pendant que lui-même joue au cowboy sur un cheval blanc.

A Guilvinec, en novembre 2007, les pêcheurs manifestent. Le courageux ira leur parler. Il sera encore plus courageux lorsque quelques uns des manifestants lui lancent des insultes et revendiquent une augmentation de 140% de salaire comme lui. Il réplique au coup par coup et courageusement, il demande à ses agresseurs de descendre pour des explications mano à mano. Plus récemment, en février 2008, au salon de l’agriculture, dans un bain de foule, un visiteur lui lance « touche-moi pas, tu me salis ! ». Le courageux de la République française lui répond du tac au tac « casse-toi alors ! Casse-toi, pauvre con ! » Génial courage, n’est-ce pas ?

Acculé par des journalistes qui lui rappellent sa promesse sur le pouvoir d’achat, Sarkozy dira que les caisses sont vides. Alors qu’il a violemment tancé quelques jours auparavant son Premier ministre, François Fillon, pour avoir déclaré être à « la tête d’un Etat en faillite ». Quel courage politique !

Sous la pression toujours, le candidat du pouvoir d’achat devient courageusement le président du « Travailler plus pour gagner plus ». Cette fumeuse idée qui véhicule l’illusion qu’il faut travailler plus pour avoir les moyens de ne plus travailler. Puis, le jouissif Sarkozy appelle les Français - impatients matérialistes - à l’espérance religieuse et à entrer dans la « politique de civilisation » chère à Edgar Morin.

Conséquence : les bling bling et l’insolence sarkozistes sont durement sanctionnés. Sarkozy chute vertigineusement dans les sondages, qui vont le recadrer. Courageusement, Sarkozy entre enfin dans « le costume présidentiel ». C’est la fin des galipettes ?

Eh ben non ! Car Monsieur «Une idée nouvelle par jour», un des plus fervents défenseurs du capitalisme sauvage, proclamera lorsque le système plonge dans la crise, qu’il faut trouver les responsables et punir les coupables. Quel courage encore !

Quant à l’Afrique, après les courageux propos de campagne, place maintenant à l’exercice du pouvoir. Puisque la France n’a pas besoin de l’Afrique, comme la diplomatie française va désormais se fonder sur les droits humains et puisqu’il faut rompre avec la Françafrique, Sarkozy reçoit ou visite Sassou Nguesso, Bongo, Deby, Khadafi, Dos Santos, Mbeki, Bouteflika, Wade, Gnassingbe…

Courageusement, «l’homme aux trois cerveaux bien irrigués» renvoie Bockel qui a voulu imiter le courage de son patron en prétendant «signer l’acte de décès de la Françafrique agonisante». Fatale imitation ! N’est pas courageux qui veut. Bockel est viré et remplacé par Alain Joyandet qui ira présenter des excuses de la France pour les écarts de Bockel, en compagnie de Claude Guéant et de Bruno Joubert, respectivement secrétaire général et conseiller Afrique de l’Elysée, au Gabon le 10 avril 2008, au vieux crocodile françafricain Bongo. Bravo Sarkozy, le Courageux !

La France n’a pas besoin de l’Afrique. Mais garder les comptes d’opérations qui confisquent, jusqu’à une date récente, 65% de avoirs en devises des pays de la zone CFA, et où se trouvent aujourd’hui 50% de leurs avoirs, c’est être courageux. En marge du sommet Europe-Afrique de Lisbonne, le 8 décembre 2007, recevoir Faure Gnassingbé dans sa chambre d’hôtel pour lui rappeler que Bolloré est sur les rangs de la concession du port autonome de Lomé, et que quand on est ami de la France, il faut penser aux entreprises françaises : n’est-ce pas très courageux ?

La Françafrique est plus que jamais vivante. « Les réseaux d’un autre temps dont il faut se débarrasser », promesse du courageux candidat à la présidence lors de sa visite au Bénin, sont remis au goût du jour avec Robert Bourgi, le nouveau Foccart. Quel courage encore !

Sarkozy sait faire preuve aussi de courage militaire lorsqu’il s’agit de voler au secours d’un pion françafricain. Ainsi, en février 2008, acculé par une rébellion armée, Idriss Deby reçoit l’appui de son nouveau parrain. Faut-il rappeler que Sarkozy est allé courageusement chercher les trafiquants de l’Arche de Zoé « quoi qu’ils aient fait » ? Quelle bravoure aussi que de s’attribuer la libération des infirmiers bulgares de chez Kadhafi.

Le summum du courage présidentiel, c’est lorsque sur la tombe des massacrés de Thiaroye au Sénégal, Sarkozy prononce devant des Africains, le 26 juillet 2007, un discours dans lequel il dresse un bilan comptable de l’esclavage et de la colonisation ; deux idées géniales qui se sont corrompues malheureusement dans leur réalisation, et qui malgré tout, ont donné à l’Afrique des écoles, des routes, des dispensaires… et une civilisation ! Dans ce discours, Sarkozy rappelle que le drame de l’Afrique, c’est de ne pas avoir encore intégré l’Histoire. Prononcer ces mots en terre africaine devant la couche la plus vitale de sa population, sans craindre d’être lapidé ou que son auditoire vide la salle en guise de protestation dès les premières injures, n’est-ce pas être d’un courage excessif ?

Dire toutes ces abjectes vulgarités sur les Africains et avoir trois africaines à des postes ministériels de son gouvernement, puis nommer encore un préfet noir, n’est-ce pas courageux ?
Pour tous ces actes, Son Excellence Sarkozy, vous méritez le prix du courage politique 2008. Tout comme celui de « l’homme politique de l’année », distinction remise fin septembre par la très religieuse fondation Appeal of Conscience. Vous méritez aussi le prix du Humanitarian Award de la Fondation Elie Wiesel, laquelle attribue son prix à « des êtres exceptionnels qui ont consacré leur vie à combattre l’indifférence, l’intolérance et l’injustice ». Sarkozy est un homme exceptionnel, tolérant et juste !

Le Dalaï Lama, pressenti pour le prix du courage politique 2008, doit attendre. Il y a eu bien évidemment plus courageux que lui.

Comme un prix n’a de qualité que par celles de ceux qui le donnent, le prix du courage politique dont Sarkozy vient d’être récipiendaire est décerné par la Revue de Politique Internationale. Cette Revue est dirigée par Patrick Wasjman[1], qui se trouve être – par un heureux hasard - le conseiller en relations internationales de Patrick Devedjian, successeur de Sarkozy à la tête de l’UMP. Bref, c’est une revue dirigée par un UMP, conseiller du président de l’UMP qui attribue le prix du courage à un UMP. C’est une bonne chose quand entre amis, on se congratule, non ?

Ce qui rend ce prix encore plus honorable – sans rire -, c’est que la Revue Politique Internationale est une revue qui s’est distinguée avec la publication de fausses interviews. Elle a publié une fausse interview de Barack Obama en pleine compétition pour l’investiture démocrate en 2007. Le porte-parole de Obama, Ben LaBolt avait qualifié l’interview de « supercherie incroyable ». Il en était de même pour Allan Greenspan, ancien président de la Réserve fédérale dont la porte-parole d'Alan Greenspan, Lisa M. Panasiti, déclarera que jamais, son patron n’a accordé d’interview à la Revue.[2] Quelles courageuses supercheries à vrai dire !

Etrangement, ce prix, à quelques exceptions près, ressemble à l’autosatisfaction que s’attribuent les pions africains qui invitent à coup d’espèces sonnantes et trébuchantes, leurs clients des fondations et autres instituts bidons pour leur décerner des gadgets sous forme de titres ronflants. Il en est ainsi par exemple des Honoris Causa, Père Magnanime de la Paix… reçus par feu Eyadema Gnassingbé.

Compte tenu de tout ce qui est dit, Vaillant Sarkozy, vous méritez véritablement le prix du courage politique. Continuez l’agitation, les provocations, les discours creux, les pantalonnades, les palinodies, les jonglages. Car, si vos shows médiatiques sont considérés comme du courage au point d’en être récompensés, c’est que si vous allez plus loin, vous aurez le Prix du Superhomme Politique.

On aura vraiment tout vu ! Même l’insolence est couronnée. Quelle belle époque !

[1] http://www.lejdd.fr/cmc/international/200846/sarkozy-fait-son-eloge_164820.html
[2] http://www.rue89.com/mon-oeil/2007/09/05/une-fausse-interview-dobama-dans-politique-internationale

samedi 15 novembre 2008

MISE AU POINT DE RODRIGUE KPOGLI


A PROPOS DES REACTIONS SUR LE TEXTE : RETOUR DES BREBIS PERDUES ?

