lundi 27 juillet 2009

Des solutions à l’éducation au sens large. CDMT- Bonn 25 et 26 août 2009.

Communication de Rodrigue KPOGLI

Congrès Mondial de la Diaspora Togolaise

Sujet : Des solutions à l’éducation au sens large.

Définition

Education : C’est toutes les formes d’enseignement, de formation et de transmission des connaissances dans un cadre scolaire ou non.

Elle doit être le processus par lequel un Etat, une organisation privée/publique ou une famille arme ou outille intellectuellement, moralement ou même physiquement ses citoyens et membres à pouvoir affronter leur vie individuelle et sociale avec une personnalité suffisamment épanouie.

Elle doit être la formation qu’on administre aux individus pour favoriser la prise de conscience individuelle et collective, leur vie commune avec la capacité de résoudre les problèmes qui se posent à eux, de connaître le monde, d’affronter le monde, de connaître leur parcours historique et d’envisager leur futur commun en ayant la maîtrise du présent (technique et technologie d’aujourd’hui).

L’éducation doit viser la libération de notre peuple et la construction d’une nation harmonieuse répondant impérieusement aux besoins de la société (habiller, nourrir, soigner, loger, éduquer, puis défendre notre peuple).

L’éducation est donc une question éminemment politique.

Les outils pour sa réalisation

1- cadre familiale

Ce cadre est primordial et ici, il est question de développer la personnalité individuelle de chacun des membres de la société. Il faut donc mentionner avec insistance :

- rôle fondamental des parents dans l’éducation : c’est d’abord à la maison qu’on forme l’individu. C’est vital.
- valeurs morales à cultiver
- édification par l’exemplarité
- entraide, solidarité
- respect de la société et dignité en toute chose

2- Ecole :

Lieu de formation, l’école doit développer les capacités intellectuelles et la personnalité publique chez chaque individu. L’école est et doit être obligatoire. A cet effet, il faut :

- définition des programmes en fonction des problèmes qui se posent et des besoins à satisfaire.
- Formation du personnel
- Construction des infrastructures
- Évaluation constante des outils
- Financement endogène (étant un outil politique, le financement de l’école ne doit pas être le fait de l’extérieur ou des institutions internationales telles FMI, BM, francophonie….)
- Vision de la citoyenneté (valeurs morales à enseigner).
- L’école doit viser la libération de notre peuple.


3- cadre politique et associatif.

Les partis politiques et les organisations associatives doivent développer et compléter la personnalité publique formée dans le cadre scolaire. Même si l’adhésion à l’une ou l’autre n’est pas obligatoire, fréquenter ces cadres est nécessaire dans l’édification d’une personnalité complète de l’individu et de tous.

Dans ces structures, il doit être question :

- formation à la prise de conscience
- formation citoyenne et orientation au sens civique
- Formation à la prise de responsabilité dans l’intérêt de la société
- formation pour développer le volontariat et les idées au service de la société
- apprentissage du sens et de la culture de l’organisation
- formation pour des luttes et revendications sociales, syndicales et politiques
- développement des capacités à débattre, à affronter des opinions diverses voire contraires sans perte de contrôle de soi, ni compromission, ni faiblesses.
- apprentissage et développement des capacités à faire la synthèse
- préparation à la résistance à la corruption sous toutes ses formes (notamment la transhumance politique : à rejeter absolument).

Remarques fondamentales :

L’Ecole africaine, est une école coloniale. C'est la plus grande machine de déshumanisation, de déprogrammation et de formatage que l’humanité ait jamais connu. Au lieu d’édifier des acteurs de leur destin, l’école dresse des esprits spectateurs outillés à mieux s’aliéner, à dépendre, à s’attacher à son maître. Elle confine notre peuple dans le piège de la gestion de son propre esclavage et de sa propre domination. L’école africaine coupe la jeunesse africaine de ses racines et éloigne notre peuple de son histoire en prétendant que tout ce qui endogène, ancestral est rétrograde et synonyme de non-progrès. Elle coupe les générations présentes de tout ce qui est du terroir, donc il y a perte de mémoire historique.

L’école africaine est un lieu d’abrutissement, de dressage à jouer au perroquet et pour réciter tout ce qui est ingurgité mot pour mot. Machine d’aliénation, cette école ne nous forme ni pour nous libérer ni libérer l’Afrique encore moins pour répondre aux problèmes qui sont les nôtres. Elle est extravertie. Se limitant essentiellement aux théories, elle ne postule pas l’application des connaissances. Elle pousse l’individu à penser d’abord à lui-même. D’où cette quête permanente et acharnée de la réussite personnelle y compris par les voies peu vertueuses de la corruption et du clientélisme. L’école africaine ostracise la majorité de notre peuple par le biais des critères d’une sélection utilitariste calquée sur le monde occidental. Enfin, l’école dans sa forme actuelle sème la confusion et le doute dans les esprits. Or, ce n’est ni avec le doute, ni la confusion, ni les hésitations qu’une société s’affranchit et se construit.

Les partis politiques : En plus d’être dans le musellement et dans le dénuement, il n’y a pas de projet politique fiable et viable pouvant faire l’objet de discussion entre les responsables et les membres. Donc, il y a déficit voire absence de formation civique et citoyenne des membres.

La compétition politique devenant une course aux élections (démocratie-procédure) au détriment d’une démocratie-culture, les militants sont, en toute logique, transformés en bétail électoral sans esprit d’analyse et capacité de défendre les idées du parti sans céder à toutes les formes d’intimidation notamment à la violence verbale ou même physique.

