Après les élections législatives avec une majorité conséquente du RPT, la reprise de la coopération et la formation d’un nouveau gouvernement qui suscitent toujours des réactions, nous nous sommes entretenus avec le Secrétaire Général de la Jeunesse Unie pour la Démocratie en Afrique, Komla KPOGLI avec qui nous faisons un tour d’horizon sur la situation du Togo.
Propos recueillis et transcrits par Radji Yekini, Journaliste à la Gazette du Golfe. 19.12.07
Radji Yekini : Quelles analyses faites-vous de la situation actuelle du Togo?
Komla KPOGLI : Le parti unique est plus que jamais de retour et nos pères ainsi que nos frères et sœurs martyrs retourneront dans leur tombe en regardant le résultat auquel nous sommes parvenus. Nous étions pourtant parmi les voix les plus affirmées contre cette possible régression qui, aujourd'hui nous envahit. Tout et tout est à reconstruire. Nous n'avons pas le choix.
Pour l'Union Européenne, les législatives sont l'accomplissement des 22 engagements. La conséquence logique est donc la reprise de la coopération suspendue depuis 1993.
Quelle appréciation faites-vous de cette nouvelle donne?
Il faut comprendre cette histoire de reprise de la coopération comme la réalisation de la volonté sans cesse manifestée des institutions en question de reprendre le cycle infernal d'endettement du Togo. Quand ces institutions multinationales et Etats font le compte de ces quinze dernières années, il y a un manque énorme à gagner. Le «déficit démocratique» togolais évoqué s'est transformé en déficit économique pour les prétendus bailleurs de fonds. C'est pour cela qu'ils se précipitent pour recommencer la pratique d'aide et de prêts qui n'est qu'une forme déguisée de placer des fonds dans nos pays africains en ayant à l'idée que cet argent sera détourné et partagé entre eux et les satrapes que nous avons comme dirigeants. Malgré cela, et c'est certain, le peuple doit rembourser. Ne nous leurrons pas. Cela fait au moins quarante années que le Togo est aidé, nous dirons plutôt endetté, le bilan se passe de commentaires. Le peuple Togolais n'est pas bête. Nous avons compris le jeu et nous voulons simplement dire à tous ces prétendus bailleurs de fonds multilatéraux, bilatéraux et concrètement à l'Union Européenne que les prêts et aides qu'ils ont apporté au Père Gnassingbé et qu'ils veulent reprendre voire intensifier avec Faure Gnassingbé, n'engagent pas le peuple Togolais. Ce régime n'est pas l'émanation du peuple togolais. Les souffrances de notre peuple ne viennent pas de la rupture de la coopération avec le régime Togolais. Que cela soit clair, le problème togolais est d'ordre démocratique. A ce jour, ce problème n'est pas réglé. Au contraire, il s'aggrave et la réalisation d'une alternance démocratique au Togo, s'éloigne au jour le jour. Dans ce cas reprendre la coopération répond essentiellement aux intérêts des prêteurs. Et c'est d'ailleurs ce qu'elle a toujours été.
Etes-vous en train de nous dire que la reprise de la coopération tant souhaitée ne va pas servir à résoudre les difficultés du peuple togolais?
Mais! Apparemment vous ne nous avez pas compris. Nous disons que tout ce qui est derrière cette reprise de la coopération avec le Togo, c'est la volonté de prêter de l'argent au Togo pour bénéficier du remboursement du service de la dette de façon éternelle. Il ne faut pas chercher loin. Cela fait une quinzaine d'années que le Togo n'a pas bénéficié de prêts assez lourds. Autrement quinze ans de remboursement conséquent qui manque dans les comptes de l'UE, du FMI, de la Banque Mondiale, des Etats occidentaux et de certaines entreprises. C'est trop de pertes. S'il y a des gens que la suspension de la coopération n'arrangent pas, ce n'est certainement pas le peuple togolais, mais plutôt ces institutions communément appelées bailleurs de fonds qui s'enrichissent par le biais de la coopération et de l'aide. Si ces bailleurs de fonds n'aident pas, s'ils ne prêtent pas, ils ne font pas de bénéfices. Les deux autres grands perdants, ce sont les dirigeants togolais qui ont besoin eux aussi de créditer leurs comptes dans les paradis fiscaux et tous les intermédiaires qui eux aussi, ont besoin d'empocher des commissions pour avoir négocié les prêts et aides.
Le Fonds Monétaire International et la Banque Mondiale ont montré leurs preuves. Il y a beaucoup de dirigeants essentiellement sud américains qui veulent en finir avec ces monstres qui vampirisent les peuples. Lorsque Faure Gnassingbé et ses apôtres courent derrière ces tueurs en série, on se demande s'ils comprennent le monde et s'ils sont à même d'imaginer le développement du Togo. Lorsqu'à la signature d'un accord de quelques millions d'euro, on voit ces ménestrels qui se disent jeunes technocrates et diplomates éclater leurs dents avec un sourire atteignant leurs oreilles, il y a de quoi s'interroger sur l'avenir de notre pays. Ils vendent le pays et ils rient. Ils endettent le pays et soumettent de façon quasi permanente, les populations au remboursement du service de la dette, bref, ils mettent l'ensemble du patrimoine national sous tutelle et ils ont le sourire! La dimension impérialiste de l'enveloppe qu'ils tiennent leur échappe. Avec de telles attitudes, la jeunesse de ces marionnettes ressemble à celle de leurs prédécesseurs. Et c'est vraiment inquiétant.
Dites-nous alors avec quels moyens doit-on aujourd'hui reconstruire le Togo si exsangue financièrement?
Si le pouvoir togolais était légitime, démocratique et soucieux du développement du pays, nous aurions pu, comme beaucoup d'autres Togolais, proposer des solutions autre que le recours à l'aide extérieure qui est un outil essentiel de maintien de nos pays sous la tutelle et pour les appauvrir davantage. Or, il se fait que ceux qui parlent aujourd'hui au nom du peuple togolais n'ont aucune légitimité démocratique. On a tendance à oublier que le régime des Gnassingbé est fondé sur la force brute, le sang, l'impunité totale et le pillage ainsi que le bradage des ressources nationales.
La reconstruction de notre pays passe entre autre par le retour des fonds qui ont été volés jusqu'ici par le clan au pouvoir depuis environ un demi siècle. A ce jour, il est difficile de dire avec précision l'argent disposé par chacun des clans qui ont eu à gérer ce pays. N'oublions pas que des sociétés d'Etat ont disparu pour avoir été pillées par leurs dirigeants et que dans notre pays, il n'y a pas longtemps, au moment où certains célébraient à coup de caviar leur nième milliards, d'autres Togolais mouraient d’inanition. N'oublions pas non plus ces milliers de prétendus hommes d'affaires qui avaient pour mission de promettre sur les écrans de la Télévision Togolaise la création des industries au Togo. Ces «hommes d'affaires» là repartaient du Togo avec des kilogrammes de francs CFA.
N'est-il pas temps de tourner la page?
On ne pourra tourner la page qu'après l'avoir lue.
Des appels fusent de partout pour que les Togolais pardonnent. L'église se mêle de cet appel. Qu'en pensez-vous?