15 novembre 2008
Rodrigue KPOGLI
http://lajuda.blogspot.com

En date du 07 novembre 2008, nous avons signé un texte : Togo : le retour des brebis perdues ? Ce texte suscite plusieurs réactions auxquelles, nous apportons des précisions suivantes :

1. Retours : bonne ou mauvaise chose.

La question ne se pose pas en ces termes. Nous disons que tous les Togolais ont le droit de sortir et de revenir. C’est un droit inattaquable. Mais là où se trouve le problème, c’est annoncer urbi et orbi, sa rentrée au Togo. C’est une belle publicité gratuite pour un pouvoir qui demeure antidémocratique, tyrannique et qui amasse ces coups de publicités pour justifier d’éventuelles tricheries électorales. D’ailleurs, Republicoftogo.com dans un article intitulé « Retour d’Exil », publié le 10 novembre 2008, s’est exclamé triomphalement en des termes suivants : « La politique de réconciliation prônée par le président Faure Gnassingbé porte ses fruits. De nombreux opposants exilés en Europe et en Afrique sont revenus au pays ces derniers mois. Dernier en date à annoncer son retour, Jean Yaovi Dégli… »

2. Déclencher une « polémique malsaine ».

Le texte n’a pas pour objet de susciter une polémique malsaine. Encore une fois, nous nous sommes épanchés sur la stratégie utilisée pour rentrer au Togo et non sur le choix des uns et des autres que nous respectons, absolument. Notre intérêt s’est plutôt porté sur les retours annoncés avec fracas qui, à contrecoup, rendent service au pouvoir en place.

3. Rentrer au Togo pour quels objectifs ?

Pour raison familiale (privé) ou pour raison politique (publique), tout Togolais à l’étranger, a le droit de retourner au Togo. Il faut, pour éviter la confusion, préciser l’une ou l’autre dans les annonces que l’on fait. Mais faire passer sa rentrée sous le manteau politique et la présenter sur des médias comme un acte courageux de lutte patriotique puis déclarer plus tard qu’on est allé voir sa mère malade, soutenir son oncle alité, visiter la tombe de sa cousine, assister à une messe, visiter sa communauté villageoise en fête, assister aux funérailles d’un de ses parents,… est discutable. Pardon ! Mais ces actes, aussi sympathiques et touchants soient-ils, ne sont pas d’ordre public. Ils n’intéressent pas tout le monde.

4. Un retour au bercail avec une stratégie politique concertée.

C’est une bonne chose pour la lutte démocratique au Togo si des Togolais exilés depuis des années, retournent sur le terrain avec à l’idée de se mettre en rapport avec des structures politiques et citoyennes qui y œuvrent encore. Mais ceci serait encore plus rentable si ces retours sont concertés, discutés avec d’autres personnes ou organisations au sein de la diaspora. Avec une telle méthode, ces retours au Togo sont mieux organisés. Ils ne seraient donc pas qu’une initiative privée, personnelle annoncée sur des médias, ouvrant la voie à toutes les spéculations possibles.

5. L’implication de la diaspora dans le combat pour les droits au Togo.

La J.U.D.A est l’une des rares organisations citoyennes à revendiquer publiquement et à plusieurs reprises, une place pour la diaspora dans toutes les initiatives politiques. Cet acharnement a poussé des voix -notamment dans une émission sur Radio Nostalgie à Lomé, sur les discussions à Ouagadougou, le représentant de la jeunesse du CAR- à traiter la J.U.D.A d’une organisation « mandatée pour la diaspora » ou « porte-parole de la diaspora ».

6. Hier critiquant les Togolais d’être restés à l’extérieur, aujourd’hui critiquant ceux qui retournent au Togo.

Des esprits allumés ont cru pouvoir nous blesser en relevant des contradictions dans nos démarches. Contrairement à ce qu’ils croient, nous n’avions jamais reproché aux compatriotes de la diaspora de rester à l’extérieur. Nous avions plutôt souvent affirmé qu’ils ne doivent voir leur éloignement géographique comme une bouée de sauvetage. Au contraire, nous leur demandons de s’engager de là où ils sont, à travers des organisations effectivement présentes sur le terrain. Pour preuve, voici ce que nous disions dans notre communication du 08 juin 2006 lors de la conférence publique à Lomé sur le thème : quelle jeunesse pour le Togo ?[1]

« Chers frères et sœurs,

Quel doit être le rôle de la diaspora dans le combat du peuple togolais ? Nous préférons à la diaspora, le terme les Togolais de l’étranger convaincus des idéaux démocratiques car la notion de diaspora est plus large. Et nous savons qu’au sein de cette diaspora, il y a une forme de mafia qui se développe ; des gens qui sont entre deux avions matin, midi, soir et qui émargent à des milliers d’euro ou de dollars pour des services clandestins. Toutes ces informations, nous les connaissons. Donc, nous devons en interne comprendre qu’une partie de cette diaspora là, est inféodée au pouvoir mais parfois joue à la plus engagée en faveur de la lutte démocratique.

Ces Togolais de l’étranger attachés aux valeurs démocratiques doivent sortir de la nervosité idéologique caractérisée par le djihad verbal pour travailler à un schéma stratégique pour libérer le Togo. Ils doivent se constituer en une sorte de diaspora juive qui, par mouvement retour, apportera sa force à la libération du Togo. Ces Togolais de l’étranger doivent comprendre que la gouvernance par Internet (l’E-gouvernance) qui consiste à lancer des appels via l’Internet alors qu’aucun relais n’est sur le terrain, ne sert pas véritablement. Ils doivent être sur le terrain, en pleine en action à travers des structures effectivement engagées. Les liens de fraternités et de familiarité qui ont été jusqu’ici les canaux habituels par lesquels ces camarades opèrent, doivent cesser d’avoir droit de cité pour faire place à des alliances stratégiques objectives et intelligentes. »

A Paris, le 29 décembre 2007, lors de la journée citoyenne du MDTE, nous disions dans notre communication : quel fil rouge maintenant après les législatives, que pour remobiliser le peuple togolais, il faut entre autre « qu’on ait une diaspora organisée, engagée et qui fait du lobbying et fournit dans la mesure du possible de la logistique aux personnes et structures sur le terrain. Merci à ceux qui d’ici s’engagent pour le développement du Togo mais nous souhaitons souligner avec force qu’envoyer ou rentrer au pays avec des livres des Occidentaux ne contribue en rien à l’éclosion mentale de la jeunesse. Au contraire, on l’abrutit. Il vaut mille fois mieux envoyer au Togo un seul livre de Cheikh Anta Diop que d’y déverser des tonnes de livres qui nous enseignent à longueur de journée « Abalo et Afi vont à l’école ».[2]

7. Directeur de conscience ou juge. Diabolisation ou étiquette de traitres.

Le texte « Retour des brebis perdues ? » n’a pour ambition ni de juger ni de diriger la conscience de qui que ce soit. Au contraire, estimant que chacun est libre dans ses jugements, le texte a volontairement passé sous silence les motifs des « rentrants ». Le texte n’a ni diabolisé ni étiqueté qui que ce soit. Nous analysons tout simplement les conséquences politiques possibles de la médiatisation de ces retours.

8. Prison de la pensée unique

Grossière caricature ! La pensée unique, c’est justement demander à tout le monde d’applaudir ces retours qui, par leur déroulement, mélangent motif familial ou personnel et intérêt politique commun tout en utilisant astucieusement le second pour servir le premier.

9. Exil à vie ?

Aucun Etre humain intelligent ne peut souhaiter ni personnellement vivre en exil à vie ni le désirer pour ses compatriotes. Le problème n’est pas de connaître les partisans de l’exil permanent et de ceux qui sont contre. La question est de savoir éviter de prêter mains fortes- inconsciemment -au pouvoir tyrannique en place au Togo et de comment procéder pour rentabiliser au mieux les retours au bercail. Qui peut être heureux de quitter sa famille, ses amis, sa terre natale au point de vouloir perpétuer sa vie à l’étranger ? Ce manichéisme est le témoignage d’une mauvaise foi patente. Car, même les Noirs qui se sont retrouvés aux Amériques par la déportation esclavagiste, ne cessent de se frayer la voie du retour à leurs racines.

10.Toucher du doigt les enjeux, les carences et les améliorations à apporter.

