La France et ses amis de l'Union européenne appuyés par leur grand frère, les Etats Unis d'Amérique sont en train de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour torpiller la réélection de Faustin Touadéra, l'actuel président de la Centrafrique. Arrivé en 2016 à la tête de ce pays sans cesse pillé et plongé dans l'abîme par la France et ses multinationales (Total, Aréva...) sous la régence d'une mafia politique locale dont la tradition de soumission à la France remonte à la création de toutes pièces de cet enclos colonial, Touadera a vite compris qu'il fallait baisser l'influence française dans le pays pour que les populations puissent respirer un peu.
Touadera a donc entamé des discussions avec les différents groupes de voyous armés dans le pays. Ces discussions ont abouti à un accord de paix signé le 6 février 2019 à Khartoum. Le gouvernement Touadéra a pris 21 engagements contre 10 pour les "rebelles" c'est-à-dire des bandits armés par qui on sait.
Ensuite, Touadera et ses amis se sont tournés vers la Russie et la Chine, deux pays qui ne cessent de consolider leur présence en Afrique, ce continent considéré depuis les années 1850 par les Européens colonisateurs comme leur "avenir" après l’avoir razzié durant 400 ans au cours desquels 200 millions d’africains furent emportés par l’esclavage, transports, jetés en mer, captifs et massacrés collatéraux réunis. La Russie de Poutine a sauté sur l'occasion et donne des armes ainsi que la formation à l'armée nationale en reconstruction par Touadéra. Contre cette prestation, la Russie reçoit des concessions minières et agricoles. La France et ses amis ayant décrété un embargo sur les armes en direction de l'armée nationale pour la garder faible face aux bandits armés, de sorte que leur présence militaire (Sangaris, Minusca et autres mafias) soit toujours maintenue en Centrafrique se fâchent gravement contre Touadera. Pour la France, faire entrer la Russie en Centrafrique, c'est violer son espace, c'est faire entrer chez elle, dans son jardin, un intrus. Une telle désobéissance, plutôt cette trahison doit être châtiée.
En guise de riposte contre cette insolence de Touadéra, la France renforce et prolonge l'embargo alors qu'elle livre des armes aux groupes de bandits armés et les protège via les fameuses troupes de l'ONU en Centrafrique qui ne sont que des troupes françaises déguisées. De plus, Jean-Yves Le Drian et Macron ont demandé à Idriss Deby(L) et à Sassou Nguesso, deux des plus vieux préfets français dans la région de parler à leur jeune frère Touadera pour qu'il cesse ses liens avec la Russie.
Touadéra n'ayant pas obtempéré, la France demande aux Opposants professionnels centrafricains et à leurs ailes marchantes appelées abusivement des Associations de la Société civile de se réunir pour former une coalition. Le 29 mai 2019, ces associations accompagnées par Jean-Serge Bokassa fils de l'Empéreur-paillasson, l’ancien Premier ministre Anicet-Georges Dologuélé et Karim Meckassoua, ex-président de l’Assemblée nationale coachés par Jean-Yves Le Drian et ses conseillers avaient créé ce qu'ils ont dénommé "la plateforme É Zingo Biani (Front uni pour la défense de la nation) en vue d'obtenir la destitution Touadera accusé d'avoir signé en solo l'accord de Khartoum avec les groupes armés. Cette coalition volera en éclat moins d'un an plus tard, le 25 avril 2020.
Ensuite, Macron convoque Touadéra à l'Elysée en septembre 2019 pour lui demander de faire sortir la Russie du jardin français centrafricain. Têtu (rire), Touadéra, à peine sorti de l'Elysée, déclarera dans un entretien au journal français, Le Monde du 7 septembre 2019: "La coopération avec la Russie ne date pas d’aujourd’hui, elle existe depuis les années 1960. Aujourd’hui, la Russie fournit à la Centrafrique des moyens létaux pour nos forces de défense et il n’y a pas de raison qu’il y ait des affrontements avec la France. Ce n’est pas notre ambition. Aujourd’hui, la Centrafrique a de nombreux défis et tous les pays amis qui veulent apporter leur soutien pour ramener la paix et la stabilité sont les bienvenus. Les conflits qu’on évoque entre la France et la Russie n’ont pas lieu d’être. Les deux pays doivent travailler en Centrafrique en toute synergie pour que la paix revienne. La presse en a fait beaucoup et a donné l’impression qu’il y avait des conflits entre ces deux pays, mais les autorités centrafricaines font en sorte qu’il y ait la transparence. La France, qui est le partenaire historique de la Centrafrique, a sa place. La Russie, qui apporte quelques éléments de soutien dans la fourniture d’armes, a également sa place pour nous aider à obtenir la paix et la stabilité."
En résumé, Touadera répond à Macron et aux entreprises françaises que la Russie restera en Centrafrique et que la France doit accepter cette cohabitation car il y a de la place pour chacun de deux intérêts.
