dimanche 9 décembre 2012

Togo: mort d'un serviteur du régime colonial franco-Gnassingbé.

Capture d'écran de republicoftogo.com




Ce n'est que ce dimanche 09 décembre à la mi-journée que le site officiel de la fameuse République du Togo annonce la disparition du général Assani Tidjani, alors que la nouvelle fut publiée depuis vendredi ailleurs.

Ce général, la voix et le geste toujours menaçants fut, à ses heures de gloire de serviteur zélé, un des hommes que le système a le mieux utilisé aussi bien au temps du père Gnassingbé qu'au début de l'ère du fils, en 2005. Comme le souligne le texte de Republicoftogo.com, le général fut arrêté et jeté en prison en septembre 2011 en compagnie de Kpatcha Gnassingbé, demi-frère de Faure Gnassingbé, président autoproclamé du territoire du Togo. Motif: tentative de coup d'état. Le général sera retrouvé plus tard sérieusement amaigri, car les prisons du Togo ont ceci de particulier qu'elles sont, pour les plus chanceux, un lieu de cure d'amaigrissement lié à la torture aussi bien physique que psychologique qu'on y subie. Surtout si on est accusé d'avoir attenté à la vie du Timonier ou d’être partie d’un – mythique -complot visant à retirer la famille propriétaire du trône présidentiel du siège qu’elle occupe illégalement et illégitimement, on est mort avant même d'y entrer.

Assani Tidjani est donc mort. Le site gouvernemental, d'entrée de jeu, nous apprend qu'il est originaire du Nigeria et qu'il y sera inhumé. C'est dire combien le bonhomme, surnommé Général Adidas, pour les balafres qu'il porte sur ses joues, était tombé en disgrâce avec Gnassingbé II qu'il a pourtant porté au pouvoir la nuit du 05 février 2005 avec un quarteron d'officiers de l'armée togolaise faisant office cette nuit là de Cour constitutionnelle constatant "la vacance du pouvoir" après la décès annoncé du père Gnassingbé survenu officiellement quelques heures plus tôt dans le ciel de la Tunisie. Même pour service rendu, Tidjani ne sera pas autorisé à reposer éternellement au Togo. Il est renvoyé dans son pays d'origine, le Nigeria. Mais tout ceci est plutôt clair: éviter que ses funérailles suscitent des discussions voire des tensions au sein de l'armée et, in fine, faire en sorte qu'elles ne servent pas à réveiller non seulement certains esprits potentiellement révoltés contre le sort réservé à un ex-serviteur qui aura été leur Général, mais aussi éviter que d'autres gradés de cette armée dévouée aux Gnassingbé contre les Africains du Togo, à l'aune de l'expérience douloureuse d'un Tout-puissant Tidjani déchu, laminé et rejeté comme un chien, en viennent à méditer leur propre situation alors qu'ils sont aujourd'hui même au service du régime franco-Gnassingbé. L'effet psychologique recherché en éloignant la dépouille de Tidjani des terres du territoire du Togo fonctionnera t-il longtemps? 

Komla KPOGLI

mardi 4 décembre 2012

Syrie : Des « massacres épouvantables » aux « armes chimiques »…et l’Iran.



Comment la propagande pro-guerre contre la Syrie évolue-t-elle?



Pendant qu'on multiplie les attentats à la bombe contre les officiels syriens, on nous refait le coup des armes chimiques ou des armes de destruction massive. «Le recours à des armes chimiques est et serait totalement inacceptable. Si vous commettez l'erreur tragique d'utiliser ces armes, il y aura des conséquences et vous en répondrez», voilà ce qu'a déclaré hier, 03 décembre 2012, Barack Obama, le président des Etats-Unis et Prix Nobel de la Paix des drones et des guerres humanitaires.
Cette énième affirmation à propos de la Syrie montre que la meute ne renoncera pas tant qu'elle n'a pas atteint son but: renverser, tuer Bachar Al Assad, décapiter son régime et mettre à la tête du pays des laquais, appelés à l'occasion "l'opposition démocratique".