C’est exactement ce à quoi s’est attelé notre texte. Réfléchir profondément sur les enjeux des publicités autour des rentrées. Quelles sont les carences de cette stratégie de communication et quelles peuvent en être les conséquences ? Retour solitaire ou concerté : lequel des deux est plus rentables ? Mieux organisé tout ceci avec l’appui des uns et des autres qui peuvent, soit contribuer en nature ou en idées, soit en fournissant des adresses au « rentrant. A moins d’avoir un agenda et des objectifs personnels (qui bien évidemment sont des droits mais qui méritent d’être clarifiés) qui n’ont tout de même rien à avoir avec le souci populaire de libérer le Togo de la tyrannie.

mercredi 12 novembre 2008

La libération de l’Afrique ne peut se faire que par les africains

11 novembre
Juliette Abandokwe


Au Congo, à Goma et sur le terrain, tout le monde sait parfaitement que l'infanterie angolaise est sur place, avant même qu'on en parle dans la presse et sur internet. Kabila veut rester discret sur la question, c’est un choix politique qui a ses raisons. La Monuc à son tour, au bénéfice d’un service de communication plus ou moins probant, avec ses choix politiques également, n'a qu’une maîtrise infime du terrain en fin de compte, en tout cas pas plus que les rebelles et les milices du terrain! Et surtout, pour des raison de crédibilité internationale, ne veut surtout pas l'avouer haut et fort. L'ONU ne peut pas connaître les collines environnantes de Goma mieux que les autochtones qui ont pris les armes..

Les oui et les non à ce sujet, ainsi que les accusations mutuelles diverses, ne sont que des manigances ethnopoliticiennes de surface, auxquelles nous devrions même refuser de nous intéresser, puisque manifestement une fabrication pour induire l’opinion internationale en erreur. Le plus important dans l'urgence, c'est l'intégrité immédiate et souveraine du territoire congolais, ainsi que la résolution du problème des centaines de milliers de réfugiés et déplacés, jetés sur les routes sans nourriture et sans soins. Une épidémie de choléra est d'ores et déjà déclarée. Les violences inouïes sur les femmes et les enfants, dans l'impunité la plus totale, ne connaissent plus de limites!

Sur un plan purement stratégique, si Kabila tente de contourner le chantage occidental en invitant les angolais à la rescousse, c'est une manière comme une autre de montrer à l'Occident que personne n'est indispensable. Dans l'absolu ce n'est pas mauvais. Il se retrouve ainsi dans une position similaire à celle de Mugabé, qui s'étant débarrassé des colons blancs du territoire zimbabwéen dans un élan libérateur de l'Occident, reste néanmoins un bourreau pour son peuple à travers une gouvernance dévastatrice.

Dans le cas du Congo, la condition du peuple congolais doit figurer en place no 1 sur la liste des priorités.. Mais voilà, là n'est pas sa place actuellement. On en parle certes, mais ce n'est pas en toute vérité la priorité no 1. L 'immobilisme de la communauté internationale présente sur le terrain, ainsi que de l'opinion publique internationale, est complètement intolérable. Tant que l’approvisionnement mafieux en ressources minières est préservé, et tant qu'on est bien chez soi et confortablement installé sur ses lauriers, en ce qui concerne particulièrement les diasporas, le reste n'a qu'une importance très minime, sinon inexistante.

Ce manque de responsabilité est extrêmement grave, et surtout rend la tâche très difficile, de par le manque de soutien intellectuel et de moyens, aux quelques uns qui cherchent à s'organiser pour agir. Car si certains s'évertuent, s'épuisent et se mettent en danger pour mobiliser leurs congénères, pour tenter de provoquer un sursaut véritablement et sincèrement patriotique, mais avec un succès si limité, c’est que le découragement a vraiment gagné du terrain.

Comment se motiver lorsqu'on fait face systématiquement à des compatriotes qui se désintéressent complètement de leur patrie après en avoir fui la misère.. Comment lutter efficacement lorsque les gens qui, par la distance, auraient les moyens intellectuels de lutter contre la propagande et les manigances ethnopoliticiennes des dirigeants de nos pays, que nous connaissons tous, tombent dans les rouages machiavéliques des pouvoirs en place, en jouant leurs jeux, de gré ou à l'insu de leur plein gré.

Car les forces de libération africaine qui sont là, sont complètement désintégrées et dispersées, à la grande joie des prédateurs qui font mine de ne rien voir, puisque tant qu'on ne leur fait pas trop ombrage, ils sont bien installés là où l'instinct de prédation les a installé, qu'il s'agissent des autochtones ou de ceux qui les soutiennent.

Les pays sont vendus aux multinationales, soit minières soit pétrolières. C’est elles, avec l’appui de la BM et du FMI, qui dirigent les pays africains. Les dirigeants-vautours ne sont en aucun cas l'expression de la volonté du peuple dont on se sert abusément. Comment peut-on faire croire au monde qu'un peuple a dit oui, alors qu'en réalité il a dit non. C'est une insulte monumentale aux peuples qui paient par leur sang et celui de leurs enfants, des dettes qui ne leur appartiennent aucunement, c'est un complot international, qu'on le veuille ou non. Ne sait-on pas que le oui n'a de la valeur si le peuple est en mesure de dire non?

Les pouvoirs en place sont devenus des monarchies avant l'heure. Avant que les inutiles rejetons – sorti du moule occidental - de ceux qui sont là aujourd'hui ne prennent le pouvoir, le système monarchique est déjà mis en route, et en plein fonctionnement. Le peuple n'a rien à dire. Il n'a qu'à se débrouiller avec la misère qu'on lui impose sciemment.

Les quelques uns qui tentent de composer dans le cadre d’un dialogue politique, choisissant une voie plus institutionnelle, n’ont pas choisi une voie beaucoup plus facile, si on exclu les motivations intéressées. Certes les moyens d’actions sont plus larges, mais un dialogue composé partiellement d’intervenants mafieux, et manifestement prêt à tous les coups pour garder leur pouvoir, ne peut pas avoir un résultat profondément réformateur et positif. Machiavel disait qu’en politique le choix est rarement entre le bien et le mal, mais entre le pire et le moindre mal. On ne peut donc qu’espérer qu’il enclenchera une dynamique de changement et d’évolution politique, forçant en quelque sorte le régime en place à sortir de sa cristallisation prédatrice et autoproclamée. Il fait bien sûr toutes les grimaces du monde pour éviter la confrontation, car celle-ci met forcément son équilibre en danger. Accessoirement, on n’apprend pas à un vieux singe à faire la grimace. Donc, à bon entendeur !

Mais pendant ce temps, les massacres plus ou moins institutionnalisés, perpétrés soit par les autorités elles-mêmes, soit par des milices armées alliées politiquement des uns et des autres, et la fuite de dizaines de milliers de personnes, sans compter la vie de misère radiculaire, sans même eau potable, deviennent une responsabilité dont personne ne veut s'affubler. Même les acteurs soi-disant à objectif humanitaire sont là pour des motifs inavoués, mais certainement pas pour ceux qu'ont aimerait croire. D'où encore l'endormissement accru de l'opinion publique occidentale qui aime déjà tant dormir.

Elle se réveille d'un oeil indifférent, lorsque les cadavres accostent les rives occidentales de la Méditerranée, à moitié mangés par les requins. Elle s'offusque lorsqu'elle voit trop de peaux noires dans son étroit champ de vision. Ah non! Tout mais surtout pas ça! Chacun chez soi. Et à chacun son assiette !

Encore une insulte monumentale aux peuples qui n'ont rien dans leur assiette, parce que les plus avides leur ont vidé leur assiette alors qu'ils tentaient même de la défendre. On a sorti les fourchettes pour manger, mais l'occident les a cassé avec leurs couteaux.

A l'heure qu'il est, ce sont maintenant les baguettes de chinois qui envahissent le terrain. C'était prévisible depuis des décennies! A l'heure de la Guerre Froide, les soviétiques craignaient déjà les baguettes des Chinois.

Dans cet immobilisme général, il est vraiment urgentissime que ce qui reste valide en Afrique, se redresse, lève le poing, et s'organise véritablement pour lutter de plus belle contre un état de choses auxquelles des millions se sont soumis depuis si longtemps. L'Afrique a perdu beaucoup de choses, mais elle n'a pas perdu sa Jeunesse. C'est une force inestimable sur laquelle elle doit pouvoir compter. Mais c'est aussi une force en danger, car déjà passablement prise en otage par les prédateurs qui cherchent à tout prix à paralyser tout élan de libération africaine.

Puisque les mouvements de lutte sont si difficilement viable sur le plan local, pourquoi pas alors s'organiser sur un plan transnational et panafricain. Car les obstacles, à quelques nuances près, sont similaires partout. Les prédateurs aussi se sont organisés d’une manière, à l'instar de l'UA, de la CEDEAO, ou de la CEMAC pour n'en citer que quelques unes. Donc, qu'attendant nous!?

