vendredi 1 août 2008

Après le carnaval, l'inondation.





A la formation du gouvernement Mally, nous avions affirmé(1) que ce cabinet n'en est pas un et qu'il incarne nullement les préoccupations du peuple togolais. De bonnes consciences n'avaient vu là que de la haine pour la patrie. A l'époque, certains, se sont même fendus des tribunes dignes d'un collectif d'avocats commis d'office à Mally. Dans l'une de leur plaidoirie, on avait pu lire ceci: « Ce gouvernement est à peine désigné. A peine il entre en fonction et déjà vous tirez dessus. Ce n’est pas normal. Qui fait ainsi n’aime pas son pays. Les Européens savent donner du temps à l’action avant d’apprécier. Pourquoi pas nous, ...? ». Depuis lors, nous nous sommes donnés du temps pour apprécier.
Nos mêmes contempteurs n'avaient pas fait les choses à moitié, lorsque nous avions parlé d'environ 500 millions FCFA investis dans l'organisation sous le couvert « d'opérateurs économiques privés » d'un carnaval en avril dernier. Alors justement qu'on ameutait le peuple togolais et qu'on mobilisait des troupes de ballets Brésiliennes et Belges pour ce carnaval, les pluies diluviennes s'annonçaient et des ponts étaient au bord de l'écroulement.
A l'heure où, une bonne partie du peuple togolais a les pieds dans l'eau, nous convions ces bonnes consciences à l'évaluation des actions du gouvernement. N'allons pas loin. Consacrons-nous seulement à la gestion de ces inondations.
Un gouvernement responsable est celui qui anticipe les problèmes. Un gouvernement qui mérite respect est celui qui gère convenablement les problèmes lorsque ceux-ci, compte tenu de leur imprévisibilité, n'ont pu être décelés tôt. Or, Mally enfermé à double tour dans le coffre Faure n'a ni anticipé ni géré convenablement les inondations de ces derniers jours au Togo. Et c'est un euphémisme. Alors même que les services météorologiques sous-régionaux ont annoncé d'abondantes pluies, le clan au pouvoir n'a rien prévu. Pire, il a attendu 48 heures pour pouvoir se réunir en Conseil des ministres. Le communiqué qui a sanctionné ledit conseil sonne comme un aveu d'incurie. Lisez-le vous-mêmes:

« Face à ces intempéries, et dans le but d’éviter que les populations ne soient, à chaque fois surprises, le gouvernement envisage de mettre en place deux niveaux d’alerte :

1°- Alerte de précaution :
Il s’agit d’informer les occupants de ces zones géographiques inondables de disposer de stratégies de départs progressifs vers des zones plus sécurisées. Dans ce cas, l’organisation revient aux individus, aux collectivités, aux communes et au gouvernement ;

2°- Alerte d’évacuation
Dans ce cas de figure, il s’agira pour le gouvernement, d’évacuer les populations lorsqu’il juge la situation très préoccupante sur rapport et avis des services techniques et des experts qui suivent l’évolution du phénomène.

Devant une évolution climatique qui impose une nouvelle approche d’analyse des phénomènes atmosphériques, le gouvernement a décidé de mettre à la disposition de la météorologie nationale et des stations de mesure réparties sur le territoire, des services techniques, des centres de recherches impliqués dans la dynamique du climat, les moyens nécessaires pour se doter d’outils modernes de prévision à savoir entre autres :

- des planches graduées pour évaluer à tout moment le niveau des eaux ;
- du matériel de relevé pluviométrique ;
- un hélicoptère pour établir une carte des zones sensibles et vulnérables.

Toutes ces propositions ont pour but de permettre au gouvernement de prendre des mesures urgentes, notamment la mise en place d’une cellule interministérielle de suivi et de veille dès que la situation l’exige. »
Ce qui frappe tout bon sens, est que c'est en pleine inondation que le gouvernement s'aperçoit qu'il faut doter les services compétences d'outils modernes de relevé pluviométrique. Salut, les artistes!
Alors que le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) révélait le 31 juillet que 10.000 personnes ont été déplacées par des inondations, Agba Kondi, ministre de la santé avance le chiffre de 5.000 sinistrés; minimisant ainsi la réalité du désastre.
Le clan a manifestement péché en n'informant pas plus tôt les populations des intempéries qui s'annonçaient. En pareille circonstance, la mise en place dès les premières heures d'une cellule de crise pour renseigner les populations, organiser les secours, mobiliser les pompiers et l'armée pour des interventions appropriées en appui à la débrouillardise des populations, mobiliser des vivres et des vêtements, abriter les sinistrés, est le meilleur des instruments de gestion. Au lieu de tout ceci, c'est plutôt l'amateurisme dans toute sa splendeur que le clan a étalé. Et comme pour satisfaire le réflexe pavlovien de la main tendue, Mally a réuni les soi-disant partenaires en développement au Togo, ambassadeurs et système onusien pour leur demander de l'argent. Plus tard, ce sont des experts venus du Ghana qui ont sauvé de la noyade 25 personnes dont deux étrangers.
Comme si minorer les dégâts soulage sa conscience, le clan parle de 04 morts. Chiffre qu'il faut prendre avec des pincettes au vu du mensonge sur le nombre de sinistrés. D'ailleurs ces morts viennent rallonger la longue liste de victimes du régime togolais de père en fils.
Lomé n'est pas loin de plonger à son tour. Pour qui connaît les infrastructures de canalisation de la capitale, on peut redouter le déluge. Hier de nouvelles inondations ont été révélés dans les quartiers de Akodessewa, Atiégou, Ablogamè.
Tout ceci n'est guère étonnant quand on sait que l'équipe Mally n'est qu'un quasi-gouvernement, constitué de ministres d'Etat dont les formations politiques se sont vues attribuées zéro siège aux dernières législatives et de voleurs de suffrage démocratique. En somme, un cabinet de carriéristes qui en a cure des problèmes du peuple. Les faits sont là. Au-delà de mettre des solutions d'urgence en place (solidarité locale et collecte de dons dans la diaspora et constitution d'une équipe de volontaires par exemple), il faut poser la question de la responsabilité du clan et travailler à son renvoi pur et simple au profit une équipe démocratique, débarrassée de l'improvisation et de l'amateurisme face aux crises du genre à l'avenir et qui prépare l'armée à y faire face au lieu de la former pour tuer les civils. Une nouvelle équipe préoccupée par le bien-être du peuple et capable, ne serait-ce que, de construire des digues pour contenir les cours d'eau dans leur lit quand il le faut, surveiller les infrastructures de transports (routes, ponts, chemins de fer...) et les renforcer si besoin.

Komla KPOGLI

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