samedi 28 janvier 2012

Sénégal: Abdoulaye WADE met le feu au village.

Abdoulaye Wade et son fils Karim
Abdoulaye Wade vient de faire valider sa candidature par la "Cour constitutionnelle" qui, du coup, a écarté celle du chanteur Youssou N'dour. Aussitôt après cette décision de la cour, et c'est prévisible car Wade a décidé de violer la Loi fondamentale, le pays s'est enflammé. Des villes et des quartiers de la capitale, Dakar s'insurgent contre cette double parodie de justice qui valide d'un côté une candidature qui ne devrait pas l'être et invalide celle qui devrait être validée. Ces manifestations ont déjà enregistré au moins un mort et de lourds dégâts matériels. 

Dans la culture africaine, une personne âgée ne met pas le feu à la case. Elle ne divise pas la maison. Elle ne monte pas les membres de la famille les uns contre les autres. Elle ne détruit pas le village avant de rejoindre les ancêtres. A fortiori le pays. A 86 ans, Abdoulaye Wade fait exactement le contraire et montre combien ces laquais à qui on a confié la direction des territoires africains ont rompu avec notre peuple. Bien sûr que c'est une gageure que de croire que son départ à la tête du Sénégal ferait de ce territoire, un pays libre où le peuple jouera un rôle dans les décisions. Bien sûr que le départ de Wade à la tête territoire du Sénégal ne signera pas la fin de son rôle de point focal de la françafrique d'où part très souvent des mauvais coups que la France assène à l'Afrique. Mais en forçant le passage, Wade renforce le système et fragilise davantage la renaissance africaine qu'il aime tant vanter. 

Cette attitude butée de Wade confirme la nécéssité pour nous de globaliser le combat, de renforcer les instruments de lutte dans une solidarité agissante car aucun peuple ne peut sortir seul face au système colonial. Le cas du territoire de Côte d'Ivoire est là pour nous le rappeler.

Komla KPOGLI

mercredi 25 janvier 2012

RPT-TOGO: une dissolution qui renforce le système.

Faure GNASSINGBE, l'héritier du trône du territoire africain du Togo se croit suffisamment malin. Sur conseils et autres recommandations de ses amis et mentors françafricains, le criminel et l'autoproclamé président Faure Gnassingbé veut dissoudre le RPT (Rassemblement du Peuple Togolais, parti que les français ont créé en 1969 pour masquer le kaki de son feu père, Gnassingbé 1er). 



En procédant à cette dissolution du RPT et à la création d'un nouveau parti, Gnassingbé  II croit pouvoir effacer les crimes aussi bien politiques qu'économiques que le RPT a commis depuis 45 ans bientôt. Aussi, espère-t-il enfouir les massacres répétés de son feu père et ceux commis par lui-même sous un nouveau manteau. 


En fondant son fameux nouveau parti, Faure Gnassingbé vise à s'offrir, du moins symboliquement (et en politique, les symboles comptent) et en prévision des prochains vols du suffrage populaire, l'image d'un homme nouveau en rupture avec un passé où le RPT a, par violence et ruse cycliques, volé sans discontinuité les choix du peuple africain du Togo. Il espère montrer qu'il est un homme courageux qui est disposé à mettre fin au règne de la terreur dans le territoire Togo. Il n'y a rien, en réalité, de plus faux que ceci, puisque Faure Gnassingbé est bel et bien le prolongement du régime colonial dans lequel le territoire africain du Togo a été replongé le 13 janvier 1963 suite à l'assassinat de Sylvanus Olympio. Il faut dire donc, avec force, que Faure Gnassingbé et ses spadassins n'auront jamais le peuple africain du Togo avec ces subterfuges et ces changements cosmétiques confinant à l’injure à son intelligence. Tout simplement parce qu'aussi bien Gnassingbé 1er que son successeur, Gnassingbé 2 qui espère aujourd'hui se tailler le costume du réformateur, n'ont jamais été élus et ne le seront jamais. Le viol permanent est ce qui caractérise leur règne. Leur pouvoir est marqué par du sang et par le retour du territoire africain du Togo dans les jurons du colonialisme après l'assassinat de Sylvanus Olympio par le duo France-USA par le truchement des seconds couteaux démobilisés d'Algérie.  

