Nicolas Sarkozy de Nagy-Bocsa vient de recevoir le prix du courage politique décerné par la Revue Politique Internationale. Etes-vous jaloux ? En tous les cas, ce qui compte c’est de reconnaître au Roi des Gaulois, gesticulateur à rayonnement international, qui réussit à éteindre le soleil en prononçant des mots, le mérite de ce prix qui a été déjà décerné à Sadate, à De Klerk et à Jean Paul II. Vraiment Sarkozy le mérite. Au centuple même !
Sarkozy n’a-t-il pas eu le courage de traiter les jeunes des banlieues, de racaille qu’il faut nettoyer au karcher pour ramener la paix menacée en France ? N’a-t-il pas promis aux Français qu’il ira chercher la croissance avec les dents pour leur offrir ainsi plus de pouvoir d’achat ? Ne s’est-il pas attaqué violemment aux héritages de mai 68 ?
En ce qui concerne l’Afrique, et c’est ce qui nous intéresse beaucoup plus, Sarkozy, lors de la campagne présidentielle de 2007, a déclaré que la France n’a pas besoin de l’Afrique pour sa croissance. N’a-t-il pas clamé qu’il mettra fin tout de suite aux réseaux françafricains obscurs ? Le glorieux bateleur en chef n’a-t-il pas eu le courage de parler de la diplomatie des droits de l’Homme ?
Mais, il devient encore plus courageux lorsque les 52% de géniaux Français lui accordent le pouvoir. Tout de suite, Sarkozy forme une équipe gouvernementale marquée par le ministère de l’immigration et de l’identité nationale. Déclarer la guerre aux immigrés et aux sans papiers - des Hommes après tout - pour ne cesser de se proclamer président des droits de l’homme dans un pays qui se dit « Patrie des droits de l’Homme ». Quel formidable courage !
Rejetant lors de la campagne déjà, les héritages de mai 68, Sarkozy n’hésite pourtant un seul instant à monter dans le yacht de Bolloré pour des moments merveilleux à Malte. Lui qui a toujours vomi les excès issus de mai 68, se montre extrêmement friand de luxe avec les rolex et autres bling bling.
Le handsome boy Sarkozy a divorcé quand il le fallait et s’est remarié de suite. En compagnie de sa nouvelle compagne, le brillantissime Sarkozy est allé à Disneyland puis en Egypte avec le fils de sa sainteté Carla sur l’épaule. N’est-ce pas du courage ?
Un autre acte de courage du Roi Soleil, c’est de réussir à tisser une amitié avec les patrons de la presse et à mettre les journalistes dans un tracteur, comme des moutons, pendant que lui-même joue au cowboy sur un cheval blanc.
A Guilvinec, en novembre 2007, les pêcheurs manifestent. Le courageux ira leur parler. Il sera encore plus courageux lorsque quelques uns des manifestants lui lancent des insultes et revendiquent une augmentation de 140% de salaire comme lui. Il réplique au coup par coup et courageusement, il demande à ses agresseurs de descendre pour des explications mano à mano. Plus récemment, en février 2008, au salon de l’agriculture, dans un bain de foule, un visiteur lui lance « touche-moi pas, tu me salis ! ». Le courageux de la République française lui répond du tac au tac « casse-toi alors ! Casse-toi, pauvre con ! » Génial courage, n’est-ce pas ?
Acculé par des journalistes qui lui rappellent sa promesse sur le pouvoir d’achat, Sarkozy dira que les caisses sont vides. Alors qu’il a violemment tancé quelques jours auparavant son Premier ministre, François Fillon, pour avoir déclaré être à « la tête d’un Etat en faillite ». Quel courage politique !
Sous la pression toujours, le candidat du pouvoir d’achat devient courageusement le président du « Travailler plus pour gagner plus ». Cette fumeuse idée qui véhicule l’illusion qu’il faut travailler plus pour avoir les moyens de ne plus travailler. Puis, le jouissif Sarkozy appelle les Français - impatients matérialistes - à l’espérance religieuse et à entrer dans la « politique de civilisation » chère à Edgar Morin.
