jeudi 11 octobre 2012

François Hollande recrute ses "Henri Guaino" Africains.

Tous les peuples normaux et ayant fait le choix de la vie au lieu de la mort et des fers préfèrent, pour leur propre survie, avoir affaire à des adversaires ou à des ennemis ouvertement hostiles et qui se démasquent à l'occasion. C'est alors qu'ils forgent leurs propres identité ainsi que leurs armes toute catégorie confondue pour pouvoir les combattre. Tel n'est pas le cas chez des Africains. Visiblement, beaucoup d'Africains préfèrent un ennemi rusé, un ennemi qui cache son jeu sous de bons mots, un ennemi qui avance à pas masqués. Un ennemi qui souffle donc sur les morsures qu'il leur inflige et qui peut aller jusqu'à recruter dans leurs propres rangs les éléments endogènes derrière qui il se réfugie pour mieux frapper à mort. L'ennemi qui agit ainsi acquiert chez nombreux africains le titre d'ami ou de partenaire de l'homme noir. C'est ainsi que beaucoup s'étaient réjouis de voir Nicolas Sarkozy chassé de l'Elysée et remplacé par François Hollande vu comme "mieux que son prédécesseur". On a entendu même des "militants noirs" battant campagne pour le candidat Hollande proclamer que celui-ci allait apporter aux Africains un "soulagement" aux noirs écrasés depuis des siècles par la France. D'aucuns avaient dit que Hollande "même s'il ne va rien changer dans les relations franco-africaines, il sera moins pire, moins hostile que Sarkozy". "Lui au moins n'ira pas insulter les Africains en Afrique comme Sarkozy l'avait fait le 27 juillet 2007 à l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar au Sénégal", "Hollande, lui ne sera pas aussi ouvertement violent et ouvertement raciste à l'égard des Africains", avait-on encore entendu dire dans d'autres milieux. C'est que tout simplement les auteurs de telles affirmations ne savent pas de quoi ils parlent. Ils ignorent manifestement que le "soft power" (puissance d'influence ou puissance masquée) qu'on peut attribuer en la circonstance à François Hollande en matière des relations franco-africaines est plus redoutable que le "hard power" (puissance militaire brutale) déployé par Nicolas Sarkozy qui disaient ouvertement les choses.

La vérité est qu'aucun locataire de l’Elysée n’est disposé, ni hier, ni aujourd'hui, encore moins demain, compte tenu de l’importance de l’Afrique dans la politique française, à lever la main. Tous ont eu et auront une politique ouvertement ou secrètement d’exploitation et de mépris à l’égard de l’Afrique tant que les africains ne décideront pas d’y mettre fin. Qu’elle soit ouverte ou discrète, la domination c’est la domination. Le Hard Power (puissance militaire) qu’on peut attribuer à Sarkozy ou le Soft Power (diplomatie d’influence) qu’on peut attribuer à Hollande sont appelés  à produire le même résultat : le renforcement d’une Afrique au service de la France. Au demeurant, le Soft Power, grâce à sa discrétion et ses pratiques de réseaux, avançant avec un discours apaisant, visiblement pacifique et cyniquement humanitaire à la bouche, se révèle très souvent plus efficace et moins saisissable, moins détectable que le bruit et les canons déployés par le Hard Power. Ce serait donc une grave erreur de penser que parce que le nouveau président français a un style différent, une méthode de travail différent il serait porteur de rupture. La France, puissance nucléaire, qu’elle soit dirigée par la Gauche ou la Droite, le Centre ou les Extrêmes utilise et utilisera les deux pratiques alternativement ou simultanément si les circonstances le commandent. Elle ne se débarrassera pas de ses attributs de puissance pour faire plaisir à on ne sait quel peuple.

La France recrute encore dans les rangs des Africains. Voici le visage des africains que François Hollande, président de la France a réuni à l'Elysée pour préparer son discours à prononcer à Dakar, demain vendredi 12 octobre 2012. Il s'agit de Elikia Mbokolo, historien natif du territoire de Congo et officiant aussi sur RFI (à gauche, grand format), de Sidiki Kaba, ancien président de la FIDH natif du territoire du Sénégal (petit format en bas) et de Mamadou Diouf (en haut à droite), natif lui aussi du territoire du Sénégal et directeur des "Etudes africaines" au sein de l'université new-yorkaise Columbia. Ce dernier est décrit par le journal en ligne Seneweb comme «le Guaino Africain de Hollande». Ces hommes sont appelés par Hollande pour l'aider à trouver les mots qu'il faut pour l'Afrique. Eh ouiii, "de nouveaux mots" pour l'Afrique selon les termes mêmes de Yamina Benguigui, la ministre française déléguée à la francophonie. Eh bien chers africaines et africains, vous allez boire de nouveaux mots depuis Dakar avec le concours de 03 de vos frères depuis Dakar où Sarkozy vous a insultés en 2007. Grâce à ces Africains, chers compatriotes africains, vous n'entendrez plus les mots du genre "l'homme africain n'est pas assez entré dans l'histoire" . Mais de gentils mots nouveaux dans le même cadre colonial, avec le Franc CFA, la Francophonie, la Coopération française, les bases militaires françaises, les coups d'état et autres guerres de pillage utiles pour la métropole. Mais vous aurez vos "nouveaux mots". C'est ce dont vous avez besoin: les mots.