Ce qui aurait été courageux de la part de Gnassingbé II, c'est moins la dissolution du RPT que son départ du pouvoir après avoir reconnu qu'il occupe une place qu'il a usurpée. Avec sa démission, il aurait montré qu'il est capable de prendre conscience et apte à mettre fin à un système qui a tout volé au peuple africain du Togo depuis maintenant des siècles. Et cet acte aurait eu le mérite de le grandir et de permettre aux africains du Togo d'entamer la réflexion sur la reconstruction de ce territoire si riche mais appauvri et saccagé avec une violence inouïe par une mafia locale dont les parrains agissent à visage découvert. En n'accomplissant pas cette renonciation – combien de togolais ne rêvent-ils pas de cela - qui aurait montré que le voleur a rendu l'objet volé et fait acte de contrition, Gnassingbé II lance un défi à tous, femmes et hommes, vieux et jeunes. Ce défi doit être relevé avec une organisation plus solide doublée d'une intelligence plus affirmée. 

Que le RPT soit dissout ou pas, cela ne change rien. La bande des Dalton se maintient et l'oeuvre de démolition coloniale de ce territoire continue avec une meute de jeunes loups dont la voracité n'a d'égal que son aliénation et son désir de se réaliser au détriment de l'intérêt national. C'est pour cette raison que la marche du peuple africain du Togo vers sa libération doit continuer. Cette marche doit continuer en s'appuyant sur des stratégies les plus élaborées. Car, il ne s'agit pas d'un combat politique classique où l'alternance politique finit par se réaliser au bout d'un certain temps. Il ne s'agit pas non plus d'espérer que cette tyrannie quinquagénaire dont la survie est fondée sur la négation de l'opinion populaire régulièrement exprimée, cède enfin sous le coup des manifestations populaires qui n'ébranlent guère ses fondations. On est en face d'un système colonial dans lequel le RPT et ses animateurs civilo-militaires ne constituent que des ramifications locales et c'est en tant que tel qu'il faut combattre.  

Mais au Togo de Gnassingbé II, il ne s'agit pas uniquement de "dissoudre" le RPT et de le re-créer. Car au fond, il n'y a rien de nouveau sous ces cieux: la fameuse présidence reste et restera un annexe du ministère de la défense où la seule loi qui fait foi est l'accord de coopération militaire élaboré par et pour la France. Il s'agit aussi de liquider les banques du territoire. Ainsi, l'UTB (Union Togolaise de Banque) et la BTD (Banque togolaise de développement (!)). Ces deux banques seront bradées d'ici fin mars 2012 à 45 milliards de franc CFA qui sont déjà comptés dans le « budget national » suivant la loi des finances 2012. Un peu plus tard, la BIA et la BTCI devront passer aussi à la trappe. Comme quoi la dissolution n’atteint pas le RPT seulement. Tout coule. Il serait grand temps de mettre fin à cette  décomposition  globale. 

Aux dernières nouvelles, le congrès de dissolution du RPT est reporté à une date non-indiquée. Mais cela ne change rien à l'affaire.

Komla KPOGLI
25 janvier 2012

samedi 21 janvier 2012

Les leçons d'Afghanistan aux "combattants" africains..

Ne jamais se réjouir de la mort de quiconque. Même celle de son pire ennemi. Prenons acte de ces mots.

Toutefois, nous, africains qui combattons le colonialisme, devons savoir observer les faits, les actes et les méthodes aussi bien de nos adversaires que ceux d'autres peuples qui ont affaire à eux. Ceci doit être le cas avec la mort de 4 soldats français en Afghanistan. Ces soldats français sont abattus par un soldat de l'armée afghane qui, selon les talibans, serait leur homme infiltré. Quelles leçons tirer de ceci?