Personne ne prétend qu'il est tâche facile de s'organiser, de s'associer de façon défensive, dans le cadre d'un système existant et bétonné. Mais nous savons tous que l’africain est très coriace! La preuve, malgré tous les cyclones et les tsunami, il est encore là. Et l'Afrique n'a absolument rien à perdre, au contraire, elle a tout à gagner. Et surtout sur le plan de la conscience. Car si sa conscience africaine a été anesthésiée depuis des siècles, imaginez sa force si elle se réveille. L’Afrique pourra largement gagner sur un plan offensif, soyons-en sûrs.

Mais il y a des conditions. Il faut agir de façon différente, de façon inattendue, et de façon surtout profondément intègre et patriotique, dans le respect de l'africanité qui caractérise l'Afrique profonde. La renaissance de l'Afrique ne peut se faire qu'uniquement dans ces conditions. Si elle tente de se faire sur le même chemin que les prédateurs de l'Afrique ont utilisé, l'échec sera garanti. L'Afrique doit à tout prix retrouver ce qu'elle a perdu dans son occupation par l'Occident. Elle doit renier et refuser tout ce qui ne correspond pas avec l'africanité qui la caractérise. Car ce sont les armes d'annihilation de la culture et des traditions africaines qui ont pour la plupart contribué à la ruine que l’Afrique connaît aujourd'hui.

vendredi 7 novembre 2008

Togo : le retour des brebis perdues ?

Rodrigue KPOGLI
http://lajuda.blogspot.com/

Le Togo a changé. Illusion !
Et positivement. Supercherie illusoire encore !

Des Togolais renvoyés en exil par feu Eyadèma Gnassingbe, sont en train de regagner le bercail. Certains, définitivement. D’autres, par intermittence. Dans tous les cas, ces retours sont annoncés urbi et orbi via la presse. Et en clamant ainsi leur retour, ces « voyageurs » prouvent l’existence d’un Togo périlleux et dangereux pour les opposants. Ils se donnent donc une image d’hommes courageux, bravant la peur et l’insécurité en comptant sur la protection de l’opinion préalablement ameutée.

L’objectif – semble-t-il - de ces annonces tambour battant, est de se donner des garanties sécuritaires en alertant la communauté nationale et les observateurs étrangers. Une façon de rentrer au Togo sous le regard des uns et des autres en vue de dissuader le pouvoir en place et ses milices de tenter quoi que ce soit contre le nouvel arrivant.

Cette démarche astucieuse contre le régime togolais tartuffe par essence, est tout à fait compréhensible. Cependant, il faut affirmer que les « rentrants » rendent service au régime de Faure Gnassingbé « à l’insu de leur plein gré », quoi que, les véritables motifs des rentrants ne sont pas toujours transparents, mais ça c’est un autre débat. Comment justifier que le Togo demeure une dictature, ne garantissant aucune sécurité aux « opposants exilés » depuis une vingtaine d’années voire plus, et y retourner ? Rentrer au Togo, la peur au ventre d’être arrêté, kidnappé ou assassiné et y sortir sans égratignures, c’est au crédit du pouvoir en place. Croyant exposer le pouvoir, c’est plutôt l’effet contraire qui se produit, car si les ces exilés politiques peuvent retourner au Togo, aux yeux du monde, c’est que quelque chose a changé en bien. Ainsi, ces publicités gratuites claironnant ces retours sont au profit du clan Gnassingbe. Il est d’ailleurs remarquable qu’aucun des voyageurs ne mentionne des ennuis avec le pouvoir. Sauf, Eloi Koussawo qui a jugé utile de raconter ses aventures. Mais Koussawo a été complètement désavoué. Sur la toile, il a été lynché et qualifié de menteur. C’est peu dire que personne n’a cru à son histoire. Et cela, c’est au bénéfice du régime togolais.

De deux choses l’une, ou alors le Togo est une tyrannie où la peur et la répression élisent domicile. Et dans ce cas, revoir la terre natale est impossible, pour le moins provisoirement, aux exilés voulant y aller officiellement. Ou alors, le Togo a changé et est devenu une démocratie où chaque citoyen a le droit d’aller et de venir à son gré. Et dans ce cas, tout Togolais vivant à l’étranger ou non, peut entrer et sortir sans crainte et sans annonce.

En annonçant leur retour dans les media et en faisant le mouvement aller-retour, ces Togolais donnent au pouvoir un visage humain, et font de lui une démocratie qui n’attente plus à l’intégrité physique de ses opposants, et qui garantit la sécurité à tout Togolais. Ce qui en réalité est faux, si on se réfère au tout récent assassinat d’Atsutsè Kokouvi Agbobli.

Gilchrist Olympio, pourchassé pendant longtemps par le clan Gnassingbe est probablement celui qui a ouvert le bal des retours. Olympio est rentré au Togo depuis un an déjà. Ce qui fait dire à certaines personnes que le Togo a changé et que le fils n’agit pas comme son père. Les raisons du retour d’Olympio ne sont pas simplement le retour de l’enfant au pays, et sa position politique aujourd’hui mériterait d’être débattue, mais ce n’est pas notre préoccupation ici.

S’il est tout à fait exact que la lutte pour la démocratie au Togo, se déroule sur la terre togolaise aux côtés du peuple, il n’en demeure pas moins vrai que les retours dans les conditions actuelles, sont la confirmation de l’échec du combat démocratique. Car, après avoir osé la lutte, ces Togolais finissent par se rendre compte d’une évidence : celle de la réalité faite d’impuissance. Quand la chasse n’a pas été bonne, les chasseurs rentrent bredouille au bercail.

Ces démocrates, regagnent un pays sous une dictature bien plus féroce mais plus subtile qu’avant leur départ du Togo. A leur arrivée, ils verront un Togo dévasté. Un Togo, étranglé où la population rumine sa colère. Un Togo, en apparence libre, mais en réalité fermé et étroitement surveillé. Ils verront des médias (journaux écrits, radios et télévisions) en apparence ouverts et critiques alors que peu le sont vraiment. Ils verront des patrimoines publics abandonnés et un réseau routier en déliquescence avancée. Ils verront le tissu social en lambeaux. Ils trouveront un système médical complètement inexistant. Ils verront des Togolais plus misérables qu’avant. Ils verront une jeunesse laissée-pour-compte et qui vit de la débrouillardise. Ils verront l’insouciance des soi-disant dirigeants et mesureront le degré de leur criminalité. Ils verront que nos cimetières sont immenses et ne cessent de grandir. Alors, se rendront-ils compte de l’immensité de la tâche qui attend les Togolais. Ils s’apercevront que nos objectifs ne sont pas atteints et que la fin de la lutte est plus éloignée que le début. Ils s’apercevront que c’est le retour à la case départ et que leur histoire ressemble à quelques exceptions près, à celle du crabe qui est retourné dans la boue après avoir entretenu l’illusion d’une propreté définitive dans l’eau.

Cyniquement, pour le régime tyrannique togolais, ces retours sont du pain béni. Dans la perspective électorale de 2010, quelle bonne image que baby Gnassingbe se forge en laissant rentrer au Togo, ces opposants qu’Eyadema Gnassingbe n’a jamais voulu voir ! Le clan Gnassingbe utilisera ces retours comme des trophées de réconciliation et du changement durable. Car, sous Gnassingbe-père, il n’a pas été possible à ces exilés, de s’approcher de la terre natale. Ainsi, la victoire frauduleuse qui se profile une nouvelle fois à l’horizon 2010, sera justifiée par l’argument selon lequel le vote en faveur de Faure Gnassingbe est l’adhésion du peuple togolais à sa politique d’apaisement, de réconciliation et de changement. Laquelle politique aurait permis à des Togolais exilés de retrouver la terre natale. Le retour des vampires bailleurs de fonds sera aussi allégué.

On aura beau contredire cette version de l’histoire. Elle présente, cependant, une certaine logique argumentaire, aux yeux des observateurs étrangers ignorant les réalités locales. Déjà en octobre 2007, lors des législatives, le Rassemblement du Peuple Togolais au pouvoir depuis un demi-siècle bientôt, a expliqué sa victoire volée par l’adhésion des Togolais à la politique d’apaisement et de réconciliation de Faure Gnassingbe et avait mis en avant la présence de Gilchrist Olympio au Togo, comme preuve palpable du changement.

En définitive, ces Togolais veulent se présenter comme des hommes courageux, bravant la peur, l’insécurité et la brutalité d’un pouvoir sanguinaire. C’est perdu ! Ils sont d’ores et déjà, dans les mains du clan au pouvoir, des trophées de la réconciliation et du changement à brandir au bon moment, avec le credo que ce que le père n’a jamais voulu faire, le fils l’a réalisé. Cela fera partie des justifications qui nous seront sorties en 2010. Cela nous fera bondir, mais hélas ! Nous aurons du mal à convaincre. Puisque dans une logique purement stratégique, nous aurons perdu en étant incohérent dans nos analyses et démarches.

lundi 27 octobre 2008

L’obscurité, un outil de libération de l’Afrique.