La famille et société : dissolution des mœurs, démolition de l’autorité parentale, problème d’alimentation diminuant l’intelligence des enfants. La famille africaine est désintégrée et l’occidentalisation a pris le pas sur toutes les valeurs ancestrales qui ont fait le charme de l’Afrique pré-esclavagiste.

Les organisations associatives : la recherche d’argent et de gains à tout vent poussent ces organisations à s’assigner la mission de propager de fausses idées à l’instar du féminisme africain et de la démocratie importée et procédurale.

Fort de ces remarques, l’éducation au sens large doit permettre à l’individu et au collectif :

- Libération de notre peuple et la solution à ses difficultés.
- Formation de la pensée critique.
- Stimulation de l’esprit de la révolte, d’insoumission aux politiques du FMI, BM, OMC…, de revendication de leurs droits face aux pouvoirs corrompus d’ailleurs et qui s’enrichissent au nez et à la barbe de tous dans un mépris total, refus des bases militaires étrangères.
- Développement de la culture du prévisionnisme, de projection, d’anticipation, d’imagination, d’évaluation et du bilan.
- Elargissement des capacités de résolution pacifique des conflits en complément à l’arbre à palabre et d’innovation sur tous les plans.
- Capacité de refus d’imitation et du mimétisme.
- Capacité de lire le monde, de maîtriser son espace pour éviter des intrusions.
- Capacité et volonté de défendre le bien commun, de refuser la confiscation des économies africaines par le franc CFA.
- redécouverte et revalorisation des valeurs africaines : intégrité, estime de soi, confiance en soi et culture de solidarité.

Actions possibles de la diaspora.

Possibilité d’agir dans 04 directions :

1- Jeunesse
2- Autorités traditionnelles
3- Femme : remise en question du féminisme qui monte la femme contre l’homme. Il déstabilise les familles et déstructure par conséquent toute l’édifice de la société africaine. La femme ayant toujours joué un rôle fondamental dans la société africaine.
4- Institutions : armée, pouvoir politique, partis politiques, religions. Pressions pour l’augmentation du budget de l’éducation globalement inférieur à celui par exemple de l’armée.


Leviers

- Appel immédiat à la remise sur pied de la famille africaine (avec un regard critique sur certains aspects à améliorer dans les valeurs ancestrales).
- Convocation périodique de séminaires pour outiller les autorités traditionnelles sur les problèmes du monde actuel et les nouvelles formes de médiation communautaire.
- Appel immédiat à la refondation scolaire, en appelant par exemple à des états généraux de l’école africaine avec la proposition d’un document de travail.
- Conscientiser les masses en les préparant à se rendre compte des réalités et des dangers qui guettent notre peuple.
- Investissement dans les assemblées populaires, modernisation de l’arbre à palabre en l’équipant de matériel.
- Création ou investissement dans les media avec le double souci de véhiculer une pensée alternative et de dialoguer avec le peuple.
- Alphabétisation et création des centres de formation professionnelle notamment agricole avec l’apprentissage des techniques d’irrigation, culturales et d’élevage.
- Investissement financier, matériel, intellectuel et moral dans des mouvements de jeunesse et organisations associatives crédibles en vue de les renforcer.
- Investissement dans le bien-être global car une population dont l’état sanitaire est déplorable, dont la sous-nutrition est grande et dont l’habitat est délabré ne peut pas produire des résultats satisfaisants.
- Elaboration des outils et documents de sensibilisation et de formation sur les droits et devoir au lieu de se contenter d’envoyer toujours de l’argent, ce qui renforce la dépendance.
- Création de centres et instituts de formation et de discussion sur l’histoire africaine dans le but d’outiller la population en générale et les jeunes en particulier à connaître l’Afrique et à se réapproprier leur histoire
- Création de centres de documentation et de lecture sur l’histoire de l’Afrique
- Urgence de formation des tribuns capables de mobiliser la masse

Quid de la langue

Toutes les langues africaines viennent de l’égyptien ancien : les hiéroglyphes que nombre d’Africains lisent de nos jours. Pour éviter tout conflit lié aux rivalités ethniques quant à la langue à utiliser pour enseigner en Afrique, il faut choisir les hiéroglyphes. Nous devons apprendre à ne pas tomber dans les facilités en marchant sur les sentiers battus du swahili ou du bambara…

Conclusion

Globalement, l’éducation doit viser la libération de notre peuple et lui donner les outils pour la construction, à partir des forces endogènes, d’une nation harmonieuse qui répond aux besoins de la société. Elle doit permettre le mieux-vivre ensemble, répondre aux problèmes de la société, fournir la capacité aux gens de lire le monde et percevoir les différents courants qui le dominent, donner à tous la faculté de saisir notre histoire commune. Tout en nous fournissant la capacité de travailler en équipe pour le sauvetage de notre Afrique, l’éducation doit nous outiller pour ne pas dire du mal sur autrui gratuitement, un mal qui mine les relations interpersonnelles et qui fait tant de dégâts au détriment de notre peuple. Elle doit aider chacun à mettre toujours au centre de ses faits, gestes et pensées, la satisfaction des intérêts de notre peuple, préparer chacun à assumer ses responsabilités, former chacun à accepter les sacrifices et tâches confiées à lui en faveur de notre peuple avec gravité.

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