1) que la connaissance et la maîtrise de son environnement reste la première arme à utiliser contre les envahisseurs.

2) que lorsqu'on n'a pas les moyens lourds pour équilibrer frontalement les rapports de force avec son adversaire, on utilise au mieux ceux qu'on a à sa disposition.

3) qu'on peut/doit se rapprocher de sa cible en rusant sans toutefois trahir le but qu'on s'est fixé.

4) qu'on peut prendre les moyens de l'adversaire et chez lui pour réaliser ses propres objectifs.

La ruse et la violence étant les outils que le système utilise alternativement contre nous, il serait suicidaire de ne pas tirer les enseignements de ces pratiques. Et les Taliban, en jouant alternativement sur les deux tableaux, montrent qu'ils sont tout aussi intelligents que leurs adversaires qui, dans un premier temps, avaient déversé leur violence en les combattants à l'arme lourde avant de proclamer, et c'est là qu'intervient la ruse, qu'il y aurait de "bons taliban" avec qui négocier. On voit bien là que les objectifs sont les mêmes, mais que les moyens pour les réaliser, fondamentalement souples ou assouplis, varient (en fonction des circonstances). 

Les stratèges les plus avertis savent qu'un système quel qu'il soit, aussi total et apparemment verrouillé soit-il, a toujours des failles. Et ce sont donc ces failles qu'il faut exploiter au mieux. Mais pour y arriver, il faut des ressources humaines bien formées et bien organisées qui, à pas feutrés et en toute froideur, savent calculer et sont aptes à faire le mort quand il le faut et à agir au moment opportun. Malheureusement, beaucoup parmi les africains continuent de présenter le système qu'ils sont appelés à combattre comme un système sans faille contre lequel il n'y a pas d'autre solution en dehors de la confrontation frontale suicidaire dont ils n'ont visiblement pas les moyens ici et maintenant. Sous nos cieux, on veut mener la "lutte jusqu'à la victoire finale" avec des moyens qu'on n'a pas. C'est ainsi que nous nous sommes spécialisés dans l'élaboration des « stratégies » des armes que nous n'avons pas et que nous faisons l'éloge de l'immobilisme le plus plat. Nous installons le doute de nous-mêmes, le doute de notre capacité à utiliser "nos armes" dont l'existence est même niée par certains, et nous surestimons l'adversaire. Nous lui attribuons la couronne de l'invincibilité. Nous imaginons sa demeure, une forteresse impénétrable et nous affirmons que quiconque appelle à s’y rapprocher ne le fait que pour offrir au maître des lieux, de nouveaux alliés préalablement attirés par l’odeur du repas qui s’échappe de sa cuisine. Or, justement, il s'agit ni de le sous-estimer ni de le surestimer, mais le prendre tel qu'il est avec lucidité et froideur, puis combiner les moyens disponibles, leur donner une cohérence absolue en conformité avec notre but. En ne procédant pas ainsi, nous retardons aussi bien la prise de conscience populaire que l'action libératrice qui la suit. 

C’est un truisme que de répéter que nous sommes en guerre. L’enjeu c’est la réappropriation de notre espace, notre terre et la survie de notre peuple qui est en danger de mort. L’instinct de survie commande donc d’identifier et d’utiliser les armes dont dame nature a doté notre peuple. Sans exclure ni négliger le travail qui, à terme, doit réaliser une insurrection générale, les outils les plus anodins et les plus inoffensifs en apparence doivent être reconvertis en armes les plus puissantes. L’eau doit être reconvertie en feu…C’est ainsi que la quiétude qui permet à l’ordre cannibale de tenir à notre grand effarement, trouvera ses bases déstabilisées et son sommeil reposant perturbé.

Bref, il faut répéter ce que nous disons depuis un moment et que certains persistent à voir comme une traitrise ou un appel à rejoindre les dictatures africaines: "lorsqu'un peuple en lutte commence par se servir intelligemment et efficacement des moyens à sa disposition, la victoire n'est plus loin de sa portée."  