Conséquence : les bling bling et l’insolence sarkozistes sont durement sanctionnés. Sarkozy chute vertigineusement dans les sondages, qui vont le recadrer. Courageusement, Sarkozy entre enfin dans « le costume présidentiel ». C’est la fin des galipettes ?
Eh ben non ! Car Monsieur «Une idée nouvelle par jour», un des plus fervents défenseurs du capitalisme sauvage, proclamera lorsque le système plonge dans la crise, qu’il faut trouver les responsables et punir les coupables. Quel courage encore !
Quant à l’Afrique, après les courageux propos de campagne, place maintenant à l’exercice du pouvoir. Puisque la France n’a pas besoin de l’Afrique, comme la diplomatie française va désormais se fonder sur les droits humains et puisqu’il faut rompre avec la Françafrique, Sarkozy reçoit ou visite Sassou Nguesso, Bongo, Deby, Khadafi, Dos Santos, Mbeki, Bouteflika, Wade, Gnassingbe…
Courageusement, «l’homme aux trois cerveaux bien irrigués» renvoie Bockel qui a voulu imiter le courage de son patron en prétendant «signer l’acte de décès de la Françafrique agonisante». Fatale imitation ! N’est pas courageux qui veut. Bockel est viré et remplacé par Alain Joyandet qui ira présenter des excuses de la France pour les écarts de Bockel, en compagnie de Claude Guéant et de Bruno Joubert, respectivement secrétaire général et conseiller Afrique de l’Elysée, au Gabon le 10 avril 2008, au vieux crocodile françafricain Bongo. Bravo Sarkozy, le Courageux !
La France n’a pas besoin de l’Afrique. Mais garder les comptes d’opérations qui confisquent, jusqu’à une date récente, 65% de avoirs en devises des pays de la zone CFA, et où se trouvent aujourd’hui 50% de leurs avoirs, c’est être courageux. En marge du sommet Europe-Afrique de Lisbonne, le 8 décembre 2007, recevoir Faure Gnassingbé dans sa chambre d’hôtel pour lui rappeler que Bolloré est sur les rangs de la concession du port autonome de Lomé, et que quand on est ami de la France, il faut penser aux entreprises françaises : n’est-ce pas très courageux ?
La Françafrique est plus que jamais vivante. « Les réseaux d’un autre temps dont il faut se débarrasser », promesse du courageux candidat à la présidence lors de sa visite au Bénin, sont remis au goût du jour avec Robert Bourgi, le nouveau Foccart. Quel courage encore !
Sarkozy sait faire preuve aussi de courage militaire lorsqu’il s’agit de voler au secours d’un pion françafricain. Ainsi, en février 2008, acculé par une rébellion armée, Idriss Deby reçoit l’appui de son nouveau parrain. Faut-il rappeler que Sarkozy est allé courageusement chercher les trafiquants de l’Arche de Zoé « quoi qu’ils aient fait » ? Quelle bravoure aussi que de s’attribuer la libération des infirmiers bulgares de chez Kadhafi.
Le summum du courage présidentiel, c’est lorsque sur la tombe des massacrés de Thiaroye au Sénégal, Sarkozy prononce devant des Africains, le 26 juillet 2007, un discours dans lequel il dresse un bilan comptable de l’esclavage et de la colonisation ; deux idées géniales qui se sont corrompues malheureusement dans leur réalisation, et qui malgré tout, ont donné à l’Afrique des écoles, des routes, des dispensaires… et une civilisation ! Dans ce discours, Sarkozy rappelle que le drame de l’Afrique, c’est de ne pas avoir encore intégré l’Histoire. Prononcer ces mots en terre africaine devant la couche la plus vitale de sa population, sans craindre d’être lapidé ou que son auditoire vide la salle en guise de protestation dès les premières injures, n’est-ce pas être d’un courage excessif ?