Le 21 août dernier déjà Obama parlait de "ligne rouge": vidéo ci-dessous:


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Une partie du contenu de cette vidéo provient de afp, qui a bloqué sa diffusion sur ce site Web.
Visionner sur YouTube

Au lendemain de la nouvelle déclaration de Barck Obama (03 décembre 2012) http://www.leparisien.fr/international/syrie-obama-hausse-le-ton-face-a-la-menace-d-armes-chimiques-04-12-2012-2378945.php

, nous rediffusons le texte ci-dessous publié en septembre dernier.

Bonne lecture.

La propagande médiatique a changé et a pris un nouveau cap sur la Syrie. Après des slogans : «  des massacres contre son propre peuple », « des massacres épouvantables  de Bachar Al-Assad » et toutes ces choses non vues mais criées et répétées qui n’ont pas (encore) réussi à bouger la position de la Russie et de la Chine, voici venu l’heure des « armes chimiques ». Les chiffres macabres avancés et distillés depuis Londres par l’OSDH, l’agence de presse et officier du registre mortuaire des « insurgés-rebelles-révolutionnaires » pupilles de l’Occident, se présentant comme une organisation de défense des droits de l’Homme, n’auront donc pas suffi pour obtenir des « bombardements justes et humanitaires » sur la Syrie. Les outrances mensongères de Laurent Fabius, de Hillary Clinton et autres petits tireurs d’élite médiatico-intellectuels n’auront pu réussir, pour le moment en tout cas, à obtenir de la Russie et de la Chine ne serait-ce qu’un fléchissement. Il faut donc monter d’un cran le matraquage et trouver plus grave que les massacres. Et qui s’en est chargé ? Le sous-lieutenant, l’Etat mercenaire par excellence des Etats-Unis et de ses alliés au Moyen-Orient : Israël.

Constatant la persistance de la fermeté sino-russe face à toutes les ruses et autres pièges savamment enrobés dans le tissu troué des projets de résolution ou des contacts diplomatiques nocturnes, la question des « armes chimiques » détenues par la Syrie revient subitement au devant de la scène. Le mode opératoire est digne d’intérêt : le 20 juillet 2012, Ehoud Barak, le ministre israélien de la Défense, effectuant une tournée d'inspection sur le plateau du Golan à la frontière avec la Syrie, a clairement laissé entendre que « l'armée israélienne ne permettrait en aucun cas le transfert d'armes de destruction massive syriennes. L'Etat d'Israël ne peut accepter le transfert d'armes de pointe de la Syrie au Liban. Nous surveillons étroitement (...) le Hezbollah qui pourrait essayer de tirer avantage de la situation…Il n'est pas approprié d'en dire plus pour le moment sur quand nous allons agir, comment nous agirons, ou si vraiment nous agirons. Nous suivons tout cela de très près». Voilà la naissance d'une nouvelle argumentation en faveur du projet d'agression contre la Syrie: la menace des armes chimiques.
 «La Syrie a accumulé le plus important arsenal d'armes chimiques du monde et dispose de missiles et de roquettes capables d'atteindre n'importe quel point du territoire israélien», a confirmé le général Yaïr Naveh, le chef d'état-major adjoint.
Les deux dirigeants seront suivis par le chef du gouvernement israélien. « Peut-on imaginer que le Hezbollah dispose d'armes chimiques, c'est comme si Al-Qaïda avait des armes chimiques », a affirmé M. Netanyahu le 22 juillet 2012. « C'est une chose inacceptable pour nous, pour les Etats-Unis, et nous devrons agir pour l'empêcher s'il en est besoin » a prévenu M. Netanyahu.
Constatant ce nouveau tournant dans la communication de ses ennemis, Damas a indiqué le lundi 23 juillet 2012 qu'elle n'utiliserait ses armes chimiques qu'en cas d'"agression étrangère". « Aucune arme chimique ou non conventionnelle ne sera utilisée contre nos propres citoyens (...), ces armes ne seront utilisées qu'en cas d'agression étrangère », a indiqué le porte-parole du ministère syrien des Affaires étrangères.