Komla KPOGLI
21 janvier 2012

mardi 17 janvier 2012

Assassiné le 17 janvier 1961 par les Euraméricains.

Patrice LUMUMBA

L'Afrique et le redéploiement militaire des USA.


Le 5 janvier dernier, le président des USA, Barack Hussein Obama présentait, dans un discours, la nouvelle stratégie militaire américaine. Tout en annonçant quelques coupes dans les dépenses militaires (487 milliards de dollar US sur 10 ans), Obama a prévenu la planète qu'elle ne doit pas voir là une perte de la suprématie américaine. Au contraire, les USA demeurent la "première puissance militaire du monde" a averti Obama qui a souligné que bien que soumis à un régime d'amaigrissement, les USA "vont maintenir leur supériorité militaire avec des forces armées qui seront agiles, flexibles et prêtes à réagir à l'ensemble des circonstances et des menaces" et seront capables malgré tout d'affronter plus d'un adversaire n'importe où dans le monde. Aussi, apprend-on, les USA se redéployent militairement dans le pacifique et privilégient l'arme navale et aérienne. Deux pays sont essentiellement visés par ce plan: l'Iran et la Chine. Cette dernière dont la puissance ne cesse de croître a besoin d'être contenue. La Chine n'étant pas dupe a déjà réagi et entend se donner des moyens militaires supplémentaires. "Nous renforcerons notre présence en Asie-Pacifique et les réductions budgétaires ne se feront pas aux dépens de cette région cruciale", a précisé Obama qui n'a pas évoqué l'Afrique dans cette nouvelle stratégie militaire.  


Si Obama n'a pas évoqué l'Afrique dans son discours sur la "nouvelle" stratégie militaire des USA, n'allons pas croire que ceci est un manque d'intérêt et en conséquence que l'Afrique n'est pas concernée par ce redéploiement. 
La vérité est qu'historiquement, tout d'abord, l'Occident essaie de toujours présenter l'Afrique comme un continent sans intérêt et hors du monde. Ceci est fondamentalement faux, car si un continent a autant suscité de convoitises et de conflits interétatiques c'est bien l'Afrique qui est non seulement par sa situation géographique un continent au coeur du monde mais encore elle est un gigantesque panier de ressources en matières premières pour les pays industrialisés. 
Ensuite, en se redéployant en Asie Pacifique, les USA tentent de bloquer la Chine dans son élan, en la confinant dans les limites de ses frontières, avec en toile de fond l'Afrique où la Chine ne cesse d'acquérir des espaces (ces acquisitions restent à consolider par des outils militaires) qui sont jusqu'ici considérés par les occidentaux comme leur domaine réservé. 
Aussi, en misant sur les forces aériennes et navales, les USA confirment leur volonté de garder leur main mise sur les airs et surtout les océans qui regorgent d’immenses ressources jusqu’ici peu exploitées, en même temps qu’ils servent de voies de transports. Là encore l'Afrique est en toile de fond, car de nombreux échanges dans le monde se font au travers des mers africaines. C'est le cas des échanges entre l'Occident et l'Orient qui passent par l'ensemble des mers africaines en toute liberté et quasi-gratuitement. 
Enfin, pas besoin de citer clairement l'Afrique dans ce discours alors que le dispositif d'AFRICOM avance dans sa réalisation à grands pas. 