La position de l'église est curieuse. Elle appelle le peuple togolais au pardon. Comme si le pardon sans la confession pouvait servir à quelque chose. L'église aurait été utile en appelant clairement les criminels à la confession, à la contrition et à la repentance pour que le pardon puisse leur être accordé. Elle doit même condamner les crimes commis et dire que cela ne doit plus jamais se produire. En agissant comme elle le fait actuellement, l'église qui est une autorité morale incontournable, ne fait pas preuve de courage. A la limite, nous sommes dans une situation où certains lisent la bible de droite à gauche et d'autres lisent le coran de gauche à droite. En définitive, lorsqu'on voit ces directeurs de conscience (prêtres, pasteurs, imams) traiter les questions du crime et de la morale de façon invertébrée, lâche, hésitative, on comprend pourquoi les croyants ont une foi affichée en contradiction avec leur comportement quotidien : Ce sont les mêmes qui tuent, qui volent, qui fraudent pendant 6 jours et qui se présentent en « saint » le 7ème jour ou le vendredi pour la prière et la bénédiction ! Non. Les autorités morales doivent être tranchantes dans le domaine de la morale et ce sera leur contribution à l’émergence des citoyens honnêtes, conscients et responsables dans notre pays. Si l'église avait joué le même rôle en Afrique du Sud, on peut douter que l'apartheid y soit vaincu.
Récemment, Gilchrist Olympio a suscité une vive polémique en déclarant « mes respects, Monsieur le Président » lors d'une rencontre avec Faure Gnassingbé. Il y a quelques années, c'était inimaginable que M. Olympio aille à la présidence. Trouvez-vous cela comme une rupture et un point positif pour le Togo?
Gilchrist Olympio et Faure Gnassingbé se sont rencontrés à plusieurs reprises à l'extérieur du pays. Il faut s'attendre qu'ils le fassent un jour au Togo. C'est donc un non événement. Que Olympio ait déclaré «mes respects Monsieur le président » ou qu'il ait bu du toucoutou avec Gnassingbé, c'est égal. Seuls peuvent être choqués ceux qui n'avaient pas intégré pas dans leur analyse un avant et un après législatives organisées dans des conditions connues de tous.
Nous pensons qu'il faut tirer des enseignements de ce spectacle et dire qu'avec l'opposition togolaise, nous sommes passés des « leaders » aux ambitions présidentielles aux hommes aux ambitions premier ministérielles ou ministérielles. En clair, des hommes ayant révisé leur ambition à la baisse et par ricochet revu à la baisse les revendications démocratiques du peuple. La conséquence c'est que les conditions posées au pouvoir en place sont elles aussi moins contraignantes. Ces hommes vont même jusqu'à faire la cour au pouvoir. Ils se sont lancés dans un concours de docilité. Chacun se présente comme le moins radical, le moins exigeant et donc flexible et disposé à coopérer avec la dictature. Dans ces conditions, il faut percevoir ces démarches comme des appels au secours. Ils n'en peuvent plus car ils ont fait ce qu'ils ont pu. Ils ont atteint le terminus et comme les scientifiques, certains de ces politiques deviennent nuisibles dans la deuxième moitié de leur existence.
Il est grand temps que nous cessions de penser que les personnalités aux devants de la lutte depuis vingt ou trente ans, soient investies d’une mission messianique de sorte qu’elles soient les seules à avoir la solution pour le Togo. Il faut une nouvelle génération ayant la mesure des responsabilités pour réorienter la lutte avec des moyens conséquents.
Que faut-il faire dans ce cas?
Il faut avant toute chose sortir de l'idée que nous emprunterons de raccourcis pour atteindre la démocratie. Tout simplement parce qu'il n’y a pas de raccourcis menant à la liberté et à la justice. Revoyons l'histoire. Au Togo, on a voulu prendre des raccourcis pour simplifier les étapes successives menant à l’établissement de la démocratie en signant des accords avec la tyrannie et en allant cohabiter avec elle dans une série de Gouvernements dits d’union nationale. Une cohabitation qui, en réalité, vient conforter un pouvoir capté dans le sang et massivement vomi, rendant ainsi plus improbable l’alternance démocratique au Togo. En agissant ainsi, nous avons mis fin au processus naturellement douloureux mais incontournable de combats aboutissant à l’éradication de toute dictature ou tyrannie. Aujourd'hui, nous sommes face à un défi majeur de reconstruction du mouvement démocratique en panne pour avoir été à la fois déçu par les leaders d'opposition et réprimé de façon incessante par le pouvoir. Nous devons convoquer des réflexions à ce sujet.
Nous pensons qu'il faut repartir sur de nouvelles bases. Redéfinir un mouvement contenant des idéologues, des financiers, des guerriers et enfin des bâtisseurs. Chacun avec des tâches spécifiques au service de l'ensemble de la chaîne.
Pourquoi, selon vous, malgré tout ce qui est fait ici et là par la société civile, elle n’influence pas de manière décisive la situation ?
Il est vrai que l’Etat togolais n’est pas permissif à l’égard des organisations responsables de la société civile. Mais la société civile togolaise, d’une manière globale, est un marais peuplé d’anacondas et autres piranhas dont l’amour pour ce peuple n’a d’égal que la rente périodiquement captée à travers les filets que sont les projets juteux soigneusement montés. Mis à part quelques rarissimes honnêtes gens et organisations, tout le reste fait litière des souffrances du peuple togolais.
Cette société civile manque de coordination contrairement à celle d’autres pays comme le Niger ou le Burkina Faso ou encore le Mali où la société civile joue véritablement sa partition. Ce manque de coordination n’est pas lié au fait qu’il y ait une pénurie de compétences et de capacités. Au contraire! Le problème c’est que la société civile dans notre pays est minée par des contradictions internes et des querelles intestines. Comment comprendre que dans la situation qui est celle du Togo, la jalousie, la haine gratuite et l’envie caractérisent encore certains des acteurs dits de la société civile qui font des coups bas et des dénigrements leurs activités quotidiennes. Apparemment on échange des sourires avec vous. Mais il vous suffit de tourner le dos pour qu’on vous ridiculise. Certains vont jusqu’à dire à leur auditoire qu’ils ne vous connaissent pas dans le diabolique dessein de jeter le doute sur votre personne et votre organisation. Ce black out cynique se fait souvent lorsqu’on est en face de ceux qu'on appelle les partenaires. Nous pesons bien nos propos. Nous disons ce que nous savons et savons ce que nous disons. C'est pour cela que nous pensons qu’au-delà de militer pour des conditions objectives permettant l’édification de la démocratie au Togo, nous devons travailler celles subjectives notamment, procéder à la cure de nos mentalités vissées au Moi égoïste. La presse togolaise a elle aussi perdu ses repères actuellement. Elle ne fait plus son devoir d’information et de formation. Beaucoup de journalistes mis à part quelques uns ont baissé leur culotte actuellement. Franchement, si le peuple togolais était partisan de la Charia, nous n’aurons pas été surpris qu’il ait voté pour la lapidation des philistins que nous sommes devenus au sein de la société civile.
Que faire donc dans ces conditions?
Il faut changer de méthode si nous voulons remporter des victoires. Plus de solidarité entre les organisations et entre les personnes. Croiser les bras, observer ceux qui prennent des initiatives comme pour dire «on verra jusqu'où ils iront» pour les juger à la fin, ne nous paraît pas une stratégie payante.
Nous n'avons jamais réussi à concevoir la lutte sur le moyen et long terme avec des objectifs clairs ainsi qu'avec des échéances précises. Nous avons toujours attendu les derniers moments pour concevoir à la va vite des schémas inefficaces pour parer au plus urgent alors que le camp adverse planifie et réalise un à un ses projets. Ce n'est pas des projets de formations et d'informations réalisés ici et là à la veille des élections qui vont nous sauver.