Mais ce tournant dans la communication a fait son effet et va être maintenu. Désormais, les parrains de la rébellion armée contre la Syrie vont marteler le même message afin de mieux ancrer dans les têtes la dangerosité du gouvernement dirigé par Al Assad. La technique est si bien rôdée que Barack Obama, le prix Nobel des guerres justes et humanitaires s’est fendu des menaces très claires le 20 août dernier : « Nous avons été très clairs envers le régime d'Assad, mais également envers les autres acteurs sur le terrain, sur le fait que, pour nous, une ligne rouge serait de voir un arsenal complet d'armes chimiques en train d'être déplacées ou utilisées. Cela changerait mes calculs. » Et, pour être encore plus clair et montrer que « les acteurs sur le terrain » est une formule pour désigner en réalité le gouvernement d’Al Assad, Obama a tenu à préciser : « Nous ne pouvons pas nous trouver dans une situation dans laquelle des armes chimiques ou biologiques tombent entre les mains des mauvaises personnes ».

A partir du moment où l’Oncle Sam a parlé des armes chimiques suivant ainsi son sous lieutenant Israël, il était évident que toutes les autres hyènes de la bande iront dans le même sens. Telle est l’une des règles fondamentales de la chasse élaborées par la meute.

Une semaine après l’Oncle Barry, François Hollande surnommé dans certains milieux revanchards « le Mou » ou « Le Flou » ou encore « Flamby » le 27 août 2012, François Hollande ira répéter le nouveau mot d’ordre : « Je le dis avec la solennité qui convient : nous restons très vigilants avec nos alliés pour prévenir l’emploi d’armes chimiques par le régime (syrien), qui serait pour la communauté internationale une cause légitime d’intervention directe », lors d’un discours devant quelque 200 ambassadeurs français réunis à l’Elysée. Son ministre des affaires étrangères, Laurent Fabius qui, déjà en août professait que « Bachar Al Assad ne mérite pas d’être sur terre », ira énoncé sur Europe1 le 31 août que « il est certain que nous jugeons M. Bachar al-Assad responsable de l'utilisation de ces armes et s'il y avait la moindre tentative d'en faire utilisation directement ou indirectement la réponse serait immédiate et fulgurante ».
Sur France 3, dimanche 02 septembre 2012, Alain Juppé déchu du ministère des affaires étrangères pour cause de défaite électorale de Sarkozy a affirmé que les pays Occidentaux et leurs alliés (agresseurs) doivent «se passer d'un feu vert onusien pour attaquer la Syrie au cas où le risque de prolifération d'armes chimiques se dessinait ». Alain Juppé, un des assassins directs de Mouammar Kadhafi et des dizaines de milliers de personnes en Libye et en Côte d’Ivoire a précisé que« sur la question d'utiliser la force ou pas, notre doctrine de toujours-et je pense qu'il ne faut pas l'abandonner- est qu'on utilise la force qu'avec le feu vert des Nations unies. Est-ce que dans un certain nombre de situations extrêmes, comme le risque de prolifération des armes chimiques, on peut se passer de ce feu vert? Oui, je pense qu'il faut l'envisager ».
David Cameron, premier ministre britannique et Ban Ki Moon, secrétaire général de l’atlantiste ONU iront dans le même sens. Ce dernier  déclarant le 23 juillet 2012 depuis Belgrade : « il serait répréhensible de voir quiconque en Syrie envisager l'utilisation d'armes de destruction massive comme des armes chimiques. J'espère sincèrement que la communauté internationale gardera un oeil là-dessus pour que rien de tel ne se produise ».
La Turquie, le Qatar, l’Arabie Saoudite et tous les autres pions sont sur la même longueur d’ondes.Comme on le voit, les stratèges pro-guerre auront le triste mérite d’avoir tout essayé. La nouvelle rhétorique fondée sur les armes chimiques menaçantes pourra ainsi justifier une agression contre la Syrie en escamotant le double refus sino-russe et mettre ainsi la Chine et la Russie devant le fait accompli tout en misant sur le fait que, peut-être, ces deux pays n'iront pas jusqu'à livrer une guerre ouverte à l'Occident pour la Syrie. Rien n'est moins sûr.
Israël étant le pays qui fabrique en direction prioritairement des opinions occidentales l’essentiel de l’information sur ce qu’on appelle le monde arabe, démontre une nouvelle fois au travers de ce changement de rhétorique face à la Syrie qu’il sait tenir son rôle. Rôle qu’ont dépeint Stephen Walt et John Mearsheimer dans leur ouvrage « Le Lobby pro-israélien et la politique étrangère américaine » paru en 2007.
En effet, lors de la « Guerre des six jours » en 1967, Israël a arraché à la Syrie une partie de son territoire appelée le plateau du Golan d’où environ 100.000 syriens furent renvoyés. En 1981, le plateau du Golan passe sous les lois israéliennes et le territoire est repeuplé par quelques 18.000 colons israéliens. La Syrie tient absolument à reprendre ce territoire et pour ce faire, elle arme le Hezbollah et le Hamas qu’elle utilise pour maintenir la pression sur Israël. Comme le montrent Walt et Mearsheimer, seuls Yitzhak Rabin en 1994 assassiné plus tard et Ehud Barak dans un premier temps, puis opposé en 2000 furent favorables parmi tous les dirigeants israéliens de retourner à la Syrie le territoire volé contre un traité de paix. Ariel Sharon qui a succédé à Ehud Barak lui-même ayant fait marche arrière déclarera :« même dans mes moments de fantaisie les plus fous, je n’aurais jamais accepté une telle concession ». Ehud Olmert, successeur de Sharon confirmera : «  Le plateau du Golan restera en notre possession pour toujours ». Tous ses successeurs s’inscriront dans la même logique. « Israël n’abandonnera jamais le plateau de Golan ; cette région fait partie intégrante d’Israël et est vitale pour sa sécurité et sa protection » tranchait Yisraël  Katz, député israélien lorsque Javier Solana, Secrétaire général du Conseil de l’Union Européenne, en 2007, disait souhaiter aider la Syrie à récupérer ledit territoire.

