mercredi 30 juillet 2008

Du rêve à la libération.

Il n'y a point de Togolais, épris de liberté et préoccupé de notre devenir commun, qui ne rêve de la naissance d'un régime démocratique au Togo. La preuve en est qu'à chaque consultation électorale, le peuple togolais se prononce sans équivoque contre le système héréditaire mafieux qui lui est imposé. N'eut été l'ingéniosité criminelle du clan Gnassingbé et ses alliés africains et occidentaux, le Togo aurait été un havre de paix et de prospérité. Ainsi, à de multiples reprises, la répression s'est abattu sur le peuple togolais. La plus récente est le massacre d'avril-juin 2005. L'ONU, incapable de tout vérifier, a dû arrêter 500 morts. Les organisations locales, saisies par l'ampleur de la boucherie, en ont retenu un millier.

Nous sommes donc face à une réalité. Les tenants du pouvoir ne sont pas disposés à aller à la démocratie. La violence est pour eux, le meilleur outil de se maintenir et de canaliser les tuyaux économiques du pays vers leur poche. Lorsque des individus parviennent à faire allégeance à l'argent et au pouvoir, nul besoin de les appeler à la raison et aux intérêts de tous. Face à cette réalité là, le rêve est irréalisable. Il faut dès lors y faire face en définissant plutôt un projet -si on ne l'a pas encore- à moyen et long terme, tout en tenant compte de ce que nous avons vécu jusqu'ici. Somme toute, de notre expérience faite d'échecs et de réussites, aussi minimes soient-ils.

La concrétisation de ce rêve devenu projet, nécessite la conclusion d'un certain nombre d'alliances. Toutefois, la priorité doit être accordée à la mobilisation des forces endogènes équipées pour affronter les réalités du combat pour la libération. Des organisations de jeunesse dont la Jeunesse Unie pour la Démocratie en Afrique, ces trois ou quatre dernières années se sont engagées pour cette tâche en marchant sur la voie tracée par certaines de leurs prédécesseurs. Si ces oeuvres n'ont pas abouti, c'est bien par manque de soutiens qu'à autre chose. Pourtant, la volonté, la détermination, l'analyse, la stratégie et la conscience des risques et des enjeux y étaient et y sont toujours. En clair, nous avions manqué et continuons de manquer de soutiens. Nos différentes activités sont parfois saluées sur des forums internet. Et ça s'arrête là. Point besoin de mettre la main ni dans le cambouilli ni à la poche alors que la réalité qui est la nôtre, nous oblige à aller au-delà des commentaires sur internet. « Déçus et trahis par certains de vos prédécesseurs », nous assène-t-on régulièrement oubliant le vieil adage selon lequel les moutons et les poules bien que vendus sur le même marché n'ont pas nécessairement le même prix. On oublie même de retenir contre nous les preuves de notre engagement sur le terrain: nos prises de positions, nos conférences et notre participation à des initiatives citoyennes fédérées.


Le clan au pouvoir ne veut pas, ne peut pas et ne va pas aller à la démocratie. Et bien, il faudra que la démocratie c'est-à-dire le peuple de façon organisée, aille le chercher. On n'a pas d'autres alternatives. Car le temps presse, les ressources du pays s'épuisent à cause du pillage, les structures familiales se délitent, le syndrome de Stockholm gagne des esprits, les infrastructures balbutiantes volent en éclat, l'appauvrissement galope, l'acculturation planifiée de la jeunesse avance. Si nous attendons encore un peu, nous n'aurons plus les moyens de notre projet. A force d'être plumé, l'oiseau finit nu.

Si on ne change pas une équipe qui gagne, il serait dans l'ordre des choses, a contrario, qu'une équipe qui perd et qui nous fait perdre, doit être renversée. N'ayons pas peur des mots. Pour l'instant, le peuple en a les ressources. Mais jusqu'à quand?

Rodrigue KPOGLI

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