Le jour où nous aurons des leaders capables de rentabiliser les frustrations accumulées durant ces quarante années de galère, le jour où nous comprendrons que l’affirmation de notre autorité dépend de notre capacité à résister collectivement aux forces contraires qui opèrent contre nous, le jour où nous n’aurons plus le regard tourné vers la communauté internationale, ce Spiderman conçu rien que pour la consommation des peuples du Tiers Monde, le jour où nous aurons fait le choix de jouer notre propre partition en ayant à l’idée le devenir du Togo, nous aurons enfin compris qu’aucune tyrannie ne peut vaincre un peuple organisé et déterminé.
Nous devons avoir une vision à long terme. Mais le problème c’est qu’on est trop souvent atteint du syndrome de l’impatience dans notre démarche. On est pressé de voir ici et maintenant les retombées de notre combat. C'est ainsi que certains d'entre nous après quelques efforts, sont fatigués et se disent qu'ils en ont fait assez pour avoir le fruit de leur peine. Ils finissent par rejoindre les rangs du pouvoir.
Nous pensons humblement que nous pouvons être des semeurs sans forcément être les moissonneurs de ce que nous avons pris la peine de semer. Seuls les destins exceptionnels recueillent de leur vivant, les fruits de leur engagement en faveur des causes nobles. C’est une chance qui n’est pas donnée à tout le monde. Ce qui compte in fine, c’est que les générations à venir ne connaissent plus jamais ce que nous autres avons vécu et que nous puissions leur tracer les sentiers du bonheur.
Quels commentaires pouvez-vous faire au sujet du nouveau gouvernement d'union nationale constitué par M. Komlan Mally?
Nous n'avons pas de commentaires particuliers sur ce cabinet. C'est un gouvernement qui incarne nullement les intérêts du peuple togolais. D'ailleurs certains qui pensaient pouvoir obtenir quelque chose du RPT en travaillant avec lui, ont apparemment compris la leçon. A la limite, c'est un regroupement des individus qui ont détourné le suffrage et de ceux à qui on a attribué zéro siège lors des dernières législatives. Décidément l'histoire de notre pays est l'œuvre des voleurs et des impertinents. Ceux qui se demandaient pourquoi certains responsables de partis se sont précipités pour féliciter « les vainqueurs des législatives », ont à présent la réponse à travers les ministères des affaires étrangères et de l'enseignement supérieur. Que pouvons-nous reprocher donc à Edem Kodjo? Ces responsables de partis ont fait la différence entre deux opposants dont l'un est ministre et la conclusion à laquelle, ils sont parvenus est claire.
Pour ce qui est du gouvernement d'union nationale, nous nous sommes exprimés à maintes reprises à propos. Il s'agit d'une formule inventée par la Françafrique pour dissoudre les forces démocratiques dans une équipe multicolore. L'objectif est de couler le front de la contestation légitime en mettant ses meneurs au contact des délices et privilèges du pouvoir. Il faut se foutre de ce gouvernement qui n'en est pas un. Regardons ce qui est devant nous pour ne pas nous laisser distraire.
On a entendu beaucoup de commentaires sur la filiation du nouveau premier ministre. Avez-vous quelque chose à dire à ce sujet?
Qu'est-ce que cela peut bien apporter à la lutte pour la liberté au Togo si M. Mally est ou non le fils de Théophile Mally. C'est un débat d'arrière-garde. A cause de cette histoire de filiation, on s'est injurié pendant des jours et des nuits. C'est vraiment triste. Sans vous mentir, nous nous sentons tristes par cet état de chose. Où allons-nous avec de telles attitudes? Que pouvons-nous construire de sérieux avec un tel niveau de débat et dans une telle atmosphère?
En plus, il est paradoxal de dire que les législatives ont été fraudées et consacrer du temps et de l'intelligence pour débattre du premier ministre issu justement de ces élections. Curieusement ceux qui ont critiqué les législatives, ce se sont les mêmes qui s'entre-déchirent sur la filiation de Mally.
En ce qui nous concerne, c'est un sujet sans importance. Mais nous tenons à dire que si ceux qui prétendent éclairer la masse d'incultes que nous sommes, se livrent à de tels combats, imaginez combien le peuple togolais est déboussolé.
Permettez-nous d'ajouter ceci. L'internet qui a joué et qui joue un rôle moteur dans la mise en place des réseaux pour combattre les dictatures dans d'autres pays notamment en Europe de l'Est, est pour nous autres, un outil de déconstruction. Il suffit de faire un tour sur les sites internet pour s'en apercevoir. Des commentaires totalement déplacés y sont faits. Des injures gratuites y sont déversées. Au lieu de nous saisir de cet outil formidable pour bâtir des réseaux de réflexion et de travail, nous l'avons transformé en matériel de guerre contre des réflexions émanant de nos propres rangs. Nous prétextons la liberté d'expression, une sorte de démocratie virtuelle que nous avons pourtant du mal à transférer sur le terrain, pour nous autodétruire pour le grand bonheur du système en place. Si ce sont rien que des hommes de main du pouvoir qui se livraient à cette activité, on comprendrait. Ce qui est dommage, c'est que le plus souvent, ce sont des individus qui n'ont aucun lien affectif ni matériel avec le pouvoir. Il s'agit simplement d'individus imbus de leur personne et qui jouent au chien du jardinier dans l'incapacité de manger du chou, empêche les autres d'en prendre. Bien évidemment, il n'est pas question de proscrire les critiques et les remarques sur les limites dans les réflexions des uns et des autres. Au contraire, c'est une richesse et c'est dans l'intérêt du combat d'avoir une multitude d'idées et de propositions. Mais la réalité n'est pas celle-là. A ce stade, nous avons du chemin à faire!
M. Mally vient justement de présenter son programme devant le parlement. Quarante deux députés (41 du RPT et 1 du CAR) ont donné quitus au locataire de la primature pour l’application de son projet de société axé sur les points suivants : la consolidation de la Nation togolaise ; la constitution des bases solides de la croissance et du développement ; l'amélioration des conditions d'accès aux services essentiels ; la réaffirmation de la place du Togo dans le concert des nations. L’UFC ne s’est pas prononcée lors du vote. Les trois autres députés du CAR ont voté contre. Que pensez-vous de ce programme ?
Les togolais ont vu défiler devant eux des programmes de gouvernement et non des moindres. Notre problème n’est pas à ce niveau. Circulons, il n’y a rien à observer.
Vous avez qualifié les résultats des législatives d'injure à l'intelligence du peuple togolais. Le RPT, par la voix de M. Voulé Frititi vous a répondu. Dans une interview qu'il a accordé à Togoforum, il a qualifié votre position d'affirmations gratuites et vous demande de prouver qu'il y a eu fraudes. Quelle est votre réaction à ce sujet?
Nous avons lu cette interview de M. Voulé. Nous nous rendons compte que tous les cheveux gris ne sont pas forcément signe de sagesse. Le RPT a bel et bien fraudé les législatives. M. Voulé n'a-t-il pas lu la déclaration de M. Dahuku Péré portant sur les législatives? Il est vrai que l'outil de la fraude a été perfectionné. On n'a plus vu les urnes emportées par les militaires. Mais, il y a des témoignages dignes de foi qui attestent que de l'argent a été distribué aux représentants de partis dans nombre de centres de vote contre signature des procès verbaux contenant de résultats contraires au verdict des urnes. Nous sommes prêts à sortir ces preuves mais nous ne sommes pas idiots pour mettre en danger la vie de leurs détenteurs. M. Voulé sait que si les populations n'ont pas manifesté contre les résultats des législatives, c'est la conséquence des répressions subies et impunies jusqu'ici. Ce silence ne peut être pris pour une adhésion du peuple. Il le sait plus que tous.