Face à l’insistance syrienne va alors être engagée une œuvre de diabolisation du gouvernement syrien par Israël, ses dirigeants, ses intellectuels, ses médias et les puissants lobbies qui le soutiennent inconditionnellement dans sa logique de confiscation du Golan. Ariel Sharon, le 15 mars 2003 dira de Bachar Al Assad qu’il est un « homme dangereux et incapable d’un jugement sain »  avant d’appeler les Etats Unis à exercer sur Al Assad « une très forte pression » pour l’empêcher de soutenir le Hamas et le Hezbollah. Toujours en 2003, pour Ephraïm Halevy, conseiller pour la sécurité nationale de Sharon, Assad « irresponsable et insolent succombait fréquemment à de mauvaises influences »« on ne pouvait pas fermer les yeux sur ses machinations. Mais avant d’arriver à la guerre, il y a toute une gamme de mesures qui peuvent être prises pour limiter les crocs du jeune, arrogant et immature président syrien ». L’immaturité de Bachar Al- Assad étant sa volonté de voir la Syrie regagner le plateau du Golan.

Les deux auteurs citent beaucoup de personnalités allant dans le même sens dans les médias israéliens aussi bien qu’étatsuniens où elles accouchaient fréquemment leur propagande en vue de pousser l’opinion et les décideurs politiques occidentaux notamment étatsuniens à catégoriser la Syrie et éventuellement à lui livrer une guerre. « La Syrie avait un fort pouvoir de nuisance, beaucoup plus fort que l’Irak » Yoshi Alphar. « Je me demande si, étant donné la qualité de leurs sources, les Syriens n’avaient pas eu vent de la conspiration du 11 septembre et avaient omis d’en avertir les Etats Unis » Itamar Rabinovich, ancien ambassadeur d’Israël aux USA.« Prochaine étape : serrer la vis à la Syrie. Il faut utiliser tous les moyens nécessaires y compris la force militaire pour obtenir un changement de comportement et/ou de régime à Damas », journaliste israélo-américain Yossi Klein Halevi, 15 avril 2003 dans le Los Angeles Times. « La Syrie, amie du terrorisme, a elle aussi besoin d’un changement », Zev Chafets, 16 avril 2003 dans New York Daily News. « Je ne serai pas surpris si les armes de destruction massive que nous n’arrivons pas à trouver en Irak avaient pris le chemin de la Syrie » Eliot Engel. « Assad est un homme excessivement dangereux »Jed Babbin…On pourrait en citer d’autres. Mais c’est fastidieux. Soulignons simplement qu’à la même époque, il y avait une loi dénommée Syria Accountability Act qui fut votée par le congrès étatsunien sous l’instigation d’Eliot Engel et de l’AIPAC avec pour objectif d’intégrer la Syrie à la liste des pays de « l’Axe du Mal ».