Au total, l'Afrique est au coeur de ce redéploiement militaire. Mais étant donné qu'elle est totalement paralysée actuellement par une gouvernance coloniale pour qui n'a de conception militaire qu'un corps de milices armées qui terrorise les populations civiles contestataires, l'Afrique ne peut réagir. Ceci d'autant plus que ces fameuses armées africaines sont des constructions coloniales liées aux puissances diverses notamment occidentales par des accords militaires au nom desquels armes (désuètes mais elles suffisent pour contenir des populations africaines désarmées dès les premiers jours de la colonisation), formation, assistance technique...sont distillées. Autant dire que ces fameuses armées africaines n'ont pas de vision du monde, leur seule raison d'être étant de maintenir les populations africaines dans le cadre colonial.
Aussi, nous, africains, avons été conduits à avoir une vision fondamentalement pacifiste du monde. C'est dire combien il nous sera difficile d'arriver à comprendre que c'est la loi des armes qui dirige le monde et les relations internationales. Malgré tout ceci, nous avons l'obligation, si nous voulons vivre et relever la tête, de travailler pour doter l'Afrique d'armées véritables qui, avec des armes les plus puissantes possibles, protègeront aussi bien notre peuple que toutes ses richesses pour le moment accaparées par d'autres peuples qui en profitent pour résoudre leurs problèmes pendant que les africains eux, meurent de faim sur des mines d'or.

Komla KPOGLI

samedi 14 janvier 2012

Dieu est noir: il est un africain.

Dieu est africain. Oui, pour de nombreux africains Dieu est noir. Il est Kamit ou Kemit. Et Dieu étant africain, il autorise l'esclavage, permet la colonisation et décrète que tous les biens des africains doivent revenir aux autres. Et ce Dieu ayant tant aimé les siens, il bénit le fait que les autres les agressent, enlèvent certains de leurs dirigeants et tuent d'autres. Oui, c'est en permettant la destruction de ses propres fils que Dieu les protège. Il aime tellement fort les africains qu'il punit sévèrement ceux qui leur font du mal en leur faisant perdre leur triple A. C'est semble, t-il, ce que la France de Nicolas Sarkozy vient de subir. En allant tuer en 2011 des africains, créatures sacrées de ce Dieu qui les aime tant, Sarkozy et les siens se sont attirés la foudre de celui-ci. C'est, en tout cas, ce que certains "intellectuels", enfants sacrés de ce Dieu nous disent ces derniers jours.

Après Berlusconi qui aurait chuté, selon de nombreux africains, grâce à la malédiction de Kadhafi, voici que Sarkozy vient de subir l'infamie insurmontable qu'est la perte du triple A qu'il avait érigé en richesse nationale à préserver à tout prix en récompense aux assassinats qu'il a opéré aussi bien en Côte d'Ivoire qu'en Libye et ailleurs en Afrique. En versant le sang des agneaux de Dieu africains, ces "pécheurs" européens paient et paieront jusqu'au dernier centime le prix de leurs crimes. Ô, que ce Dieu est bien juste! Braves gens, dormez tranquillement, Dieu est à l'oeuvre pour vous.  Que n'entendrons-nous pas au sein de notre peuple!!! Mieux vaut en rire que pleurer.


Si la sanction que Dieu inflige aux assassins des siens se résume en la perte du triple A (Sarkozy) ou la perte du pouvoir (Berlusconi), ou encore en la survenance des crises  économiques, alors  le prix à payer s'avère bien surmontable. Et la modestie de la sanction entraînera inévitablement la répétition du crime. 


Mettons-nous à genou dès à présent et adressons d'incessantes prières pour que ce Dieu ne soit plus africain.  Certainement, lorsqu'il cessera d'être africain, lorsque les africains ne le verront plus à leurs côtés, ils pourront aller mieux, car désormais ils compteront sur eux-mêmes, sur leurs propres actions dans un monde qui a toujours réservé une triste fin aux peuples qui trainaient, trainent et traineront sur le quai de l'histoire. Personne ne pleure et ne pleurera pour eux. Ni même le Dieu qui les affectionne tant. Ces peuples se font et se feront dévorer par des loups, qui, pour établir leur domination, se sont dotés d'armes lourdes et des groupes organisés. Malheur à ceux qui, comptant sur un Dieu affectueux et miséricordieux, ne veulent pas voir cette réalité et s'organiser à leur tour pour préserver leur vie et celle de leurs progénitures

Komla KPOGLI

vendredi 13 janvier 2012

Génocide au Rwanda: le juge Trévidic sous des menaces.

