samedi 21 février 2015

Afropéanisme ou le printemps des européens noirs.


Quand on ne veut plus être soi-même, probablement perdu, on cherche à devenir un autre. Mais vu l'impossibilité de cette entreprise, on se forge une personnalité hybride, greffée, à mi-chemin entre l'Etre à perdre définitivement et l'Etre qu'on ne va jamais devenir. En attendant les Sinopéens, les Cubanopéens, les Mexicopéens, les Indopéens, les Timorpéens et les Afghanpéens, certains africains qui n'entendent pas ou plus  "être réduits qu'à ça" se glissent progressivement dans la peau d'un nouvel être qu'ils ont inventé de toutes pièces: L'Afropéen. Une nouvelle espèce à cheval entre l'africain (qu'on ne veut plus ou ne peut plus être totalement) et l'européen (qu'on imite mais à qui on ne peut devenir complètement). 

Il semble que ce sont d’abord les noirs britanniques qui ont commencé à se déterminer comme afropéens. Au début des années 2000, deux chanteuses franco-camerounaises de Bordeaux, Les Nubians, ont introduit cette nouvelle personnalité en France. C’est finalement l’écrivain Léonora Miano qui popularise l’expression dans ses ouvrages.
Dans une interview accordée à Camille Thomine du Magazine Littéraire (ML) en 2010, l’égérie de "L'Afropéanisme", Léonora Miano indique: "Il faut formuler le concept d'afropéanisme". Et d'éclairer: "Le terme « afropéen » cherche à décrire ces personnes d’ascendance subsaharienne ou caribéenne et de culture européenne : des individus qui mangent certes des plantains frits mais dont les particularismes ne sont pas tellement différents de ceux qu’on peut trouver dans les régions de France. Il faut formuler le concept d’afropéanisme pour qu’il existe, que l’on comprenne que les Noirs que l’on croise dans la rue ne sont pas forcément des immigrés. Que certains se fichent de l’Afrique, et c’est d’ailleurs leur droit. Je suis moi-même la mère d’une jeune Afropéenne de quinze ans : elle adore la cuisine camerounaise, mais pour le reste…"

Et Mme Miano de conclure: "j’estime que les Afropéens devraient se reconnaître comme tels, arrêter de refuser leur ancrage dans l’Europe. Je ne comprends pas que certains français d’origine africaine se définissent encore comme Algériens ou Sénégalais. Je trouve cela absurde, un peu puéril et contreproductif. Accepter son appartenance à la France est considéré par certains comme une trahison, or c’est une condition nécessaire pour parvenir à se réaliser."

Nous savons donc ce qui nous reste à faire. Oublions Thomas Sankara qui "délirait" lorsqu'il disait: "la seule manière de vivre libre, c'est d'être africain". Vive  l'Afropéanisme!!!

KPOGLI Komla

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