La Syrie n’est donc pas dans l’œil du cyclone depuis 2011. Elle est ciblée bien avant le début du fameux « Printemps arabe ». Les mouvements de foule de ces deux dernières années dans les pays où l’Occident bénéficiant dans certains cas des yeux fermés de la Chine et de la Russie n’ont servi qu’à tendre vers la réalisation d’un objectif prévu de longue date à Damas. Pour ce faire, rien de plus efficace que de resservir les vieilles mais redoutables recettes des armes chimiques, bactériologiques voire de destruction massive. C’est en cela que les responsables israéliens qui font semblant de ne jouer aucun rôle en Syrie actuellement avaient été les premiers à réorienter la communication pro-guerre en la faisant passer du stade compassionnel des massacres nécessitant une intervention humanitaire bloquée par les méchants et cyniques Russes et Chinois au cap de la menace des armes chimiques, « ligne rouge » autour duquel les agresseurs tentent à présent de mobiliser. Il faut rappeler, pour finir, que les armes chimiques dont il est question sont celles que la Syrie avait achetées à l’Egypte en 1973, lesquelles ne font peur ni à Israël ni à l’Occident car disposant de moyens de dissuasion suffisants.

Le prochain sur la liste est l’Iran. Les dirigeants israéliens ne cachent même pas leur démarche. Certain que tous les actes qu’il aura à poser, que ce soit aujourd’hui ou demain, contre l’Iran a et aura l’appui moral et matériel de l’Occident notamment des Etats Unis d’Amérique, des dirigeants israéliens annoncent qu’ils pourront frapper l’Iran avant les élections américaines de novembre prochain, obligeant ainsi ce tuteur bienveillant à l’accompagner dans cette nouvelle mission. Ce matin, 03 septembre 2012 sur BFMTV, Jean Jacques Bourdin a essayé en vain d’obtenir de Laurent Fabius un mot de la diplomatie française allant à l’encontre du projet israélien. Projet qui au demeurant, ne fâche pas la plupart des diplomaties occidentales. Loin de là, elles le soutiennent, lui fournissent même des moyens pour son accomplissement. A la fin, Fabius n’a trouvé qu’une condamnation ou simplement de réserves quant à une future agression contre l’Iran. Il dira « je me demande même si les Iraniens ne sont pas dans une stratégie double en se faisant frapper puis dire « nous on ne faisait rien, on nous a tapés dessus faire. Ils deviennent ainsi la victime et du même et du coup ils récupèrent une espèce de légitimité auprès des populations ». C’est dire combien ce monde là réserve donc des surprises aux proies contre lesquelles il planifie des attaques. Il temps, grand temps que les peuples affaiblis ou faibles commencent sérieusement par penser sérieusement à leur survie en se regroupant, en se dotant de la conscience des enjeux, en fédérant autour d’un leadership avisé et responsable avec l’idée de rechercher les moyens les plus appropriés pour répondre aux défis que ce monde là pose et posera.