M. Voulé va jusqu'à dire que l'achat de conscience est l'équivalent du « projet de société dans les pays hautement policés ». On comprend dès lors pourquoi notre pays est dans un tel état. Ailleurs des hommes comme M. Voulé transmettent des valeurs à la nouvelle génération.
Avez-vous quelques activités en vue pour contribuer à la remobilisation du peuple togolais?
Dans les circonstances actuelles, les mots justes sont des victoires. Il faut être clair. Tant que l’alternance démocratique n’est pas réalisée au Togo avec toutes ses implications, nous resterons habités par la flamme révolutionnaire et citoyenne face aux défaites qu’on tente d’emballer dans l’enveloppe trouée des victoires.
Nous avons décidé de perpétuer la semaine des Patriotes. Nous allons organiser la deuxième édition en avril prochain. L'idée c'est de maintenir la flamme et de ne pas oublier les compatriotes qui dans leur détermination à bâtir un espace de liberté et de justice dans notre pays, ont été simplement tués. Nous devons réclamer justice et perpétuer leur combat. Leur mémoire doit être gardée quoi qu'il en soit.
Propos recueillis et transcrits par Radji Yekini, Journaliste à la Gazette du Golfe. 19.12.07
Radji Yekini : Quelles analyses faites-vous de la situation actuelle du Togo?
Komla KPOGLI : Le parti unique est plus que jamais de retour et nos pères ainsi que nos frères et sœurs martyrs retourneront dans leur tombe en regardant le résultat auquel nous sommes parvenus. Nous étions pourtant parmi les voix les plus affirmées contre cette possible régression qui, aujourd'hui nous envahit. Tout et tout est à reconstruire. Nous n'avons pas le choix.
Pour l'Union Européenne, les législatives sont l'accomplissement des 22 engagements. La conséquence logique est donc la reprise de la coopération suspendue depuis 1993.
Quelle appréciation faites-vous de cette nouvelle donne?
Il faut comprendre cette histoire de reprise de la coopération comme la réalisation de la volonté sans cesse manifestée des institutions en question de reprendre le cycle infernal d'endettement du Togo. Quand ces institutions multinationales et Etats font le compte de ces quinze dernières années, il y a un manque énorme à gagner. Le «déficit démocratique» togolais évoqué s'est transformé en déficit économique pour les prétendus bailleurs de fonds. C'est pour cela qu'ils se précipitent pour recommencer la pratique d'aide et de prêts qui n'est qu'une forme déguisée de placer des fonds dans nos pays africains en ayant à l'idée que cet argent sera détourné et partagé entre eux et les satrapes que nous avons comme dirigeants. Malgré cela, et c'est certain, le peuple doit rembourser. Ne nous leurrons pas. Cela fait au moins quarante années que le Togo est aidé, nous dirons plutôt endetté, le bilan se passe de commentaires. Le peuple Togolais n'est pas bête. Nous avons compris le jeu et nous voulons simplement dire à tous ces prétendus bailleurs de fonds multilatéraux, bilatéraux et concrètement à l'Union Européenne que les prêts et aides qu'ils ont apporté au Père Gnassingbé et qu'ils veulent reprendre voire intensifier avec Faure Gnassingbé, n'engagent pas le peuple Togolais. Ce régime n'est pas l'émanation du peuple togolais. Les souffrances de notre peuple ne viennent pas de la rupture de la coopération avec le régime Togolais. Que cela soit clair, le problème togolais est d'ordre démocratique. A ce jour, ce problème n'est pas réglé. Au contraire, il s'aggrave et la réalisation d'une alternance démocratique au Togo, s'éloigne au jour le jour. Dans ce cas reprendre la coopération répond essentiellement aux intérêts des prêteurs. Et c'est d'ailleurs ce qu'elle a toujours été.
Etes-vous en train de nous dire que la reprise de la coopération tant souhaitée ne va pas servir à résoudre les difficultés du peuple togolais?
Mais! Apparemment vous ne nous avez pas compris. Nous disons que tout ce qui est derrière cette reprise de la coopération avec le Togo, c'est la volonté de prêter de l'argent au Togo pour bénéficier du remboursement du service de la dette de façon éternelle. Il ne faut pas chercher loin. Cela fait une quinzaine d'années que le Togo n'a pas bénéficié de prêts assez lourds. Autrement quinze ans de remboursement conséquent qui manque dans les comptes de l'UE, du FMI, de la Banque Mondiale, des Etats occidentaux et de certaines entreprises. C'est trop de pertes. S'il y a des gens que la suspension de la coopération n'arrangent pas, ce n'est certainement pas le peuple togolais, mais plutôt ces institutions communément appelées bailleurs de fonds qui s'enrichissent par le biais de la coopération et de l'aide. Si ces bailleurs de fonds n'aident pas, s'ils ne prêtent pas, ils ne font pas de bénéfices. Les deux autres grands perdants, ce sont les dirigeants togolais qui ont besoin eux aussi de créditer leurs comptes dans les paradis fiscaux et tous les intermédiaires qui eux aussi, ont besoin d'empocher des commissions pour avoir négocié les prêts et aides.
Le Fonds Monétaire International et la Banque Mondiale ont montré leurs preuves. Il y a beaucoup de dirigeants essentiellement sud américains qui veulent en finir avec ces monstres qui vampirisent les peuples. Lorsque Faure Gnassingbé et ses apôtres courent derrière ces tueurs en série, on se demande s'ils comprennent le monde et s'ils sont à même d'imaginer le développement du Togo. Lorsqu'à la signature d'un accord de quelques millions d'euro, on voit ces ménestrels qui se disent jeunes technocrates et diplomates éclater leurs dents avec un sourire atteignant leurs oreilles, il y a de quoi s'interroger sur l'avenir de notre pays. Ils vendent le pays et ils rient. Ils endettent le pays et soumettent de façon quasi permanente, les populations au remboursement du service de la dette, bref, ils mettent l'ensemble du patrimoine national sous tutelle et ils ont le sourire! La dimension impérialiste de l'enveloppe qu'ils tiennent leur échappe. Avec de telles attitudes, la jeunesse de ces marionnettes ressemble à celle de leurs prédécesseurs. Et c'est vraiment inquiétant.
Dites-nous alors avec quels moyens doit-on aujourd'hui reconstruire le Togo si exsangue financièrement?
Si le pouvoir togolais était légitime, démocratique et soucieux du développement du pays, nous aurions pu, comme beaucoup d'autres Togolais, proposer des solutions autre que le recours à l'aide extérieure qui est un outil essentiel de maintien de nos pays sous la tutelle et pour les appauvrir davantage. Or, il se fait que ceux qui parlent aujourd'hui au nom du peuple togolais n'ont aucune légitimité démocratique. On a tendance à oublier que le régime des Gnassingbé est fondé sur la force brute, le sang, l'impunité totale et le pillage ainsi que le bradage des ressources nationales.
La reconstruction de notre pays passe entre autre par le retour des fonds qui ont été volés jusqu'ici par le clan au pouvoir depuis environ un demi siècle. A ce jour, il est difficile de dire avec précision l'argent disposé par chacun des clans qui ont eu à gérer ce pays. N'oublions pas que des sociétés d'Etat ont disparu pour avoir été pillées par leurs dirigeants et que dans notre pays, il n'y a pas longtemps, au moment où certains célébraient à coup de caviar leur nième milliards, d'autres Togolais mouraient d’inanition. N'oublions pas non plus ces milliers de prétendus hommes d'affaires qui avaient pour mission de promettre sur les écrans de la Télévision Togolaise la création des industries au Togo. Ces «hommes d'affaires» là repartaient du Togo avec des kilogrammes de francs CFA.
