Les débats qui animent actuellement ce qu’on considère, par
abus de langage, comme la vie politique togolaise sont vraiment dérisoires et
traduisent la superficialité des analyses. Depuis quelques temps, tout tourne
autour des sujets comme : Réformes, Election présidentielle, Candidature ou non
de Gnazingbè 2, et Candidature unique ou multiple de « l’Opposition ».
Jean Pierre Fabre (ANC) et Faure Gnazingbè 2 (RPT) |
Il est inutile de redire ici que lorsqu’un peuple (est-ce que
nous le sommes encore ?!) est incapable de mener et de remporter sa lutte de
libération, il fait de l’accessoire l’essentiel, et de l’essentiel le plus
basique des accessoires. Telle est la situation actuellement, sinon depuis
toujours au Togo. Incapable de porter collectivement la révolution, on en est
réduit à l’écume des choses.
N°1) Une tyrannie dynastique soutenue de l’extérieur et
disposant des instruments locaux de la domination ne peut engager des réformes
institutionnelles et constitutionnelles. Si les institutions et la
constitution, minable copie des textes constitutionnels européens ou
étatsuniens, valaient quelque chose dans cet environnement, la tyrannie
héréditaire ne se serait pas levée pour s’enraciner à ce point.
N°2) Toute une population ne peut et ne doit voir son avenir
suspendu au bon vouloir d’un petit prince à qui les fameux « leaders
d’opposition » demandent, sinon qu’ils supplient de faire des réformes pour
leur permettre d’accaparer à leur tour le pouvoir colonial local.
N° 3) La question d’un « 3ème mandat » de Gnazingbè 2 est,
parmi l’ensemble des sujets dérisoires, celui qui traduit le plus le désarroi
d’un peuple (I ?) incapable de procéder à sa libération. Pourquoi ? Tout
simplement parce que discuter d’un 3ème mandat suppose que Gnazingbè 2 soit
issu d’un premier et d’un deuxième mandats à lui décernés par le peuple
africain du Togo. Gnazingbè 2 ne tient son pouvoir que du coup de force
permanent du RPT depuis 1963. Qui a donné les deux premiers mandats à Gnazingbè
2 pour qu'il y ait un débat sur le 3ème? Personne dans le territoire du Togo.
Aussi bien son feu père que Gnazingbè 2 lui-même n’ont jamais bénéficié de
l’onction populaire. En conséquence, le terme même du « 3ème mandat » est une
fraude lexicale qui, à force d’être répétée, légitime les 10 ans que Gnazingbé
2 vient de passer illégalement et illégitimement à la tête du territoire du
Togo.
N° 4) Ces débats complètement inutiles dans le territoire du
Togo sont la preuve que « L’Opposition » déclarée et qui se prévaut comme telle
manque cruellement de lucidité et surtout de profondeur d’analyse. Ceux qui
prétendent incarner « le changement » doivent élever le niveau des populations
sevrées depuis si longtemps de leurs pouvoirs de décision.
Cette « Opposition » dont le trait de caractère essentiel est
l’obéissance aux Diktats du régime franco-gnazingbè et qui va jusqu’à obéir au
tracé d'itinéraires par le régime des manifestations qu’elle organise, est pour
le moment, incapable de gravité et de porter la lutte pour la reconquête du
territoire du Togo. Elle use le peu d’énergies disponibles dans des considérations
de bas étage telles que « réformes », « 3ème mandat ou pas 3è mandat de
Gnazingbè 2 », « élection »…Face à une "Opposition" obéissante, peu
inspirée, voire tétanisante, il faut que la jeunesse exerce son Devoir
d'Inventivité. Elle doit créer les outils les plus adaptés face à un régime
colonial incarné par Gnazingbè 2 et ses séides.
N°5) La jeunesse du territoire du Togo doit mesurer la gravité
de la situation et les responsabilités historiques qui sont les siennes, pour
ne pas perdre le peu d’énergies qui lui reste dans ces débats squelettiques et
totalement anesthésiants. Elle doit savoir que c’est à elle que revient la
Lutte de Libération et la Reconstruction de cet espace dénommé le Togo dont le
destin est de se fondre dans un Etat fédéral africain à construire.
Si le Togo a subi Gnazingbè 1er et est en train de
subir depuis 10 ans maintenant Gnazingbè 2, c’est parce que collectivement les
togolais sont incapables de se focaliser sur l’essentiel, d’avoir un tableau de
bord fondé sur une analyse radicale, de garder la tête froide à toute épreuve,
et de ne viser l’avènement d’un leadership capable de piloter, en toute
responsabilité et fermeté, la destruction de l’arsenal colonial qui annihile
depuis si longtemps l’existence même des africains habitant ce territoire.
Fort de cela, la Jeunesse du territoire du Togo doit absolument
commencer une vraie réflexion qui débouche sur une organisation solide pour
mener de front cette lutte de démolition du cadre colonial dans lequel elle est
enfermée, avec un leadership nouveau, responsable et foncièrement patriotique.
Ce n’est qu’à la fin de cette lutte victorieuse qu’on pourra parler d’élection.
Pas avant, comme on veut bien le lui faire croire.
Notre peuple ne doit pas être suspendu au bon-vouloir d'un
gouverneur colonial qui a succédé à son père par la seule décision des maîtres
et de leurs exécutants locaux.
KPOGLI Komla
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