« …les propos de Mr WILTZER sont une grave injure à la conscience africaine et donc inacceptables… »
C’est avec une grande indignation que la Jeunesse Unie pour la Démocratie en Afrique( J.U.D.A) a écouté les propos de Mr Pierre André WILTZER, haut représentant français pour la sécurité et la prévention des conflits, invité dans BBC Soir le mardi 21 juin 2005 pour se prononcer sur le prochain recyclage du REnforcement des Capacités Africaines de Maintien de la Paix (RECAMP) qui se déroulera dans le cadre de la Communauté Economique des Etats d'Afrique Centrale (CEEAC).
Justifiant les objectifs de cette entreprise, l’ex-ministre français de la coopération estimait que le RECAMP vise à former les armées africaines pour leur permettre de gérer le maintien de l’ordre et la sécurité pour réduire ou enrayer les crises que traverse le continent. A propos des critiques vis-à-vis de la présence militaire française en Afrique, Mr WILTZER déclarait que si la France intervient, elle est critiquée, si elle n’intervient pas elle est critiquée ; alors il faut prendre les choses avec mesure. De plus, selon lui, les Africains sont bien contents …de l’armée française dont les bases n’existent que par le consentement des Africains eux-mêmes et de leurs dirigeants.
Ces propos sont une grave injure à la conscience africaine et donc inacceptables car, penser et affirmer que la présence militaire française en Afrique réjouit et fait le bonheur des peuples et surtout de la jeunesse d’Afrique, c’est dire que les Africains sont heureux de leur servitude, c’est aussi dénier la faculté d’appréciation aux Africains, c’est enfin les réduire à des zombies ou à des mécanismes sans âme ni conscience.
Se faisant porte-parole de la Jeunesse africaine toute entière, la Jeunesse Unie pour la Démocratie en Afrique( J.U.D.A) dénonce ce mensonge d’Etat qui n’est rien d’autre qu’un négationnisme visant à absoudre l’armée française dans ses responsabilités quant à certaines tragi-comédies qui handicapent l’Afrique dans sa marche vers le progrès dans la liberté, alors même que se déroule en France une mascarade de procès contre les soldats, voleurs d’argent de pauvres Africains en Côte d’Ivoire.
A entendre Mr WILTZER, il paraît opportun à la J.U.D.A d’appeler une fois de plus la jeunesse africaine à une solidarité agissante pour affranchir le continent des forces obscures aussi cyniques que négatrices dont les caractéristiques fondamentales sont la tartufferie et la langue de bois et qui opèrent avec l’appui de certains de nos propres frères.
Malgré tout le respect que peut inspirer la carrière politique de WILTZER, la J.U.D.A se fait le devoir quoique insupportable de lui rappeler que les Africains loin d’être euphoriques et enthousiastes quant à la présence militaire française en Afrique, sont plutôt amers et révoltés contre cette machine néo-coloniale : l’armée française depuis l’époque coloniale jusqu’à nos jours n’a jamais été au service des peuples africains.On se souvient encore des tueries et des déportations des résistants ( Samory Touré, Béhanzin, Soundiata Keita…), de l’assassinat des dignes et braves fils d’Afrique au moment des indépendances pour vision ( Um Nyobé, Lumumba, Sylvanus Olympio, Thomas Sankara…) ainsi que l’assistance de l’armée française aux dictatures dans leur refus d’ouverture démocratique. Aujourd’hui, il est une évidence que l’armée française apporte son appui et son soutien :
1- technique et logistique aux « chers amis » dans la répression des forces démocratiques ( Gabon, Tchad, Congo, Centrafrique, Djibouti, Cameroun, Guinée … et plus récemment au Togo)
2- à des coups d’Etat des amis de la France ( Azali Assoumani aux Comores, Sassou Nguesso de Congo, les Gnassingbé au Togo…)
3- à la déstabilisation des régimes démocratiques pour « embêter les chefs d’Etat récalcitrants » et montrer ainsi que l’alternance sans cesse invoquée par les Africains n’est qu’un mirage ( Congo avec le renversement de Lissouba, Côte d’Ivoire avec l’institutionnalisation de la rébellion à Marcoussis et destruction de la flotte aérienne de la République de Côte d’Ivoire …)
4- à la tuerie des populations en Afrique ( appui au génocide au Rwanda, massacre des jeunes en Côte d’Ivoire par l’armée française…)
5- au recours par certains chefs d’Etat sur le point d’être renversés par des soulèvements populaires à des mercenaires, d’anciens militaires et d’autres services secrets ( DGSE, DST) De plus, la J.U.D.A estime que ces formations et exercices militaires ne visent rien d’autres qu’à consolider les capacités des armées claniques africaines qui, au lieu d’être républicaines, sont de véritables gardes prétoriennes parfaitement outillées pour tuer et réprimer avec une brutalité inouïe leurs concitoyens aux mains nues dont les exigences ne sont que des réformes démocratiques pour le bien de tous.
Ainsi, contrairement aux affirmations de Mr WILTZER, les Africains qui peuvent être contents de la présence militaire française en Afrique, sont ceux de derrière les fagots, adeptes de la doctrine honteuse selon laquelle, les Africains ne sont pas mûrs pour la démocratie et donc prédisposés à être régenter par le kaki.
La J.U.D.A rappelle aussi que si dans certains pays la démocratie a du mal à s’implanter, c’est beaucoup plus de la responsabilité des képis et autres bérets assistés par l’armée tricolore que celle des hommes politiques.
En conséquence, la Jeunesse Unie pour la Démocratie en Afrique (J.U.D.A) :
- appelle les officiels français à cesser de se cacher derrière le « lyrisme humanitaire » pour opérer de véritables pillages des richesses de l’Afrique;
- exige la fin de criminelle aide française aux dictateurs africains dans les modifications constitutionnelles et l’organisation de parodies d’élections qui sont de plus en plus des consultations meurtrières;
- exige la fermeture des bases militaires françaises en Afrique, car elles sont contraires au principe d’indépendance des pays africains et au droit à l’autodétermination des peuples ;
- soutient toutes les voix ( Survie, Agir, Medda…) et celles de personnalités tant africaines qu’étrangères qui demandent la révision des accords franco-africains de coopération militaire ;
- exige enfin que la France reconnaisse aux Africains les mêmes droits humains que les autres hommes de la terre.
Fait à Lomé, le 22 juin 2005
Pour la Coordination,
Le Secrétaire Général
Rodrigue KPOGLI
E-mail :lajuda2000@hotmail.com
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