N'est-il pas temps de tourner la page?
On ne pourra tourner la page qu'après l'avoir lue.
Des appels fusent de partout pour que les Togolais pardonnent. L'église se mêle de cet appel. Qu'en pensez-vous?
La position de l'église est curieuse. Elle appelle le peuple togolais au pardon. Comme si le pardon sans la confession pouvait servir à quelque chose. L'église aurait été utile en appelant clairement les criminels à la confession, à la contrition et à la repentance pour que le pardon puisse leur être accordé. Elle doit même condamner les crimes commis et dire que cela ne doit plus jamais se produire. En agissant comme elle le fait actuellement, l'église qui est une autorité morale incontournable, ne fait pas preuve de courage. A la limite, nous sommes dans une situation où certains lisent la bible de droite à gauche et d'autres lisent le coran de gauche à droite. En définitive, lorsqu'on voit ces directeurs de conscience (prêtres, pasteurs, imams) traiter les questions du crime et de la morale de façon invertébrée, lâche, hésitative, on comprend pourquoi les croyants ont une foi affichée en contradiction avec leur comportement quotidien : Ce sont les mêmes qui tuent, qui volent, qui fraudent pendant 6 jours et qui se présentent en « saint » le 7ème jour ou le vendredi pour la prière et la bénédiction ! Non. Les autorités morales doivent être tranchantes dans le domaine de la morale et ce sera leur contribution à l’émergence des citoyens honnêtes, conscients et responsables dans notre pays. Si l'église avait joué le même rôle en Afrique du Sud, on peut douter que l'apartheid y soit vaincu.
Récemment, Gilchrist Olympio a suscité une vive polémique en déclarant « mes respects, Monsieur le Président » lors d'une rencontre avec Faure Gnassingbé. Il y a quelques années, c'était inimaginable que M. Olympio aille à la présidence. Trouvez-vous cela comme une rupture et un point positif pour le Togo?
Gilchrist Olympio et Faure Gnassingbé se sont rencontrés à plusieurs reprises à l'extérieur du pays. Il faut s'attendre qu'ils le fassent un jour au Togo. C'est donc un non événement. Que Olympio ait déclaré «mes respects Monsieur le président » ou qu'il ait bu du toucoutou avec Gnassingbé, c'est égal. Seuls peuvent être choqués ceux qui n'avaient pas intégré pas dans leur analyse un avant et un après législatives organisées dans des conditions connues de tous.
Nous pensons qu'il faut tirer des enseignements de ce spectacle et dire qu'avec l'opposition togolaise, nous sommes passés des « leaders » aux ambitions présidentielles aux hommes aux ambitions premier ministérielles ou ministérielles. En clair, des hommes ayant révisé leur ambition à la baisse et par ricochet revu à la baisse les revendications démocratiques du peuple. La conséquence c'est que les conditions posées au pouvoir en place sont elles aussi moins contraignantes. Ces hommes vont même jusqu'à faire la cour au pouvoir. Ils se sont lancés dans un concours de docilité. Chacun se présente comme le moins radical, le moins exigeant et donc flexible et disposé à coopérer avec la dictature. Dans ces conditions, il faut percevoir ces démarches comme des appels au secours. Ils n'en peuvent plus car ils ont fait ce qu'ils ont pu. Ils ont atteint le terminus et comme les scientifiques, certains de ces politiques deviennent nuisibles dans la deuxième moitié de leur existence.
Il est grand temps que nous cessions de penser que les personnalités aux devants de la lutte depuis vingt ou trente ans, soient investies d’une mission messianique de sorte qu’elles soient les seules à avoir la solution pour le Togo. Il faut une nouvelle génération ayant la mesure des responsabilités pour réorienter la lutte avec des moyens conséquents.
Que faut-il faire dans ce cas?
Il faut avant toute chose sortir de l'idée que nous emprunterons de raccourcis pour atteindre la démocratie. Tout simplement parce qu'il n’y a pas de raccourcis menant à la liberté et à la justice. Revoyons l'histoire. Au Togo, on a voulu prendre des raccourcis pour simplifier les étapes successives menant à l’établissement de la démocratie en signant des accords avec la tyrannie et en allant cohabiter avec elle dans une série de Gouvernements dits d’union nationale. Une cohabitation qui, en réalité, vient conforter un pouvoir capté dans le sang et massivement vomi, rendant ainsi plus improbable l’alternance démocratique au Togo. En agissant ainsi, nous avons mis fin au processus naturellement douloureux mais incontournable de combats aboutissant à l’éradication de toute dictature ou tyrannie. Aujourd'hui, nous sommes face à un défi majeur de reconstruction du mouvement démocratique en panne pour avoir été à la fois déçu par les leaders d'opposition et réprimé de façon incessante par le pouvoir. Nous devons convoquer des réflexions à ce sujet.
Nous pensons qu'il faut repartir sur de nouvelles bases. Redéfinir un mouvement contenant des idéologues, des financiers, des guerriers et enfin des bâtisseurs. Chacun avec des tâches spécifiques au service de l'ensemble de la chaîne.
Pourquoi, selon vous, malgré tout ce qui est fait ici et là par la société civile, elle n’influence pas de manière décisive la situation ?
Il est vrai que l’Etat togolais n’est pas permissif à l’égard des organisations responsables de la société civile. Mais la société civile togolaise, d’une manière globale, est un marais peuplé d’anacondas et autres piranhas dont l’amour pour ce peuple n’a d’égal que la rente périodiquement captée à travers les filets que sont les projets juteux soigneusement montés. Mis à part quelques rarissimes honnêtes gens et organisations, tout le reste fait litière des souffrances du peuple togolais.
Cette société civile manque de coordination contrairement à celle d’autres pays comme le Niger ou le Burkina Faso ou encore le Mali où la société civile joue véritablement sa partition. Ce manque de coordination n’est pas lié au fait qu’il y ait une pénurie de compétences et de capacités. Au contraire! Le problème c’est que la société civile dans notre pays est minée par des contradictions internes et des querelles intestines. Comment comprendre que dans la situation qui est celle du Togo, la jalousie, la haine gratuite et l’envie caractérisent encore certains des acteurs dits de la société civile qui font des coups bas et des dénigrements leurs activités quotidiennes. Apparemment on échange des sourires avec vous. Mais il vous suffit de tourner le dos pour qu’on vous ridiculise. Certains vont jusqu’à dire à leur auditoire qu’ils ne vous connaissent pas dans le diabolique dessein de jeter le doute sur votre personne et votre organisation. Ce black out cynique se fait souvent lorsqu’on est en face de ceux qu'on appelle les partenaires. Nous pesons bien nos propos. Nous disons ce que nous savons et savons ce que nous disons. C'est pour cela que nous pensons qu’au-delà de militer pour des conditions objectives permettant l’édification de la démocratie au Togo, nous devons travailler celles subjectives notamment, procéder à la cure de nos mentalités vissées au Moi égoïste. La presse togolaise a elle aussi perdu ses repères actuellement. Elle ne fait plus son devoir d’information et de formation. Beaucoup de journalistes mis à part quelques uns ont baissé leur culotte actuellement. Franchement, si le peuple togolais était partisan de la Charia, nous n’aurons pas été surpris qu’il ait voté pour la lapidation des philistins que nous sommes devenus au sein de la société civile.