Komla KPOGLI
13 janvier 2012

Il y a 48 heures nous écrivions sur le rapport de l'expertise balistique commandée par le juge Marc Trévidic à propos de l'attentat contre Juvénal Habyarimana du Rwanda. Ce rapport conclut très clairement que l'avion de Habyarimana avait été bombardé depuis le camp militaire tenu par la garde présidentielle. Un camp tenu par les Hutus extrémistes qui, par cet acte, mettaient fin aux négociations politiques  entre le pouvoir qu'ils entendaient garder exclusivement et les combattants du FPR (Front patriotique Rwandais) menés par Paul Kagamé.  ( Voir http://lajuda.blogspot.com/2012/01/genocide-au-rwanda-enfin-la-verite.html).

Marc Trévidic
Rappelons que les juges Marc Trévidic et Poux ont succédé au fameux juge antiterroriste Jean-Louis Bruguière qui s'est contenté de rédiger des rapports depuis son balcon parisien une pipe au bec pour imputer l'attentat contre Habyarimana aux combattants du FPR. Cette construction a eu pour conséquence l'élaboration des thèses négationnistes qui véhiculaient l'idée que le génocide n'avait pas été planifié et qu'il est né de la réaction des hutus qui avaient cherché ainsi à répondre à l'attentat commis par des combattants tutsi. C'est cette version totalement fictive que vient de déconstruire le travail de Marc Trévidic et Poux qui ont remplacé Bruguière qui, il faut le rappeler, a échoué comme candidat de l'UMP (parti de Nicolas Sarkozy) aux législatives de 2007. 

Les experts autoproclamés et autres fameux journalistes d'investigation qui avaient relayé à cor et à cri cette version hollywoodienne de l'attentat auraient eu l'humilité et l'honnêteté de reconnaître leurs erreurs sinon leurs mensonges. Hélas! Ils persistent. Et parmi ceux-ci, on note Charles Onana qui, dans une émission hier, sur France 24 tentait de décrédibiliser les conclusions scientifiques de cette expertise balistique qui s'est déployée sur le terrain au Rwanda durant une semaine avec des géomètres, des acousticiens et des cartographes. Pour Onana, cette expertise doit être contestée car elle n'avait pas interrogé certaines personnes. Curieuse appréciation! Passons.

Nous craignions que ce juge soit l'objet d'injures et de pressions de toute sorte. Et bien, nous n'avions pas tort. Ce matin, on apprend par les soins du Figaro et du Monde que le juge Marc Trévidic qui, à côté du dossier rwandais s'occupe aussi de l'affaire de Karachi, est l'objet de pressions et diverses menaces. Le juge Trévidic a fini par écrire à l'Union syndicale des magistrats (USM), principal syndicat de magistrats de France mentionnant des "mesures […] qui semblent être autant de tentatives de pression, voire de déstabilisation, difficilement acceptables". D'où viennent ces pressions? Du pouvoir. Plus précisément de sa hiérarchie qui lui retire tout doucement quelques dossiers sous le prétexte qu'il est trop chargé. Au printemps dernier, Trévidic a été empêché (par qui?) de se rendre au Niger pour une formation des juges antiterroristes alors que toutes les formalités avaient été remplies. Le Monde écrit: "le juge a été menacé d'un avertissement parce qu'un photographe de presse venu le rencontrer avait pris une photo là où il n'en avait pas le droit. "On a réussi àéviter que cet avertissement soit versé à son dossier […], mais c'était clairement une mesure pré-disciplinaire très désagréable", a estimé le président de l'USM. Cette "accumulation de tracasseries" rappelle à Christophe Régnard le début des ennuis qu'a eus à Nanterre la juge Isabelle Prévost-Desprez avec sa hiérarchie :"Les mises en cause ont commencé comme ça […] et après, on a sorti des choses beaucoup plus graves." "On a voulu faire comprendre à la hiérarchie judiciaire que cela suffisait. Ce genre de tracasseries, pour un magistrat qui instruit des dossiers très sensibles, ce n'est pas acceptable, cela le met dans un état d'esprit très difficile", a ajouté le président de l'USM."