27 octobre 2008

Le continent africain est dans le noir. Ces derniers temps, une crise énergétique sans cesse plus aigüe sévit partout en Afrique. Les villes déjà difficilement électrifiées, ploient sous les délestages chroniques. Les petites villes et les villages, quant à eux, ne rêvent même pas d’électricité. Les seules sources d’éclairage qu’ils connaissent, c’est la lampe-tempête à pétrole lampant et le feu de bois.

Les peuples en ont assez et ils ne cessent de le clamer. En effet, la question de l’énergie électrique est au centre d’énormes bras de fer entre les Africaines et leurs guignols de gouvernants. Ces derniers n’hésitent pas à envoyer le couple militaro-policier, réprimer les revendications populaires pour l’accès à l’électricité. Ainsi, au lieu d’offrir l’électricité aux peuples africains, on leur offre des balles, des matraques et des coups de fouets. Comme toujours ! Car, aux yeux des satrapes tropicaux et leurs alliés, les peuples africains n’ont aucun droit.

Guinée, Togo, Nigeria, Guinée Equatoriale, Cameroun, Gabon, Zimbabwe… Partout il est difficile aux populations d’avoir de l’énergie. Alors que la majorité des pays africains disposent d’énormes réserves de gaz, de pétrole, d’eau et de charbon, une infime minorité des villes accède à l’énergie.

Les pions africains, prétendant faire face au mécontentement grandissant des peuples, parlent de groupes électrogènes chinois et de centrales nucléaires. Le Togo, par exemple, a opté pour la première solution comme le témoigne le directeur général de la Compagnie énergie électrique du Togo (CEET), Kodjo Pédassou, qui déclare avoir commandé 20 containers de groupes électrogènes diesels depuis septembre 2007. Un autre financement de 209 millions USD pour la construction d’une centrale électrique à Lomé a été accordé à Contour Global Togo par Overseas Private Investment Corporation (OPIC), l’agence de garantie des exportations du gouvernement américain. La Banque d'investissement et de développement de la CEDEAO (BIDC) a, quant à elle, accordé un prêt de 6,25 milliards FCFA à la Compagnie d'énergie électrique du Togo (CEET) pour la réhabilitation et l'extension de son réseau de distribution.

Le Sénégal de son côté, choisit la voie nucléaire suivant ainsi les pays maghrébins. Karim Wade, en août dernier, est allé –semble t-il- négocier le nucléaire avec Sarkozy qui a saisi l’occasion pour lancer le fiston Wade sur la voie municipale de Dakar, le préparant ainsi cyniquement et doucement à la succession de son père Abdoulaye Wade. Quel gâchis, au moment où ces énergies sont combattues par des occidentaux de plus en plus acquis aux énergies propres et renouvelables.

Si les guignols africains optent pour ces énergies polluantes et coûteuses, c’est qu’en plus d’être intellectuellement myopes, la commande des électrogènes et des centrales est une vraie occasion de surfacturation et de magouilles à ne pas rater. Les prêts qu’ils ont acquis pour faire de telles commandes sont aussi des aides liées. Lesdits prêts signifient que les machines doivent être livrées par des filiales industrielles des institutions qui les ont financées ou en tout cas par leurs partenaires.

Quand on voit le coût de ces machines et les contraintes liées à leur entretien, la seule question qu’on peut se poser est de savoir ce que les guignols africains font du soleil, du vent et des immenses cours d’eau dont l’Afrique dispose. Engager l’Afrique sur la voie nucléaire alors que la médiocrité ambiante mine tous les Etats-croupions africains, c’est exposer les populations à une mort certaine. On imagine mal une surveillance irréprochable des centrales dans le contexte africain actuel avec des dirigeants pareils. Quant à la solution des groupes électrogènes, elle est ridicule et dérisoire face aux besoins des peuples. Pour le Togo, le directeur de la CEET affirme d’ailleurs que seuls 14% des besoins nationaux seront couverts par les groupes électrogènes ainsi commandés. En plus, cette solution implique des coûts supplémentaires en carburant. Dans tous les cas, les dégâts environnementaux sont assurés.

Face à cette situation, pourquoi ne pas choisir le solaire étant donné la présence quasi permanente du soleil dans le ciel africain. Quel cadeau ! Pourquoi ne pas investir dans l’éolienne, quand on connait la quantité et la qualité du vent en Afrique.

Le solaire et l’éolienne peuvent largement solutionner la crise énergétique en Afrique, puisque le soleil et le vent sont là en abondance. Il est temps de travailler ces sources dont le développement lancera le progrès industriel de l’Afrique avec une moindre pollution environnementale en plus.

Mais les guignols africains ne vont pas s’engager sur cette voie. Leurs tuteurs occidentaux et asiatiques ne vont pas non plus le leur permettre. Car, l’accès des Africains aux énergies renouvelables pouvant assurer leur indépendance, est une question éminemment géopolitique et géostratégique. Les matières premières peuvent être transformées sur place. Ceci empêcherait les guerres entretenues qui ont pour enjeux le pétrole, le gaz, l’or, l’uranium, le coltan, le cobalt, le diamant. L’agriculture peut enfin se moderniser et les Africains pourront se détourner des produits d’exportation : café, cacao, thé, banane, etc., ou ils pourront tout au moins influer sur leurs prix.

Le solaire et l’éolienne sont des énergies décentralisées par essence, utilisables partout sans grosse infrastructure, contrairement aux schémas politiques actuels, qui cherchent à centraliser et contrôler l’accès énergétique au maximum. L’accès par des peuples africains à de nouveaux modèles d’énergie, est donc une nette menace pour les systèmes en place car ces énergies rendront les peuples africains indépendants d’une source d’énergie unique contrôlée, et qui brasse surtout un maximum de profits.

Enfin, dans une perspective de prédation, la lumière n’est pas une bonne chose pour l’Afrique. Une Afrique dans le noir est économiquement plus rentable puisque c’est dans l’obscurité que les magouilleurs, les corrupteurs et les corrompus agissent. L’éclairage des rues va inévitablement éclairer les esprits. Il y aura foisonnement de médias, le développement de l’internet, bref, les initiatives citoyennes n’auront plus de grandes difficultés à se mettre en place. Ceci est donc inacceptable pour les prédateurs, à cause de la menace que cela représente pour les réseaux politico-mafieux et criminels qui opèrent en Afrique. C’est bien connu, ils n’aiment pas la lumière, les vampires !

En clair, les crises énergétiques sont fabriquées et savamment entretenues pour maintenir les peuples africains dans l’immobilisme voire l’obscurantisme. Elles ne sont en aucun cas involontaires et liées à un déficit pluviométrique, comme aiment l’expliquer les guignols africains. Au contraire, ils maintiennent l’Afrique dans le noir pour mieux écraser les peuples, mieux voler leurs richesses, mieux contrôler les mouvements des citoyens… avec la complicité des néocoloniaux occidentaux et asiatiques.

Mais les Africains doivent comprendre une chose. Si les ennemis du peuple, que sont les soi-disant présidents africains, certains de nos propres frères, les ONG, le FMI, la BM, l’OMC, les multinationales et d’autres outils néocoloniaux, opèrent dans l’obscurité contre nous, il nous faut à contrecoup, nous servir de cette même obscurité pour préparer le grand nettoyage. Elle ne doit plus servir simplement pour dormir, et ne doit plus constituer un obstacle à l’action ; les peuples africains doivent plutôt en profiter pour tisser patiemment la nasse de la révolte contre ces sinistres faiseurs de nuit.
A malin, malin et demi.

Rodrigue KPOGLI

samedi 18 octobre 2008

La francophonie : comment les langues et les cultures africaines sont asphyxiées.

18 Octobre 2008

Rodrigue KPOGLI
http://lajuda.blogspot.com/

C’est du 17 au 19 octobre 2008 à Québec, que se tient le XIIème sommet de la sulfureuse Francophonie, organisation néocoloniale tenue d’une main de fer par la France et certains de ses amis notamment le Canada, une partie de la Belgique et une partie de la Suisse. Malgré un climat de tempête financière, cette rencontre, à laquelle d’ailleurs les valets africains participent comme toujours, confirme que la clientèle africaine, quelle que soit la situation du marché, reste fidèle aux galéjades francophones. La présence d’immenses délégations africaines à ce sommet démontre à merveille que les vassaux africains ne savent même pas de quoi l’Afrique a besoin, surtout en ces temps de crises où la logique aurait voulu la rupture avec les différents instruments de domination au service des pays occidentaux. Que dire encore de la présence de Kufuor, président du Ghana, pays d’héritage colonial anglophone, qui se présente aussi parmi les canailles francophones africaines ! Sinon, que la faune s’étend bien !