Mis à jour le 04 décembre 2012


03 septembre 2012
Komla KPOGLI
Web. http://lajuda.blogspot.com

dimanche 2 décembre 2012

Les Afro-péruviens pris dans le cercle vicieux de la pauvreté et du racisme


Ils montent la garde en livrée devant les hôtels de luxe, portent les cercueils aux enterrements huppés, des emplois subalternes qui leur sont presque exclusivement réservés: les Péruviens d'ascendance africaine stagnent au plus bas de l'échelle sociale.
Dans les quartiers chics de la capitale péruvienne, la couleur de leur peau est censée apporter un certain cachet aux riches familles qui les emploient comme chauffeurs ou personnel domestique.
Des restaurants chics assignent spécialement au service des desserts des femmes noires portant jupons et foulards de madras d'un autre temps.
"Certains de nos clients demandent spécifiquement des porteurs noirs, ce qui donne du prestige à un enterrement", indique à l'AFP Alejandro Cano, propriétaire d'une entreprise de pompes funèbres dans le quartier résidentiel de San Isidro.
Pour les autorités péruviennes, il s'agit là d'"une claire manifestation de discrimination raciale et d'atteinte aux droits de l'homme".
Elles ont lancé il y a deux ans - sans succès - une campagne auprès des entreprises de pompes funèbres pour "chercher à éliminer de l'imaginaire collectif l'image stéréotypée du porteur de cercueil afro-péruvien".
Les entreprises de pompes funèbres affirment quant à elles ne faire que répondre à la demande de leur clientèle.
"Dans les enterrements les plus chers, les plus élégants, les familles nous disent +nous voulons, des "morenitos" (Noirs), tous bien pareils+. Ces clients appartiennent à des milieux très aisés qui ont des moyens financiers et veulent un service soigné", dit Alejandro Cano, qui assure que "ce n'est pas discriminatoire".
"Ces représentations sociales qui confinent les descendants d'Africains à certains emplois serviles remontent à l'esclavage et l'époque coloniale", rétorque Rocio Munoz, spécialiste d'études afro-péruviennes et chercheuse auprès du Ministère de la Culture.
Les morts sont toujours portés sur les épaules d'Afro-péruviens
"Bien que nous vivions dans une société démocratique, ces modèles n'ont pas changé. Les morts sont toujours portés sur les épaules des Noirs, comme c'était le cas à l'époque coloniale", dit-elle à l'AFP.
Les ancêtres des Afro-Péruviens sont arrivés au Pérou comme esclaves, broyés par milliers dans les mines et les plantations durant la colonisation espagnole.
Considérés comme partie prenante de la colonisation, leur cohabitation avec les communautés amérindiennes a toujours été difficile.
Aujourd'hui, ils représentent entre 3 et 7% des 30 millions d'habitants du pays où 47 % des Péruviens sont indiens et 37 % mestizos (métis de Blancs et d'Indiens).
Présents dans la musique, le sport - un tiers des footballeurs péruviens sont noirs - les Afro-Péruviens restent invisibles sur la scène politique, à la télévision, dans les milieux d'affaires, la diplomatie, la presse.
"Plus de 34% des Afro-Péruviens sont pauvres sans possibilité d'accès à une carrière leur permettant de rompre avec ce cycle de pauvreté qui les enferme dans des emplois déterminés", indique Rocio Munoz.
Au Pérou, 6% des Afro-Péruviens accèdent à l'université et seulement 2% d'entre eux terminent leurs études, dit-elle.
Le gouvernement péruvien va "développer des mesures en faveur des Afro-Péruviens", indique Owan Lay, fonctionnaire au ministère de la Culture, dont l'adoption de politiques publiques de discrimination positive et l'établissement de données inexistantes jusqu'ici sur la population descendant d'Africains dans le domaine de la santé, l'éducation et l'emploi.
En 2009, sous la houlette du président Alan Garcia, le Pérou est devenue la première nation d'Amérique Latine à demander pardon aux personnes dont les ancêtres sont venus d'Afrique pour les siècles "d'abus, d'exclusion et de discrimination". Le pays a reconnu officiellement que la discrimination raciale continuait de faire obstacle à leur ascension sociale et professionnelle.
Investi en 2011, le président Ollanta Humala a promis l'"intégration sociale pour tous" et nommé pour la première fois une ministre noire à la Culture, la chanteuse Susana Baca.
Tous n'en souffrent pas: Humberto Guerrero, smoking, noeud papillon et gants immaculés, l'uniforme du porteur, revendique pour sa part de "perpétuer une tradition qui plaît; le +moreno+ est élégant en costume noir, il présente bien; je ne me sens pas marginalisé, c'est mon travail et je le respecte".
AFP