Que faire donc dans ces conditions?
Il faut changer de méthode si nous voulons remporter des victoires. Plus de solidarité entre les organisations et entre les personnes. Croiser les bras, observer ceux qui prennent des initiatives comme pour dire «on verra jusqu'où ils iront» pour les juger à la fin, ne nous paraît pas une stratégie payante.
Nous n'avons jamais réussi à concevoir la lutte sur le moyen et long terme avec des objectifs clairs ainsi qu'avec des échéances précises. Nous avons toujours attendu les derniers moments pour concevoir à la va vite des schémas inefficaces pour parer au plus urgent alors que le camp adverse planifie et réalise un à un ses projets. Ce n'est pas des projets de formations et d'informations réalisés ici et là à la veille des élections qui vont nous sauver.
Le jour où nous aurons des leaders capables de rentabiliser les frustrations accumulées durant ces quarante années de galère, le jour où nous comprendrons que l’affirmation de notre autorité dépend de notre capacité à résister collectivement aux forces contraires qui opèrent contre nous, le jour où nous n’aurons plus le regard tourné vers la communauté internationale, ce Spiderman conçu rien que pour la consommation des peuples du Tiers Monde, le jour où nous aurons fait le choix de jouer notre propre partition en ayant à l’idée le devenir du Togo, nous aurons enfin compris qu’aucune tyrannie ne peut vaincre un peuple organisé et déterminé.
Nous devons avoir une vision à long terme. Mais le problème c’est qu’on est trop souvent atteint du syndrome de l’impatience dans notre démarche. On est pressé de voir ici et maintenant les retombées de notre combat. C'est ainsi que certains d'entre nous après quelques efforts, sont fatigués et se disent qu'ils en ont fait assez pour avoir le fruit de leur peine. Ils finissent par rejoindre les rangs du pouvoir.
Nous pensons humblement que nous pouvons être des semeurs sans forcément être les moissonneurs de ce que nous avons pris la peine de semer. Seuls les destins exceptionnels recueillent de leur vivant, les fruits de leur engagement en faveur des causes nobles. C’est une chance qui n’est pas donnée à tout le monde. Ce qui compte in fine, c’est que les générations à venir ne connaissent plus jamais ce que nous autres avons vécu et que nous puissions leur tracer les sentiers du bonheur.
Quels commentaires pouvez-vous faire au sujet du nouveau gouvernement d'union nationale constitué par M. Komlan Mally?
Nous n'avons pas de commentaires particuliers sur ce cabinet. C'est un gouvernement qui incarne nullement les intérêts du peuple togolais. D'ailleurs certains qui pensaient pouvoir obtenir quelque chose du RPT en travaillant avec lui, ont apparemment compris la leçon. A la limite, c'est un regroupement des individus qui ont détourné le suffrage et de ceux à qui on a attribué zéro siège lors des dernières législatives. Décidément l'histoire de notre pays est l'œuvre des voleurs et des impertinents. Ceux qui se demandaient pourquoi certains responsables de partis se sont précipités pour féliciter « les vainqueurs des législatives », ont à présent la réponse à travers les ministères des affaires étrangères et de l'enseignement supérieur. Que pouvons-nous reprocher donc à Edem Kodjo? Ces responsables de partis ont fait la différence entre deux opposants dont l'un est ministre et la conclusion à laquelle, ils sont parvenus est claire.
Pour ce qui est du gouvernement d'union nationale, nous nous sommes exprimés à maintes reprises à propos. Il s'agit d'une formule inventée par la Françafrique pour dissoudre les forces démocratiques dans une équipe multicolore. L'objectif est de couler le front de la contestation légitime en mettant ses meneurs au contact des délices et privilèges du pouvoir. Il faut se foutre de ce gouvernement qui n'en est pas un. Regardons ce qui est devant nous pour ne pas nous laisser distraire.
On a entendu beaucoup de commentaires sur la filiation du nouveau premier ministre. Avez-vous quelque chose à dire à ce sujet?
Qu'est-ce que cela peut bien apporter à la lutte pour la liberté au Togo si M. Mally est ou non le fils de Théophile Mally. C'est un débat d'arrière-garde. A cause de cette histoire de filiation, on s'est injurié pendant des jours et des nuits. C'est vraiment triste. Sans vous mentir, nous nous sentons tristes par cet état de chose. Où allons-nous avec de telles attitudes? Que pouvons-nous construire de sérieux avec un tel niveau de débat et dans une telle atmosphère?
En plus, il est paradoxal de dire que les législatives ont été fraudées et consacrer du temps et de l'intelligence pour débattre du premier ministre issu justement de ces élections. Curieusement ceux qui ont critiqué les législatives, ce se sont les mêmes qui s'entre-déchirent sur la filiation de Mally.
En ce qui nous concerne, c'est un sujet sans importance. Mais nous tenons à dire que si ceux qui prétendent éclairer la masse d'incultes que nous sommes, se livrent à de tels combats, imaginez combien le peuple togolais est déboussolé.
Permettez-nous d'ajouter ceci. L'internet qui a joué et qui joue un rôle moteur dans la mise en place des réseaux pour combattre les dictatures dans d'autres pays notamment en Europe de l'Est, est pour nous autres, un outil de déconstruction. Il suffit de faire un tour sur les sites internet pour s'en apercevoir. Des commentaires totalement déplacés y sont faits. Des injures gratuites y sont déversées. Au lieu de nous saisir de cet outil formidable pour bâtir des réseaux de réflexion et de travail, nous l'avons transformé en matériel de guerre contre des réflexions émanant de nos propres rangs. Nous prétextons la liberté d'expression, une sorte de démocratie virtuelle que nous avons pourtant du mal à transférer sur le terrain, pour nous autodétruire pour le grand bonheur du système en place. Si ce sont rien que des hommes de main du pouvoir qui se livraient à cette activité, on comprendrait. Ce qui est dommage, c'est que le plus souvent, ce sont des individus qui n'ont aucun lien affectif ni matériel avec le pouvoir. Il s'agit simplement d'individus imbus de leur personne et qui jouent au chien du jardinier dans l'incapacité de manger du chou, empêche les autres d'en prendre. Bien évidemment, il n'est pas question de proscrire les critiques et les remarques sur les limites dans les réflexions des uns et des autres. Au contraire, c'est une richesse et c'est dans l'intérêt du combat d'avoir une multitude d'idées et de propositions. Mais la réalité n'est pas celle-là. A ce stade, nous avons du chemin à faire!
M. Mally vient justement de présenter son programme devant le parlement. Quarante deux députés (41 du RPT et 1 du CAR) ont donné quitus au locataire de la primature pour l’application de son projet de société axé sur les points suivants : la consolidation de la Nation togolaise ; la constitution des bases solides de la croissance et du développement ; l'amélioration des conditions d'accès aux services essentiels ; la réaffirmation de la place du Togo dans le concert des nations. L’UFC ne s’est pas prononcée lors du vote. Les trois autres députés du CAR ont voté contre. Que pensez-vous de ce programme ?
Les togolais ont vu défiler devant eux des programmes de gouvernement et non des moindres. Notre problème n’est pas à ce niveau. Circulons, il n’y a rien à observer.