Le grand Diouf, Secrétaire général de la Francophonie, dominant largement les 155cm talonnettes comprises du petit Bongo, sait parfaitement que tous ces clients africains sont des voleurs de suffrages démocratiques et des assassins. Mais il sait aussi que lui-même, à l’époque de sa présidence au Sénégal, avait aussi fait partie de cette bande de guignols assoiffés de sang et de gadgets.

Voilà que des nègres, incapables de promouvoir leurs propres langues et leur propre culture - qu’ils ne connaissent d’ailleurs même pas - s’agitent et se présentent en rang pour porter la langue et la culture de leur maître. Ces jongleurs maléfiques, véritables instruments alternatifs de colonisation, trépignent de joie dans leur participation à la dévastation de la société africaine. L’œuvre coloniale est ainsi gaillardement assurée.

D’ailleurs, Sarkozy le roi des français, n’a même pas perdu son temps à ce sommet, car sa visite chez Bush pour parler de la crise financière, est évidemment bien plus importante que la prétendue promotion de la langue et de la culture françaises. Les nègres vont se charger des tâches promotionnelles. Les chiens étant toujours prompts à prendre des initiatives de chasse pour ramener les proies à leur maître. En visitant le sommet francophone au pas de charge, Sarkozy au moins sait distinguer l’essentiel du superflu ; en fin de compte, il assure les deux à la fois en sous-traitant le second aux métayers nègres.

On peut virevolter dans tous les sens, on peut inventer les thèmes les plus actuels lors de ces sinistres carnavals, et surtout on peut engager des milliards d’euros pour polir l’image de ce machin. On peut utiliser des tonnes de savon pour laver cette machine, son odeur nauséabonde reste dans la conscience africaine, car elle ne fait que soutenir via ses missions d’observateurs électorales, les mascarades électorales en Afrique et les massacres qui s’en suivent.

Culturellement, la francophonie étouffe et tue les langues négro-africaines au quotidien. Dans les pays africains, il est interdit de parler sa langue maternelle à l’école, et le délit est sévèrement sanctionné. Quel pays africain n’a pas connu ce qu’on appelle le SIGNAL : ces objets qu’un élève doit s’attacher au cou s’il commet le crime de parler sa langue maternelle. Qui a oublié les raclées pour avoir osé parler sa langue maternelle ?

La Francophonie a tué la littérature africaine. Les auteurs africains sont quasiment absents du marché littéraire européen francophone. Mais à l’inverse, les livres français pullulent en Afrique.
Les médias français, notamment RFI et TV5, sont largement diffusés en Afrique pour assurer le Service Après Vente. Ainsi, ces médias inondent l’Afrique d’idées et d’images destinées à écraser la culture africaine et à la dénigrer. De ce fait, pour s’informer sur l’Afrique, des millions d’africains sont obligés d’écouter Radio France Internationale et de se référer à des agences comme l’Agence France Presse, Reuters et autres. Ce sont les seuls canaux disponibles. D’ailleurs ce sont les seuls qu’on crédite. C’est ainsi que, dans une logique purement idéologique, les informations sont « traitées et masterisées » avant d’être retransmises aux Africains, qui, dans une large proportion, ne savent pas encore qu’ils consomment ainsi des produits hautement toxiques.

Tel un cancer qu’on ne peut combattre, la francophonie se propage et atteint la jeunesse africaine de plein fouet, à travers des associations et des organisations dites de la société civile. Le comble, c’est que ce sont ces jeunes qui assurent la pérennité de ce qu’on peut appeler le bras politico-culturel de cette para ONU Françafricaine, en acceptant des miettes de financements en échange de la promotion de la démocratie, du dialogue et du développement, concepts nébuleux dont se sert la machine francophone pour brouiller les esprits. Elle réussit même à noyauter la jeunesse africaine en instituant les Conseils nationaux de jeunesse (CNJ) comme seul interlocuteur de la jeunesse auprès des dictateurs africains. L’objectif de ces CNJ est en réalité de fondre tous les mouvements de jeunesse dans un creuset en vue de casser une contestation juvénile sans cesse croissante en Afrique aujourd’hui.

Pendant que les pions-gouvernants africains promeuvent activement les langues d’autrui, les langues africaines, elles - décrétées vernaculaires, ou patois, ou encore dialectes - ne sont en aucun cas reconnues dans les pays occidentaux, membres de la francophonie. On s’indigne lorsque les africains parlent leurs langues dans les rues des pays occidentaux. La presse ne manque d’ailleurs pas de relayer la frustration des populations locales qui se font casser les tympans avec les « langues de singes » qui les inondent. La francophonie est-elle active contre ce genre de choses ? Non !

Quant aux satrapes africains, ils ne pensent même pas à une langue africaine qui doit porter l’unité africaine qu’ils prétendent construire. Quand on les voit si actifs dans le soutien du français ou de l’anglais, on ne peut s’empêcher de leur demander à quand un sommet sur le swahili ou le bambara !! Ils n’y pensent même pas, ces cancres démagogues qui adorent pourtant les sommets et les réunions spectacles où ils se livrent à de véritables défilés de modes. A quand un sommet africain avec pour invités les dirigeants occidentaux pour la promotion des langues africaines dans le monde ? Et dire que l’esclavage et la colonisation ont soi-disant pris fin !

Consciente d’ailleurs des puanteurs de la francophonie, la ministre des Relations internationales responsable de la Francophonie au Canada, Monique Gagnon-Tremblay, ne se cache pas pour déclarer lors de la cérémonie de passation des pouvoirs de la présidence de la Conférence ministérielle de la Francophonie, que la Francophonie souffre d’un déficit d’image et que sa réalité, complexe et multiple, est mal comprise chez nous comme ailleurs. Elle rajoute que nous avons le devoir d’offrir au monde l’image d’une organisation sensible aux préoccupations des citoyens, en phase avec les besoins de notre époque, soucieuse d’efficacité et de résultats.

En clair, les « francofauves » ne travaillent pas pour transformer la réalité des populations. Au contraire, il faut leur offrir une image de sensibilité à leurs préoccupations. Et, la communication-propagande sachant que l’image est plus importante que la réalité, on comprend alors aisément pourquoi à Québec, on lie la promotion de la langue française à la gouvernance et la démocratie, ainsi qu’à la promotion de l’environnement. Ça fait neuf et propre, l’environnement et la démocratie, n’est-ce pas ?

Peu importe le temps que cela prendra. La maison francophone est appelée à disparaître pour une véritable renaissance de l’Afrique, aujourd’hui encore engluée dans les marécages du néocolonialisme, infestés de caïmans et de tyrannosaures. Mais en attendant ces temps-là, commençons à nous mobiliser, à nous organiser et à révéler aux yeux de nos populations la vraie nature satanique de cette machine qu’est la francophonie.

samedi 11 octobre 2008

M. Wade et Bongo : demandez la fermeture des bases militaires avant de nous parler de « réciprocité » avec la France.

AFRIQUE

M. Wade et Bongo : demandez la fermeture des bases militaires avant de nous parler de « réciprocité » avec la France.

11 Octobre 2008

Le « Joola », cordon ombilical entre la région Sud de Casamance et le reste du Sénégal a coulé dans la nuit du 26 septembre 2002. Bilan : 1953 morts. Parmi ceux-ci, se trouvaient 22 Français. En France, leurs familles ont porté plainte en 2003 débouchant sur l’instruction ouverte à Evry pour "homicides involontaires et défaut d’assistance à personne en danger".
Les responsables de ce drame n'ont pas réellement été punis. Il est vrai que certaines têtes sont tombées politiquement et une certaine indemnisation pécuniaire a été attribuée aux familles des victimes. Mais le volet pénal du naufrage a été enterré par le vieux Wade et ses amis alors qu’il aurait été logique que Wade, un incapable majeur, un des joyeux néolibéraux africains, assume ses propres responsabilités avant tout.

Le 12 septembre 2008, Jean-Wilfried Noël, un juge d’Evry, en région parisienne délivrait neuf mandats d’arrêt internationaux contre de hauts dignitaires sénégalais, dont le premier ministre d’alors, Mame Madior Boye, pour leur responsabilité présumée dans le naufrage du "Joola". Ces mandats valant inculpation visent aussi l’ex-ministre des Forces armées Youba Sambou, l’ex-ministre des Transports Youssouf Sahko et de hauts responsables de l’armée dont le général Babacar Gaye, alors chef d’état-major général des armées ainsi que d’autres de la marine.