Toujours en 2019, le "grand frère" américain, Donald Trump, prenant le relais, avait demandé à Poutine et à Touadéra de s'expliquer sur la présence de la Russie en Centrafrique avec qui elle est liée par un accord militaire. Les services de Donald Trump solliciteront ensuite Felix Tshisekedi du Congo pour raisonner Touadéra et pour le prévenir que sa "russophilie" risque de le perdre. Par ailleurs, au sein du Conseil de sécurité, la Russie aggrave son cas et celui de Touadera en plaidant pour que l'embargo contre l'armée nationale imposée par la France soit levée. Cela énerve cette dernière qui ne supporte pas tout ceci. Macron et ses services finiront par entonner sur tous les toits que la Russie enseigne la francophobie aux africains. Le point culminant de cette nervosité a été atteint le 20 novembre 2020 lorsqu'Emmanuel Macron a dénoncé, dans un entretien à Jeune Afrique, la "stratégie menée par la Russie... pour alimenter un sentiment antifrançais en Afrique en jouant sur le ressentiment post-colonial...Il y a une stratégie à l'oeuvre, menée parfois par des dirigeants africains, mais surtout par des puissances étrangères, comme la Russie..., qui jouent sur le ressentiment post-colonial. Il ne faut pas être naïf: beaucoup de ceux qui donnent de la voix, qui font des vidéos, qui sont présents dans les médias francophones sont stipendiés par la Russie ou la Turquie." Mais, ce cri de colère ou de détresse ne changera rien.
Face à cet entêtement et pour préparer la suite, la France et ses amis font revenir le 16 décembre 2019 en Centrafrique François Bozizé, leur ancienne marionnette renversée en 2013. Agé de 74 ans, Bozizé déposera sa candidature à la présidentielle du 27 décembre 2020. Sa candidature sera invalidée le 3 décembre dernier. Il s'allie donc à Dologuélé, la marionnette en vogue de la France.
À 6 jours de cette élection qui devrait offrir un nouveau mandat à Touadéra, la France tente de tout pourrir par l'intermédiaire de ses lieutenants Bozizé et des groupes armés qui sèment la guerre dans le pays actuellement.
La Russie a envoyé 300 "instructeurs" militaires en Centrafrique pour aider l'armée nationale aux côtés de Touadera. Les USA de Donald Trump haussent une fois encore le ton et demandent à la Russie de s'expliquer et de préciser, dans un exercice de "transparence", ce que les 300 hommes sont partis faire sur le sol centrafricain. Plutôt sur le sol français de Centrafrique.
L'enjeu géopolitique qui cache la vraie guerre économique que se livrent ces pays en terre africaine, notamment en Centrafrique saute aux yeux. Les populations africaines, encore largement endormies, souffrent et souffriront encore, puisque cette guerre économique va s'intensifier surtout dans cette période de crise sanitaire de coronavirus qui aggrave la crise économique que le capitalisme néolibéral génère.
Les peuples qui habitent des territoires immensément riches mais totalement désorganisés et plongés dans la misère paieront un lourd tribut aux puissances mondiales qui se disputent et se disputeront encore plus violemment l'accès des matières premières stratégiques.
En 2011, lorsque Laurent Gbagbo a été capturé par l'armée française sous la présidence de Sarkozy appuyé par Barack Obama, nous disions: "Tant que la France sera en Afrique, il n'y aura ni paix ni développement". La preuve est une nouvelle faite en Centrafrique où Touadera qui n'est pas un révolutionnaire gauchiste mais un réformiste libéral, c'est-à-dire quelqu'un qui tente juste de résoudre quelques problèmes basiques du pays se trouve violemment attaqué par la France et ses réseaux.
Nous avons un grand travail à accomplir en tant que peuple pour arriver à libérer et reconstruire notre terre. Rien ne nous sera donné. Nous ne cessons de le clamer.
Un pays dominé et qui ne s'est pas encore libéré ne peut considérer la Russie, une puissance qui joue sur la scène internationale un rôle stratégique, comme un partenaire. La présence d'un tel acteur sur un territoire dominé signifie que ce territoire se dote d'un nouveau maître. Les enclos coloniaux africains n'ont pas besoin de nouveaux maîtres quelles que soient les bonnes intentions et la bienveillance affichées de ceux-ci. Ni la Russie, ni la Chine ne sont en Afrique pour sauver les africains de leur misère. Ces pays défendent leurs intérêts économiques et politiques à l'instar des colonisateurs classiques. Cependant, à l'étape actuelle en Centrafrique, tout en étant lucide, le Mouvement pour la Libération Totale et la Reconstruction de l’Afrique (MOLTRA) soutient Touadera. Le MOLTRA soutient surtout le peuple africain de Centrafrique qu'il encourage à se mobiliser et à s'organiser pour vaincre toutes les forces impérialistes qui veulent une fois encore l'immobiliser pendant qu'il commence à sortir le nez de la boue françafricaine.
Komla KPOGLI, S.G du MOLTRA, 25 décembre 2020
Mouvement pour la Libération Totale et la Reconstruction de l’Afrique.
Site officiel: www.moltra.org
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