Vous avez qualifié les résultats des législatives d'injure à l'intelligence du peuple togolais. Le RPT, par la voix de M. Voulé Frititi vous a répondu. Dans une interview qu'il a accordé à Togoforum, il a qualifié votre position d'affirmations gratuites et vous demande de prouver qu'il y a eu fraudes. Quelle est votre réaction à ce sujet?
Nous avons lu cette interview de M. Voulé. Nous nous rendons compte que tous les cheveux gris ne sont pas forcément signe de sagesse. Le RPT a bel et bien fraudé les législatives. M. Voulé n'a-t-il pas lu la déclaration de M. Dahuku Péré portant sur les législatives? Il est vrai que l'outil de la fraude a été perfectionné. On n'a plus vu les urnes emportées par les militaires. Mais, il y a des témoignages dignes de foi qui attestent que de l'argent a été distribué aux représentants de partis dans nombre de centres de vote contre signature des procès verbaux contenant de résultats contraires au verdict des urnes. Nous sommes prêts à sortir ces preuves mais nous ne sommes pas idiots pour mettre en danger la vie de leurs détenteurs. M. Voulé sait que si les populations n'ont pas manifesté contre les résultats des législatives, c'est la conséquence des répressions subies et impunies jusqu'ici. Ce silence ne peut être pris pour une adhésion du peuple. Il le sait plus que tous.
M. Voulé va jusqu'à dire que l'achat de conscience est l'équivalent du « projet de société dans les pays hautement policés ». On comprend dès lors pourquoi notre pays est dans un tel état. Ailleurs des hommes comme M. Voulé transmettent des valeurs à la nouvelle génération.
Avez-vous quelques activités en vue pour contribuer à la remobilisation du peuple togolais?
Dans les circonstances actuelles, les mots justes sont des victoires. Il faut être clair. Tant que l’alternance démocratique n’est pas réalisée au Togo avec toutes ses implications, nous resterons habités par la flamme révolutionnaire et citoyenne face aux défaites qu’on tente d’emballer dans l’enveloppe trouée des victoires.
Nous avons décidé de perpétuer la semaine des Patriotes. Nous allons organiser la deuxième édition en avril prochain. L'idée c'est de maintenir la flamme et de ne pas oublier les compatriotes qui dans leur détermination à bâtir un espace de liberté et de justice dans notre pays, ont été simplement tués. Nous devons réclamer justice et perpétuer leur combat. Leur mémoire doit être gardée quoi qu'il en soit.
Avez-vous une adresse particulière à la jeunesse togolaise?
La jeunesse togolaise doit sortir du génie de la débrouillardise et du fatalisme. Il ne peut en être autrement si vraiment nous voulons vivre en démocratie. La jeunesse togolaise est laissé-pour-compte. Dans les campagnes, les champs de manioc et de cacao des vieillards sont pillés la nuit. Les coqs et les poules ne peuvent plus connaître des nuits pacifiques. Les jeunes rivalisent avec les renards. Dans les villes, c'est la promiscuité et les taximotos qui permettent à certains de s'en sortir. Pour d'autres, c'est le vol, la corruption, l'alcoolisme et le sexe. Les enfants, au lieu d'étudier leurs leçons les mercredis après midi et les week-ends, se transforment en ânes pour jouer aux portefaix pour des bonnes femmes du marché. Beaucoup d'autres se transforment en ingénieurs ponts et chaussées, remblayant les nids de poules sur les routes et sollicitant des pièces des chauffeurs qui parfois les envoient au diable. Où allons-nous avec tout ceci. Réveillons-nous et réorganisons-nous. Définissons notre propre cadre de lutte sans forcément faire référence à ce que pensent et disent ceux qui se disent nos leaders. Le salut de notre pays passe inévitablement par un sursaut citoyen de la jeunesse. Nous avons un double combat à mener. Un, contre les mains noires qui nous écrasent et l'autre, contre les cerveaux extérieurs qui les mettent en mouvement. Si notre sommeil se prolonge, le réveil nous sera plus que douloureux.
Nous aurons certainement l'occasion de revenir sur le discours de Nicolas Sarkozy à Dakar en juillet 2007 qui, disiez-vous dans l'une de vos récentes publications, vous a profondément marqué. Mais, pour conclure cet entretien, pouvez-vous nous dire quelques mots sur ce discours?
Nicolas Sarkozy s'est adressé à nous en des termes très injurieux et méprisants. Et bien, nous allons lui répondre en ses propres termes. D'abord, à ce que nous sachions, Nicolas Sarkozy a des racines hongroises. Jusqu'à preuve du contraire, l'Afrique n'a aucune histoire particulière avec la Hongrie. Et ce n'est pas à un Hongrois, fut-il président de la France de nous faire cette histoire que nous connaissons dans ses moindres détails. Les Français savent ce qu'ils doivent à l'Afrique et les Africains savent ce que la France leur doit.
Sur le fond du discours, on peut admettre certaines choses. Lorsque par exemple Sarkozy déclare à l'université Cheik Anta Diop qu'il avait sciemment réduit à l'université de Dakar, que c'est aux Africains de conquérir leur liberté pour aller au développement, il a raison. Mais deux choses fondamentales à retenir de ce discours. D'abord reconnaître que la colonisation était une faute et refuser la repentance, c'est donner du sens au néocolonialisme français réel et subi aujourd'hui par les Africains mais totalement absent du discours de Sarkozy. Ensuite, ce discours est en quelque sorte le bannissement du bon nazi et la promotion du bon colon. Si nous prolongeons le discours de Sarkozy lorsqu'il dit que nul ne peut demander aux fils de se repentir des fautes de leurs pères, nous parvenons à la conclusion qu'en ce qui est par exemple de la dette, nul ne peut nous demander aujourd'hui de rembourser des prêts que nous estimons à juste titre être la faute de nos prédécesseurs.
Nous avons remarqué que la presse togolaise par exemple n'a pas travaillé ce discours. On ne l'a pas suffisamment expliqué. La Jeunesse Unie pour la Démocratie en Afrique va le divulguer. Nos populations doivent connaître ce discours pour que ceux qui continuent par rêver, se réveillent enfin. C'est un engagement que nous allons tenir. Ce discours est riche d'enseignements. Il n'est donc pas négligeable. Si possible, nous procéderons tôt ou tard, comme Sarkozy qui a décidé de faire lire la lettre de Guy Môquet à la jeunesse française.
Enfin, qu'avons-nous à attendre aujourd'hui de la coopération française avec le Togo?
Attendre? Si attente, il doit y en avoir, et bien elle est résumée en ceci. Le 05 décembre 2007, après une séance de travail avec les officiers supérieurs des forces armées togolaises, le général Emmanuel Berte, directeur de la coopération militaire et de défense déclare sur les ondes de radio Lomé «le Togo restera un partenaire majeur de la coopération militaire française pour 2008, notamment en terme budgétaire, en terme de coopérants et de projets. Les perspectives actuelles permettent d'affirmer déjà qu'il n'y aura pas de baisse dans cette coopération avec le Togo. Au contraire, on restera au même niveau voire une légère augmentation. La France quelles que soient les périodes, a toujours été aux côtés du Togo et continuera à toujours l'être. La France va continuer à former, équiper et accompagner l'armée togolaise avec l'intensification de la formation au profit de la gendarmerie, de l'armée de terre et de la marine. » Une fois ces propos tenus, Berte a été élevé au grade de Commandeur de l'ordre du Mono par Kpatcha Gnassingbé au nom de son frère président. En clair, la France de Sarkozy comme celle de Chirac, de Mitterrand, de Giscard, de Pompidou et du général De Gaulle soutient et va continuer par soutenir la dictature au Togo. Et cela va s'accentuer comme le dit clairement Berte. Lorsque nous disons que la France appuie les dictatures et contribue à réprimer les mouvements démocratiques en Afrique, quelques bonnes consciences répondent que c'est faux et que tout ce qui nous arrive, c'est de notre faute. Voilà ce qu'il faut attendre de la France Sarkozyste. Et ce ne sont pas des gens comme louis Michel qui vont faire quoi que ce soit. Sa Belgique natale est en crise depuis six mois. Les Wallons et Flamands sont à couteaux tirés. La Belgique n'a pas de gouvernement depuis six mois. Il est vrai que cela n'a rien à avoir avec nos crises. Cependant, serait-il peut être plus raisonnable pour Michel de commencer par faire ses preuves de négociateur par là.