Un tel positionnement montre que beaucoup d'Africains continuent de penser que le maître est bien disposé à "faire avancer les choses". Ce qui lui manquerait serait "une connaissance réelle de l'Afrique". Grave erreur de jugement! Car, quiconque attend des dominateurs de son peuple une "conversion", une reconversion de leur toute puissance en toute bonté est lui-même, soit naïf, soit en mission contre son peuple à son insu ou avec son plein accord.
Hier, le même François Hollande, rusé qu'il est et sachant parfaitement joué sur le décor recruta Christiane Taubira Victorin Lurel et George Pau Langevin pour en faire ministres dans le gouvernement français. 

Pour ce qui est de ces ministres "noirs" de la République française, nous avons toujours dit et répété à MOLTRA que tant que l'Afrique et les africains seront dans leur état de faiblesse permanent, quelques soient leurs rangs ou positions, seront l'objet d'injures et d'humiliations. Tant que nous n'allons pas reconquérir notre espace, la reconstruire et la sécuriser définitivement, les enfants d'Afrique seront ridiculisés partout dans le monde. Nous ne parlons même pas du mépris qui est la rançon que les dominants accordent à celle ou à celui qui, prétendant son intégration ou l'espérance réformiste, se joint aux maîtres pour renforcer le système de domination contre son propre peuple. Quand on sert la fameuse République, on dessert l'Afrique. On ne sert pas deux maîtres à la fois: c'est soit la France, soit notre peuple.


Toutes les sociétés qui se sont affranchies de la tutelle extérieure l’ont fait par leurs propres actions. Des actions endogènes qui, peut-être, finissent par la conclusion d’un accord ou d'un traité autour d’une table et endiguant ou paralysant ainsi la capacité de nuisance des attributs de puissance que déploient jusque-là leurs détenteurs. Visiblement, nous autres Africains aimons la liberté donnée, des indépendances octroyées et pas conquises de hautes luttes. Nous aimons mieux nous rendre à l'Elysée et autres palais des maîtres pour soi-disant "négocier" notre libération avec eux. Incapables de nous scruter tel que nous sommes, incapables de nous tourner vers nous-mêmes et corriger nos faiblesses et nous organiser réellement pour aller à la reconquête de notre espace, voici que des Africains s'inventent une mission et pas des moindres: aller "enseigner" l'Afrique au locataire de l'Elysée pour lui faire voir exactement ce qu'est l'Afrique. Espèrent-ils ces Africains qu'après discussion avec le maître, celui-ci "informé" à présent signe le décret de libération pour les territoires africains qui sont la propriété française. En voulant la liberté sans en payer le prix, nous faisons le choix de la servitude pour toujours. Car, quiconque confie la décision de sa libération à son maître est condamné pour toujours à la servitude. Il en est ainsi aussi bien des individus que des peuples.



Nous voulons toujours ramer à contre courant des lois de l'histoire. Nous offrons le visage d’un peuple qui n'a rien compris et qui ne veut rien comprendre dans un monde où être faible signifie disparaître et avoir des maîtres signifie misère, appauvrissement, sous-développement éternel. En nous présentant en agneaux dans un monde de loups, nous faisons de la provocation en direction des loups.



Les peuples qui trouvent des solutions à leurs problèmes ne sont pas ceux qui attendent qu’une puissance ouvertement coloniale leur ouvre les portes du paradis. Ce ne sont pas ceux qui espèrent que de bons esprits finiront par surgir dans la métropole pour mettre définitivement fin à leur exploitation ou leur apportent un « léger mieux ». Au contraire, ce sont les peuples qui se rassemblent, qui font leur unité et se battent pour refaire leur unité territoriale. Ce sont les peuples qui maîtrisent leur espace, qui l’occupent effectivement et le protègent par des dispositifs aussi bien juridiques que militaires. Ce n’est qu’à ce prix que ces peuples peuvent constituer des entités vivantes, solides, autonomes, respectées et peuvent échanger avec les autres sur la base de l’égalité et de confiance. Le reste n’est qu’ignorance suicidaire. En espérant la natte des autres, on finit par dormir à même le sol.

Komla KPOGLI

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