Toutefois, nous, africains qui combattons le colonialisme,
devons savoir observer les faits, les actes et les méthodes aussi bien de nos
adversaires que ceux d'autres peuples qui ont affaire à eux. Ceci doit être le
cas avec la mort de 4 soldats français en Afghanistan. Ces soldats français
sont abattus par un soldat de l'armée afghane qui, selon les talibans,
serait leur homme infiltré. Quelles leçons tirer de ceci?
1) que la connaissance et la
maîtrise de son environnement reste la première arme à utiliser contre les
envahisseurs.
2) que lorsqu'on n'a pas les moyens lourds pour équilibrer
frontalement les rapports de force avec son adversaire, on utilise au mieux
ceux qu'on a à sa disposition.
3) qu'on peut/doit se rapprocher de sa cible en rusant sans
toutefois trahir le but qu'on s'est fixé.
4) qu'on peut prendre les moyens de l'adversaire et chez lui
pour réaliser ses propres objectifs.
La ruse et la violence étant les outils que le système utilise
alternativement contre nous, il serait suicidaire de ne pas tirer les
enseignements de ces pratiques. Et les Taliban, en jouant alternativement sur
les deux tableaux, montrent qu'ils sont tout aussi intelligents que leurs
adversaires qui, dans un premier temps, avaient déversé leur violence en les
combattants à l'arme lourde avant de proclamer, et c'est là qu'intervient la
ruse, qu'il y aurait de "bons taliban" avec qui négocier. On voit
bien là que les objectifs sont les mêmes, mais que les moyens pour les
réaliser, fondamentalement souples ou assouplis, varient (en fonction des
circonstances).
Les stratèges les plus avertis savent qu'un système quel qu'il
soit, aussi total et apparemment verrouillé soit-il, a toujours des failles. Et
ce sont donc ces failles qu'il faut exploiter au mieux. Mais pour y arriver, il
faut des ressources humaines bien formées et bien organisées qui, à pas feutrés
et en toute froideur, savent calculer et sont aptes à faire le mort quand il le
faut et à agir au moment opportun. Malheureusement, beaucoup parmi les africains
continuent de présenter le système qu'ils sont appelés à combattre comme un
système sans faille contre lequel il n'y a pas d'autre solution en dehors de la
confrontation frontale suicidaire dont ils n'ont visiblement pas les moyens ici
et maintenant. Sous nos cieux, on veut mener la "lutte jusqu'à la victoire
finale" avec des moyens qu'on n'a pas. C'est ainsi que nous nous sommes
spécialisés dans l'élaboration des « stratégies » des armes que nous
n'avons pas et que nous faisons l'éloge de l'immobilisme le plus plat. Nous
installons le doute de nous-mêmes, le doute de notre capacité à utiliser
"nos armes" dont l'existence est même niée par certains, et nous
surestimons l'adversaire. Nous lui attribuons la couronne de l'invincibilité. Nous
imaginons sa demeure, une forteresse impénétrable et nous affirmons que
quiconque appelle à s’y rapprocher ne le fait que pour offrir au maître des
lieux, de nouveaux alliés préalablement attirés par l’odeur du repas qui
s’échappe de sa cuisine. Or, justement, il s'agit ni de le sous-estimer ni de
le surestimer, mais le prendre tel qu'il est avec lucidité et froideur, puis
combiner les moyens disponibles, leur donner une cohérence absolue en
conformité avec notre but. En ne procédant pas ainsi, nous retardons aussi bien
la prise de conscience populaire que l'action libératrice qui la suit.
C’est un truisme que de répéter que nous sommes en guerre. L’enjeu
c’est la réappropriation de notre espace, notre terre et la survie de notre
peuple qui est en danger de mort. L’instinct de survie commande donc d’identifier
et d’utiliser les armes dont dame nature a doté notre peuple. Sans exclure ni
négliger le travail qui, à terme, doit réaliser une insurrection générale, les
outils les plus anodins et les plus inoffensifs en apparence doivent être
reconvertis en armes les plus puissantes. L’eau doit être reconvertie en
feu…C’est ainsi que la quiétude qui permet à l’ordre cannibale de tenir à notre
grand effarement, trouvera ses bases déstabilisées et son sommeil reposant
perturbé.
Bref, il faut répéter ce que nous disons depuis un moment et que
certains persistent à voir comme une traitrise ou un appel à rejoindre les
dictatures africaines: "lorsqu'un peuple en lutte commence par se servir
intelligemment et efficacement des moyens à sa disposition, la victoire n'est
plus loin de sa portée."
Komla KPOGLI
21 janvier 2012
1 commentaire:
Très juste!
Je dirais aussi longtemps que les soldats français ou autres , ne craindront pas pour leur vie en Afrique , la colonisation se poursuivra!
J'ai quand même remarqué , que les enjeux pour la France (et même les USA) étant particulièrement importants en Afrique , les médias français , évitent de faire le décompte morbide du nombre de soldats français qui y meurent à l'instar de ce qui se passe en Afghanistan !
Ainsi , la France n'a officiellement pas de morts en Cote d'Ivoire!
Pourtant Fillon en se rendant à Abidjan la dernière fois , a rendu hommage aux 50(a peu près) soldats morts et aux centaines de blessés pendant la crise ivoirienne , sans que personne en France ne s'attardent la dessus?!!??
Combien de morts , les médias et le gouvernement français sont' ils capable de cacher a leur population , pour continuer la colonisation? là est la question
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