Refusant d'affronter sa réalité de servitude, l'africain louvoie et se dribble lui-même constamment. Cette attitude adossée à une panoplie de proverbes et de "sagesses populaires" autojustificateurs ne fait que retarder l'avènement d'une Afrique nouvelle reprenant entièrement sa place dans la marche du monde au profit de ses enfants.
A trop vouloir contourner les difficultés inhérentes à la lutte pour la libération, les peuples asservis font le lit de leur propre servitude et assombrissent "intelligemment" l'avenir de leurs descendances. Et ceci, pour longtemps.
A trop vouloir contourner la lutte pour la libération, les peuples asservis rusent et s'accrochent à n'importe quel marchand d'illusions se proclamant converti à la cause du peuple. Tel est le cas d'une bonne partie de notre peuple du territoire de Gabon, territoire pétrolier de près de 2 millions d’habitants dessiné et implacablement maîtrisé, à l'instar d'autres enclos coloniaux abusivement appelés Etats africains, par la France et ses multinationales. Beaucoup dans ce territoire auraient trouvé dans la personne de Jean Ping, le "Sauveur", le "Changement" face à Ali Bongo, le continuateur de l'oeuvre coloniale de son feu père Omar Bongo.
Dans la phase historique que nous traversons depuis 3000 ans à présent, rien ne serait plus dangereux que de nous mettre un bandeau sur les yeux pour nous éviter de nous voir tels que nous sommes et surtout de voir les travaux d'Hercule qui nous attendent. Il faut le dire, et avec force, même en déplaisant aux laudateurs de celui qui "ferait mieux qu'Ali Bongo", que Jean Ping et Ali Bongo sont les deux faces d'une même pièce. C'est bonnet blanc, blanc bonnet. Elevés dans la même cour, Jean Ping et Ali Bongo sont de la même école pensée. Les deux disposent du même carnet d'adresse, des mêmes réseaux. L'identité a été si loin entre les Bongo et Ping que celui-ci avait épousé Pascaline Bongo, puissante fille d'Omar Bongo. Ministre de tout et de rien un nombre incalculable de fois sous Omar "Le Grand", Jean Ping fut finalement propulsé à la tête de la mascarade dénommée Union Africaine où, par opportunisme que par conviction profonde, il proposa une médiation comme alternative à la guerre ourdie par le trio Sarkozy, Cameron et Obama accompagné des boutefeux d'Israël et du Qatar contre la Libye de Khadafi.
Seuls donc la naïveté et le manque de courage face à nos responsabilités devant l'histoire poussent les nôtres en territoire du Gabon à conclure que le premier "vaut mieux" que le second.
Le leadership de la rupture devant annoncer une Afrique nouvelle est manifestement loin d'ici. La faute n'est pas uniquement due aux occidentaux et aux autres puissances exerçant leur domination sur l'Afrique. La faute est aussi, sinon surtout, le fait des africains eux-mêmes qui refusent obstinément d'affronter la réalité qui est la nôtre.
Au moment où les clairons résonnent dans un certain milieu panafricaniste superficiel et de petits bras pour annoncer l'avènement du "changement" dans le territoire du Gabon, pénétrés du sens de l'histoire et de la gravité de la situation des africains, non seulement en Afrique mais aussi dans le monde, nous ne pouvons que faire nôtres les propos de Sankara qui, du haut de sa trentaine d'années, avait vu là où beaucoup de ses prédécesseurs préoccupés à lécher le maître ne pouvait pas voir: "L’esclave qui n’est pas capable d’assumer sa révolte ne mérite pas que l’on s’apitoie sur son sort. Cet esclave répondra seul de son malheur s’il se fait des illusions sur la condescendance suspecte d’un maître qui prétend l’affranchir. Seule la lutte libère..."
Komla Kpogli
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