Quelques jours plus tard, le Sénégal riposta et annonça des poursuites contre le juge français pour "forfaiture et discrédit sur les institutions". Puis, évoquant la réciprocité, une plainte a été déposée contre Jean-Pierre Raffarin et Dominique de Villepin, respectivement premier ministre et ministre de l’intérieur et de la sécurité d’alors, ainsi que Jacques Bravo, alors maire du 9ème arrondissement de Paris dans l’affaire de l’incendie de l’hôtel Paris Opéra qui avait fait deux morts et quatre blessés graves, tous ressortissants sénégalais.

Wade prend les Africains pour des idiots en agissant ainsi. Lui qui n’arrive même pas à faire juger Hissène Habré, le pion Tchadien déchu, peut-il juger deux ex-premiers ministres de la France, puissance néocoloniale impénitente ? Wade dont le gouvernement n’arrive même pas à faire infliger des amendes aux chauffards qui violent les feux tricolores au Sénégal, peut-il oser juger deux hommes politiques français de premier plan ? Non, évidemment car Wade n’a ni les moyens, ni le courage encore moins la volonté de le faire. Le Sénégal dépend sur de nombreux plans de la France. Du moins, officiellement. Pourtant dans les faits, c’est le contraire qui est vrai. Comme d’ailleurs pour tous les pays africains.

Cette histoire est donc, le rugissement d'un tigre en papier. Elle est destinée à noyer le poisson tout comme les expulsions de Français par Bongo du Gabon en "réciprocité" des expulsions des Africains en France. Le Valet ne peut oser punir son Maître. Ce sont des opérations de communication voire d’enfumage destinée à tromper le peuple africain et pour lui faire croire qu’il a des dirigeants responsables, capables de défendre ses intérêts face à des néocoloniaux français et d’ailleurs. En somme, faire croire au peuple, qu’ils sont à la barre. Il n’en est rien dans la réalité car, les dirigeants africains sont des pions contre notre peuple qu’ils méprisent, violent, volent et massacrent dans le but de satisfaire leur appétit et les intérêts de leurs mentors.

D’ailleurs, le vieux Wade qui rêve de transformer le Sénégal en un Togo-bis, est en train de positionner son fils Karim pour lui succéder. Et le fiston Karim se fait actuellement conseiller par Sarkozy qui l’a convaincu à l'Elysée le 20 août dernier de briguer la municipalité de Dakar. La Françafrique ne dort pas ! Le renouvellement des espèces de l’enclos françafricain est assuré. Et les affaires louches vont continuer avec ces fils-à-papa. Les Africains n’ont qu’à agrandir les cimetières ou se préparer à nettoyer au Karcher les écuries! La jeunesse est une fois encore interpellée. A elle de prendre le devant des choses en toute responsabilité.

Voilà des individus à qui il est demandé de fermer les bases militaires et de rompre les accords secrets de défense- véritables couteaux sur la gorge des peuples. Il est attendu d’eux un non ferme et définitif à l’aide et à la coopération qui ne sont rien que des astuces pour vider l’Afrique de ses richesses. Il est attendu d’eux une opposition aux règles inéquitables du commerce mondial propagées par l’OMC. Il est attendu d’eux, le rejet des fraudes électorales et des violences policières et militaires. Il leur est demandé de s’opposer aux impositions du FMI, de la Banque Mondiale et de leurs mentors. Il leur est demandé de relever leurs manches, de construire l’unité africaine, de créer des emplois, de s’occuper de la santé, de l’éducation et du bien-être du peuple. On attend qu’ils s’opposent aux monopoles des entreprises des puissances néocoloniales sur les marchés africains. On attend qu’ils refusent de soumettre le peuple au paiement de la dette. Rien de tout ça. Car, ce sont des valets locaux auxquels nous devons nous débarrasser impérativement. A défaut, ils offriront toujours cette illusion de souveraineté face à la France qui, pourtant les porte et maintient au pouvoir. Ils joueront toujours à la comédie devant le peuple.

Wade parle aujourd’hui de réciprocité alors qu’il n’a même pas pu lever le petit doigt contre le discours de Sarkozy sur la terre Sénégalaise. Au contraire, il dira que Sarkozy « est un ami de l’Afrique, victime de son nègre Henri Guaino ».

Le Sénégal n’est capable de quoi que ce soit contre la France sur cette question d'incendie à Paris et sur bien d'autres encore. La stratégie des pantins africains est de se donner une image de dirigeants responsables et indépendants des puissances néocoloniales. Ce qui est parfaitement faux.

Ces sautes d’humeur de « réciprocité » ne trompent personne. Wade et Bongo, deux vieux crocodiles dans la mare françafricaine, vous n’avez aucun crédit dans vos actes et paroles. Vous n’en aurez jamais. Osez demander le démantèlement des bases militaires françaises au Sénégal et Gabon à partir desquels la France contrôle l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale, avant de nous parler de « réciprocité » judiciaire ou politique.

Rodrigue KPOGLI

jeudi 9 octobre 2008

Trafic d'armes : l'affaire Jacques Monsieur plane sur l'Angolagate

ENQUETE
C'est devenu un classique chez les avocats pénalistes confrontés à une grosse affaire politico-financière. A l'ouverture de l'audience, faire le procès du juge et de l'enquête. Dans l'Angolagate, les ténors du barreau ont plutôt choisi d'attaquer la procédure, déjà mise à mal pendant l'enquête. Pourtant, une affaire similaire de trafic d'armes a été jugée au printemps dernier à Bourges. Elle devrait, logiquement, faire jurisprudence. Analyse.

Un jugement passé inaperçu, dans une affaire similaire

Mercredi 21 mai 2008, il y avait peu de monde au Tribunal de grande instance de Bourges. Pourtant, ce jour-là, les magistrats rendaient public leur décision sur une énorme affaire de trafic d'armes. Or, l'histoire du marchand belge Jacques Monsieur s'est écrite à la même époque que celle de Pierre Falcone. Dans les années 90, M. Monsieur, fils de bonne famille passionné de chevaux de dressage lusitaniens, s'installe à Lignières (Cher) pour restaurer un haras au pays de l'âne noir.
Fort de ses contacts avec les réseaux Pasqua, il poursuit son activité d'intermédiaire, avec l'assentiment des services secrets occidentaux, comme il l'expliquera dans l'unique entretien accordé en 2004 à RFI. Il achète, vend et livre toute sorte d'armes à des pays aussi différents que l'Iran, l'Inde, le Venezuela, le Togo, le Qatar, les deux Congo… Un vrai « lord of war », surnommé « the fox » (le renard) dans le milieu.
Le cas Monsieur est intéressant pour les avocats engagés dans la procédure de l'Angolagate, car les points de similitude sont nombreux :
Jacques Monsieur effectue de nombreuses transactions entre pays étrangers (armes iraniennes vendues au Congo Brazzaville en 1997) ;
il passe le plus souvent par une société (Matimco) basée à l'étranger (Bruxelles) ;
il utilise de nombreuses banques étrangères (Luxembourg, Suisse) et des relais dans les paradis fiscaux ;
la seule matérialité établissant le « commerce illicite d'armes » repose souvent sur un contrat ou une lettre de crédit signé, ou parfois un échange de faxes.

Une jurisprudence constante depuis 1939

Logiquement, maître Hervé Cabeli, avait plaidé durant la procédure la nullité des poursuites, puisque les transactions ne passaient pas, matériellement, par la France. Un argument repris dès mardi par les avocats de l'Angolagate.
Dans son jugement, le TGI de Bourges est formel (voir le document). Les poursuites pour « commerce illicite d'armes » sont valables, car elles reposent sur le décret-loi de 1939 qui définit deux principes :
dans l'article 2, il est indiqué que la fabrication et le commerce d'armes de guerre « ne peuvent fonctionner et l'activité de leurs intermédiaires ou agents de publicité ne peut s'exercer qu'après autorisation de l'Etat et sous son contrôle ».
dans l'article 24, le même texte « sanctionne expressément toute personne qui “exercera son activité en qualité d'intermédiaire” à l'occasion de la fabrication ou du commerce des matériels, armes et munitions des catégories visées à l'article 2 du décret, sans qu'aucune condition de nationalité de la personne ne soit édictée ».