Comme on le voit, on ne sera pas étonné d'apprendre que le juge Trévidic est dessaisi des affaires qu'il instruit.  Car Dans un livre paru en février dernier (Au cœur de l'antiterrorisme, éditions Jean-Claude Lattès), le juge Trévidic disait avoir le sentiment qu'il n'avait plus la confiance de sa hiérarchie parce qu'il avait "commis le péché capital dans la magistrature, le péché de la médiatisation".

Assassinat de Sylvanus OLYMPIO le 13 janvier 1963: continuer la lutte.

Komla KPOGLI
13 janvier 2012
Web: http://lajuda.blogspot.com 

Le 27 avril 1960, le Togo, sous la direction de Sylvanus Olympio, proclama son indépendance après la tutelle française qui a suivi la colonisation allemande. Deux ans plus tôt, les populations du territoire du Togo avaient voté pour l'affranchissement de cette tutelle après une série de tentatives d'étouffement et de trucages électoraux opérés par l'administration française qui ne voyait pas du tout d'un oeil favorable les démarches du peuple du Togo. Pour retarder les choses ou les bloquer, la France avait estimé que le Togo lui devait 800 millions de francs, ce qui, selon les autorités françaises, équivalait aux dépenses que la tutelle aurait coûté. M. Olympio en homme avisé, comprit très tôt qu'un pays qui se proclame indépendant tout en étant "endetté" ne saurait être libre. Ainsi, consacrait-il deux ans avec l'effort du peuple à travailler pour payer ces 800 million de francs et pour doter le pays de quelques infrastructures à la mesure de l'évènement à célébrer en 1960. 

Mais la France n'entendait pas laisser faire. Le général De Gaulle au pouvoir dans ces années-là considérait que l'indépendance de ses territoires d'Afrique doit se faire dans le cadre qu'il aura défini. Et ce cadre doit garantir ses divers intérêts coloniaux. Cette vision des choses heurtait les convictions du peuple, de M. Olympio et ses amis pour qui l'indépendance du Togo devrait se caractériser par:

. une vision sociétale qui met les citoyens du Togo au centre de toutes les préoccupations et non les intérêts occidentaux.
. la rupture avec le franc CFA (Franc des colonies françaises d'Afrique) et une autonomie de battre monnaie. 
. la construction d'infrastructures pour rendre viable l'économie togolaise notamment un port autonome à Lomé. 
. la révision des contrats miniers notamment celui sur le phosphate que la France exploitait gratuitement  depuis de longues années déjà.
. l'absence de coopération militaire avec la France car le Togo entendait construire une armée faite uniquement de gendarmerie et de police.
. le développement accéléré des secteurs clés à savoir: l'agriculture pour nourrir les populations, la santé et l'éducation. 

La France voyait là de graves menaces. Après son opposition à la construction d'un port maritime à Lomé sous le prétexte que le Dahomey à côté en avait un en construction, la France voyait un danger encore plus grand qu'elle devrait juguler.  Sylvanus Olympio voulait rompre avec le franc CFA et battre sa propre monnaie. A cet effet, il avait donc préparé avec la banque de France un accord de rupture qui devait être signé le 15 janvier 1963. La menace se fit plus précise, lorsqu'après échec de toutes les tentatives françaises de le dissuader allant des propositions les plus mirobolantes à la menace de mort, Sylvanus Olympio lança un appel d'offre d'émission qui fut remporté par l'Angleterre qui émettrait une nouvelle monnaie qui serait garantie par l'Allemagne. 