Revenant sur la question de la France, observons tout de même que son appui ne va pas à la police mais plutôt à la gendarmerie et à l'armée. Cette précision vaut ce qu'elle vaut pour qui connaît le rôle de ces deux corps dans le massacre du peuple togolais.
Merci Monsieur KPOGLI.
Interview à lire sur http://www.togocity.com/article.php3?id_article=2482&recalcul=oui
La jeunesse togolaise doit sortir du génie de la débrouillardise et du fatalisme. Il ne peut en être autrement si vraiment nous voulons vivre en démocratie. La jeunesse togolaise est laissé-pour-compte. Dans les campagnes, les champs de manioc et de cacao des vieillards sont pillés la nuit. Les coqs et les poules ne peuvent plus connaître des nuits pacifiques. Les jeunes rivalisent avec les renards. Dans les villes, c'est la promiscuité et les taximotos qui permettent à certains de s'en sortir. Pour d'autres, c'est le vol, la corruption, l'alcoolisme et le sexe. Les enfants, au lieu d'étudier leurs leçons les mercredis après midi et les week-ends, se transforment en ânes pour jouer aux portefaix pour des bonnes femmes du marché. Beaucoup d'autres se transforment en ingénieurs ponts et chaussées, remblayant les nids de poules sur les routes et sollicitant des pièces des chauffeurs qui parfois les envoient au diable. Où allons-nous avec tout ceci. Réveillons-nous et réorganisons-nous. Définissons notre propre cadre de lutte sans forcément faire référence à ce que pensent et disent ceux qui se disent nos leaders. Le salut de notre pays passe inévitablement par un sursaut citoyen de la jeunesse. Nous avons un double combat à mener. Un, contre les mains noires qui nous écrasent et l'autre, contre les cerveaux extérieurs qui les mettent en mouvement. Si notre sommeil se prolonge, le réveil nous sera plus que douloureux.
Nous aurons certainement l'occasion de revenir sur le discours de Nicolas Sarkozy à Dakar en juillet 2007 qui, disiez-vous dans l'une de vos récentes publications, vous a profondément marqué. Mais, pour conclure cet entretien, pouvez-vous nous dire quelques mots sur ce discours?
Nicolas Sarkozy s'est adressé à nous en des termes très injurieux et méprisants. Et bien, nous allons lui répondre en ses propres termes. D'abord, à ce que nous sachions, Nicolas Sarkozy a des racines hongroises. Jusqu'à preuve du contraire, l'Afrique n'a aucune histoire particulière avec la Hongrie. Et ce n'est pas à un Hongrois, fut-il président de la France de nous faire cette histoire que nous connaissons dans ses moindres détails. Les Français savent ce qu'ils doivent à l'Afrique et les Africains savent ce que la France leur doit.
Sur le fond du discours, on peut admettre certaines choses. Lorsque par exemple Sarkozy déclare à l'université Cheik Anta Diop qu'il avait sciemment réduit à l'université de Dakar, que c'est aux Africains de conquérir leur liberté pour aller au développement, il a raison. Mais deux choses fondamentales à retenir de ce discours. D'abord reconnaître que la colonisation était une faute et refuser la repentance, c'est donner du sens au néocolonialisme français réel et subi aujourd'hui par les Africains mais totalement absent du discours de Sarkozy. Ensuite, ce discours est en quelque sorte le bannissement du bon nazi et la promotion du bon colon. Si nous prolongeons le discours de Sarkozy lorsqu'il dit que nul ne peut demander aux fils de se repentir des fautes de leurs pères, nous parvenons à la conclusion qu'en ce qui est par exemple de la dette, nul ne peut nous demander aujourd'hui de rembourser des prêts que nous estimons à juste titre être la faute de nos prédécesseurs.
Nous avons remarqué que la presse togolaise par exemple n'a pas travaillé ce discours. On ne l'a pas suffisamment expliqué. La Jeunesse Unie pour la Démocratie en Afrique va le divulguer. Nos populations doivent connaître ce discours pour que ceux qui continuent par rêver, se réveillent enfin. C'est un engagement que nous allons tenir. Ce discours est riche d'enseignements. Il n'est donc pas négligeable. Si possible, nous procéderons tôt ou tard, comme Sarkozy qui a décidé de faire lire la lettre de Guy Môquet à la jeunesse française.
Enfin, qu'avons-nous à attendre aujourd'hui de la coopération française avec le Togo?
Attendre? Si attente, il doit y en avoir, et bien elle est résumée en ceci. Le 05 décembre 2007, après une séance de travail avec les officiers supérieurs des forces armées togolaises, le général Emmanuel Berte, directeur de la coopération militaire et de défense déclare sur les ondes de radio Lomé «le Togo restera un partenaire majeur de la coopération militaire française pour 2008, notamment en terme budgétaire, en terme de coopérants et de projets. Les perspectives actuelles permettent d'affirmer déjà qu'il n'y aura pas de baisse dans cette coopération avec le Togo. Au contraire, on restera au même niveau voire une légère augmentation. La France quelles que soient les périodes, a toujours été aux côtés du Togo et continuera à toujours l'être. La France va continuer à former, équiper et accompagner l'armée togolaise avec l'intensification de la formation au profit de la gendarmerie, de l'armée de terre et de la marine. » Une fois ces propos tenus, Berte a été élevé au grade de Commandeur de l'ordre du Mono par Kpatcha Gnassingbé au nom de son frère président. En clair, la France de Sarkozy comme celle de Chirac, de Mitterrand, de Giscard, de Pompidou et du général De Gaulle soutient et va continuer par soutenir la dictature au Togo. Et cela va s'accentuer comme le dit clairement Berte. Lorsque nous disons que la France appuie les dictatures et contribue à réprimer les mouvements démocratiques en Afrique, quelques bonnes consciences répondent que c'est faux et que tout ce qui nous arrive, c'est de notre faute. Voilà ce qu'il faut attendre de la France Sarkozyste. Et ce ne sont pas des gens comme louis Michel qui vont faire quoi que ce soit. Sa Belgique natale est en crise depuis six mois. Les Wallons et Flamands sont à couteaux tirés. La Belgique n'a pas de gouvernement depuis six mois. Il est vrai que cela n'a rien à avoir avec nos crises. Cependant, serait-il peut être plus raisonnable pour Michel de commencer par faire ses preuves de négociateur par là.
Revenant sur la question de la France, observons tout de même que son appui ne va pas à la police mais plutôt à la gendarmerie et à l'armée. Cette précision vaut ce qu'elle vaut pour qui connaît le rôle de ces deux corps dans le massacre du peuple togolais.
Merci Monsieur KPOGLI.
Interview à lire sur http://www.togocity.com/article.php3?id_article=2482&recalcul=oui
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