Et la conclusion des juges est d'une logique implacable :

« Aucune des dispositions du décret-loi précité n'impose, par ailleurs, que le matériel d'armement ou les munitions transitent sur le territoire national, le texte se bornant à incriminer les personnes accomplissant des actes de commerce ou agissant en qualité d'intermédiaire, dès lors qu'un seul élément de l'acte de commerce a été accompli sur le territoire national ;
L'argumentation de Jacques Monsieur -tendant à la démonstration de l'existence d'un vide juridique dans l'hypothèse où les armes et munitions n'ont pas transité sur le territoire national- devra donc être écarté ; »

En 2001, la Cour de cassation a déjà « nettoyé » la procédure

L'agitation de la prestigieuse brochette d'avocats de l'Angolagate ressemble fort à un coup pour rien. D'autant plus que cette procédure, comme toutes les affaires politico-financières d'envergure, a fait l'objet d'un peignage juridique pointilleux. Tout le monde semble avoir oublié qu'en juin 2001, la Cour de cassation avait annulé une partie de la procédure et des mises en examen, au motif justement de non-conformité avec le décret de 1939. (Voir la vidéo)
Pour mémoire, Jacques Monsieur a écopé d'une peine lourde (quatre ans de prison) mais avec sursis, notamment parce qu'il avait déjà purgé une autre peine, en Belgique, pour les mêmes faits et d'une amende ridicule (4500 euros) au regard des sommes en jeu.
Quant à ses complices, factotums ou représentants dans des pays étrangers, ils ont aussi eu droit à des peines avec sursis et de toutes petites amendes. Dans la mesure où personne -ni les prévenus ni le ministère public- n'a fait appel de cette décision judiciaire, ce jugement est aujourd'hui définitif.
David Servenay

mardi 7 octobre 2008

Angolagate : le roman français du trafic d'armes

ENQUETE
L'Angolagate, une incroyable affaire politico-financières de trafic d'armement, est jugée à Paris à partir de ce lundi.

Après le procès Elf en 2003, le tribunal de Paris juge à partir de ce lundi l'une des plus incroyables affaires politico-financières. L'Angolagate, comme on l'a surnommé, offre une plongée dans l'univers clos, secret et très lucratif du commerce des armes. Commerce illicite ou autorisé ? Et si oui, de quelle manière ? La question plannera en permanence jusqu'en mars 2009, date prévue de la fin de l'audience.

Quand un militant tiers-mondiste du PS croise les Pasqua boys

C'est l'histoire d'un militant tiers-mondiste du PS qui croise au printemps 1993 l'ancien responsable de la cellule Afrique de l'Elysée. Passionné par l'Afrique australe, Jean-Bernard Curial connaît bien Jean-Christophe Mitterrand. Il connaît encore mieux la génération des maquisards communistes parvenus au pouvoir à Luanda, à la faveur d'une guerre civile qui dure depuis vingt ans.
Le président angolais, José-Edouardo Dos Santos, rencontré dans le maquis en 1973, l'a mandaté pour chercher des armes en Europe. Après un accord de paix signé en 1992 avec les rebelles de l'Unita, le conflit menace de reprendre. Mais voilà, l'Angola est sous embargo de l'ONU. Il faut donc emprunter des chemins de traverse.

Une affaire hors normes

Outre le nombre des prévenus (42), la taille du dossier judiciaire (170 tomes d'environ 1000 pages chacun et 1000 scellés), les avocats mobilisés (60 ténors du barreau), ce procès est prévu pour durer jusqu'au printemps, à raison de 58 audiences pour faire le tour de la question.Les prévenus risquent en théorie de cinq à dix ans de réclusion, les faits examinés représentent 790 millions de dollars de transactions, étalées sur cinq ans (1993-1998), autour de trois pays : l'Angola, le Cameroun et le Congo-Brazzaville.

En croisant Mitterrand, Curial entre en contact avec le réseau des Pasqua boys. Ce que la France officielle refuse (pas de ventes d'armes vers un pays en guerre civile), la France de l'ombre le fera.
Le tout nouveau ministre de l'Intérieur du gouvernement Balladur a placé ses hommes dans les circuits contrôlant l'Afrique des armes et du pétrole : Jean-Charles Marchiani, chargé des questions de sécurité et de renseignement au cabinet du ministre, plusieurs responsables de la Sofremi, société d'exportation de matériel de sécurité rattachée au ministère de l'Intérieur ainsi qu'un duo d'intermédiaires de haut vol, Pierre-Joseph Falcone et Arcadi Gaydamak.

Une paire d'intermédiaires très complémentaires

L'efficacité de cette paire repose sur leur complémentarité. Falcone, fils de pied-noir d'Algérie, négociant en fruits, polyglotte, « très chaleureux, sympathique, très énergique », comme le décrit l'actrice Charlotte Rampling, marié à une ancienne miss Bolivie, quatre téléphones portables en poche, suivi en permanence par une Mercedes bourrée de gardes du corps : l'archétype du négociateur prêt à prendre des risques que les Etats ne peuvent assumer. Selon la bonne vieille doctrine du feu orange : si vous êtes pris la main dans le sac, on ne vous connaît pas.
Arcadi Gaydamak, ancien colonel du KGB, émigré en France dans les années 70, tour à tour traducteur, informaticien et self-made man, « secret, froid et taciturne » selon les témoins interrogés par le juge Courroye.Il a acquis la nationalité israélienne en 1972, puis française en 1986. Il est proche d'un ancien chef d'Etat-major de l'armée de terre soviétique. Quand le bloc de l'Est s'effondre, ses contacts au sein du complexe militaro-industriel russe vont se transformer en or.
La répartition des rôles est simple : Gaydamak fournit la marchandise en puisant dans les vieux stocks d'armes et de munitions de l'Armée rouge, tandis que Falcone gère les relations avec les Angolais. Elisio de Figuereido, l'ambassadeur itinérant de Dos Santos en Europe, chargé des affaires délicates et des comptes en Suisse, joue l'entremetteur avec les généraux, spécialistes des questions d'approvisionnement en armes. En cinq ans, les deux hommes vont fournir pour 790 millions de dollars de matériels militaires : camions, fusils, lance-roquettes, mines antipersonnel...

Quand la main droite de l'Etat ne sait pas ce que fait la main gauche

Pour monter cette opération, le tandem utilise une vraie société slovaque, ZTS-Osos. Mais la véritable plate-forme commerciale est au 56, avenue Montaigne, Paris VIIIe, dans un magnifique hôtel particulier sous l'enseigne Brenco. Le tout-Paris y défile. Paul-Loup Sulitzer, Jacques Attali, Georges Fenech, Jean-Noël Tassez, Paul Anselin… Autant de relais politiques que le PDG de Brenco arrose, à coup de centaines de milliers de francs, en liquide. Pour obtenir un rendez-vous, un contact, faire évoluer une position.

Tout comme une armée de petites mains : hôtesses, secrétaires, attachées de presse, factotums divers. Tous ont droit à des compléments de rémunération défiscalisés. Pourquoi ? Parce que l'argent coule à flots, sans avoir forcément emprunté des circuits très réguliers. En effet, les Angolais ont proposé aux intermédiaires français une caution pétrolière -20 000 barils /jour- en cas de problème de paiement. L'instruction judiciaire a aussi démontré que de hauts responsables angolais ont perçu de substantielles commissions. Etrangement, aucun d'eux n'est renvoyé devant la justice française.

Au sein du gouvernement français et à l'Elysée, certains hommes savent que Paris a deux mains qui s'ignorent. Interrogé par Philippe Courroye, Alain Juppé, ministre des Affaires étrangères à l'époque des faits, jure ses grands dieux qu'il a découvert le pot-aux-roses dans la presse.Tout comme Edouard Balladur, Premier ministre et François Léotard, ministre de la Défense. Charles Pasqua, renvoyé devant le tribunal pour « trafic d'influence » et les hommes du président Mitterrand, étaient nécessairement au courant du deal angolais. Ils seront à la barre.

Les enjeux du procès : qui savait ? Pourquoi a-t-on laissé faire ?

Le président du tribunal, Jean-Baptiste Parlos, va donc avoir cinq mois d'audience pour déterminer les responsabilités individuelles des 42 prévenus de cette affaire.
Pour ce faire, ce magistrat expérimenté (outre l'anti-terrorisme, il a aussi instruit l'affaire Borrel) et ses assesseurs auront aussi à évoquer des questions plus générales :
Que savaient le gouvernement et les responsables politiques de l'époque ?
Que savaient les services secrets français ?
Pourquoi laisser faire ce genre d'intermédiaires ?
Qui en a réellement profité ?
Est-il possible de sanctionner ce genre d'agissements ?
Est-ce que ça continue aujourd'hui ?

Là encore, le procès Elf va servir d'étalon. Où l'observateur risque de découvrir, à nouveau, les vertiges de la raison d'Etat et ses deux visages, le lumineux et l'obscur.

Photo : Charles Pasqua, François Léotard, Alain Juppé et Edouard Balladur en mai 1997 (Christine Grunnet/Reuters).