La France voyant que rien n'arrêtait les indépendantistes du Togo a décidé de mettre fin à la vie de l'homme qui pilotait la machine. Car si le Togo réalisait son projet monétaire, la toile de la zone franc que la France avait patiemment tissée autour de ses proies africaines aura cédé et les proies pas totalement mort se seraient libérées. Et le plan de "l'indépendance-collaboration" aura vécu.
La France va se servir des seconds couteaux démobilisés en Algérie pour abattre Sylvanus Olympio. Le scénario est simple: la France va pousser ces soldats coloniaux, des tirailleurs sénégalais qui avaient combattu contre leur propre continent pour que vive le pouvoir colonial à aller demander leur intégration dans l'armée nationale du Togo indépendant. La France était convaincue que Sylvanus Olympio qui fut aux antipodes de ces tirailleurs et qui n'entendait pas avoir une armée de militaires, s'opposera à cette demande. Et ce fut le cas. Le prétexte fut ainsi tout trouvé. Sylvanus Olympio était immédiatement dépeint comme un tyran dont la haine est orientée contre les gens du Nord notamment les Kabyè. 
La nuit du 12 au 13 janvier 1963, la France lâcha ses caniches derrière le président Olympio qui trouva refuge au sein de la résidence de l'ambassadeur des Etats-Unis d'Amérique. Ce dernier, Leon Pollada, informa aussitôt les autorités françaises qui y avaient envoyé les tueurs l'abattre, sous le patronage du commandant de la gendarmerie Georges Maîtrier. Le matin du 13 janvier à 07 h, M. Olympio fut abattu. Eyadéma Gnassingbé revendiqua publiquement l'assassinat (mais Eyadéma dira plus tard que ce n'était pas lui qui avait tiré sur le président laissant croire à l'oeuvre d'une main française directe. Laquelle? Quelques sources avaient évoqué le nom de Georges Maîtrier lui-même.). Et la France officielle pleura de chaudes larmes de crocodile. Cet assassinat porte la marque de la France car, la mort du président Olympio fut annoncée par la radio France Inter à 06 h du matin, soit une heure à l'avance. Comme ce fut le cas avec le coup d'état contre Mamadou Tandja du Niger en février 2010 qui fut annoncé par Bernard Kouchner avant même sa réalisation sur le terrain. 

La parenthèse autonomiste fut fermée ainsi dans le sang. Le 13 janvier 1963 a été décrété le jour de la fête de libération nationale. Cette fête macabre célébrée, jusqu’à une date récente où elle a été ralentie, tous les ans avec faste et grandioses défilés civilo-militaires enregistrait toujours la participation des officiels français et d’autres pays aussi bien de l’Ouest que de l’Est à qui des décorations diverses sont accordées. Le territoire, depuis cette date, est depuis lors plongé sous un régime militaro-policier et remis dans le bain franco-africain. L'assassinat d'un premier président élu africain après l'assassinat un peu plus tôt du premier 1er ministre en la personne de Lumumba au Congo signa ainsi le début de la fin de la marche de peuple africain vers son indépendance. 

Le 19 septembre 2009, nous écrivions ceci dans une interview réalisée avec Camus Ali du Lynx: "En procédant à l’assassinat de Sylvanus Olympio, la France et les USA ont installé au Togo par le truchement de soldats anti-indépendantistes, incultes et aliénés pro-colonialistes, le chaos. Ils ont semé le crime qui, en se reproduisant dans une impunité absolue, ne cesse de ronger l’âme de notre peuple. C’est en cela que la lutte pour notre affranchissement reste entière. Nos ancêtres l’ont commencée. Ils ont été écrasés. A nous de reprendre le flambeau en ayant la capacité de ne pas répéter certaines de leurs erreurs.

Pour finir, disons que le meilleur hommage que nous puissions rendre à tous ces martyrs africains, c'est, tout en tirant tous les enseignements de leurs oeuvres, de perpétuer leur combat pour l'avènement d'une Afrique totalement libérée, reconstruite et définitivement protégée contre toute agression coloniale. 


Un entretien réalisé avec Radio Kanal FM en 2009 sur l'assassinat de Sylvanus Olympio.