Dire toutes ces abjectes vulgarités sur les Africains et avoir trois africaines à des postes ministériels de son gouvernement, puis nommer encore un préfet noir, n’est-ce pas courageux ?
Pour tous ces actes, Son Excellence Sarkozy, vous méritez le prix du courage politique 2008. Tout comme celui de « l’homme politique de l’année », distinction remise fin septembre par la très religieuse fondation Appeal of Conscience. Vous méritez aussi le prix du Humanitarian Award de la Fondation Elie Wiesel, laquelle attribue son prix à « des êtres exceptionnels qui ont consacré leur vie à combattre l’indifférence, l’intolérance et l’injustice ». Sarkozy est un homme exceptionnel, tolérant et juste !
Le Dalaï Lama, pressenti pour le prix du courage politique 2008, doit attendre. Il y a eu bien évidemment plus courageux que lui.
Comme un prix n’a de qualité que par celles de ceux qui le donnent, le prix du courage politique dont Sarkozy vient d’être récipiendaire est décerné par la Revue de Politique Internationale. Cette Revue est dirigée par Patrick Wasjman[1], qui se trouve être – par un heureux hasard - le conseiller en relations internationales de Patrick Devedjian, successeur de Sarkozy à la tête de l’UMP. Bref, c’est une revue dirigée par un UMP, conseiller du président de l’UMP qui attribue le prix du courage à un UMP. C’est une bonne chose quand entre amis, on se congratule, non ?
Ce qui rend ce prix encore plus honorable – sans rire -, c’est que la Revue Politique Internationale est une revue qui s’est distinguée avec la publication de fausses interviews. Elle a publié une fausse interview de Barack Obama en pleine compétition pour l’investiture démocrate en 2007. Le porte-parole de Obama, Ben LaBolt avait qualifié l’interview de « supercherie incroyable ». Il en était de même pour Allan Greenspan, ancien président de la Réserve fédérale dont la porte-parole d'Alan Greenspan, Lisa M. Panasiti, déclarera que jamais, son patron n’a accordé d’interview à la Revue.[2] Quelles courageuses supercheries à vrai dire !
Etrangement, ce prix, à quelques exceptions près, ressemble à l’autosatisfaction que s’attribuent les pions africains qui invitent à coup d’espèces sonnantes et trébuchantes, leurs clients des fondations et autres instituts bidons pour leur décerner des gadgets sous forme de titres ronflants. Il en est ainsi par exemple des Honoris Causa, Père Magnanime de la Paix… reçus par feu Eyadema Gnassingbé.
Compte tenu de tout ce qui est dit, Vaillant Sarkozy, vous méritez véritablement le prix du courage politique. Continuez l’agitation, les provocations, les discours creux, les pantalonnades, les palinodies, les jonglages. Car, si vos shows médiatiques sont considérés comme du courage au point d’en être récompensés, c’est que si vous allez plus loin, vous aurez le Prix du Superhomme Politique.
On aura vraiment tout vu ! Même l’insolence est couronnée. Quelle belle époque !
[1] http://www.lejdd.fr/cmc/international/200846/sarkozy-fait-son-eloge_164820.html
[2] http://www.rue89.com/mon-oeil/2007/09/05/une-fausse-interview-dobama-dans-politique-internationale
1 commentaire:
Il faut savoir qu'il y a en France une bonne partie des citoyens revoltes contre le discours de Dakar. Un autre visage de la France, Segolene Royal, meme si l'on adhere pas completement a tous ses points de vues ou propositions, propose de refonder le lien France Afrique, d'ailleurs plus logiquement Europe Afrique sur la base d'echanges equitables en tablant sur les forces democratiques. Bravo pour ce blog
J'ai place un lien sur mon blog :-)
Laurent
http://desirsdavenir_croatie.eklablog.com/
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